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Pendant que nous travaillions sur Portrait, Trent commençait son album,<br />

The Downward Spiral. On a passé de bons moments à bosser ensemble.<br />

C'était exactement comme ça que j'avais envisagé de faire de la musique.<br />

Tout le monde était relativement sobre, nous ne buvions que lorsque la<br />

nuit était bien avancée et, à part Brad Stewart qui était à fond dans l'héroïne,<br />

je ne me souviens pas que quiconque se soit drogué. J'en avais marre<br />

du monde entier, de tout ce qui ne faisait pas partie de ma vie, de ma<br />

façon de voir la vie des autres. C'était bien d'être idéaliste. Je n'avais pas<br />

encore été balafré par les maladies vénériennes, les drogues et les tournées<br />

qui allaient suivre.<br />

En as-tu gardé de bons souvenirs ?<br />

Ouais. Dans le studio, il y avait une grande baie vitrée d'où on pouvait<br />

voir la salle d'enregistrement et une nuit, on a eu envie de s'amuser un<br />

peu. On a scotché 150 dollars sur la porte intérieure du studio — en fait<br />

Trent et moi avions chacun mis 75 dollars. Pour remporter cette somme,<br />

il suffisait de sortir du studio qui se trouvait sur Santa Monica Boulevard,<br />

là où dès la tombée de la nuit se retrouvaient, telles des blattes hermaphrodites,<br />

tous les prostitués, travestis ou transsexuels. Le jeu consistait à<br />

en lever un (ou une), et à le ramener au studio.<br />

On est donc tous sortis faire un tour. Il y avait énormément de clients<br />

en voiture qui semblaient n'avoir aucun problème pour en lever. Mais, les<br />

putes ayant visiblement peur de nous, on est rentrés, frustrés, et on a<br />

mangé.<br />

Pogo, qui avait un look de skinhead agrémenté d'une longue barbiche,<br />

est allé dans la salle de bains pour se raser la tête. Il trimbalait toujours<br />

sur lui du maquillage de clown, car il lui arrivait souvent d'aller se balader<br />

déguisé. Il s'est grimé comme Gene Simmons et est sorti tout seul.<br />

Nous avions commencé à enregistrer quelques morceaux, lorsque soudain<br />

Pogo est entré dans le studio au bras d'un être androgyne. Dans la cabine,<br />

on a eu juste besoin d'ouvrir les micros de la batterie pour entendre leur<br />

conversation. Cette personne s'appelait apparemment Marie, et d'où on<br />

était, elle ressemblait plutôt à une femme, pas mal en plus, du moins pour<br />

une prostituée. Mais en la regardant plus attentivement, on pouvait voir<br />

sous ses bas résille des plaies sur ses jambes qui ressemblaient à des brûlures<br />

d'énormes cigares ou d'autres sévices dont nous ne voulions pas<br />

entendre parler.<br />

Finalement, elle était plus maligne que nous ne pensions. Elle savait<br />

qu'on était en train de mater et a demandé une rallonge. On n'était pas<br />

d'accord, alors Pogo a disparu dans une autre pièce et, d'après ce que j'en<br />

sais, il s'est branlé sur les seins d'un homme — je ne sais pas dans quelle<br />

catégorie le placer... autre que dépravé, bien sûr.<br />

C'était pas angoissant de travailler dans la maison de Sharon Tate ?<br />

Un truc bizarre est arrivé pendant que nous mixions Wrapped in Plastic.<br />

Cette chanson parle d'une famille américaine moyenne qui recouvre<br />

son canapé d'une housse en plastique et se pose la question : « La poussière<br />

sera-t-elle dehors ou dedans ? » Il arrive souvent que les gens qui<br />

semblent être propres sur eux soient en fait très sales. On utilisait un ordinateur<br />

parce qu'on avait beaucoup de samples et de séquences. Pendant<br />

qu'on travaillait sur ce titre, des samples de Monkey, une chanson de<br />

Charles Manson, se sont incrustés dans le mix. Brusquement, on entendait<br />

la phrase : « Pourquoi un enfant grandit-il, et finit par tuer maman et<br />

papa ? » On ne comprenait pas ce que ça venait faire là. Le refrain de<br />

Wrapped in Plastic étant : « Viens chez moi, on espère que tu vas rester ? »<br />

J'étais seul dans la maison de Sharon Tate en compagnie de Sean Beavan<br />

[le producteur assistant du disque]. On était totalement paniqués et on se<br />

disait des trucs du genre : « Cette nuit est la dernière. » Le lendemain, tout<br />

était rentré dans l'ordre. Les samples de Charles Manson n'étaient plus sur<br />

la bande. Il n'y avait aucune explication logique ou technique au fait<br />

qu'elles y aient été. Ce simple événement surnaturel m'avait fait flipper.<br />

Pourquoi penses-tu que ce soit si branché pour des musiciens de faire<br />

référence à Charles Manson ?<br />

Ça me gonfle. Axl Rose a été attaqué de toutes parts parce qu'il avait<br />

enregistré une chanson de Charles Manson ; je vais vous expliquer comment<br />

il en a eu l'idée dans une minute. Lorsque Trent vivait dans la maison<br />

de Sharon Tate, j'avais l'impression d'être le Marilyn Manson qui prenait<br />

en marche le train de Trent Reznor, ce qui est assez drôle. Mais je n'en<br />

voulais pas à la terre entière. Je m'en foutais. En effet, c'était une occasion<br />

unique d'enregistrer là, de dormir là et de flipper à cause des fantômes<br />

qui vivaient là.<br />

C'est une bonne raison. Encore une petite ligne ?<br />

D'accord, mais c'est la dernière. [Bruits de succion.]<br />

Alors ce qui s'est passé avec Guns N'Roses : un soir, Trent m'avait traîné<br />

à un concert de U2 et, backstage, j'ai rencontré Axl Rose. Il était névrosé,<br />

il me parlait de ses problèmes psychologiques, de son dédoublement de<br />

personnalité, pendant que je me disais : « Ce mec est complètement naze. »

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