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Die lustige Witwe (La Veuve joyeuse, The Merry Widow)

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<strong>Die</strong> <strong>lustige</strong> <strong>Witwe</strong> (<strong>La</strong> <strong>Veuve</strong> <strong>joyeuse</strong>, <strong>The</strong> <strong>Merry</strong> <strong>Widow</strong>)<br />

Opérette en trois actes<br />

Musique de Franz Lehár (1870-1948)<br />

Livret de Victor Léon et Leo Stein, remanié par Christof Loy<br />

d'après la pièce de théâtre L'attaché d'ambassade (1866) d'Henri Meilhac<br />

Créée au <strong>The</strong>ater an der Wien de Vienne, le 30 décembre 1905<br />

Chantée et parlée en allemand, français, anglais... et en pontévédrin!<br />

Opérette viennoise qui pourrait prétendre au titre de la première comédie<br />

musicale, dans la tradition de Broadway ou du West End. Franz Lehár<br />

l'Austro-Hongrois qui la composa en 1905, savait sans doute que ses<br />

intrigues diplomatiques et galantes garantiraient son succès<br />

international. <strong>La</strong> version en langue anglaise était déjà sur Broadway en<br />

1907, en 1909 à l'Apollo de Paris.<br />

Portée à l'écran, reprise, adaptée, traduite, persiflée, parodiée, <strong>La</strong> <strong>Veuve</strong><br />

<strong>joyeuse</strong> n'a pas pris une ride parce qu'elle se réinvente constamment pour<br />

ses publics, sans jamais renier son cœur d'or qui bat au rythme d'une<br />

heure exquise.<br />

Les Jeunes au cœur du Grand Théâtre<br />

Programme pédagogique, Grand Théâtre de Genève<br />

avec le soutien de la fondation de bienfaisance de la Banque Pictet<br />

et de la République et canton de Genève<br />

Dossier pédagogique réalisé par Christopher Park<br />

octobre-novembre 2010<br />

NB: Ce dossier pédagogique vient soutenir le travail des enseignants et des élèves pendant les six<br />

semaines de parcours pédagogique au Grand Théâtre. Il est compilé à partir d'éléments qui sont<br />

soit du ressort des connaissances générales, soit fournis par les artistes impliqués dans la<br />

production, soit du domaine public, soit dérivés de différents documents en copyleft ou du type<br />

GNU Free Documentation Licence. Il est libre de droits d'auteur. Sa diffusion et sa lecture à des<br />

fins didactiques ou de formation personnelle non lucratives sont encouragées, mais il n'est pas<br />

destiné à servir d'ouvrage de référence pour des travaux de nature académique.<br />

1


Table des matières<br />

Introduction p. 3<br />

Les rôles et la distribution de la production au Grand Théâtre p. 4<br />

Ce qui se passe dans l'opérette p. 5<br />

Qui sont les principaux personnages? p. 10<br />

Quels sont leurs types de voix?<br />

Avant de voir la production de <strong>Die</strong> <strong>lustige</strong> <strong>Witwe</strong> par Christof Loy p. 18<br />

C'est quoi, une opérette? p. 20<br />

Qui est Franz Lehár? p. 22<br />

Cours élémentaire de diplomatie p. 24<br />

Le Pontevedro en 1905; les Balkans imaginaires p. 26<br />

Le musée de <strong>La</strong> <strong>Veuve</strong> <strong>joyeuse</strong> p. 28<br />

CD d'accompagnement p. 30<br />

Textes des extraits musicaux de <strong>Die</strong> <strong>lustige</strong> <strong>Witwe</strong> p. 31<br />

2


Introduction<br />

Ce dossier pédagogique est destiné aux enseignants qui participent au parcours<br />

pédagogique proposé autour du programme de l’opérette <strong>Die</strong> <strong>lustige</strong> <strong>Witwe</strong>, dans le cadre<br />

du programme « Les jeunes au cœur du Grand Théâtre ».<br />

Ce dossier préparé à l’attention des enseignants du primaire et du cycle d’orientation,<br />

contient suffisamment d’informations pour leur permettre d’assurer une bonne<br />

préparation des élèves au spectacle.<br />

En amont du parcours pédagogique et du spectacle, nous demandons aux enseignants<br />

d'utiliser ce dossier pour familiariser leur classe avec:<br />

l’argument<br />

les personnages et les voix<br />

les moments-clé musicaux et dramatiques en lien avec ces voix (♫)<br />

Une bonne connaissance de ces trois aspects garantira un maximum de profit et de<br />

plaisir pour les élèves prenant part aux ateliers du programme et venant au Grand<br />

Théâtre pour assister à la répétition générale de <strong>Die</strong> <strong>lustige</strong> <strong>Witwe</strong>.<br />

