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« Contente-toi d'acheter un clavier et on démarre un groupe », lui<br />

ai-je répondu.<br />

Stephen n'a pas fait partie de la première mouture du groupe, pas plus<br />

que la personne suivante que j'ai rencontrée et appréciée. J'étais dans un<br />

magasin de disques du centre commercial de Coral Square en train d'acheter<br />

des cassettes de Judas Priest et de Mission U.K. pour l'anniversaire de<br />

mon cousin Chad. Un employé bien bronzé, ressemblant à un exotique<br />

squelette du Moyen-Orient surmonté d'une coiffure afro plus imposante<br />

que celle de Brian May, est venu à ma rencontre et a essayé de me refiler<br />

des albums de Love and Rockets. Son badge l'identifiait comme Jeordie<br />

White. Une de ses collègues avait taillé des pipes, voire plus, à pratiquement<br />

tous ceux qui appartenaient à la scène du sud de la Floride, moi<br />

exclu, mais Jeordie inclus (bien qu'il le nie toujours aujourd'hui). Presque<br />

un an après, Jeordie et moi allions former un groupe parodique appelé<br />

Mrs. Scabtree et interpréter une chanson célébrant la contribution de Lynn<br />

à la scène musicale. Le titre en était Herpes. Jeordie chantait habillé comme<br />

Diana Ross pendant que je jouais de la batterie en utilisant un pot de<br />

chambre en guise de tabouret. Jeordie allait prendre le nom de Twiggy<br />

Ramirez. Mais pour l'instant, il n'était qu'un sympathique doux-dingue<br />

affublé d'un T-shirt Bauhaus qui cherchait quelqu'un qui le comprenne.<br />

Lorsque j'ai rencontré Jeordie au centre commercial la fois suivante,<br />

il jouait de la basse pour Amboog-A-Lard, un groupe de death metal.<br />

Inutile d'essayer de le persuader de les quitter. Je me suis contenté de lui<br />

demander s'il connaissait un bon bassiste. Il m'a soutenu qu'il n'en existait<br />

pas un seul dans tout le sud de la Floride. Et il avait raison. J'ai fini<br />

par en parler à Brian Tutunik, mon copain du cours de théâtre. Dès le<br />

départ, je savais que j'avais tort car cela faisait un moment qu'il parlait<br />

de former son propre groupe et il n'avait aucune intention que j'en fasse<br />

partie. Il pensait sûrement me faire une faveur en intégrant la section<br />

rythmique de Marilyn Manson and the Spooky Kids plutôt que le devant<br />

de la scène comme il le désirait, mais c'était le contraire, car il était un<br />

piètre bassiste, un lourdaud de garçon coiffeur, futur végétarien et adorateur<br />

de Boy George. Tout cela le plaçant à des années-lumière de l'agressivité<br />

recherchée. Il a tenu deux shows avant que nous le foutions dehors.<br />

Il s'est consolé en formant Collapsing Lungs, un mauvais groupe de metal<br />

industriel édulcoré avec des titres comme Wbo Put a Hole in My Rubber?<br />

(Qui a fait un trou dans ma capote ?) Ils pensaient être un don de<br />

Dieu pour le sud de la Floride, surtout après avoir signé à Atlantic Records.<br />

Je leur ai jeté un sort. Aujourd'hui Dieu les fait pointer au chômage (je<br />

suis pas entièrement responsable de leur chute). Être de mauvais musiciens<br />

et écrire de mauvaises chansons de metal industriel sur la façon de<br />

sauver les tortues de mer n'a pas du tout aidé leur carrière.<br />

J'ai trouvé le membre suivant du groupe au cours d'une soirée où tout<br />

le monde était bourré. Un crétin à face de rat, totalement parti, avec des<br />

cheveux bruns et gras et de longs bras de singe, s'est écroulé sur le canapé<br />

à côté de moi en affirmant être gay, avant de commencer à étaler sa science.<br />

Il s'est présenté : Scott Putesky. Il semblait avoir de grandes connaissances<br />

techniques sur la manière de faire de la musique. Encore mieux, il possédait<br />

un magnétophone à quatre pistes. J'avais un concept mais pas de<br />

véritables connaissances musicales; de plus j'étais facilement impressionnable.<br />

Scott était le premier véritable musicien avec qui j'étais entré<br />

en contact, alors je lui ai demandé de rejoindre le groupe. Un peu plus<br />

tard je l'ai rebaptisé Daisy Berkowitz. Il s'est immédiatement révélé être<br />

un fouteur de merde, car lorsque je l'ai appelé le lendemain, sa mère m'a<br />

répondu d'une voix nasale et caustique : « Désolé, Scott n'est pas là. Il<br />

est en taule. » Je me suis dit qu'elle plaisantait mais, en fait, en revenant<br />

de la soirée, il s'était fait choper pour conduite en état d'ébriété.<br />

Auparavant, Scott avait fait partie de différents groupes locaux de<br />

rock et de new wave, et presque tous ceux avec qui il avait travaillé avaient<br />

envie de le tuer parce qu'il était très prétentieux et se berçait d'illusions<br />

en pensant qu'il avait beaucoup de talent. Certaines personnes parlent<br />

mieux qu'elles ne jouent, mais Scott ne réussissait ni l'un ni l'autre. Il<br />

savait juste faire ce qu'il fallait pour emmerder le monde. C'était le genre<br />

de type à dire aux filles : « Tu serais splendide, si seulement on ne voyait<br />

pas ta tête. » Et il pensait leur faire un compliment.<br />

J'aurais pu faire de la scène sous mon véritable nom, mais j'avais besoin<br />

d'une identité secrète pour pouvoir écrire sur ma musique dans 25th<br />

Parallel. J'ai donc soigneusement choisi ce pseudo, un surnom qui sonne<br />

magique comme charabia ou abracadabra. Les mots Marilyn Manson<br />

me semblaient être un symbole correct pour désigner l'Amérique moderne :

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