Dossier pour la Marche des Vivants Livret pédagogique du guide

Dossier pour la Marche des Vivants Livret pédagogique du guide Dossier pour la Marche des Vivants Livret pédagogique du guide

marchedesvivants.org
from marchedesvivants.org More from this publisher
26.06.2013 Views

Témoignages Le 29 mai 1942 Le brassard! Comment peut-on porter cela ? J’ai senti qu’il me brûlait le bras. C’est comme si j’avais mis un collier autour de mon cou. J’étais saisi par l’angoisse. Des dizaines de milliers de passants portaient ce morceau de tissu blanc souvent souillé au bras. A quoi cela sert-il ? pour bien différencier les races. Personne n’est exempté de l’”étoile sioniste” (l’étoile de David). Tous doivent porter l’étoile de David en public, pour que tout le monde puisse la voir. [2] Yitzhak Zuckerman: Qui aurait pu croire dans ces premiers temps que des brassards bleu et blanc avec l’étoile de David – que à partir de ce signe honteux – une ligne droite serait tracée qui mènerait directement à Treblinka?... Nous avons été humiliés quand on a décrété que nous devions retirer notre couvre chef en présence des commandants allemands…. Nous nous sommes battus quand les Allemands nous ont attrapés pour nous faire faire des travaux forcés…. Nous nous sommes habitués à ne pas manger, à mourir du typhus, à mourir de faim. Il y avait une certaine force qui nous empêchait de voir la réalité telle qu’elle était. Le 11 mars 1941 En réalité nous n’avons pas un ghetto mais plutôt un asile d’aliénés. Nous sommes emprisonnés entre des murs et coupés du monde entier à l’extérieur. Pratiquement personne ne sort du ghetto mais on ne pas dire que personne n’y pénètre. Au contraire. Les gens n’arrêtent pas de venir. Quand les exilés du district de Varsovie ont arrêté de venir, de nouveaux sont arrivés, ceuxlà de Norvège, de Hollande et de Tchécoslovaquie. J’ai vu de mes propres yeux, une foule immense de quelques centaines de personnes menées par les gendarmes Nazis de la gare de Danzig à la prison, au 109 de la rue Leszno. Le 5 février, 1941 Par une vitrine dans une boutique, je peux voir le reflet des gens. C’est un spectacle désormais habituel: un vieil homme entre pour acheter une livre de 26

pain et ressort. Dans la rue, il arrache avec avidité un morceau de mie et la met dans la bouche. Alors une expression de satisfaction se peint sur son visage, et je sais que, dans un instant toute la miche de pain aura disparu. Son visage maintenant exprime la déception. Il fouille dans ses poches et en sort ses dernières pièces de cuivre. Il n’y en a pas assez pour acheter quoi que ce soit. Il ne lui reste plus qu’à s’étendre dans la neige et attendre la mort. Ou alors peut-être se rendre dans un centre de la communauté? Inutile, des centaines de personnes comme lui s’y trouvent déjà. La femme qui derrière le comptoir les reçoit et écoute leur histoire est sympathique; elle sourit poliment et leur dit de revenir dans une semaine. Chacun doit attendre son tour mais peu d’entre eux survivront jusqu’à la semaine prochaine. La faim aura raison d’eux et un matin, ce sera un autre cadavre de vieil homme qui sera retrouvé couché dans la neige, le visage bleui, les poings serrés. La grande déportation: du 22 juillet 42 au 12 septembre 42. Le lendemain du suicide du chef du judenrat Adam Czerniakow, son second, Marc Lichtenbaum, prit sa place. Les Allemands utilisent la police juive pour organiser la déportation des juifs qui étaient menés à la place Umschlagplatz d’où ils montaient dans des trains qui les emmenaient à Treblinka pour la plupart. A partir de la mi-août, les personnes qui avaient réussi à s’enfuir de Treblinka cachés dans des wagons transportant les vêtements, revenaient, rapportant déjà alors des rumeurs inquiétantes sur ce qui se passait en réalité. Il restait au ghetto 60,000 personnes. Le ghetto fut divisé en trois parties, la zone centrale, où se trouvaient les usines allemandes et les bureaux du judenrat. Le deuxième ghetto était plus petit et il y avait là deux usines Tabens et Schultz, le troisième ghetto était une petite enclave. Les trois usines étaient séparées et de fait le ghetto se transforma en camp de travail. Avec le début des déportations, le 28 juillet 1942, les délégués des mouvements de jeunesse se réunirent regroupant les délégués du Shomer hatsair, du Dror,d’ Akiva. Ils décidèrent de fonder une organisation combattante juive, (Z.O.B). Parmi les fondateurs, on citera Tzukerman, Kaplan, Lubetkin, Tenenbaum etc. L’une des premières activités de cette organisation fut d’envoyer des émissaires chargés de deux missions, faire publier des informations sur Treblinka, et rapporter des armes. Mais la résistance n’était pas soutenue par les habitants du ghetto. Au début 1943 le ZZW, organisation militaire juive se joignit aux résistants à son tour. 27

