ORDONNANCE DE CLÔTURE

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002/19-09-2007-ECCC-OCIJ ЮŲŠ / No: D427 du KGB, il faut particulièrement souligner le rôle des coopératives qui, partout dans le pays, ont été à la pointe de la lutte et n’ont eu de cesse d’accomplir leur mission, remportant de la sorte une victoire stratégique pour la nation, le peuple, le Parti et la révolution 3503 ». Ces instructions s’accompagnaient d’une description des purges menées à bien contre les traîtres supposés dans les rangs du Parti et du peuple 3504 . 823. Le 15 mai 1978, dans une émission diffusée par le service radiophonique national de Phnom Penh, on put entendre que, le Cambodge étant une nation moins peuplée que le Vietnam « en termes de nombres, chacun d’entre nous doit tuer 30 Vietnamiens. (…) Sur la base de ces chiffres, un soldat cambodgien équivaut à 30 soldats vietnamiens. À combien de Vietnamiens équivalent dès lors 10 soldats cambodgiens ? La réponse est 300. Et 100 Cambodgiens équivalent à 3000 Vietnamiens. Et 1 million de Cambodgiens équivalent à 30 millions de Vietnamiens. Il nous faudrait 2 millions d’hommes pour 60 millions de Vietnamiens. Deux millions d’hommes suffiraient amplement, cependant, pour lutter contre les Vietnamiens, étant donné que le Vietnam ne compte que 50 millions d’habitants. Nous ne devons pas engager 8 millions de personnes. Deux millions d’hommes nous suffisent pour écraser les 50 millions de Vietnamiens, et il nous resterait encore 6 millions de personnes 3505 ». 824. Dans la suite de l’émission, il était déclaré « cette question ne concerne pas uniquement les forces armées. L’ensemble du Parti, de l’armée et de la population doivent être bien renseignés au sujet de cette stratégie, de ces idées et de cette position. 3506 ». Effectivement, cette politique a été radiodiffusée à l’attention du peuple cambodgien et a fait l’objet de communications supplémentaires parmi les cadres du PCK. Dans son journal, Mam Nai, alias Chan, un des principaux interrogateurs de S-21, habitué à prendre des notes durant les sessions de formation organisées par Duch 3507 , a noté que, si la « politique du Parti » était en général fondée sur le principe du « 1 contre 30 », elle pouvait aller jusqu’au « un contre 90 » à Svay Rieng 3508 . Il a précisé que cette politique devait être mise en œuvre en « éliminant tous les ennemis, méthodiquement 3509 ». Les journaux de Pon et Tuy, deux autres interrogateurs à S-21, évoquait lui aussi les « principes du Parti » de un contre 30 et un contre 90 à Svay Rieng 3510 . 825. Dans d’autres émissions radiophoniques, il était exigé une « grande vigilance révolutionnaire [afin de] protéger le Parti et de défendre l’administration révolutionnaire de la classe des ouvriers et paysans en éliminant les derniers ennemis intérieurs et les agresseurs extérieurs 3511 ». Une attention particulière était accordée à la nécessité de « complètement éradiquer de nos coopératives et du territoire cambodgien les derniers ennemis intérieurs et les agresseurs extérieurs, et de mettre un terme à leurs activités » 3512 et les ministères et Chambres extraordinaires au sein des tribunaux cambodgiens, Route nationale 4, Choam Chao, Dangkao, Phnom Penh Boite postale 71, Phnom Penh. Tel: +855(0)23 218914 Fax: +855(0) 23 218941. 222

002/19-09-2007-ECCC-OCIJ ЮŲŠ / No: D427 autres instances gouvernementales étaient appelés à faire de même 3513 . L’armée s’engageait à « combattre et exterminer l’ennemi annexionniste et les autres ennemis de tout bord, afin d’entièrement les chasser de notre territoire cambodgien 3514 ». Quant au Ministère de l’Information et de la Propagande, il affirmait que « si le Vietnam refuse de retirer ses forces du territoire sacré du Cambodge, il ne reste qu’une solution à l’Armée révolutionnaire cambodgienne et au peuple cambodgien : écraser et exterminer jusqu’au dernier homme l’agresseur vietnamien avide de territoires cambodgiens 3515 ». 826. D’autres cas de massacres, d’« écrasement », d’attaques perpétrées contre des civils et de destruction de biens vietnamiens ont été communiqués au Bureau 870, à Nuon Chea et à Ieng Sary 3516 . 827. Nuon Chea, Ieng Sary et le Bureau 870 étaient également tenus informés des massacres de civils commis au Vietnam, par les rapports des responsables d‘échelons inférieurs. Ainsi, le 14 août 1977, un télégramme envoyé à Mo-81, avec copie à Nuon Chea et Ieng Sary, rapporte que « l’armée kampuchéenne a exterminé 1,000 vietnamiens ordinaires à Ha Tien, dans la province de Kien Giang 3517 ». 828. Une directive du PCK publiée par le Bureau 870 le 1 er janvier 1979 renferme des instructions relatives à la lutte contre « les ennemis vietnamiens, envahisseurs et avaleurs de territoire 3518 ». Cette directive, adressée à « la population cambodgienne tout entière, les Forces Armées Révolutionnaires du Kampuchéa tout entières, les soldats, les soldates et les cadres de tous les Ministères et Centres », ordonnait à la population de « tenir constamment en éveil la vigilance évolutionnaire pour suivre de près et identifier les agents secrets vietnamiens pour qu’ils ne puissent se cacher nulle part et pour les éliminer avec autonomie et à temps 3519 ». 829. Deux jours plus tard, le Bureau 870 donna des instructions supplémentaires sur la manière de combattre efficacement « les Vietnamiens envahisseurs», sur le champ de bataille comme dans les rangs du Parti. Ordre était donné que « Les zones, les régions, les districts, les commandants de tous les niveaux, les cadres militaires et des villages doivent prendre soin d’apprendre plusieurs fois la stratégie de combat comme stipulée ci-dessus, de manière la plus efficace possible. Il faut dynamiser nos cadres et nos soldats pour qu’ils aient l’esprit de compétition dans l’extermination des Vietnamiens, envahisseurs de territoire, pour défendre le Parti, la révolution, le Kampuchéa démocratique, pour protéger notre population, nos coopératives, le paddy et le riz, les rizières et les champs, et tous les produits de nos plantations 3520 . ». Il poursuivait en ordonnant aux différents niveaux de la hiérarchie du Parti, Chambres extraordinaires au sein des tribunaux cambodgiens, Route nationale 4, Choam Chao, Dangkao, Phnom Penh Boite postale 71, Phnom Penh. Tel: +855(0)23 218914 Fax: +855(0) 23 218941. 223