En fonction du niveau des élèves ou du temps à disposition pour aborder la matière, on<br />

pourra choisir un ou plusieurs des éléments restants du dossier pour approfondir<br />

l'approche de la production du Grand Théâtre par les élèves.<br />

En annexe de ce dossier vous trouverez des questionnaires d’évaluation à votre<br />

intention ainsi qu’à celle de vos élèves. Merci de bien vouloir les photocopier et en<br />

remettre un exemplaire à chaque jeune ayant participé au parcours pédagogique, et de<br />

nous les renvoyer remplis accompagnés du vôtre. Cela nous permettra d’évaluer<br />

l’intérêt et la pertinence de nos propositions. Il sera également possible de nous<br />

déplacer dans les classes afin de renforcer le travail préparatoire, ou de répondre aux<br />

questions des élèves dans leur établissement, à l’issue du spectacle si l’enseignant le<br />

souhaite.<br />

Nous vous remercions pour votre collaboration et vous souhaitons, à vos classes et à<br />

vous-mêmes, un parcours pédagogique inoubliable au cœur du Grand Théâtre.<br />

Les animateurs du programme pédagogique<br />

Kathereen Abhervé Christopher Park<br />

k.abherve@geneveopera.ch ch.park@geneveopera.ch<br />

022 418 31 72 022 418 31 88<br />

3


Les rôles et la distribution de la production du Grand Théâtre<br />

L’action se passe dans les salons et le jardin de l'ambassade du Grand-Duché du Pontevedro à Paris.<br />

Baron Mirko Zeta<br />

Ambassadeur du Pontevedro à Paris<br />

Valencienne<br />

Son épouse<br />

Comte Danilo Danilovitsch<br />

Premier Secrétaire de l'ambassade, lieutenant de<br />

cavalerie en réserve<br />

Hanna Glawari<br />

Richissime veuve originaire du Pontevedro<br />

Camille de Rosillon<br />

Attaché français auprès de l'ambassade<br />

Vicomte Cascada<br />

Diplomate latino-américain<br />

Raoul de Saint-Brioche<br />

Diplomate français<br />

Bogdanowitsch<br />

Consul du Pontevedro<br />

Sylviane/Frou-Frou<br />

Son épouse<br />

Kromow<br />

Conseiller militaire de l'ambassade du Pontevedro<br />

Olga/Dodo<br />

Son épouse<br />

Pritschitsch<br />

Colonel pontévedrin à la retraite<br />

Praskowia/Jou-Jou<br />

Son épouse<br />

Njegus<br />

Chancelier de l'ambassade du Pontevedro<br />

Lolo, Dodo, Jou-Jou, Frou-Frou, Clo-Clo,<br />

Margot<br />

Grisettes<br />

José van Dam<br />

baryton-basse<br />

Jennifer <strong>La</strong>rmore<br />

mezzo-soprano<br />

Johannes Martin Kränzle<br />

baryton<br />

Annette Dasch<br />

soprano<br />

Bernard Richter<br />

ténor<br />

José Pazos<br />

ténor<br />

Fabrice Farina<br />

ténor<br />

Romaric Braun<br />

baryton<br />

Magali Duceau<br />

soprano<br />

Wolfgang Barta<br />

baryton<br />

Cristiana Presutti<br />

mezzo-soprano<br />

Omar Garrido<br />

ténor<br />

Rosale Bérenger<br />

soprano<br />

Silvia Fenz<br />

(rôle parlé)<br />

Choeur d'invités parisiens et pontévédrins, domestiques, musiciens<br />

Orchestre de la Suisse Romande<br />

Direction: Rainer Mühlbach<br />

Lolo: Daniela Stoytcheva<br />

Clo-Clo: Lubka Favarger<br />

Margot: Dominique Cherpillod<br />

Mise en scène: Christof Loy<br />

Chorégraphie: Thomas Wilhelm<br />

Décors: Christian Schmidt<br />

Chœur du Grand Théâtre Costumes: Ursula Renzenbrink<br />

Direction: Ching-lien Wu Lumières: Olaf Winter<br />

Répétition générale: lundi 13 décembre 2010, à 19h30; durée approximative: 3h (avec entracte)<br />

4


lui demandant sa main. Hanna finit alors sa phrase: elle perdra sa fortune en se<br />

remariant car elle passera dans les mains de son nouvel époux! Valencienne peut alors<br />

brandir son éventail sous les yeux de son mari et avoir le dernier mot: "I am a highly<br />

respectable wife!" Décidément, rappelle-t-on en chœur, la femme est une bien délicieuse<br />

énigme....<br />

Jeanette MacDonald, Maurice Chevalier et Una Merkel<br />

dans la version tournée en 1935 par Ernest Lubitsch<br />

9


Qui sont les principaux personnages?<br />

Quels sont leurs types de voix?<br />

Avant de commencer...<br />

Le Grand-Duché du Pontevedro<br />

Situation du Pontevedro en Europe<br />

Les Pontévédrins font partie des peuples<br />

slaves des Balkans et parlent une langue<br />

qui ressemble au bosniaque ou au serbocroate.<br />

Ils ont une riche tradition<br />

folklorique, où la musique et la danse<br />

jouent une place très importante. <strong>La</strong><br />

danse nationale est le kolo.<br />

Le costume national, couvert de broderies<br />

de vives couleurs, ne se porte<br />

malheureusement plus beaucoup de nos<br />

jours.<br />

Le plat national du Pontevedro est le<br />

szprout, un délicieux assemblage de<br />

haricots, de pois chiches, de topinambour<br />

et de chou, abondamment gratiné au<br />

dbrnouk, que l'eau minérale de Pzschitt<br />

permet de digérer sans trop de problème.<br />

10<br />

Situé au cœur des Balkans, entre les<br />

montagnes et la mer, à peine plus grand<br />

que la Suisse romande, le Pontevedro est<br />

un petit pays charmant mais pas très<br />

riche.<br />

Sa capitale est la ville de Letinje, située sur<br />

la rivière Wladir.<br />

Les principales ressources économiques du<br />

pays sont basées sur l'exportation d'un<br />

fromage de chèvre réputé pour son odeur<br />

persistante, le dbrnouk, l'eau minérale de<br />

Pzschitt et les mines de caramel de<br />

Glawar.<br />

Gravure ancienne représentant une Pontévédrine et un<br />

Pontévédrin en costume traditionnel, dansant le kolo.


