ORDONNANCE DE CLÔTURE

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002/19-09-2007-ECCC-OCIJ ЮŲŠ / No: D427 731. Dans les camions se trouvaient des gardes militaires du Parti ; l’un d’eux était armé d’un fusil automatique et était posté à l’arrière pour surveiller les passagers, tandis que les autres se trouvaient dans la cabine. Les témoins ne disent pas avoir été enchaînés ou violentés durant le transfert 3134 . 732. Une fois arrivés à Steung Tauch, vers 18 heures, les camions se sont arrêtés sur le bord de la route, et un groupe de soldats est sorti de la jungle 3135 . Les soldats ont armé leur fusil, puis ordonné aux habitants de descendre du camion, lié leurs mains derrière le dos à l’aide des kramas et attaché les prisonniers, par groupe de cinq, avec des cordes de hamac 3136 . Les hommes ont été séparés des femmes et des enfants 3137 . Un vieil homme ayant des problèmes mentaux, qui se disputait avec les soldats, a été frappé au front avec une crosse de fusil et a succombé 3138 . 733. Les hommes ont été emmenés les premiers pour être exécutés 3139 , à 50-60 mètres de la route, au sud de l’actuel poste de police du Sous-district de Kak 3140 . Deux des onze survivants ont directement assisté aux massacres 3141 . Une fois entrés dans la forêt, on a ordonné aux hommes de s’arrêter, puis, un par un, ils ont été détachés de leur corde et emmenés jusqu’à une fosse qui avait été préalablement creusée, peut-être dans un ancien cratère de B-52 3142 . Un survivant explique « deux soldats emmenaient les gens, un par un, les mains attachées par un foulard, au bord des fosses, où on pointait des fusils sur leur tempe tout en leur ordonnant de ne pas crier ni de tenter de s’échapper. Les soldats frappaient simultanément chaque personne avec un bâton en bois et la faisaient tomber dans la fosse » 3143 . Un autre survivant, qui se trouvait en rang pour être exécuté et a assisté à de nombreux massacres pendant la nuit, corrobore ces faits et apporte d’autres détails : « au cas où [après avoir été frappée et poussée dans la fosse] la victime se débattait encore, [les soldats] lui donnai[en]t à ce moment-là en supplément des coups de baïonnettes de fusils CKC » 3144 . D’autres témoins, qui ne pouvaient voir la fosse de l’endroit où ils étaient détenus, se souviennent d’avoir entendu le bruit des coups et des cris des victimes 3145 et précisent que les soldats rassemblaient les vêtements des suppliciés 3146 . 734. Un des survivants raconte que, lorsque son tour est arrivé, il a reçu un coup à l’arrière de la tête et à l’arcade sourcilière gauche 3147 , avant de tomber sur huit ou dix cadavres qui gisaient déjà dans la fosse. Pensant que la victime était morte, les gardes sont descendus dans le trou pour défaire ses liens 3148 . Un peu plus tard, lorsque sa fosse fut pleine, le témoin réussit à s’extirper du tas de cadavres amoncelés sur lui et à se cacher 3149 . A l’aube, il s’enfuit en traversant plusieurs villages à la recherche d’un refuge. Durant sa fuite, il avertit un certain nombre de responsables locaux des exécutions. Il apprit par la population de ces villages que les militaires prévoyaient de déplacer la population de Ponley, un autre village modèle de Sao Chambres extraordinaires au sein des tribunaux cambodgiens, Route nationale 4, Choam Chao, Dangkao, Phnom Penh Boite postale 71, Phnom Penh. Tel: +855(0)23 218914 Fax: +855(0) 23 218941. 198

