ORDONNANCE DE CLÔTURE

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002/19-09-2007-ECCC-OCIJ ЮŲŠ / No: D427 765. Un témoin raconte qu’on lui a demandé d’assister à une réunion en 1977 dans le village de Bos Khnor, District de Chamkar Leu, province de Kampong Cham, Secteur 41, Zone Centrale (ancienne Zone Nord). Il explique que l’ordre du jour de la réunion était l’élaboration d’un plan intitulé « Le plan visant à écraser l’ennemi », et que la personne présidant la réunion avait déclaré : « Les ennemis de la révolution sont nombreux, mais nos plus grands ennemis sont les Chams. Notre plan préconise dès lors la destruction de tous les citoyens chams avant 1980 » 3280 . Le même témoin raconte qu’on lui a, par la suite, demandé de rencontrer le chef du Sous-district de O-Nung, District de Chamkar Leu. Tandis qu’il attendait l’arrivée de celui qui devait diriger la réunion, il avait vu un petit manuel à la couverture jaune clair intitulé « Le plan pour des coopératives progressistes », dans lequel on pouvait lire la même phrase : « Nos ennemis immédiats sont les Chams. Nous devons les écraser avant 1980 » 3281 . 766. Un autre témoin déclare qu’en 1977, un cadre de sécurité du Secteur 21 de la Zone Est lui a dit que « les Chams restants seraient tous exécutés » 3282 . D’autres indiquent qu’« on prenait des mesures contre ceux qui n’étaient pas Khmers, surtout les Chams […] » 3283 ou qu’on ordonnait de « réuni[r] tous les partisans de l’Islam » 3284 . Un témoin raconte qu’il s’est réveillé un jour et que « tous les Chams de [s]on village avaient soudainement disparu ». Sur les 10 familles chames de son village, seule une personne a survécu, et ce, parce qu’elle se trouvait hors du village, affectée à une unité mobile du district, lorsque l’attaque eut lieu 3285 . 767. [CAVIARDÉ], secrétaire du District de Kroch Chhmar depuis 1978 (et, à ce titre, présenté comme l’un des responsables des massacres de Chams dans le District de Kroch Chhmar 3286 ), explique qu’en 1978, a éclaté une rébellion de Chams et de Khmers à Kroch Chhmar. Le chef du comité du sous-district a rapporté les faits au comité du district, lequel a, à son tour, rapporté les faits au comité du secteur. Le comité du secteur a donné les instructions initiales pour arrêter les « rebelles ». [CAVIARDÉ] ajoute « Par la suite, l’échelon supérieur a écrit au stylo rouge une note au district en disant : « tous ces révoltés doivent être tous anéantis » 3287 . Le témoin précise qu’il s’est rendu par bateau à l’endroit où les rebelles étaient retenus, qu’il a transmis l’ordre de ses supérieurs hiérarchiques au chef militaire dudit endroit et que les rebelles furent frappés à coups de bâton et enterrés dans des fosses communes, chaque fosse pouvant contenir entre 20 et 30 cadavres 3288 . 768. Un autre témoin déclare « [i]ls cherchaient à anéantir uniquement des Chams. Les huit membres de ma famille ont tous été tués. Je suis la seule rescapée parce que je me suis déguisée comme étant d’une autre race » 3289 . Un autre témoin, qui raconte qu’il y avait une centaine de familles chames dans son sous-district, décrit la situation comme suit : « Je n’ai pas vu les exécutions. J’ai simplement vu les Khmers rouges les convoquer famille par Chambres extraordinaires au sein des tribunaux cambodgiens, Route nationale 4, Choam Chao, Dangkao, Phnom Penh Boite postale 71, Phnom Penh. Tel: +855(0)23 218914 Fax: +855(0) 23 218941. 206

002/19-09-2007-ECCC-OCIJ ЮŲŠ / No: D427 famille. Le nombre de la population chame diminuait progressivement. Les Chams étaient enfin rassemblés, avant d’être arrêtés en 1978 » 3290 . 769. Un témoin déclare qu’il a surpris, fin 1978, une réunion qui s’est tenue dans le District de Sandan, province de Kampong Thom, entre Ke Pork et les secrétaires de districts des Zones Est et Centrale. Le témoin précise qu’il a entendu ce qui s’est dit lors de cette réunion car un système de haut-parleur était utilisé à l’intérieur. Au cours de la réunion, Ke Pork aurait demandé au secrétaire du district de Kroch Chhmar « Quel pourcentage du plan défini par le Parti a-t-on réalisé ? », précisant ensuite « Vous devez d’abord détruire les Chams [des] forces mobiles ; ce sont tous des traîtres » 3291 . 770. [CAVIARDÉ], confirme que les Chams étaient la cible de massacres en 1978, mais il nie que les cadres de la Zone Centrale (ancienne Zone Nord) aient été impliqués dans ces massacres 3292 . Il convient de relever que la déclaration de ce témoin ne concorde pas avec celles des autres témoins, qui impliquent les cadres de la Zone Centrale (ancienne Zone Nord) dans les massacres de Chams du district de Kroch Chhmar 3293 . Le Centre de sécurité de Kroch Chhmar, Zone Est 771. Kroch Chhmar était un centre de sécurité au niveau du district 3294 . Il était situé à proximité du village de Prek Ta Duong, District de Kroch Chhmar, province de Kampong Cham 3295 . Selon le système d’identification des frontières administratives du PCK, il se situait dans le Secteur 21 de la Zone Est. La prison de Kroch Chhmar faisait environ 15 mètres de long sur 10 mètres de large 3296 , et avait deux étages 3297 . Elle était entourée par une clôture 3298 . Elle a été créée en 1970 ou en 1971 3299 , et a servi au moins jusqu’en 1978 3300 . 772. Sur le personnel du Centre de sécurité de Kroch Chhmar, il y a plusieurs versions 3301 . [CAVIARDÉ], le chef de la sécurité du Secteur 21, se rendait à Kroch Chhmar « tous les mois ou tous les deux mois » 3302 . Il existait un système de communication entre le Centre et l’échelon supérieur du Parti. L’ancien chef de l’équipe des interrogateurs à Kroch Chhmar déclare que « les aveux étaient envoyés au chef de la sécurité du district, lequel les envoyait au niveau régional, avant qu’ils remontent au niveau de la zone Est » 3303 . Une ligne de communication existait également entre les autorités de la zone et la prison. Une fois les aveux transmis au niveau de la zone, le prisonnier restait en détention jusqu’à ce qu’une décision soit prise 3304 . Certains prisonniers étaient relâchés, d’autres étaient tués 3305 . Cette pratique était en harmonie avec la décision de mars 1976 par laquelle le Comité permanent habilitait les autorités de la zone à « écraser » les ennemis 3306 . Chambres extraordinaires au sein des tribunaux cambodgiens, Route nationale 4, Choam Chao, Dangkao, Phnom Penh Boite postale 71, Phnom Penh. Tel: +855(0)23 218914 Fax: +855(0) 23 218941. 207

