ORDONNANCE DE CLÔTURE
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Interrogatoires 002/19-09-2007-ECCC-OCIJ ЮŲŠ / No: D427 semaine, certains prisonniers, les femmes et les enfants surtout, mouraient d’inanition 2275 . Les auteurs d’infractions mineures recevaient plus de nourriture que les auteurs d’infractions graves 2276 . Les prisonniers se voyaient imposer les travaux forcés dans l’enceinte de la prison et ses environs : ils devaient creuser des fosses, cultiver et arroser les plantes 2277 . Aucun traitement médical n’était disponible au centre et de nombreux prisonniers sont morts de maladie ou d’épuisement 2278 . 528. Habituellement, les interrogatoires se déroulaient à l’extérieur de la prison ou dans un bâtiment séparé réservé à cet usage 2279 . On réclamait aux prisonniers de faire le récit de leur biographie ainsi que d’expliquer la raison de leur arrestation et on les accusait d’être membres de la CIA ou de soutenir le régime de Lon Nol 2280 . D’anciens prisonniers ont indiqué que leurs aveux étaient notés par écrit 2281 . Un témoin a précisé : « Tous les trois, quatre jours, on envoyait ces documents à la hiérarchie. Et, quand les documents revenaient, on sortait les gens pour les exécuter, le soir, à chaque fois par dizaine ou vingtaine » 2282 . 529. Les interrogatoires donnaient lieu à de graves mauvais traitements : les prisonniers étaient battus, on leur couvrait la tête d’un sac ou de feuilles de plastique pour les asphyxier, on les électrocutait, etc 2283 . Souvent, les prisonniers mouraient durant les interrogatoires 2284 . Une prisonnière a déclaré qu’un homme avait touché sa poitrine et son vagin et l’avait dévêtue totalement afin d’inspecter son corps tandis qu’un soldat observait la scène 2285 . On a retrouvé des fers et des générateurs électriques à l’intérieur du centre peu de temps après la chute du régime 2286 . Exécutions 530. Les auteurs d’infractions graves qui devaient être exécutés l’étaient souvent deux ou trois jours après leur arrestation 2287 . Parfois, comme le déclare l’un des prisonniers : « Ceux qui devaient être exécutés étaient emmené à l’extérieur, immédiatement » 2288 . D’autres témoins font état de disparitions de prisonniers 2289 , certains rapportant que les malades étaient envoyés à « l’hôpital » mais que ces personnes ne revenaient jamais, ayant été exécutés 2290 . Parmi les cadres du Parti ayant été détenus à Koh Kyang, exécutés ou portés disparus, figurent les chefs de sous-district et d’unité accusés de trahison 2291 . Un témoin a indiqué que des personnes d’ethnicité vietnamiennes ont également été arrêtés, envoyés à Koh yang et tués 2292 . Chambres extraordinaires au sein des tribunaux cambodgiens, Route nationale 4, Choam Chao, Dangkao, Phnom Penh Boite postale 71, Phnom Penh. Tel: +855(0)23 218914 Fax: +855(0) 23 218941. 148
002/19-09-2007-ECCC-OCIJ ЮŲŠ / No: D427 531. Les exécutions avaient souvent lieu devant les autres prisonniers afin de décourager les tentatives de fuite ou toute autre mauvaise conduite 2293 . Les méthodes d’exécution variaient : on battait les prisonniers à mort, on les exécutait à coup d’essieux, on les attachait ensemble et on les noyait (par famille entière parfois) ou on les jetait dans le puits 2294 . En outre, les prisonniers étaient souvent éviscérés afin de terroriser les autres 2295 . Des témoins se souviennent d’avoir vu des vésicules biliaires et des foies humains en train de sécher sur un grand arbre dans l’enceinte du centre 2296 . L’un d’eux précise que les soldats mélangeaient les vésicules à du vin et buvaient cela, qu’ils cuisinaient et mangeaient les foies 2297 . Les enfants étaient exécutés s’ils essayaient de s’échapper ou s’ils tentaient secrètement de rendre visite à leurs parents 2298 . 532. Plusieurs témoins déclarent que, durant leur détention, ils ont vu des fosses dans l’enceinte du centre de détention, sous des cocotiers et des manguiers 2299 . Les témoins ont vu des fosses récemment creusées, contenant des corps enterrés pour servir d’engrais, et ont remarqué l’odeur de pourriture émanant du sol 2300 . Un témoin, détenu en 1977, a reçu l’ordre d’exhumer une fosse commune afin de transporter les corps vers une nouvelle fosse parce que l’on craignait que les liquides émanant des cadavres puissent s’écouler dans le puits tout proche 2301 . On lui a également demandé, ainsi qu’à d’autres prisonniers, de creuser trois ou quatre fosses avant les exécutions 2302 . 