ORDONNANCE DE CLÔTURE

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Interrogatoires 002/19-09-2007-ECCC-OCIJ ЮŲŠ / No: D427 581. La vaste majorité des prisonniers était interrogée au centre. Cinq témoins et parties civiles ont été entendus à ce sujet 2509 . Il ressort de leurs dépositions que les prisonniers étaient interrogés sur leur soutien au Vietnam ou sur leur rôle d’agent de la CIA. Les interrogatoires se déroulaient au sud de la prison, à la pagode Kesararam) 2510 . Les prisonniers (au nombre de huit à dix pour chaque session) étaient détachés et sortis de leur cellule, menottés et accompagnés à la pagode. Les sessions étaient de trois heures chacune 2511 . 582. Durant les interrogatoires, certains prisonniers étaient gravement maltraités et ce, par différents moyens : coups de bâton (parfois jusqu’à ce qu’ils perdent connaissance), chocs électriques à l’aide d’un fil sous tension placé sur l’oreille du prisonnier, suffocation, arrachage des ongles de main et de pied avec des tenailles, feu dans lequel on jetait les prisonniers 2512 . Un des anciens détenus explique qu’il a vu une femme envoyée à l’interrogatoire deux ou trois jours après son accouchement et portée par les gardes sur le chemin du retour à la prison parce qu’elle ne pouvait pas marcher 2513 . Trois des anciens détenus déclarent qu’ils n’ont subi aucun mauvais traitement durant leur interrogatoire 2514 mais c’était manifestement l’exception. 583. Dans certains cas, une fois l’interrogatoire terminé, les prisonniers étaient transportés en camion. Un ancien prisonnier explique qu’il fut emmené à l’interrogatoire avec 17 autres prisonniers et qu’il fut le seul après l’interrogatoire à n’avoir pas été transporté en camion sur la route d’Angkor Wat 2515 . Exécutions et disparitions 584. En majorité, les prisonniers du Centre de sécurité de la Zone Nord, y compris les enfants 2516 , furent exécutés. Les prisonniers étaient transportés en camion vers les sites d’exécution situés sur la plantation de Trinh Vine, au sud du temple d’Angkor Wat 2517 . Les exécutions se produisaient régulièrement. Un ancien garde explique qu’à chaque fois une dizaine de prisonniers étaient emmenés pour être exécutés 2518 mais d’anciens détenus déclarent avoir vu des camions transportant jusqu’à 60 prisonniers 2519 . Des témoins expliquent également que les prisonniers étaient transportés en camion toutes les semaines ou tous les quinze jours 2520 . Un ancien détenu a assisté personnellement à l’exécution d’environ 60 prisonniers. Il décrit comment on a sorti du camion ces 60 hommes et femmes menottés et comment ils « ont été Chambres extraordinaires au sein des tribunaux cambodgiens, Route nationale 4, Choam Chao, Dangkao, Phnom Penh Boite postale 71, Phnom Penh. Tel: +855(0)23 218914 Fax: +855(0) 23 218941. 162