002/19-09-2007-ECCC-OCIJ ЮŲŠ / No: D427 Phim du Sous-district de Kak, et il courut leur dire de fuir, avant de s’échapper dans la forêt, puis, quelques mois plus tard, au Vietnam 3150 . Des témoins du village de Ponley confirment avoir rencontré le survivant lorsqu’il est venu les prévenir et s’être également enfuis 3151 . 735. Les femmes et les enfants, qui avaient attendu près de la route toute la nuit, ont été à leur tour attachés ensemble et emmenés dans la forêt pour être exécutés 3152 . Cependant, une femme et sa famille (comptant dix personnes au total, cinq d’entre elles ayant été entendues au cours de l’instruction 3153 ) ont été épargnées car elle a convaincu les soldats que son fils était un soldat du « Centre ». Dans la matinée, sa famille a été transférée en camion dans un bureau qui s’appelait « Maïsak » (près de l’embranchement de la route nationale 7) et y a été détenue pendant cinq jours, le temps que leurs dires soient vérifiés auprès des commandants du Centre (dont apparemment un individu dénommé « Pork »), avant d’être envoyés dans une coopérative 3154 . 736. Des témoins estiment qu’entre 160 et 300 personnes ont été transférées de Prey Tumnob à Steung Tauch ce jour-là 3155 . Les déclarations de tous ces témoins concordent en ce qu’elles affirment que seules dix ou onze personnes ont survécu 3156 . Un témoin pense que, lorsque fut connu le fait que la population n’avait pas été transportée à Suong, les personnes restées dans le village de Bos se sont enfuies dans la forêt : le deuxième convoi de camions, qui est retourné à Steung Tauch dans la matinée, était presque vide 3157 . Nombre total de morts 737. Outre le cas de Bos, en l’absence de toute exhumation officielle, il n’est pas possible d’indiquer le nombre exact de personnes tuées et inhumées sur le site. En 1975, le Sousdistrict de Kak (dont sont originaires la majeure partie des victimes de Steung Tauch, avec le Sous-district de Doun Tei) comprenait dix villages/coopératives d’une population totale de 1 000 habitants environ 3158 . Un témoin a fourni aux enquêteurs une liste de 105 noms de cadres du sous-district ou de la Coopérative de Kak qui ont disparu, mais il n’a pas été en mesure de confirmer s’ils avaient été tués à Steung Tauch 3159 . Un autre témoin, qui affirme que les villageois de Bos Roka ont été tués sur ce site, ne fournit pas de chiffres exacts 3160 . 738. Le Bureau de la Culture du District de Ponhea Krek s’est rendu sur place pour faire des recherches à partir des cadavres découverts dans les fosses, en 1981, et semble avoir rassemblé des informations statistiques concernant les disparitions à Steung Tauch 3161 ; toutefois, un témoin exprime des doutes quant à leur exactitude 3162 et aucun document y afférent n’a été obtenu au cours de l’instruction. En 1997, le Centre de documentation du Chambres extraordinaires au sein des tribunaux cambodgiens, Route nationale 4, Choam Chao, Dangkao, Phnom Penh Boite postale 71, Phnom Penh. Tel: +855(0)23 218914 Fax: +855(0) 23 218941. 199

002/19-09-2007-ECCC-OCIJ ЮŲŠ / No: D427<br />

Phim du Sous-district de Kak, et il courut leur dire de fuir, avant de s’échapper dans la forêt,<br />

puis, quelques mois plus tard, au Vietnam 3150 . Des témoins du village de Ponley confirment<br />

avoir rencontré le survivant lorsqu’il est venu les prévenir et s’être également enfuis 3151 .<br />

735. Les femmes et les enfants, qui avaient attendu près de la route toute la nuit, ont été à leur tour<br />

attachés ensemble et emmenés dans la forêt pour être exécutés 3152 . Cependant, une femme et<br />

sa famille (comptant dix personnes au total, cinq d’entre elles ayant été entendues au cours de<br />

l’instruction 3153 ) ont été épargnées car elle a convaincu les soldats que son fils était un soldat<br />

du « Centre ». Dans la matinée, sa famille a été transférée en camion dans un bureau qui<br />

s’appelait « Maïsak » (près de l’embranchement de la route nationale 7) et y a été détenue<br />

pendant cinq jours, le temps que leurs dires soient vérifiés auprès des commandants du Centre<br />

(dont apparemment un individu dénommé « Pork »), avant d’être envoyés dans une<br />

coopérative 3154 .<br />

736. Des témoins estiment qu’entre 160 et 300 personnes ont été transférées de Prey Tumnob à<br />

Steung Tauch ce jour-là 3155 . Les déclarations de tous ces témoins concordent en ce qu’elles<br />

affirment que seules dix ou onze personnes ont survécu 3156 . Un témoin pense que, lorsque fut<br />

connu le fait que la population n’avait pas été transportée à Suong, les personnes restées dans<br />

le village de Bos se sont enfuies dans la forêt : le deuxième convoi de camions, qui est<br />

retourné à Steung Tauch dans la matinée, était presque vide 3157 .<br />

Nombre total de morts<br />

737. Outre le cas de Bos, en l’absence de toute exhumation officielle, il n’est pas possible<br />

d’indiquer le nombre exact de personnes tuées et inhumées sur le site. En 1975, le Sousdistrict<br />

de Kak (dont sont originaires la majeure partie des victimes de Steung Tauch, avec le<br />

Sous-district de Doun Tei) comprenait dix villages/coopératives d’une population totale de<br />

1 000 habitants environ 3158 . Un témoin a fourni aux enquêteurs une liste de 105 noms de<br />

cadres du sous-district ou de la Coopérative de Kak qui ont disparu, mais il n’a pas été en<br />

mesure de confirmer s’ils avaient été tués à Steung Tauch 3159 . Un autre témoin, qui affirme<br />

que les villageois de Bos Roka ont été tués sur ce site, ne fournit pas de chiffres exacts 3160 .<br />

738. Le Bureau de la Culture du District de Ponhea Krek s’est rendu sur place pour faire des<br />

recherches à partir des cadavres découverts dans les fosses, en 1981, et semble avoir<br />

rassemblé des informations statistiques concernant les disparitions à Steung Tauch 3161 ;<br />

toutefois, un témoin exprime des doutes quant à leur exactitude 3162 et aucun document y<br />

afférent n’a été obtenu au cours de l’instruction. En 1997, le Centre de documentation du<br />

Chambres extraordinaires au sein des tribunaux cambodgiens, Route nationale 4, Choam Chao, Dangkao, Phnom Penh<br />

Boite postale 71, Phnom Penh. Tel: +855(0)23 218914 Fax: +855(0) 23 218941.<br />

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