Le rôle, la chanteuse et sa voix<br />

Valencienne, baronne Zeta est l'épouse de<br />

l'Ambassadeur du Pontevedro en France. C'est<br />

une Parisienne d'origine, sensiblement plus<br />

jeune que son mari, et diablement séduisante.<br />

Parfaite maîtresse de maison et hôtesse<br />

charmante, elle est toute dévouée à seconder<br />

son mari dans ses tâches diplomatiques. Mais<br />

elle se permet quand même quelques libertés<br />

incompatibles avec le rôle d'épouse modèle:<br />

notamment, celle de flirter dangereusement<br />

avec de beaux jeunes hommes comme Camille<br />

de Rosillon.<br />

Il faut dire, à sa décharge, que son mari n'hésite<br />

pas à utiliser les charmes de sa femme dans ses<br />

opérations politiques... pas étonnant, donc, que<br />

Valencienne se prenne parfois au jeu de la<br />

séduction.<br />

On verra aussi que Valencienne est loin d'être<br />

dupe de toutes les machinations que les<br />

messieurs emploient pour essayer de tromper<br />

leurs femmes. Par un habile jeu de contreespionnage,<br />

et avec l'assistance de Hanna et des<br />

autres dames de l'ambassade, elle va saboter de<br />

manière assez charmante, l'expédition des<br />

messieurs de la fête de l'ambassadeur aux<br />

danseuses de chez Maxim's.<br />

Valencienne affirme qu'elle est, avant tout, « une épouse respectable ». Il faut<br />

essayer de la croire en dépit des apparences qui, reconnaissons-le, sont contre elle:<br />

malgré sa condition de femme mariée, son rang d'aristocrate et d'épouse<br />

d'ambassadeur, elle n'a pas peur de se laisser faire la cour par un jeune homme<br />

presque au vu et au su de tout le monde ( ♫ Piste 3, CAMILLE & VALENCIENNE So<br />

kommen Sie!). En plus, elle est imprudente, laissant derrière elle des indices plus que<br />

compromettants: ce fameux éventail qui fait tourner toute l'intrigue de <strong>La</strong> <strong>Veuve</strong> <strong>joyeuse</strong>.<br />

On pourrait croire que, comme Danilo, Valencienne est une femme qui sent sa<br />

jeunesse lui échapper et qui veut se payer quelques moments de folie avant d'entrer<br />

dans un âge « respectable »... et qui est donc prête à vivre un peu dangereusement!<br />

Pour chanter le personnage d'une femme qui n'est plus vraiment jeune, sans pourtant<br />

être vieille, il faut une voix qui ne soit ni trop aiguë, ni trop grave. Au milieu des voix<br />

de femme, se trouve la mezzo-soprano, dite plus simplement mezzo. <strong>La</strong> mezzo<br />

étasunienne Jennifer <strong>La</strong>rmore est une experte des grands rôles de mezzo à l'opéra:<br />

elle a chanté l'un des plus célèbres, Rosine dans Le Barbier de Séville de Rossini, plus de<br />

500 fois! Avec plus de 25 années de carrière, Jennifer <strong>La</strong>rmore est la chanteuse idéale<br />

pour incarner la « femme respectable » qu'est Valencienne.<br />

13


Le rôle, le chanteur et sa voix<br />

Une ambassade est formée avant tout de<br />

compatriotes qui représentent leur pays à<br />

l'étranger. Mais parmi le personnel d'une<br />

ambassade, on trouve souvent un collaborateur<br />

originaire du pays qui accueille l'ambassade:<br />

c'est l'attaché d'ambassade.<br />

L'attaché d'ambassade est mis à disposition de<br />

l'ambassade par le gouvernement qui la reçoit<br />

pour aider le personnel à s'orienter dans les<br />

démarches politiques, à travers les services du<br />

gouvernement du pays hôte. L'attaché<br />

d'ambassade peut servir de traducteur, de<br />

médiateur, il peut faciliter la vie du personnel de<br />

l'ambassade... ou la lui compliquer!<br />

Car un attaché d'ambassade renseigne aussi son<br />

propre gouvernement sur les activités de<br />

l'ambassade qu'il sert. Camille de Rosillon estil<br />

un espion? Probablement pas, car le<br />

Pontevedro n'est vraiment pas une grande<br />

puissance ennemie de la France, qu'il faut<br />

surveiller de l'intérieur. Camille de Rosillon a<br />

donc tout le temps pour s'adonner à son passetemps<br />

préféré: flirter avec les belles femmes. Sa<br />

mission sera de séduire la femme de<br />

l'ambassadeur ( ♫ Piste 3, CAMILLE &<br />

VALENCIENNE So kommen Sie!) !<br />

Camille est un jeune homme fringant, galant et il n'est pas du tout craintif: le<br />

prototype du French lover. Est-ce que les Français (et les Françaises!) méritent leur<br />

réputation d'amants frivoles et increvables? Si c'est de l'auto-publicité, elle a, en tout<br />

cas, bien fonctionné car l'Austro-Hongrois Franz Lehár a choisi de placer son opérette à<br />

