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[Manson fouille dans ses bagages et sort le livret original de l'album.<br />
Il n'y a aucun texte, juste la reproduction d'une peinture d'un clown en<br />
couverture.]<br />
Tu vois, on avait une toile de John Wayne Gacy représentant un clown<br />
sur la couverture. Regarde l'autre photo à l'intérieur. Une de mes photos<br />
préférées et je ne m'en suis jamais servi. C'est une de ces poupées des<br />
années soixante, on tire une ficelle qui est dans son dos et ses yeux s'agrandissent<br />
en changeant de couleur. Autour d'elle, il y a un cercle composé<br />
de dents de sagesse, de bonbons, de pastilles de menthe et de polaroïds<br />
d'une fille mutilée. J'avais truqué la photo sans que ça se voie. Ils m'ont<br />
tout de suite appelé pour me dire : « Écoute. D'abord, on ne va pas imprimer<br />
ce genre de photo et, surtout, on ne peut pas le faire à moins que tu<br />
nous fournisses un nom et une déclaration sous serment de la personne<br />
qui est sur le cliché. Sinon, on va finir en taule. » Ils étaient persuadés que<br />
la photo était vraie : alors j'ai donné mon accord pour ne pas l'utiliser. Je<br />
crois que ça les a rassurés de penser que la photo n'était pas truquée. Ça<br />
a toujours été un jeu de ne pas se compromettre, mais aussi de connaître<br />
ses limites et de faire du mieux qu'on peut à l'intérieur de ces limites.<br />
Tes premières expériences avec Interscope ne t'ont pas rendu amer ?<br />
En fait, on en veut toujours à la terre entière lorsqu'on a la sensation<br />
qu'un label ne soutient pas un artiste jusqu'au bout, alors qu'il le mérite.<br />
C'était à nous de nous bouger le cul, de faire des tournées. On a tourné<br />
pendant deux bonnes années : un an en première partie de Nine Inch Nails,<br />
et l'année suivante on a écumé tous les clubs. Il fallait juste être persévérant.<br />
Avec le recul, es-tu satisfait de cet album ?<br />
Eh bien, en fait, dans cet album je voulais mettre tout un tas de trucs<br />
que j'avais déjà déclarés dans des interviews. Mais aujourd'hui, je crois<br />
que je suis un peu passé à côté, comme si je m'étais pas bien fait comprendre.<br />
Je suis peut-être trop resté dans le flou, ou peut-être que les<br />
chansons n'étaient pas assez bonnes. Qu'importe, je voulais dénoncer<br />
l'Amérique du talk-show qui, à force d'être propre sur soi, passe finalement<br />
son temps à blablater plutôt qu'agir.<br />
J'étais obsédé par la manière dont les mômes grandissaient, ce qui nous<br />
était présenté se trouvait beaucoup plus chargé de sens que ce que nos<br />
parents pensaient, du style Willy Wonka ou les frères Grimm. Ce que j'avais<br />
choisi de montrer du doigt, c'était que nos parents nous cachaient la vérité<br />
et cela faisait davantage de dégâts que de montrer d'entrée de jeu Marilyn<br />
Manson par exemple. Je pense que, vu sous cet angle, je suis un antihéros.<br />
Je pense que je réussirai à mieux l'exprimer sur le prochain album.<br />
L'AMÉRIQUE RENCONTRE MARILYN MANSON<br />
SECONDE PARTIE D'UNE HISTOIRE EN DEUX PARTIES<br />
par Sarah Fim<br />
Empyrean Magazine, 1995<br />
La dernière fois, nous avons laissé Marilyn Manson dans sa chambre<br />
d'hôtel : il sniffait de la coke en donnant une interview exclusive à Empyrean<br />
à propos de la tornade qu'avait été l'année précédente. Nous sommes<br />
le même jour, il est quatre heures du matin, et il se prépare à se lancer<br />
dans les aventures dévastatrices vécues au cours de ses tournées avec Nine<br />
Inch Nails (avec le Jim Rose Circus Sideshow, et plus tard avec Hole en ouverture),<br />
lorsqu'on frappe à la porte. Il cache le CD de Judas Priest recouvert<br />
de dope derrière une boîte en carton, puis se lève en arrangeant son Tshirt<br />
Friend or Foe d'Adam Ant. Il regarde longuement par le judas, craignant<br />
sans doute de découvrir certaines de ces fugueuses psychotiques<br />
qui le suivent servilement, tout en surveillant le moindre de ses gestes, et<br />
couchent avec son équipe (et parfois avec les musiciens lorsque ceux-ci<br />
sont vraiment au bord du désespoir) pour apprendre de nouveaux ragots<br />
sur lui.<br />
Mais la vision qui lui fait face lorsqu'il ouvre la porte est encore plus<br />
épouvantable : c'est Twiggy Ramirez, son bassiste, une bouteille de vin à<br />
la main. Il a l'air de revenir de l'enfer. Il se plaint d'être vraiment très mal<br />
par-ce qu'il a sniffé trop de cocaïne. Puis il se fait une autre ligne avant de