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des amis était un centre d'études et de loisirs réservé aux enfants dont les<br />

parents avaient été en contact avec l'Agent Orange 1 durant la guerre du<br />

Vietnam. Mon père, Hugh, avait été mécanicien d'hélicoptère et membre<br />

des Ranch Hands, le groupe d'intervention responsable d'avoir balancé<br />

cet herbicide à haut risque sur tout le Vietnam. Ainsi, une fois par an, de<br />

ma naissance à la fin de mon adolescence, le gouvernement nous envoyait,<br />

mon père et moi, dans un centre de recherche pour faire des études sur<br />

d'éventuels troubles physiques et psychologiques. Je ne pense pas en<br />

avoir : mes ennemis diront le contraire. Un des effets secondaires que ce<br />

produit chimique a eus sur mon père, c'est qu'il a livré l'affaire à la presse<br />

et a fait la une du Akron Beacon Journal.<br />

Par la suite, le gouvernement l'a soumis<br />

à des contrôles fiscaux quatre<br />

ans de suite.<br />

Comme je n'étais pas difforme,<br />

je ne m'intégrais pas<br />

avec les autres enfants dans<br />

ce groupe de recherche du<br />

gouvernement ou dans<br />

ces retraites régulières en<br />

faveur des enfants dont les<br />

parents poursuivaient le<br />

gouvernement en justice<br />

pour avoir été exposés à<br />

des produits toxiques. Les<br />

autres enfants portaient des<br />

prothèses, avaient des handicaps<br />

moteurs ou des maladies dégénérantes.<br />

Non seulement j'étais à peu<br />

près normal en comparaison, mais mon<br />

père était l'un de ceux qui avaient balancé cette merde sur leurs pères :<br />

la plupart d'entre eux avaient fait partie de l'infanterie américaine.<br />

Afin de glisser un peu plus vite dans la délinquance et d'assouvir ma<br />

soif grandissante d'argent, je suis passé à la vitesse supérieure : du trafic<br />

de bonbons et de fanzines au trafic de musique. Les seuls autres mômes<br />

de mon voisinage à aller à l'Héritage Christian School étaient deux frères,<br />

américains à cent pour cent, tous deux maigrichons, coiffés en brosse et<br />

membres des Saints des Derniers Jours. Jay, l'aîné, et moi n'avions rien<br />

en commun. Il ne s'intéressait qu'à la Bible. Je ne m'intéressais qu'au rock<br />

et au sexe. Le cadet, Tim, avait un caractère plus rebelle. Donc, tout<br />

comme Neil Rubble m'avait branché sur le rock, j'ai initié Tim au heavy<br />

metal et, le reste du temps, je le maltraitais. Il n'avait pas le droit d'écouter<br />

de musique chez lui, alors je lui ai vendu un magnétophone noir, bon<br />

marché, avec de gros boutons-poussoirs rectangulaires et une poignée<br />

pour le transporter.<br />

Ensuite, il a eu besoin de cassettes pour les cacher sous son lit avec<br />

son magnétophone. J'ai donc commencé à aller régulièrement à bicyclette<br />

dans un endroit nommé Quonset Hut. L'entrée en était interdite aux<br />

mineurs puisque c'était une boutique hippie ainsi qu'un magasin de<br />

disques. Je faisais exactement mon âge — c'est-à-dire quinze ans — mais<br />

personne ne m'a arrêté. De toute façon, les shiloms, les pinces à joints et<br />

les pipes à eau m'étaient totalement inconnus.<br />

Lorsque Tim s'est mis à acheter les cassettes à prix gonflé — prix coûtant,<br />

je lui affirmais —, je me suis rendu compte qu'il y avait au moins<br />

une centaine de clients potentiels à l'école. J'ai donc acheté tous les albums<br />

qui passaient au cours des fameuses conférences sur les messages subliminaux<br />

et je les ai revendus à mes camarades d'école, de la troisième à<br />

la terminale. Un album de W.A.S.P. acheté sept dollars chez Quonset Hut<br />

se revendait vingt dollars à l'Heritage Christian School.<br />

Plutôt que de gaspiller les bénéfices en m'offrant des cassettes, je décidais<br />

un peu plus tard de simplement voler les disques que j'avais vendus.<br />

À l'époque, le code d'honneur de l'école était de ne pas fermer nos<br />

casiers. Or, comme il était interdit d'écouter du rock'n'roll, si quelqu'un<br />

me dénonçait, par la même occasion, il se dénonçait. Donc, pendant les<br />

cours, je demandais la permission de sortir et j'allais voler les cassettes<br />

dans les casiers.<br />

Le système était parfait, mais n'a pas duré longtemps. Tim avait décidé<br />

que, même s'il devait être puni, je plongerais avec lui. Je me suis donc à<br />

nouveau retrouvé face à Mme Cole et à sa bande d'administrateurs et de<br />

surveillants dans son bureau. Sauf que, cette fois, je n'ai pas eu besoin<br />

d'expliquer la musique — puisqu'ils pensaient déjà savoir de quoi il s'agissait.<br />

Ils m'avaient attrapé à acheter des cassettes de rock, à les revendre<br />

puis à les voler : ils savaient que je continuais à faire des fanzines, et que<br />

mes activités s'étaient étendues à la production de mes propres cassettes<br />

(remplies de coups de fil bidon et de chansons crades, parlant de masturbation<br />

et de pétomanie, que j'avais enregistrées avec mon cousin Chad<br />

sous le nom de Big Bert and the Uglies). Au cours des mois précédents,

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