Paris, où les dames ne sont pas farouches, où les danseuses sont coquines et où tout<br />

semble faciliter la séduction des belles par les messieurs!<br />

À l'opérette comme à l'opéra, quand un rôle masculin est jeune, amoureux,<br />

énergique et romantique, on le fait chanter par la voix naturelle la plus haute de<br />

l'homme: la voix de ténor. Comme les sopranos, il y a plusieurs qualités différentes<br />

de voix de ténor, adaptées à différents styles de musique. Dans les opérettes, on<br />

choisit assez souvent un ténor léger, avec plus de souplesse et d'agilité vocale que de<br />

volume sonore. Bernard Richter, ténor d'origine suisse, est un habitué de ces rôles de<br />

héros romantiques d'opérette et d'opéra: le rôle de Camille de Rosillon semble taillé<br />

sur mesure pour lui!<br />

15


Les Grisettes<br />

Lolo, Dodo, Jou-Jou, Frou-Frou,<br />

Clo-Clo, Margot<br />

Une « grisette » à la fin du XIX e<br />

siècle et au début du XX e est une<br />

jeune femme de condition sociale<br />

modeste, ouvrière dans les maisons<br />

de couture, et de mœurs faciles et<br />

légères. Dans <strong>Die</strong> <strong>lustige</strong> <strong>Witwe</strong>, ce<br />

sont surtout des danseuses de<br />

cabaret, spécialistes du french<br />

cancan, qui font la joie de Danilo<br />

chez Maxim's et qui vont venir<br />

prêter main-forte aux dames de<br />

l'ambassade pour pincer leurs maris<br />

en flagrant délit! D'ailleurs trois des<br />

grisettes ne sont autres que les<br />

respectables épouses du personnel<br />

de l'ambassade en « tenue de<br />

camouflage »!<br />

Njegus est le chancelier de l'ambassade. C'est<br />

lui qui tient les clefs, gère les communications,<br />

bref, qui fait marcher la baraque... Sans Njegus<br />

rien ne peut se faire. Valencienne a compris<br />

cela, et elle s'en est fait un allié. Njegus va<br />

veiller à ce que les aventures de Madame<br />

l'ambassadrice ne dérapent pas trop.<br />

D'ailleurs, ce Njegus est un personnage bien<br />

étrange... D'où lui vient cette sympathie<br />

particulière pour la cause des dames? Ne devraitil<br />

pas plutôt obéir fidèlement aux ordres de son<br />

patron, le baron Zeta?<br />

Dans la mise en scène de Christof Loy, Njegus<br />

(rôle parlé) sera interprété par une femme<br />

habillée en homme, la comédienne allemande<br />

Silvia Fenz. L'ambiguïté du sexe de notre Njegus<br />

sera l'un des éléments essentiels des intrigues<br />

qui se trament à l'ambassade du Pontevedro!<br />

17


Avant de voir la production de <strong>Die</strong> <strong>lustige</strong> <strong>Witwe</strong> par Christof Loy<br />

Christof Loy, metteur en scène de la production de <strong>Die</strong> <strong>lustige</strong> <strong>Witwe</strong>/<strong>La</strong> <strong>Veuve</strong> <strong>joyeuse</strong> au<br />

Grand Théâtre de Genève est allemand et s'intéresse avant tout aux mises en scène<br />

d'opéra, bien qu'il ait aussi travaillé au théâtre.<br />

Il a commencé sa carrière en 1992 en mettant en scène <strong>La</strong> <strong>Veuve</strong> <strong>joyeuse</strong> au Théatre<br />

municipal de la ville d'Ulm, en Allemagne. Depuis ce temps, il a touché aux plus<br />

grands noms de l'opéra: Verdi, Richard Strauss, Rossini, Gluck, Mozart. Ses mises en<br />

scène cherchent à dégager d'œuvres souvent anciennes et perçues comme dépassées ou<br />

démodées, des aspects et des thèmes que Christof Loy croit fermement être pertinents<br />

pour aujourd'hui. "Ce qui m'intéresse, dit Christof Loy, c'est d'où nous venons et là où nous<br />

devons aller."<br />

Eine highly respectable opérette<br />

<strong>Die</strong> <strong>lustige</strong> <strong>Witwe</strong> est avant tout une opérette viennoise, donc en langue allemande,<br />

créée en 1905. Vu son énorme succès dans son pays d'origine, les imprésarios et les<br />

directeurs de théâtre d'autres pays ont très vite acquis les droits nécessaires pour en<br />

faire des adaptations: d'abord en langue anglaise, à Londres, en 1907, où <strong>The</strong> <strong>Merry</strong><br />

<strong>Widow</strong> fut représentée 778 fois; ensuite, en français, en 1909, à l'Apollo de Paris.<br />

Les adaptations doivent évidemment changer certaines choses de la version originale<br />

pour la rendre plus acceptable par un nouveau public. Dans la version française de<br />

1909, même les noms des personnages ont été changés: Hanna Glawari devient<br />

Missia Palmieri; de comte, Danilo devient prince; Valencienne, Nadia; Zeta, Popoff et<br />

