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Tableau d'une exécution de Howard Barker - Odéon Théâtre de l ...

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Quelques regards <strong>de</strong>s membres <strong>de</strong> la compagnie<br />

Olivier Charneux, collaborateur artistique<br />

Un théâtre disponible au présent donc à l’Histoire<br />

Travailler sur l’instant présent. Être disponible pour pouvoir accueillir l’autre. Être disponible pour pouvoir<br />

accueillir le hasard. Des artistes comme Dubuffet, <strong>de</strong>s cinéastes comme Robert Bresson, <strong>de</strong>s écrivains<br />

comme Michel Vinaver ou Charles Juliet, <strong>de</strong>s mouvements comme le surréalisme, entre autres, travaillent<br />

dans cette optique. J’agis <strong>de</strong> même dans l’écriture <strong>de</strong> mes propres livres. Je tends vers cet état. Sans disponibilité,<br />

il n’y a pas <strong>de</strong> création possible, pas d’échange possible. Cette attention à l’instant présent, je la<br />

retrouve pleinement dans le travail <strong>de</strong> Christian Esnay et c’est ce pourquoi, en partie, je travaille avec lui.<br />

Être disponible est un état paradoxal entre «ouverture» («relâchement») et concentration, entre détente<br />

et tension, c’est <strong>de</strong> cet entre-<strong>de</strong>ux que naît la création, et aussi l’attention à la création, l’art d’être spectateur<br />

n’est pas une vaine formule. Le spectateur doit lui aussi être disponible, il créé avec nous, avec le<br />

public qui l’entoure et avec lui-même.<br />

Être disponible requiert un effort. C’est paradoxal mais c’est ainsi. Pour être détendu, il ne faut pas avoir<br />

peur. Pour qu’il y ait disponibilité, Christian Esnay <strong>de</strong>man<strong>de</strong> aux comédiens d’arriver texte su dès le premier<br />

jour <strong>de</strong>s répétitions (avec une métho<strong>de</strong> d’apprentissage du texte très particulière), les costumes ont<br />

été conçus par avance, l’esthétique <strong>de</strong> la scénographie et <strong>de</strong>s lumières aussi. C’est le plateau en son entier<br />

qui va ai<strong>de</strong>r le comédien à trouver le sens, c’est l’Autre conjugué à la scénographie, à la lumière, aux costumes…<br />

Le travail du metteur en scène, après une longue préparation en amont, est <strong>de</strong> saisir un geste, un<br />

mot, <strong>de</strong> saisir l’instant présent, <strong>de</strong> travailler sur du concret pour conduire le sens à un certain endroit.<br />

Avec ces <strong>de</strong>ux pièces <strong>de</strong> <strong>Howard</strong> <strong>Barker</strong> qui ne sont pas <strong>de</strong>s reconstitutions historiques mais <strong>de</strong>s pièces basées<br />

sur <strong>de</strong>s faits historiques précis, nous avons <strong>de</strong> quoi expérimenter en ce sens, être disponible au présent<br />

donc être disponible à l’Histoire, notre histoire européenne si chère à l’auteur anglais.<br />

Bruno Goubert, créateur lumière<br />

En plus d’éclairer les acteurs (sa fonction essentielle et première…), l’éclairage doit être en adéquation<br />

avec le parti pris <strong>de</strong> lecture du metteur en scène. Dans ce type <strong>de</strong> travail, la lumière ne doit pas poser <strong>de</strong><br />

contrainte à la mise en scène mais ouvrir du champ pour qu’elle puisse s’y déployer. J’aime jouer sur le<br />

rythme (je porte une gran<strong>de</strong> attention aux changements, aux transferts, à la durée…). Avec Christian<br />

Esnay, le but n’est pas <strong>de</strong> faire <strong>de</strong> l’esthétisme à tout prix. Ici, nous sommes dans une esthétique <strong>de</strong> la<br />

nécessité, nécessité qui crée son propre mo<strong>de</strong> esthétique, sa propre image.<br />

La lumière <strong>de</strong> <strong>Tableau</strong> d’une <strong>exécution</strong> utilise et prolonge – dans le temps et dans l’espace – celle <strong>de</strong>s<br />

Européens, pièce créée dans La Raison gouverne le mon<strong>de</strong> (un cycle <strong>de</strong> 5 pièces d’époques et d’auteurs différents<br />

présentées en un jour) où il m’avait fallu fabriquer un outil «taille unique» pour satisfaire tous les<br />

besoins <strong>de</strong>s cinq pièces. La fonction crée l’organe.<br />

Pour ce faire, j’ai conservé la logique «fonctionnelle» sans toucher directement à l’implantation <strong>de</strong> La<br />

Raison gouverne le mon<strong>de</strong>. J’ai donc superposé une autre implantation lumière à celle existante pour Les<br />

Européens, une mise en abyme <strong>de</strong> celle-ci. L’implantation <strong>de</strong>s Européens est située à 7 mètre 50, celle <strong>de</strong><br />

<strong>Tableau</strong> d’une <strong>exécution</strong> est au-<strong>de</strong>ssus, elle vient l’éclairer pour la transformer en un élément scénographique.<br />

Je reste là fidèle à un <strong>de</strong>s principes <strong>de</strong> Christian : tout montrer <strong>de</strong> la «machine théâtrale».<br />

Pour <strong>Tableau</strong> d’une <strong>exécution</strong>, l’idée <strong>de</strong> départ est <strong>de</strong> s’appuyer sur la fonction utilitaire d’entrepôt qui a été<br />

Les Européens 12 – 25 mars 2009 / <strong>Tableau</strong> d’une <strong>exécution</strong> 26 mars – 11 avril 2009 19

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