ORDONNANCE DE CLÔTURE

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002/19-09-2007-ECCC-OCIJ ЮŲŠ / No: D427 565. Wat Kirirum était un « endroit secret » duquel les habitants n’osaient pas s’approcher 2441 . Des témoins déclarent que des groupes de prisonniers (allant de trois à une vingtaine) étaient emmenés par des soldats, entravés, de la prison à la pagode située en haut de la montagne, en montant par l’escalier blanc 2442 . Bien que deux témoins racontent avoir vu des prisonniers être ramenés en bas de la montagne 2443 , la plupart des témoignages attestent que les groupes de prisonniers qui étaient emmenés au sommet de la montagne ne redescendaient plus 2444 . Un témoin précise : « Je voyais les gardes qui avaient emmené les prisonniers à la montagne redescendre sans aucun prisonnier » 2445 . Les cadres du Parti déclaraient ouvertement : « La condition de vie à la pagode de Kirirum est bien confortable, c’est-à-dire qu’on n’est plus censé de travailler » 2446 . 566. Selon un témoin, tous les villageois des alentours savaient qu’on emmenait et exécutait des gens à Phnom Sampeou 2447 . Les témoins interrogés n’ont assisté à aucun massacre (ayant l’interdiction de monter l’escalier), mais ils ont vu les corps des victimes en s’aventurant sur la montagne après la chute du régime, et ils y ont découvert de nombreux corps dans un certain nombre d’endroits, notamment les grottes situées au sommet de Phnom Sampeou 2448 et l’intérieur de la pagode où les corps étaient encore menottés aux murs 2449 . Des cadavres, y compris d’enfants, ont été vus pendus à des branches d’arbres le long de la route menant aux grottes 2450 , dans la forêt 2451 et dans les rizières 2452 entre Phnom Kdaong et Phnom Sampoeu. Un certain nombre de témoins déclarent avoir découvert des cadavres avec les mains attachées 2453 . 567. Les témoins déclarent avoir vu à l’intérieur des grottes des « centaines de cadavres » 2454 , l’un d’eux parle d’une « masse des cadavres d’hommes, de femmes et d’enfants » 2455 . Les témoins ont trouvé, à l’intérieur de la pagode et éparpillés le long des grottes, divers instruments d’exécution, certains maculés de sang, tels que gourdins, couteaux, haches, longues tiges de fer de 60-70 centimètres, morceaux de bambou, morceaux de bois, menottes et cordes. 2456 568. Les corps des victimes étaient disposés dans les trois grottes de Phnom Sampeou, à savoir la grotte de La-ang Teng Khluon ou la « Salle de maquillage » 2457 , et les grottes voisines de Laang Lakhaon 2458 et La-ang Kang Kep 2459 . En général, les corps retrouvés dans les grottes avaient le visage contre terre et la nuque fracassée 2460 . 569. En outre, des témoins se souviennent avoir découvert une installation de bols ou de bassines en métal, d’une hauteur correspondant à celle d’une personne agenouillée, reliée à des trous percés dans le mur, servant à évacuer le sang vers l’extérieur de la pagode 2461 et contenant du sang compact. 2462 Cette installation était utilisée pour récupérer le sang des hommes dont on Chambres extraordinaires au sein des tribunaux cambodgiens, Route nationale 4, Choam Chao, Dangkao, Phnom Penh Boite postale 71, Phnom Penh. Tel: +855(0)23 218914 Fax: +855(0) 23 218941. 158