Camille de Rosillon s'appelle Camille de Coutanson.<br />

Pour Genève, ville cosmopolite à laquelle les Nations-Unies ont donné un rayonnement<br />

diplomatique international, où les habitants parlent français à l'école et au travail et<br />

l'espagnol, le portugais ou l'albanais à la maison, Christoph Loy a monté une <strong>Die</strong> <strong>lustige</strong><br />

<strong>Witwe</strong> qui oubliera, de temps en temps, que l'allemand est sa langue maternelle.<br />

Dans les parties musicales, Christoph Loy remplacera parfois les textes originaux par<br />

leurs versions anglaises ou françaises. Par exemple, le dialogue entre Camille de<br />

Rosillon et Valencienne ( ♫ Piste 3, CAMILLE & VALENCIENNE So kommen Sie!), au<br />

début de l'opérette, commence en allemand, mais au moment où Valencienne devrait<br />

affirmer "Ich bin eine anständ'ge Frau!", elle passe à la version anglaise "A highly respectable<br />

wife". Peut-être est-ce parce que Camille a écrit "I love you" et non "Je vous aime" dans son<br />

éventail?<br />

1905? 1935? 2015?<br />

Quand on met en scène une opérette comme <strong>Die</strong> <strong>lustige</strong> <strong>Witwe</strong>, il faut faire certains choix.<br />

C'est la tradition de donner aux costumes et aux décors des aspects conformes à<br />

l'époque de sa création. En 1905, à Paris, régnaient la "Belle Epoque" et le style<br />

décoratif dit "Art Nouveau". Les dames portaient des robes longues avec de puissants<br />

corsets, des chapeaux énormes. Les diplomates des pays balkaniques arboraient des<br />

costumes militaires austro-hongrois dignes des films de Sissi.<br />

18


Christoph Loy est connu pour prendre souvent de la distance par rapport aux<br />

traditions. Pour sa <strong>Veuve</strong> genevoise, il a déplacé l'intrigue sur les années 1930, l'époque<br />

des débuts du cinéma parlant et du film musical. Le créateur de ses décors, Christian<br />

Schmidt, préfèrera les angles droits et le style dépouillé de l'architecture Art Déco aux<br />

courbes et aux décorations surchargées de l'Art Nouveau. Les costumes sont inspirés<br />

par les tenues élégantes de l'entre-deux-guerres, où les femmes ne portent plus de<br />

corsets ou d'énormes chapeaux, coupent leurs cheveux courts et, quand ce n'est pas une<br />

soirée mondaine, n'hésitent pas à porter un ourlet qui leur arrive... au genou!<br />

Le style Art Déco à Genève: le hall du Palais des Nations <strong>La</strong> maquette du décor de <strong>Die</strong> <strong>lustige</strong> <strong>Witwe</strong> par Christian<br />

Schmidt pour la production du Grand Théâtre de Genève<br />

19


C'est quoi, une opérette?<br />

On pourrait deviner, sans trop se casser la tête, qu'une opérette est une version<br />

miniature de l'opéra: comme une cigarette est une petite forme du cigare, ou que la<br />

jupette est une petite jupe. Mais ce n'est pas si simple.<br />

Opéra, opéra comique et opérette<br />

Au début il y avait l'opéra: tragique souvent, comique parfois, mais toujours sérieux.<br />

L'opéra ce n'est pas juste du théâtre en musique: le chant à l'opéra, ainsi que la<br />

musique qui l'accompagne, sont une partie essentielle d'un jeu scénique qui demande<br />

aussi de jouer avec le corps et la parole, comme au théâtre normal. L'opéra met les<br />

voix en scène, et c'est avant tout l'art et la technique des chanteurs qu'on vient<br />

entendre.<br />

Seulement voilà, au XIX e siècle, l'opéra avait commencé à se prendre très au sérieux.<br />

Les opéras devenaient longs, dramatiques, grandioses, et même ce qu'on appelait<br />

opéra comique ne correspondait pas exactement à ce qu'on a envie de voir quand on<br />

veut se distraire avec une musique un peu plus facile et rigoler un peu. Carmen de<br />

Georges Bizet (1875), par exemple: une belle gitane rebelle, un officier condamné,<br />

l'amour et la mort sous le soleil de l'Andalousie. L'œuvre est qualifiée, en dépit des<br />

apparences, d'opéra comique.<br />

Et puis, au milieu du XIX e siècle, à Paris, on commence à proposer au public des<br />

œuvres au sujet un peu plus léger, avec une musique qui se laisse facilement<br />

écouter. Et surtout chantée par des artistes qui n'ont pas nécessairement la formation<br />

ou la technique des chanteurs d'opéra: c'est comme si l'opéra avait arrêté de se<br />

prendre au sérieux. <strong>La</strong> plus important différence avec l'opéra, c'est que l'opéra est le<br />

plus souvent chanté de bout en bout, alors que l'opérette contient de nombreux<br />

passages parlés et le jeu des acteurs y est très important.<br />

C'est le compositeur français d'origine allemande Jacques Offenbach qui va inventer<br />

l'opérette avec Orphée aux enfers (1858) qui se moque <strong>joyeuse</strong>ment des nombreux opéras<br />

sérieux sur le sujet mythologique d'Orphée et Eurydice. Il y mêle un peu de satire<br />

politique et sociale, et surtout, il introduit des danses qui n'ont rien à voir avec le ballet<br />

classique. Quand les critiques parisiens ont vu le « galop infernal », le plus célèbre<br />

french cancan de tous les temps, faire trémousser cuisses, mollets, et fesses de jeunes<br />

femmes à peine culottées, ils étaient scandalisés: « grotesque, vulgaire, grossier,<br />

malsain »... mais le public, lui, en redemande!<br />

L'opérette partout dans le monde<br />

Née dans les jupons des grisettes de Paris, l'opérette de Monsieur Offenbach plaît<br />

