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LE ROI DES ORDURES DEVIENT PROPRE :<br />

PREMIÈRE PARTIE D'UNE HISTOIRE EN DEUX PARTIES<br />

par Sarah Fim<br />

Empyrean Magazine, 1995 1<br />

Des images de garçons nus et de corps en décomposition scintillent sur<br />

l'écran de la télé dans la chambre d'hôtel de Marilyn Manson, tandis qu'il<br />

retire ses lunettes de soleil et s'installe sur le canapé. Des photos, des vêtements<br />

et des journaux sont éparpillés sur le sol, tels les débris d'une année<br />

chargée pour Manson, leader du groupe de rock à scandale et controversé<br />

du même nom. Pratiquement du jour au lendemain, le quintette a été<br />

catapulté directement du statut de petit groupe local de Floride à une<br />

machine à remplir les stades, après avoir signé sur Nothing Records, le<br />

label de Trent Reznor de Nine Inch Nails. Depuis, Manson, dont le véritable<br />

nom est Brian Warner, a été arrêté, interdit et battu. Il a été accusé<br />

de torturer des femmes, de tuer des animaux et d'immoler son batteur<br />

par le feu. Aujourd'hui, pour la première fois, il accepte de parler franchement<br />

devant un magnétophone de ses deux dernières années de folie.<br />

Pour être certain qu'il ne revienne pas sur sa promesse, nous avions fait<br />

le plein d'alcool et de drogues et, de plus, loué l'un de ses films préférés,<br />

le western spaghetti hallucinogène d'Alexandre Jodorowsky, El Topo.<br />

Sur la table en verre, pile devant lui, traîne le CD de Judas Priest, British<br />

Steel, celui où il y a une lame de rasoir sur la pochette. Cette photo<br />

est parfaitement appropriée, car dessus sont disposées plusieurs lignes de<br />

la cocaïne la plus pure que les directeurs d'Empyrean puissent s'offrir. Manson<br />

roule un billet de 20 dollars et s'enfile la moitié d'une des lignes dans<br />

la narine droite. Il rejette la tête en arrière en secouant ses longs cheveux<br />

noirs, penche à nouveau la tête en avant, et sniffe le reste de la ligne par<br />

l'autre narine. En musique, comme dans la vie, Marilyn Manson ne joue<br />

pas les bons élèves. Il aime tout détruire sans faire de concession.<br />

EMPYREAN : T'as l'air épuisé.<br />

MANSON : Ouais. Je me suis réveillé à sept heures ce matin et j'ai essayé<br />

de trouver quelqu'un avec qui parler, mais y avait personne. J'ai tourné<br />

en rond comme un lion en cage. Alors, j'ai appelé Missi [sa petite amie].<br />

1. Cette série d'articles a, au départ, été écrite pour Empyrean Magazine, vol. 7, n° 2<br />

et 3, de mai et juin 1995. Ils n'ont jamais été publiés suite à une décision de l'éditeur<br />

d'Empyrean, Centaur Enterprises, qui a estimé que l'interview n'avait pas respecté<br />

l'éthique professionnelle, et ce dans le but d'arracher des informations à M. Manson.<br />

Le magazine a cessé de paraître peu de temps après.<br />

Il y a quelque chose qui cloche avec les gens qui m'aiment, alors que je ne<br />

suis vraiment pas un type aimable.<br />

Ça te dit, une ligne ?<br />

Je pourrais me faire une ligne, et puis...<br />

... voir si t'en as besoin d'une autre ?<br />

En fait, y faut pas commencer.<br />

Mais tu en as toujours besoin d'une autre.<br />

Ouais, si on commence, on peut pas s'arrêter, question d'équilibre [reniflements].<br />

Raconte-nous comment t'as fini par quitter Fort Lauderdale.<br />

Bon, ça s'est passé au moment où j'ai décidé de raccourcir le nom du<br />

groupe en Marilyn Manson, en fait tout le monde nous appelait comme<br />

ça. Le groupe commençait à sortir de sa période BD pour prendre une<br />

tonalité plus sérieuse. Différents labels s'intéressaient à nous. Epic nous<br />

avait fait venir à New York pour un showcase. On avait été dragués<br />

par Michael Goldstone, le type qui, à l'époque, venait juste de signer Pearl<br />

Jam. Leur album était pas encore sorti : je suis tombé dessus et j'ai trouvé<br />

ça très médiocre. C'est vrai qu'en même temps j'idéalisais notre musique,<br />

j'anticipais notre succès. Mon ego en a pris un coup lorsque Epic a fini<br />

par nous dire qu'ils n'aimaient pas ce qu'on faisait. La déception a été<br />

énorme, parce qu'on avait craqué les trois quarts de notre pognon pour<br />

aller à New York.<br />

Comment en es-tu arrivé à travailler avec Trent Reznor ?<br />

Tout a commencé le jour de notre retour, on était presque fauchés.<br />

Missi et moi, on est passés au magasin de disques où j'avais travaillé pour<br />

acheter Broken de Nine Inch Nails qui était sorti le jour même. Je me disais<br />

que ça faisait un moment que je n'avais pas eu de nouvelles de Trent ; on<br />

avait pourtant l'habitude de s'appeler de temps en temps, juste histoire<br />

de se dire bonjour, de garder le contact. Pendant que j'écoutais le disque,<br />

j'ai reçu un coup de téléphone du manager de Trent, qui me demandait<br />

de lui envoyer des démos. (Ce genre de coïncidence m'arrive toujours et<br />

me porte à croire que tout vient à point.) Je savais pas pourquoi il voulait<br />

une démo. Peut-être simplement pour l'écouter.<br />

Quelques jours plus tard, j'ai reçu un coup de fil.<br />

« Salut, c'est Trent. »<br />

Et j'réponds un truc comme : « Hé, qu'est-ce qui se passe ? »<br />

Et il me répond : « Bon, tu devineras jamais où j'suis. J'habite dans la<br />

maison de Sharon Tate. » C'était marrant, parce que la première fois que

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