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26.06.2013 Views

Adam Czerniakow 1880-1942 Le chef du judenrat à Varsovie, natif de cette ville est né en 1880 dans une famille juive assimilée de la classe moyenne. Il avait étudié à l’école Polytechnique dont il avait obtenu un diplôme d’ingénieur en Chimie. Il était professeur dans un lycée professionnel juif de la ville. Il n’appartenait à aucun mouvement politique défini, mais il faisait partie de la commission de l’Agence juive de Varsovie comme représentant des juifs anti sionistes. Il fut aussi conseiller municipal entre 1927 et 1934. Au début du mois de septembre 1939, il fut nommé par le maire de Varsovie, à la tête de la communauté juive religieuse de Varsovie. Le 4 octobre, après que la ville se fut rendue, il est nommé chef du judenrat par la Gestapo. Sous l’occupation et dans le ghetto, les domaines d’activités de la communauté juive se sont élargis de beaucoup et le judenrat doit s’occuper de l’approvisionnement en nourriture, du travail, de la santé, du logement, du nettoyage… La structure du judenrat s’était de beaucoup élargie. De 530 personnes qui constituaient le judenrat leur nombre parviendra à 6000. Pendant les premières années de son mandat il maintenait un contact quotidien avec la police allemande et les délégués civils. Il espérait faire fléchir les Allemands en tentant d’éveiller en eux un sentiment humain, pour tenter d’obtenir des conditions meilleures dans le ghetto. Ce fut peine perdue bien sûr. Les Allemands lui infligèrent des mauvais traitements verbaux et physiques. Sa personnalité, son caractère et ses qualités apparaissent différents selon les personnes qui ont parlé de lui, que ce soit dans le journal qu’ils tenaient ou des chroniqueurs. Dans les milieux résistants, il était dénigré comme assimilé et vivement critiqué, car on voyait en lui une personne imbue de sa personne qui aimait à se donner de l’importance et qui tenait à des cérémonies publiques qui paraissaient ridicules dans le contexte du ghetto. Mais, vu par ceux qui travaillaient avec lui, il était digne d’éloges et possédait de nombreuses qualités. Sur un point, cependant tous étaient d’accord, il était d’une droiture irréprochable et les bonnes intentions sous-tendaient toutes ses actions. Mais, le 23 juillet 1942, il se suicide, refusant de livrer des juifs aux Allemands. Son décès fut interprété comme la protestation d’un homme qui était parvenu à la limite entre ses fonctions officielles au ghetto et la collaboration avec les ennemis. D’ailleurs, dans le cadre de ses activités, il avait également adopté une politique économique libérale grâce à laquelle, il fermait les yeux sur des activités clandestines. Mais les plus démunis en 10

pâtissaient et dans une certaine mesure cela accentua des écarts sociaux entre les pauvres et la petite élite du ghetto. De façon générale, Czerniakow était considéré comme un homme honnête qui tentait d’agir de son mieux, compte tenu des circonstances, et qui se refusa, le moment venu, à transgresser les limites dernières qui consistaient à livrer des coreligionnaires à la mort. Il n’y a aucune preuve qu’il ait profité de sa position à des fins malhonnêtes ou pour accepter tout avantage personnel. A partir du 6 octobre il se faisait un devoir de consigner tous les jours le compte-rendu de ses activités dans le cadre de son poste de président du judenrat de Varsovie. Ce journal est parvenu à Yad Vashem au milieu des années soixante, a été publié en 1968 et il nous fournit un des témoignages les plus marquants de la période de la Shoah. Le journal éclaire la personnalité de l’homme à la tête du judenrat de la communauté juive la plus grande d’Europe. Voici ce que rapporte dans son journal Kaplan, trois jours après le suicide de Czerniakow. “Par sa mort, il a honoré son nom plus que dans sa vie… après la mort du président (Czerniakow) nous avons su qu’il avait refusé de signer une autorisation de livrer des juifs. Sa vie n’a pas été belle, mais sa mort a été belle…pour certains, une heure suffit pour se racheter. Pour le président Czerniakow une seconde aura suffi.” L’une des dirigeantes du soulèvement, Tsvia Lubetkin, écrit à propos du suicide de Czerniakow: ” Il s’est racheté en devenant fou et cela ne saurait faire pardonner ses actions passées. Pourquoi n’a-t-il pas prévenu les juifs, pourquoi ne les a-t-il pas mis en garde contre ce qui les attendait?” Sur sa tombe on peut lire: «L’important n’est pas où se trouvent tes os, un jour ils réouvrirons ta tombe et jugerons tes actes à travers une nouvelle lumière» 11

pâtissaient et dans une certaine mesure ce<strong>la</strong> accentua <strong>des</strong> écarts sociaux entre<br />

les pauvres et <strong>la</strong> petite élite <strong>du</strong> ghetto.<br />

De façon générale, Czerniakow était considéré comme un homme honnête<br />

qui tentait d’agir de son mieux, compte tenu <strong>des</strong> circonstances, et qui se refusa,<br />

le moment venu, à transgresser les limites dernières qui consistaient à livrer<br />

<strong>des</strong> coreligionnaires à <strong>la</strong> mort. Il n’y a aucune preuve qu’il ait profité de sa<br />

position à <strong>des</strong> fins malhonnêtes ou <strong>pour</strong> accepter tout avantage personnel.<br />

A partir <strong>du</strong> 6 octobre il se faisait un devoir de consigner tous les jours le<br />

compte-ren<strong>du</strong> de ses activités dans le cadre de son poste de président <strong>du</strong><br />

judenrat de Varsovie. Ce journal est parvenu à Yad Vashem au milieu <strong>des</strong><br />

années soixante, a été publié en 1968 et il nous fournit un <strong>des</strong> témoignages<br />

les plus marquants de <strong>la</strong> période de <strong>la</strong> Shoah. Le journal éc<strong>la</strong>ire <strong>la</strong> personnalité<br />

de l’homme à <strong>la</strong> tête <strong>du</strong> judenrat de <strong>la</strong> communauté juive <strong>la</strong> plus grande<br />

d’Europe. Voici ce que rapporte dans son journal Kap<strong>la</strong>n, trois jours après le<br />

suicide de Czerniakow. “Par sa mort, il a honoré son nom plus que dans sa<br />

vie… après <strong>la</strong> mort <strong>du</strong> président (Czerniakow) nous avons su qu’il avait<br />

refusé de signer une autorisation de livrer <strong>des</strong> juifs. Sa vie n’a pas été belle,<br />

mais sa mort a été belle…<strong>pour</strong> certains, une heure suffit <strong>pour</strong> se racheter.<br />

Pour le président Czerniakow une seconde aura suffi.”<br />

L’une <strong>des</strong> dirigeantes <strong>du</strong> soulèvement, Tsvia Lubetkin, écrit à propos <strong>du</strong><br />

suicide de Czerniakow:<br />

” Il s’est racheté en devenant fou et ce<strong>la</strong> ne saurait faire pardonner ses actions<br />

passées. Pourquoi n’a-t-il pas prévenu les juifs, <strong>pour</strong>quoi ne les a-t-il pas mis en<br />

garde contre ce qui les attendait?” Sur sa tombe on peut lire:<br />

«L’important n’est pas où se trouvent tes os, un jour ils réouvrirons ta tombe et<br />

jugerons tes actes à travers une nouvelle lumière»<br />

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