énormément aux touristes anglais, autrichiens, allemands, américains qui viennent<br />

se gaver des plaisirs de la capitale française pendant le Second Empire (1850-1870).<br />

Offenbach composera d'ailleurs une de ses opérettes les plus populaires à ce sujet, <strong>La</strong> Vie<br />

parisienne (1866).<br />

À Vienne, Johann Strauss fils en composera seize, dont la mythique Chauve-souris (<strong>Die</strong><br />

Fledermaus, 1874). Le style viennois de l'opérette, rempli de valses, de polkas et de<br />

20


marches, donne une allure unique à l'opérette viennoise, et <strong>Die</strong> <strong>lustige</strong> <strong>Witwe</strong> (<strong>La</strong> <strong>Veuve</strong><br />

<strong>joyeuse</strong>) fait partie de cette tradition. <strong>La</strong> <strong>Veuve</strong> a d'ailleurs été jouée pour la première fois<br />

au <strong>The</strong>ater an der Wien, où Mozart créa sa Flûte enchantée pour le public populaire des<br />

faubourgs de Vienne, et qui fut aussi le berceau de <strong>La</strong> Chauve-souris.<br />

À Berlin, l'opérette prend son essor après la Première Guerre mondiale, avec des<br />

accents de jazz et un style moins bien léché, un peu plus « prolo », qui sera une<br />

inspiration plus tard pour Kurt Weill et Bertolt Brecht. Sous le régime nazi, on interdit<br />

ces opérettes « décadentes » et on les remplace par des thèmes folkloriques allemands,<br />

plus sages et surtout plus kitschs.<br />

Dans le monde anglophone, l'opérette porte le nom de light opera, "opéra léger". Au<br />

Royaume-Uni, le partenariat du librettiste W.S. Gilbert et du compositeur Sir Arthur<br />

Sullivan donna, entre 1865 et 1890, une douzaine d'œuvres qui n'ont jamais quitté<br />

l'affiche depuis leur création (<strong>The</strong> Mikado, Iolanthe, <strong>The</strong> Pirates of Penzance, etc.). Leurs<br />

mélodies simples et enjouées et leurs textes hilarants en font des pièces de choix, y<br />

compris pour de nombreux groupes de comédiens amateurs ayant un piano pour tout<br />

accompagnement musical.<br />

Aux États-Unis, l'opérette a été popularisée par les nombreux immigrants des pays de<br />

langue allemande, mais elle sera, dès les années 1920, progressivement éclipsée par le<br />

musical, la comédie musicale, qui est une pièce de théâtre, entrecoupée de musique,<br />

alors que l'opérette est une pièce musicale, entrecoupée de dialogues parlés.<br />

Opéra...<br />

Livret d'un des premiers opéras de l'histoire, L'Orfeo de<br />

Claudio Monteverdi (1607)<br />

21<br />

...et opérette!<br />

Affiche d'Orphée aux Enfers (1858) de Jacques Offenbach


Qui est Franz Lehár?<br />

Franz Lehár, en hongrois Lehár Ferenc, (1870-1948), compositeur de <strong>Die</strong> <strong>lustige</strong> <strong>Witwe</strong> et de<br />

plusieurs autres opérettes célèbres, est né dans l'empire d'Autriche-Hongrie, qui<br />

incorporait jusqu'en 1918 les pays actuels de l'Autriche, la Hongrie, la Tchéquie, la<br />

Slovaquie, la Slovénie, la Croatie, la Bosnie-Herzégovine, ainsi que des parties de la<br />

Pologne, de la Serbie, de l'Ukraine, de la Roumanie et même de l'Italie.<br />

Sa vie sous l'Empire<br />

Franz Lehár est né dans le Royaume de Hongrie, dans la petite ville de Komárom<br />

(actuellement Komárno, en Slovaquie), le fils aîné d'un chef de musique militaire de<br />

régiment d'infanterie de l'armée austro-hongroise. Sa famille est hongroise et bien<br />

qu'il ait passé tout le reste de sa vie en dehors de Hongrie, le hongrois sera sa première<br />

langue jusqu'à sa mort. Il signera toujours son nom dans le style hongrois, en<br />

commençant par son nom de famille, avec un accent aigu sur le A.<br />

Franz est envoyé au conservatoire à Prague, pour y étudier le violon et la composition. Il<br />

y rencontre le grand compositeur tchèque Antonín Dvořák qui l'encourage à s'adonner<br />

uniquement à la composition. Diplômé en 1899, il devient l'assistant de l'harmonie<br />

militaire de son père à Vienne, puis directeur musical du célèbre <strong>The</strong>ater an der Wien,<br />

où il fait jouer son premier opéra la même année.<br />

Ce sont ses opérettes et les ravissantes mélodies qu'elles contiennent, qui l'ont rendu<br />

célèbre. <strong>La</strong> première qu'il composera sera <strong>Die</strong> <strong>lustige</strong> <strong>Witwe</strong> (<strong>La</strong> <strong>Veuve</strong> <strong>joyeuse</strong>), crée en 1905<br />

mais qu'il continuera à remanier jusqu'en 1940. Parmi les autres succès immortels de<br />