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du KGB, il faut particulièrement souligner le rôle des coopératives qui, partout dans le pays,<br />

ont été à la pointe de la lutte et n’ont eu de cesse d’accomplir leur mission, remportant de la<br />

sorte une victoire stratégique pour la nation, le peuple, le Parti et la révolution 3503 ». Ces<br />

instructions s’accompagnaient d’une description des purges menées à bien contre les traîtres<br />

supposés dans les rangs du Parti et du peuple 3504 .<br />

823. Le 15 mai 1978, dans une émission diffusée par le service radiophonique national de Phnom<br />

Penh, on put entendre que, le Cambodge étant une nation moins peuplée que le Vietnam « en<br />

termes de nombres, chacun d’entre nous doit tuer 30 Vietnamiens. (…) Sur la base de ces<br />

chiffres, un soldat cambodgien équivaut à 30 soldats vietnamiens. À combien de Vietnamiens<br />

équivalent dès lors 10 soldats cambodgiens ? La réponse est 300. Et 100 Cambodgiens<br />

équivalent à 3000 Vietnamiens. Et 1 million de Cambodgiens équivalent à 30 millions de<br />

Vietnamiens. Il nous faudrait 2 millions d’hommes pour 60 millions de Vietnamiens. Deux<br />

millions d’hommes suffiraient amplement, cependant, pour lutter contre les Vietnamiens,<br />

étant donné que le Vietnam ne compte que 50 millions d’habitants. Nous ne devons pas<br />

engager 8 millions de personnes. Deux millions d’hommes nous suffisent pour écraser les 50<br />

millions de Vietnamiens, et il nous resterait encore 6 millions de personnes 3505 ».<br />

824. Dans la suite de l’émission, il était déclaré « cette question ne concerne pas uniquement les<br />

forces armées. L’ensemble du Parti, de l’armée et de la population doivent être bien<br />

renseignés au sujet de cette stratégie, de ces idées et de cette position. 3506 ». Effectivement,<br />

cette politique a été radiodiffusée à l’attention du peuple cambodgien et a fait l’objet de<br />

communications supplémentaires parmi les cadres du PCK. Dans son journal, Mam Nai, alias<br />

Chan, un des principaux interrogateurs de S-21, habitué à prendre des notes durant les<br />

sessions de formation organisées par Duch 3507 , a noté que, si la « politique du Parti » était en<br />

général fondée sur le principe du « 1 contre 30 », elle pouvait aller jusqu’au « un contre 90 » à<br />

Svay Rieng 3508 . Il a précisé que cette politique devait être mise en œuvre en « éliminant tous<br />

les ennemis, méthodiquement 3509 ». Les journaux de Pon et Tuy, deux autres interrogateurs à<br />

S-21, évoquait lui aussi les « principes du Parti » de un contre 30 et un contre 90 à Svay<br />

Rieng 3510 .<br />

825. Dans d’autres émissions radiophoniques, il était exigé une « grande vigilance révolutionnaire<br />

[afin de] protéger le Parti et de défendre l’administration révolutionnaire de la classe des<br />

ouvriers et paysans en éliminant les derniers ennemis intérieurs et les agresseurs<br />

extérieurs 3511 ». Une attention particulière était accordée à la nécessité de « complètement<br />

éradiquer de nos coopératives et du territoire cambodgien les derniers ennemis intérieurs et<br />

les agresseurs extérieurs, et de mettre un terme à leurs activités » 3512 et les ministères et<br />

Chambres extraordinaires au sein des tribunaux cambodgiens, Route nationale 4, Choam Chao, Dangkao, Phnom Penh<br />

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