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765. Un témoin raconte qu’on lui a demandé d’assister à une réunion en 1977 dans le village de<br />

Bos Khnor, District de Chamkar Leu, province de Kampong Cham, Secteur 41, Zone Centrale<br />

(ancienne Zone Nord). Il explique que l’ordre du jour de la réunion était l’élaboration d’un<br />

plan intitulé « Le plan visant à écraser l’ennemi », et que la personne présidant la réunion<br />

avait déclaré : « Les ennemis de la révolution sont nombreux, mais nos plus grands ennemis<br />

sont les Chams. Notre plan préconise dès lors la destruction de tous les citoyens chams avant<br />

1980 » 3280 . Le même témoin raconte qu’on lui a, par la suite, demandé de rencontrer le chef<br />

du Sous-district de O-Nung, District de Chamkar Leu. Tandis qu’il attendait l’arrivée de celui<br />

qui devait diriger la réunion, il avait vu un petit manuel à la couverture jaune clair intitulé<br />

« Le plan pour des coopératives progressistes », dans lequel on pouvait lire la même phrase :<br />

« Nos ennemis immédiats sont les Chams. Nous devons les écraser avant 1980 » 3281 .<br />

766. Un autre témoin déclare qu’en 1977, un cadre de sécurité du Secteur 21 de la Zone Est lui a<br />

dit que « les Chams restants seraient tous exécutés » 3282 . D’autres indiquent qu’« on prenait<br />

des mesures contre ceux qui n’étaient pas Khmers, surtout les Chams […] » 3283 ou qu’on<br />

ordonnait de « réuni[r] tous les partisans de l’Islam » 3284 . Un témoin raconte qu’il s’est<br />

réveillé un jour et que « tous les Chams de [s]on village avaient soudainement disparu ». Sur<br />

les 10 familles chames de son village, seule une personne a survécu, et ce, parce qu’elle se<br />

trouvait hors du village, affectée à une unité mobile du district, lorsque l’attaque eut lieu 3285 .<br />

767. [CAVIARDÉ], secrétaire du District de Kroch Chhmar depuis 1978 (et, à ce titre, présenté<br />

comme l’un des responsables des massacres de Chams dans le District de Kroch Chhmar 3286 ),<br />

explique qu’en 1978, a éclaté une rébellion de Chams et de Khmers à Kroch Chhmar. Le chef<br />

du comité du sous-district a rapporté les faits au comité du district, lequel a, à son tour,<br />

rapporté les faits au comité du secteur. Le comité du secteur a donné les instructions initiales<br />

pour arrêter les « rebelles ». [CAVIARDÉ] ajoute « Par la suite, l’échelon supérieur a écrit<br />

au stylo rouge une note au district en disant : « tous ces révoltés doivent être tous<br />

anéantis » 3287 . Le témoin précise qu’il s’est rendu par bateau à l’endroit où les rebelles étaient<br />

retenus, qu’il a transmis l’ordre de ses supérieurs hiérarchiques au chef militaire dudit endroit<br />

et que les rebelles furent frappés à coups de bâton et enterrés dans des fosses communes,<br />

chaque fosse pouvant contenir entre 20 et 30 cadavres 3288 .<br />

768. Un autre témoin déclare « [i]ls cherchaient à anéantir uniquement des Chams. Les huit<br />

membres de ma famille ont tous été tués. Je suis la seule rescapée parce que je me suis<br />

déguisée comme étant d’une autre race » 3289 . Un autre témoin, qui raconte qu’il y avait une<br />

centaine de familles chames dans son sous-district, décrit la situation comme suit : « Je n’ai<br />

pas vu les exécutions. J’ai simplement vu les Khmers rouges les convoquer famille par<br />

Chambres extraordinaires au sein des tribunaux cambodgiens, Route nationale 4, Choam Chao, Dangkao, Phnom Penh<br />

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