ORDONNANCE DE CLÔTURE

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Détention 002/19-09-2007-ECCC-OCIJ ЮŲŠ / No: D427 pistolet qu’ils étaient conduits en file indienne jusqu’à leur cellule 2620 . L’arrestation des ouvriers syndiqués se faisait par groupe 2621 . 605. Certains prisonniers étaient enchaînés, soit individuellement, soit collectivement, par rangée de cinq à dix individus, à une seule chaîne en acier 2622 . Les civils, les femmes et les enfants n’étaient pas menottés, ni enchaînés 2623 . Hommes et femmes étaient détenus séparément 2624 . Dans la journée, la plupart des prisonniers étaient conduits à l’extérieur du centre pour travailler et, la nuit, ils étaient enfermés à clé dans leurs cellules, avec des soldats qui montaient la garde derrière la porte 2625 . Certains étaient enchaînés et ne quittaient jamais leur cellule 2626 . Les prisonniers travaillaient sous la surveillance des gardiens 2627 . Ils s’acquittaient d’une multitude de tâches diverses : ils arrachaient les mauvaises herbes, travaillaient dans les rizières, cultivaient des légumes, construisaient des barrages et des digues, par exemple 2628 . Les prisonniers étaient régulièrement conduits à des réunions de rééducation qui étaient dirigées par le directeur, qui avait auparavant rencontré Ta Saroeun, le chef de la division 2629 . 606. Les conditions de vie étaient très dures, en particulier pour ceux qui étaient menottés ou enchaînés 2630 . Seuls les prisonniers qui n’étaient pas menottés étaient autorisés à se baigner dans un ruisseau situé à proximité de la prison, sous la surveillance des soldats 2631 . 607. Selon le directeur-adjoint d’Au Kanseng, les prisonniers qui n’étaient pas enchaînés avaient assez à manger 2632 . Toutefois, la plupart des témoins, hormis l’un d’eux (qui travaillait dans les cuisines), affirment que la nourriture était insuffisante 2633 . Un détenu fut témoin d’un cas de cannibalisme 2634 . 608. La santé des prisonniers se détériorait au fil de la détention 2635 . Certains témoins affirment qu’il n’y avait pas de médicaments 2636 alors que d’autres prétendent que, dans certains cas, un médecin, répondant au nom de [CAVIARDÉ], administrait des médicaments aux malades 2637 . Dans un cas, un prisonnier fut envoyé ramasser des feuilles qui devaient être bouillies avec du son de riz, pour servir de médicament à un prisonnier malade 2638 . De nombreux prisonniers moururent des suites de maladie ou de malnutrition 2639 . 609. Sau Saroeun donna pour instruction de transférer, de Au Kanseng au Bureau de rééducation 809 2640 , tout prisonnier qui passait pour avoir commis une infraction mineure ou dont la rééducation s’était avérée efficace. Le Bureau de rééducation 809, qui était situé à Phnom Chambres extraordinaires au sein des tribunaux cambodgiens, Route nationale 4, Choam Chao, Dangkao, Phnom Penh Boite postale 71, Phnom Penh. Tel: +855(0)23 218914 Fax: +855(0) 23 218941. 168

Interrogatoires 002/19-09-2007-ECCC-OCIJ ЮŲŠ / No: D427 Kach Changkeh 2641 près de Au Tang, rendait compte quotidiennement de ses activités à la Division 801 2642 . 610. Il y avait, à l’intérieur du périmètre de la prison, un bâtiment distinct pour les interrogatoires 2643 . Ceux-ci étaient menés par [CAVIARDÉ], le directeur adjoint du centre 2644 . La plupart des prisonniers ne subissaient pas d’interrogatoire dès leur arrivée en prison 2645 ; on les laissait dans leur cellule pour permettre à l’équipe du centre de prendre connaissance de leur dossier et des faits qui leur étaient reprochés 2646 ou on les convoquait pour qu’ils exposent leur biographie et on les interrogeait sur les motifs de leur arrestation 2647 . 611. [CAVIARDÉ], le Directeur-adjoint, affirme que, personnellement, il « [n’a] jamais infligé de torture a un prisonnier quelconque, mais [que] les agents de l’unité de sécurité ont pu torturer les prisonniers 2648 ». Quant à [CAVIARDÉ], il soutient que « parfois, il y avait des actes de torture. mais ils n’ont pas été perpétrés de façon systématique sur tous les prisonniers » 2649 . [CAVIARDÉ] rapporte que certains, qui étaient soupçonnés d’avoir menti, étaient frappés avec un fouet et soumis à des chocs électriques 2650 . Selon certains anciens détenus, il n’y pas eu de cas majeurs de mauvais traitements graves au cours des interrogatoires. 2651 D’autres témoins affirment toutefois avoir vu de leurs propres yeux des prisonniers auxquels étaient infligés de graves sévices au cours des interrogatoires 2652 . Pour la majorité d’entre-eux, les mauvais traitements graves allaient de la famine à la charge de travail qu’on leur imposait, en passant par la restriction de leur liberté de mouvement 2653 . 612. [CAVIARDÉ] établissait les comptes rendus des interrogatoires et les envoyait à [CAVIARDÉ] 2654 , qui, par l’intermédiaire du Commandant de l’Unité 806, transmettait à la fois les aveux et les résultats des interrogatoires supplémentaires à Sau Saroeun, à l’échelon du district 2655 , aux fins d’obtenir des instructions 2656 . 613. Vers le milieu de l’année 1977, un interrogateur, répondant au nom de [CAVIARDÉ], arriva de Phnom Penh pour travailler pendant deux ou trois mois à Au Kanseng 2657 . Sau Saroeun, en personne, dit à [CAVIARDÉ] que [CAVIARDÉ] appartenait à l’Etat-major général, plus précisément à l’unité 703 qui était placée sous les ordres de Pin 2658 et qu’il venait pour « travailler avec le nommé [CAVIARDÉ] [c’est à dire [CAVIARDÉ]] pour suivre à la trace le déroulement des activités des prisonniers (…) mis en cause dans les aveux de dénonciation faits à Phnom Penh » 2659 . Sau Saroeun en personne avait dit à [CAVIARDÉ] que quelqu’un allait venir de Phnom Penh pour travailler à Au Kanseng 2660 . [CAVIARDÉ] arriva avec une Chambres extraordinaires au sein des tribunaux cambodgiens, Route nationale 4, Choam Chao, Dangkao, Phnom Penh Boite postale 71, Phnom Penh. Tel: +855(0)23 218914 Fax: +855(0) 23 218941. 169