533. Un témoin, qui vivait près de Koh Kyang et est allé à la prison en 1979 pour libérer les prisonniers et retrouver ses parents, déclare que les fosses avaient été profanées par ceux qui cherchaient de l’or et que des crânes et des restes humains avaient alors été retrouvés 2303 . Le témoin se rappelle que le comité de la pagode a recueilli les restes de plus de 200 personnes trouvés dans deux ou trois fosses et les a placés à la pagode Ou Chrov. Il estime qu’au total 1 000 prisonniers ont été exécutés au Centre de sécurité de Koh Kyang 2304 . * * * 534. Trente six (36) parties civiles ont été déclarées recevables en relation avec le Centre de sécurité de Koh Kyang 2305 ; les faits décrits dans leurs demandes ayant été considérés comme établis sur la base de l’hypothèse la plus probable conformément à la règle 23 bis (4). Ces parties civiles ont apporté des éléments suffisamment pertinents pour établir prima facie que leur préjudice est une conséquence directe des crimes commis au Centre de sécurité de Koh Kyang. Chambres extraordinaires au sein des tribunaux cambodgiens, Route nationale 4, Choam Chao, Dangkao, Phnom Penh Boite postale 71, Phnom Penh. Tel: +855(0)23 218914 Fax: +855(0) 23 218941. 149
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on battait les prisonniers à mort, on les exécutait à coup d’essieux, on les attachait ensemble et<br />
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prisonniers étaient souvent éviscérés afin de terroriser les autres 2295 . Des témoins se<br />
souviennent d’avoir vu des vésicules biliaires et des foies humains en train de sécher sur un<br />
grand arbre dans l’enceinte du centre 2296 . L’un d’eux précise que les soldats mélangeaient les<br />
vésicules à du vin et buvaient cela, qu’ils cuisinaient et mangeaient les foies 2297 . Les enfants<br />
étaient exécutés s’ils essayaient de s’échapper ou s’ils tentaient secrètement de rendre visite à<br />
leurs parents 2298 .<br />
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récemment creusées, contenant des corps enterrés pour servir d’engrais, et ont remarqué<br />
l’odeur de pourriture émanant du sol 2300 . Un témoin, détenu en 1977, a reçu l’ordre d’exhumer<br />
une fosse commune afin de transporter les corps vers une nouvelle fosse parce que l’on<br />
craignait que les liquides émanant des cadavres puissent s’écouler dans le puits tout<br />
proche 2301 . On lui a également demandé, ainsi qu’à d’autres prisonniers, de creuser trois ou<br />
quatre fosses avant les exécutions 2302 .<br />
533. Un témoin, qui vivait près de Koh Kyang et est allé à la prison en 1979 pour libérer les<br />
prisonniers et retrouver ses parents, déclare que les fosses avaient été profanées par ceux qui<br />
cherchaient de l’or et que des crânes et des restes humains avaient alors été retrouvés 2303 . Le<br />
témoin se rappelle que le comité de la pagode a recueilli les restes de plus de 200 personnes<br />
trouvés dans deux ou trois fosses et les a placés à la pagode Ou Chrov. Il estime qu’au total<br />
1 000 prisonniers ont été exécutés au Centre de sécurité de Koh Kyang 2304 .<br />
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534. Trente six (36) parties civiles ont été déclarées recevables en relation avec le Centre de<br />
sécurité de Koh Kyang 2305 ; les faits décrits dans leurs demandes ayant été considérés comme<br />
établis sur la base de l’hypothèse la plus probable conformément à la règle 23 bis (4). Ces<br />
parties civiles ont apporté des éléments suffisamment pertinents pour établir prima facie que<br />
leur préjudice est une conséquence directe des crimes commis au Centre de sécurité de Koh<br />
Kyang.<br />
Chambres extraordinaires au sein des tribunaux cambodgiens, Route nationale 4, Choam Chao, Dangkao, Phnom Penh<br />
Boite postale 71, Phnom Penh. Tel: +855(0)23 218914 Fax: +855(0) 23 218941.<br />
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