002/19-09-2007-ECCC-OCIJ ЮŲŠ / No: D427 exécutés l'un après l'autre, puis jetés dans une tranchée ou un puits » 2521 . Un garde qui accomplissait régulièrement des exécutions corrobore ce processus d’exécution 2522 . 585. Des témoins (qui n’ont pas assisté aux exécutions) expliquent avoir vu des prisonniers transportés par camions hors du centre et ne les avoir jamais revus. Certains ont vu les camions revenir à vide 2523 . En général personne ne savait où les prisonniers étaient amenés 2524 et les tentatives de dissimuler leur sort incluait notamment l’ordre de fermer les portes et les fenêtres pour que personne ne puisse voir les camions partir 2525 On disait aux témoins que ces prisonniers étaient libérés. 2526 Un témoin visuel a été menacé de mort s’il révélait le sort réel qui attendait ces personnes disparues 2527 . 586. Une partie civile se rappelle qu’en 1978, quand Song a remplacé Run, le nombre des exécutions a baissé 2528 . Ce qui est cohérent avec d’autres témoignages indiquant que, fin 1978, certains prisonniers du centre ont été relâchés pour être rééduqués dans d’autres lieux 2529 . 587. Bien qu’il soit difficile d’estimer le nombre d’exécutions, les témoignages suggèrent qu’il pourrait s’élever à plusieurs milliers. L’instruction révèle que le site de la plantation de Trinh Vine a été partiellement exhumé et que les ossements humains retrouvés ont été déposés dans un stûpa à la pagode Thmei 2530 . Le directeur d’un groupe de travail mis en place par le Ministère de la Culture au début des années 1980 pour rassembler les restes humains à Siem Reap, déclare : « Notre équipe s'est rendue sur place pour collecter des ossements de cadavres, les mettre dans des sacs [de] sel et les déposer dans la pagode Thmei qui avait été construite en 1983. C'était seulement aux environs de l'année 1984 qu'un mémorial réservé au dépôt des ossements [a] été mis en place. Nous les avons récupérés de la pagode Thoamyut, de la pagode Thmei et du chemin d'accès au zoo. Il restait encore des cadavres que nous n'avions pas collectés. Le nombre total des cadavres récupérés aux trois endroits s'élevait à environ 5 000 ou 6 000. Les victimes étaient habillées en noir. Certains d'entre eux avaient des cuillères attachées aux hanches, le crâne brisé, probablement, des coups de bâtons. Certains d'autres avaient des marques des fils de nylon aux bras et celles des cordes de hamac aux bras, vraisemblablement attachés derrière le dos. Il y avait aussi des crânes de petits enfants » 2531 . * * * 588. Trente et une (31) parties civiles ont été déclarées recevables en relation avec le Centre de sécurité de la Zone Nord 2532 ; les faits décrits dans leurs demandes ayant été considérés comme établis sur la base de l’hypothèse la plus probable conformément à la règle 23 bis (4). Ces Chambres extraordinaires au sein des tribunaux cambodgiens, Route nationale 4, Choam Chao, Dangkao, Phnom Penh Boite postale 71, Phnom Penh. Tel: +855(0)23 218914 Fax: +855(0) 23 218941. 163

Interrogatoires<br />

002/19-09-2007-ECCC-OCIJ ЮŲŠ / No: D427<br />

581. La vaste majorité des prisonniers était interrogée au centre. Cinq témoins et parties civiles ont<br />

été entendus à ce sujet 2509 . Il ressort de leurs dépositions que les prisonniers étaient interrogés<br />

sur leur soutien au Vietnam ou sur leur rôle d’agent de la CIA. Les interrogatoires se<br />

déroulaient au sud de la prison, à la pagode Kesararam) 2510 . Les prisonniers (au nombre de<br />

huit à dix pour chaque session) étaient détachés et sortis de leur cellule, menottés et<br />

accompagnés à la pagode. Les sessions étaient de trois heures chacune 2511 .<br />

582. Durant les interrogatoires, certains prisonniers étaient gravement maltraités et ce, par<br />

différents moyens : coups de bâton (parfois jusqu’à ce qu’ils perdent connaissance), chocs<br />

électriques à l’aide d’un fil sous tension placé sur l’oreille du prisonnier, suffocation,<br />

arrachage des ongles de main et de pied avec des tenailles, feu dans lequel on jetait les<br />

prisonniers 2512 . Un des anciens détenus explique qu’il a vu une femme envoyée à<br />

l’interrogatoire deux ou trois jours après son accouchement et portée par les gardes sur le<br />

chemin du retour à la prison parce qu’elle ne pouvait pas marcher 2513 . Trois des anciens<br />

détenus déclarent qu’ils n’ont subi aucun mauvais traitement durant leur interrogatoire 2514<br />

mais c’était manifestement l’exception.<br />

583. Dans certains cas, une fois l’interrogatoire terminé, les prisonniers étaient transportés en<br />

camion. Un ancien prisonnier explique qu’il fut emmené à l’interrogatoire avec 17 autres<br />

prisonniers et qu’il fut le seul après l’interrogatoire à n’avoir pas été transporté en camion sur<br />

la route d’Angkor Wat 2515 .<br />

Exécutions et disparitions<br />

584. En majorité, les prisonniers du Centre de sécurité de la Zone Nord, y compris les enfants 2516 ,<br />

furent exécutés. Les prisonniers étaient transportés en camion vers les sites d’exécution situés<br />

sur la plantation de Trinh Vine, au sud du temple d’Angkor Wat 2517 . Les exécutions se<br />

produisaient régulièrement. Un ancien garde explique qu’à chaque fois une dizaine de<br />

prisonniers étaient emmenés pour être exécutés 2518 mais d’anciens détenus déclarent avoir vu<br />

des camions transportant jusqu’à 60 prisonniers 2519 . Des témoins expliquent également que les<br />

prisonniers étaient transportés en camion toutes les semaines ou tous les quinze jours 2520 . Un<br />

ancien détenu a assisté personnellement à l’exécution d’environ 60 prisonniers. Il décrit<br />

comment on a sorti du camion ces 60 hommes et femmes menottés et comment ils « ont été<br />

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