Interrogatoires<br />

002/19-09-2007-ECCC-OCIJ ЮŲŠ / No: D427<br />

Kach Changkeh 2641 près de Au Tang, rendait compte quotidiennement de ses activités à la<br />

Division 801 2642 .<br />

610. Il y avait, à l’intérieur du périmètre de la prison, un bâtiment distinct pour les<br />

interrogatoires 2643 . Ceux-ci étaient menés par [CAVIARDÉ], le directeur adjoint du<br />

centre 2644 . La plupart des prisonniers ne subissaient pas d’interrogatoire dès leur arrivée en<br />

prison 2645 ; on les laissait dans leur cellule pour permettre à l’équipe du centre de prendre<br />

connaissance de leur dossier et des faits qui leur étaient reprochés 2646 ou on les convoquait<br />

pour qu’ils exposent leur biographie et on les interrogeait sur les motifs de leur arrestation 2647 .<br />

611. [CAVIARDÉ], le Directeur-adjoint, affirme que, personnellement, il « [n’a] jamais infligé de<br />

torture a un prisonnier quelconque, mais [que] les agents de l’unité de sécurité ont pu<br />

torturer les prisonniers 2648 ». Quant à [CAVIARDÉ], il soutient que « parfois, il y avait des<br />

actes de torture. mais ils n’ont pas été perpétrés de façon systématique sur tous les<br />

prisonniers » 2649 . [CAVIARDÉ] rapporte que certains, qui étaient soupçonnés d’avoir menti,<br />

étaient frappés avec un fouet et soumis à des chocs électriques 2650 . Selon certains anciens<br />

détenus, il n’y pas eu de cas majeurs de mauvais traitements graves au cours des<br />

interrogatoires. 2651 D’autres témoins affirment toutefois avoir vu de leurs propres yeux des<br />

prisonniers auxquels étaient infligés de graves sévices au cours des interrogatoires 2652 . Pour la<br />

majorité d’entre-eux, les mauvais traitements graves allaient de la famine à la charge de<br />

travail qu’on leur imposait, en passant par la restriction de leur liberté de mouvement 2653 .<br />

612. [CAVIARDÉ] établissait les comptes rendus des interrogatoires et les envoyait à<br />

[CAVIARDÉ] 2654 , qui, par l’intermédiaire du Commandant de l’Unité 806, transmettait à la<br />

fois les aveux et les résultats des interrogatoires supplémentaires à Sau Saroeun, à l’échelon<br />

du district 2655 , aux fins d’obtenir des instructions 2656 .<br />

613. Vers le milieu de l’année 1977, un interrogateur, répondant au nom de [CAVIARDÉ], arriva<br />

de Phnom Penh pour travailler pendant deux ou trois mois à Au Kanseng 2657 . Sau Saroeun, en<br />

personne, dit à [CAVIARDÉ] que [CAVIARDÉ] appartenait à l’Etat-major général, plus<br />

précisément à l’unité 703 qui était placée sous les ordres de Pin 2658 et qu’il venait pour<br />

« travailler avec le nommé [CAVIARDÉ] [c’est à dire [CAVIARDÉ]] pour suivre à la trace<br />

le déroulement des activités des prisonniers (…) mis en cause dans les aveux de dénonciation<br />

faits à Phnom Penh » 2659 . Sau Saroeun en personne avait dit à [CAVIARDÉ] que quelqu’un<br />

allait venir de Phnom Penh pour travailler à Au Kanseng 2660 . [CAVIARDÉ] arriva avec une<br />

Chambres extraordinaires au sein des tribunaux cambodgiens, Route nationale 4, Choam Chao, Dangkao, Phnom Penh<br />

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