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de Crispin Glover à la chevelure pourpre, habillé d'une minijupe et d'un<br />

collant en peau de léopard. Par la suite, il est finalement devenu notre<br />

second bassiste. Complètement inconscient de ce qui se passait autour<br />

de lui, Stephen m'a expliqué que si j'aimais Ministry, je devais écouter<br />

Big Black. Puis, avec force détails, il s'est mis à analyser le jeu de guitare<br />

de Steve Albini — les techniques qu'il utilisait, les tonalités qu'il produisait<br />

— pour enchaîner sur les méthodes de production d'Albini et les<br />

paroles de son album Songs About Fucking.<br />

Cette nuit-là je n'ai pas baisé, ce qui m'a fait bien chier, mais ce n'était<br />

pas nouveau. Nous avons échangé nos numéros de téléphone. Il m'a<br />

appelé la semaine suivante pour me dire qu'il voulait me faire une cassette<br />

de Songs About Fucking et m'apporter un autre truc qui m'intéresserait<br />

énormément. Il n'a pas voulu me dire ce que c'était. Il voulait juste<br />

venir me voir et me le donner.<br />

À la place de Big Black, il m'a apporté la cassette d'un groupe du nom<br />

de Rapeman et il a passé plusieurs heures à improviser sur la filiation<br />

entre les deux groupes, sans cesser de se balancer d'avant en arrière. Un<br />

peu comme un autiste. J'ai appris plus tard qu'enfant il avait eu un problème<br />

d'hyperactivité et que ses parents l'avaient soigné au Ritalin. Il ne<br />

prenait plus ce médicament, mais il partait souvent dans des états de<br />

confusion assez impressionnants. Sa mystérieuse surprise consistait en<br />

une boîte de sardines rouillée dont la date de péremption remontait à<br />

juin 1986. Il ne m'a jamais donné d'explication pour ce geste. Il pensait<br />

peut-être que j'allais en faire du Andy Warhol et en tirer des sérigraphies.<br />

Nous avons commencé à passer beaucoup de temps ensemble, à traîner<br />

dans mes lectures de poésie et à aller aux concerts de groupes merdiques<br />

du sud de la Floride qu'à l'époque je ne trouvais pas trop mal. Un<br />

soir, à la fin d'un concert, nous sommes rentrés chez moi et je me suis<br />

mis à fouiller dans les poèmes dont je voulais faire des chansons et les<br />

bouts de paroles que j'avais écrites. J'espérais qu'il jouait d'un instrument<br />

car il me semblait tout savoir question électricité, mécanique et<br />

pharmacologie. Je lui ai donc demandé. La réponse m'est parvenue sous<br />

forme d'un long monologue emberlificoté à propos de son frère qui était<br />

musicien de jazz et jouait de tout un tas d'instruments à anche, de claviers<br />

et de percussions.<br />

« Je sais jouer de la batterie — hé, hé, hé, de la batterie, hé, hé — enfin<br />

dans le genre — hé, hé, dans le genre, hé », a-t-il fini par avouer.<br />

Mais je ne comptais pas avoir de batteur. Je voulais démarrer un groupe<br />

de rock qui utiliserait un synthé, ce qui me semblait quelque part original<br />

à une époque où seuls les groupes de musique industrielle, de danse<br />

et de hip-hop utilisaient ce genre de matériel.

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