Lehár, Das <strong>La</strong>nd des Lächelns (Le Pays du sourire, 1929). Les parties instrumentales (valses,<br />

marches, polkas) et les mélodies des opérettes de Lehár sont souvent interprétées en<br />

dehors de leur contexte original et ajoutent à la popularité du compositeur. Certaines<br />

mélodies sont devenues des standards de jazz: le saxophoniste John Coltrane s'est<br />

inspiré de l'air Vivias de Lehár pour son album Live at Birdland (1963).<br />

22


Lehár et le Troisième Reich<br />

<strong>La</strong> fin de sa vie, comme tant d'autres compositeurs allemands et autrichiens de son<br />

époque, fut marquée par la Deuxième Guerre mondiale et le nazisme. Son épouse<br />

Sophie, était née juive et, malgré sa conversion au catholicisme, Lehár fut l'objet<br />

d'hostilité antisémite pendant les années 1930. Hitler lui-même était un fan de la<br />

musique légère et plaisante de Lehár et les Nazis savaient qu'elle pouvait servir à leur<br />

propagande. Lehár chercha donc de s'accommoder avec le régime nazi, tout en<br />

utilisant son influence pour protéger ses collègues et amis juifs, nombreux dans le<br />

milieu théâtral à Vienne. L'un de ses librettistes, le jeune Fritz Löhner-Beda sera gazé à<br />

Auschwitz, malgré les démarches personnelles de Lehár auprès de Hitler pour lui<br />

sauver la vie.<br />

Franz Lehár meurt dans la ville d'eau autrichienne de Bad Ischl, près de Salzbourg, en<br />

1948. Son frère cadet Anton prit la direction de Glocken-Verlag, la maison d'édition que<br />

le compositeur avait fondée en 1935 pour avoir un maximum de contrôle personnel sur<br />

l'interprétation et l'enregistrement de ses œuvres. Les œuvres de Franz Lehár sont<br />

encore aujourd'hui soumises à un contrôle très strict lors de nouvelles productions<br />

scéniques ou discographiques.<br />

<strong>La</strong> villa de Franz Lehár à Bad Ischl en Autriche, actuellement musée dédié à la mémoire du compositeur.<br />

23


Cours élémentaire de diplomatie<br />

L'intrigue de <strong>Die</strong> <strong>lustige</strong> <strong>Witwe</strong> est une comédie qui se déroule dans le milieu<br />

diplomatique et dont la plupart des personnages sont des collaborateurs d'une<br />

ambassade. Leo Stein et Victor Léon, les librettistes de Franz Lehár ont utilisé une pièce<br />

de théâtre française comme base de leur livret: une comédie légère L'attaché<br />

d'ambassade, écrite par Henri Meilhac en 1866. Alors qu'est-ce qu'un attaché<br />

d'ambassade, qu'est-ce qu'un premier secrétaire, à qui répond un ambassadeur et<br />

qu'est-ce qu'une consule trouve sur son bureau le matin? Petit tour dans le monde<br />

feutré de la diplomatie...<br />

Principes de base<br />

<strong>La</strong> diplomatie est le signe concret des rapports normaux entre un état et un autre ou<br />

entre un pays et une organisation internationale. Un état envoie des représentants<br />

officiels (qui venaient autrefois avec un diplôme pour certifier leur mission, d'où le mot<br />

diplomate) vers un autre état: ils y résident et représentent, à différents niveaux, les<br />

intérêts et les affaires de leur pays dans le pays hôte.<br />

Les diplomates bénéficient de l'immunité diplomatique. Dans l'exercice de leurs<br />

fonctions, leur personne est exempte de poursuites policières et juridiques par le<br />

pays hôte. <strong>La</strong> Convention de Vienne de 1961 sur les relations diplomatiques est le traité<br />

international qui ratifie l'immunité. Si un diplomate commet un crime grave, le pays<br />

hôte peut le déclarer persona non grata (personne indésirable) et le diplomate est souvent<br />

jugé pour son crime dans son propre pays.<br />

L'immunité diplomatique s'étend aussi aux communications. Les diplomates peuvent<br />

traverser les frontières avec des documents sans être fouillés, c'est la fameuse valise<br />

diplomatique qui de nos jours peut carrément être aussi grosse qu'un conteneur, lorsqu'il<br />

faut amener du matériel spécial (comme du matériel de construction) dans un pays.<br />

En temps de guerre ou d'hostilité, les diplomates sont parfois rappelés chez eux pour<br />

des raisons de sécurité personnelle. Lorsqu'un état veut exprimer son mécontentement<br />

par rapport à un autre état, il est habituel de rappeler temporairement<br />

l'ambassadeur ou des autres hauts fonctionnaires diplomatiques. Leurs subalternes<br />

restent autant que possible sur place pour conduire les affaires courantes.<br />