002/19-09-2007-ECCC-OCIJ ЮŲŠ / No: D427 avait tranché la gorge 2463 et a été retirée depuis lors 2464 . À l’intérieur de la pagode se trouvaient des chaînes, utilisées pour empêcher les prisonniers de s’échapper 2465 . 570. Même si l’on ne sait pas avec exactitude combien de victimes ont été exécutées au Centre de sécurité de Wat Kirirum, il est probable que ce chiffre soit très élevé ; si l’on prend en considération les divers emplacements auxquels ont été déposés les corps, ainsi que les déclarations de témoins, les victimes se comptent par milliers. * * * 571. Une (1) partie civile a été déclarée recevable en relation avec le Centre de sécurité de Wat Kirirum 2466 ; les faits décrits dans sa demande ayant été considérée comme établis sur la base de l’hypothèse la plus probable conformément à la règle 23 bis (4). Cette partie civile a apporté des éléments suffisamment pertinents pour établir prima facie que son préjudice est une conséquence directe des crimes commis au Centre de sécurité de Wat Kirirum. Emplacement et création Centre de Sécurité de la Zone Nord 2467 ņĕĀ Бũ₤ĕʼn Њ₤НŠķРņЊļÐΧijʼnũ 572. Le Centre de sécurité de la Zone Nord était situé dans la ville de Siem Reap, dans la province d’Oddar Meanchey, ou, selon le système d’identification des frontières administratives du Parti communiste du Kampuchéa, dans le Secteur 106 de la nouvelle Zone Nord (801) 2468 . En février et mars 1977, les cadres de la Zone Sud-Ouest vinrent remplacer les dirigeants du Secteur 106, y compris le secrétaire, [CAVIARDÉ], et le chef de la sécurité du secteur, Yang Peou 2469 . C’est alors qu’a été établie la nouvelle Zone Nord 2470 . La creation de la nouvelle Zone Nord a été annoncée par Nuon Chea lors d’une réunion dans le Secteur 103 fin 1977 2471 . Alors que ce centre était à l’origine, peu de temps après le 17 avril 1975, le centre de sécurité de l’ancien Secteur autonome 106, il servit, quand la zone fut instituée, de centre de sécurité pour toute la zone ainsi que pour l’ancien Secteur autonome 106 et le Secteur 103 2472 . Il a fonctionné jusqu’à décembre 1978, au moins 2473 . 573. Le centre était installé dans une ancienne prison coloniale française, à l’emplacement actuel de l’hôtel Sokha Angkor. Les interrogatoires étaient menés à la pagode Kesararam (aussi connue sous le nom de pagode Dharmayudhi ou Thaomyuth), sur le flanc ouest de la prison. Les exécutions de prisonniers se déroulaient à la plantation de Trinh Vine, située à 500 mètres Chambres extraordinaires au sein des tribunaux cambodgiens, Route nationale 4, Choam Chao, Dangkao, Phnom Penh Boite postale 71, Phnom Penh. Tel: +855(0)23 218914 Fax: +855(0) 23 218941. 159

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565. Wat Kirirum était un « endroit secret » duquel les habitants n’osaient pas s’approcher 2441 . Des<br />

témoins déclarent que des groupes de prisonniers (allant de trois à une vingtaine) étaient<br />

emmenés par des soldats, entravés, de la prison à la pagode située en haut de la montagne, en<br />

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ramenés en bas de la montagne 2443 , la plupart des témoignages attestent que les groupes de<br />

prisonniers qui étaient emmenés au sommet de la montagne ne redescendaient plus 2444 . Un<br />

témoin précise : « Je voyais les gardes qui avaient emmené les prisonniers à la montagne<br />

redescendre sans aucun prisonnier » 2445 . Les cadres du Parti déclaraient ouvertement : « La<br />

condition de vie à la pagode de Kirirum est bien confortable, c’est-à-dire qu’on n’est plus<br />

censé de travailler » 2446 .<br />

566. Selon un témoin, tous les villageois des alentours savaient qu’on emmenait et exécutait des<br />

gens à Phnom Sampeou 2447 . Les témoins interrogés n’ont assisté à aucun massacre (ayant<br />

l’interdiction de monter l’escalier), mais ils ont vu les corps des victimes en s’aventurant sur<br />

la montagne après la chute du régime, et ils y ont découvert de nombreux corps dans un<br />

certain nombre d’endroits, notamment les grottes situées au sommet de Phnom Sampeou 2448 et<br />

l’intérieur de la pagode où les corps étaient encore menottés aux murs 2449 . Des cadavres, y<br />

compris d’enfants, ont été vus pendus à des branches d’arbres le long de la route menant aux<br />

grottes 2450 , dans la forêt 2451 et dans les rizières 2452 entre Phnom Kdaong et Phnom Sampoeu.<br />

Un certain nombre de témoins déclarent avoir découvert des cadavres avec les mains<br />

attachées 2453 .<br />

567. Les témoins déclarent avoir vu à l’intérieur des grottes des « centaines de cadavres » 2454 , l’un<br />

d’eux parle d’une « masse des cadavres d’hommes, de femmes et d’enfants » 2455 . Les témoins<br />

ont trouvé, à l’intérieur de la pagode et éparpillés le long des grottes, divers instruments<br />

d’exécution, certains maculés de sang, tels que gourdins, couteaux, haches, longues tiges de<br />

fer de 60-70 centimètres, morceaux de bambou, morceaux de bois, menottes et cordes. 2456<br />

568. Les corps des victimes étaient disposés dans les trois grottes de Phnom Sampeou, à savoir la<br />

grotte de La-ang Teng Khluon ou la « Salle de maquillage » 2457 , et les grottes voisines de Laang<br />

Lakhaon 2458 et La-ang Kang Kep 2459 . En général, les corps retrouvés dans les grottes<br />

avaient le visage contre terre et la nuque fracassée 2460 .<br />

569. En outre, des témoins se souviennent avoir découvert une installation de bols ou de bassines<br />

en métal, d’une hauteur correspondant à celle d’une personne agenouillée, reliée à des trous<br />

percés dans le mur, servant à évacuer le sang vers l’extérieur de la pagode 2461 et contenant du<br />

sang compact. 2462 Cette installation était utilisée pour récupérer le sang des hommes dont on<br />

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