Témoignages<br />

Le 29 mai 1942<br />

Le brassard! Comment peut-on porter ce<strong>la</strong> ? J’ai senti qu’il me brû<strong>la</strong>it le bras.<br />

C’est comme si j’avais mis un collier autour de mon cou. J’étais saisi par<br />

l’angoisse. Des dizaines de milliers de passants portaient ce morceau de tissu<br />

b<strong>la</strong>nc souvent souillé au bras. A quoi ce<strong>la</strong> sert-il ? <strong>pour</strong> bien différencier les<br />

races. Personne n’est exempté de l’”étoile sioniste” (l’étoile de David). Tous<br />

doivent porter l’étoile de David en public, <strong>pour</strong> que tout le monde puisse <strong>la</strong><br />

voir. [2]<br />

Yitzhak Zuckerman:<br />

Qui aurait pu croire dans ces premiers temps que <strong>des</strong> brassards bleu et b<strong>la</strong>nc<br />

avec l’étoile de David – que à partir de ce signe honteux – une ligne droite serait<br />

tracée qui mènerait directement à Treblinka?... Nous avons été humiliés quand<br />

on a décrété que nous devions retirer notre couvre chef en présence <strong>des</strong><br />

commandants allemands…. Nous nous sommes battus quand les Allemands<br />

nous ont attrapés <strong>pour</strong> nous faire faire <strong>des</strong> travaux forcés…. Nous nous sommes<br />

habitués à ne pas manger, à mourir <strong>du</strong> typhus, à mourir de faim. Il y avait une<br />

certaine force qui nous empêchait de voir <strong>la</strong> réalité telle qu’elle était.<br />

Le 11 mars 1941<br />

En réalité nous n’avons pas un ghetto mais plutôt un asile d’aliénés. Nous<br />

sommes emprisonnés entre <strong>des</strong> murs et coupés <strong>du</strong> monde entier à l’extérieur.<br />

Pratiquement personne ne sort <strong>du</strong> ghetto mais on ne pas dire que personne<br />

n’y pénètre. Au contraire. Les gens n’arrêtent pas de venir. Quand les exilés<br />

<strong>du</strong> district de Varsovie ont arrêté de venir, de nouveaux sont arrivés, ceuxlà<br />

de Norvège, de Hol<strong>la</strong>nde et de Tchécoslovaquie. J’ai vu de mes propres<br />

yeux, une foule immense de quelques centaines de personnes menées par les<br />

gendarmes Nazis de <strong>la</strong> gare de Danzig à <strong>la</strong> prison, au 109 de <strong>la</strong> rue Leszno.<br />

Le 5 février, 1941<br />

Par une vitrine dans une boutique, je peux voir le reflet <strong>des</strong> gens. C’est un<br />

spectacle désormais habituel: un vieil homme entre <strong>pour</strong> acheter une livre de<br />

26

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!