Autrefois, à cause des grandes distances entre les pays, les diplomates étaient souvent<br />

les seuls interlocuteurs présents pour garantir les relations entre les états, résoudre<br />

les conflits, arbitrer les disputes, protéger les intérêts de la nation à l'étranger et<br />

l'intégrité des personnes et des entreprises du pays dans le pays hôte. De nos jours, à<br />

l'époque des télécommunications électroniques, et des voyages intercontinentaux<br />

rapides, la fonction représentative du diplomate est devenue beaucoup plus<br />

symbolique que pratique. Mais les diplomates sont formés pour exercer d'autres<br />

tâches: la négotiation commerciale, la coopération économique et culturelle, la<br />

promotion des ressources nationales, etc. Ils continuent à fournir d'importants<br />

services pour leurs concitoyens à l'étranger (visites en prison, protection juridique,<br />

facilitation de démarches administratives, etc.) et contrôlent les arrivées dans leur pays<br />

des citoyens du pays hôte (émission de visas, services d'immigration, etc.)<br />

24


Les rangs diplomatiques et les fonctions mentionnées dans <strong>Die</strong> <strong>lustige</strong> <strong>Witwe</strong><br />

Dans la diplomatie moderne, le premier rang est celui d'ambassadeur. <strong>La</strong> hiérarchie est<br />

organisée comme suit:<br />

1. Ambassadeur, ambassadeur itinérant (pour des institutions ou des causes, comme<br />

les crimes de guerre ou le trafic de stupéfiants), Haut-Comissaire (parmi les pays du<br />

Commonwealth), Nonce apostolique (pour le Vatican):<br />

2. Ministre<br />

3. Ministre-conseiller<br />

4. Conseiller<br />

5. Premier secrétaire<br />

6. Deuxième secrétaire<br />

7. Troisième secrétaire<br />

8. Attaché (militaire, culturel, de la coopération, d'ambassade, etc.)<br />

L'ambassadeur est le représentant personnel du chef d'état de son pays auprès du chef<br />

d'état du pays hôte, auprès duquel il est accrédité par ses lettres de créance. Il est<br />

aussi chef de mission et, en son absence, le deuxième en ordre hiérarchique dans la<br />

mission remplit ses fonctions comme chargé d'affaires.<br />

Le premier secrétaire est au milieu de la hiérarchie, il est le premier sous les cadres de<br />

direction et occupe donc une fonction d'exécutant plus que de décideur.<br />

L'attaché (militaire, ou d'ambassade) est un agent diplomatique qui occupe l'échelon<br />

le plus bas de la hiérarchie d'une mission, ou qui peut parfois même ne pas faire partie<br />

du corps diplomatique national ou être un citoyen du pays hôte engagé par la<br />

mission.<br />

L'attaché militaire observe les activités militaires du pays hôte et informe les autorités<br />

de son pays sur celles-ci. Les attachés militaires sont un bon exemple de la distinction<br />

souvent floue entre diplomatie et espionnage!<br />

Les attachés d'ambassade ne bénéficient que d'une immunité diplomatique limitée et<br />

jouent surtout un rôle de soutien (traducteurs, organisateurs, rédacteurs), et peuvent<br />

ainsi être choisis parmi les citoyens du pays hôte... au risque d'accueillir un espion<br />

potentiel dans l'ambassade!<br />

Le consul est un représentant officiel des citoyens d'un état dans le pays hôte. Ses<br />

fonctions sont très différentes de celles de l'ambassadeur. Il ne peut y avoir qu'un seul<br />

ambassadeur d'un état dans un état hôte, mais il peut y avoir plusieurs consuls,<br />

chacun dans une ville différente du pays hôte, pour assister leurs compatriotes à<br />

l'étranger ou pour faciliter l'accès des citoyens du pays hôte qui désirent voyager ou<br />

faire commerce avec le pays de la représentation consulaire.<br />

25


Le Pontevedro en 1905; les Balkans imaginaires<br />

Évidemment, le Pontevedro n'existe pas! Contrairement à ce que nous avons affirmé<br />

en début de ce dossier, le Grand-Duché est une pure invention des librettistes de Franz<br />

Lehár (et nos excuses à tous les amateurs de caramel qui se réjouissaient de visiter les<br />

mines de Glawar). Mais ce pays imaginaire fait partie d'une longue tradition en Europe<br />

occidentale... celle d'inventer des cultures et des pays inexistants dans la mosaïque de<br />

peuples, de langues, de cultures et d'états qui vivent dans la région des Balkans.<br />

Pontevedro ou Monténégro?<br />

Un petit état des Balkans en faillite a réellement existé au début du XX e siècle. Le<br />

Monténégro, en 1905 « Principauté du Monténégro », réunit dans son histoire et sa<br />

géographie de nombreux éléments que l'on retrouve dans <strong>Die</strong> <strong>lustige</strong> <strong>Witwe</strong>.<br />

Connu sous le nom de Zeta jusqu'au XIV e siècle, le territoire de la « Montagne Noire »<br />

(en monténégrin Crna Gora, à cause des forêts sombres qui couvrent ses montagnes)<br />

était peuplé de clans qui se faisaient la guerre entre eux, ou avec les Turcs voisins. En<br />

1696, un évêque de l'église orthodoxe, Danilo Petrović, issu du clan des Njegoš, prend<br />

le pouvoir et fonde un état ainsi qu'une dynastie de princes-évêques héréditaires d'oncle<br />

en neveu. En 1852, un autre Danilo du clan des Njegoš renonce à sa charge religieuse et<br />

se fait reconnaître par les puissances étrangères comme prince héréditaire du<br />

Monténégro.<br />

En 1896, l'année du centenaire de la dynastie des Njegoš, la catastrophe se déclenche.<br />

Le chef du système des postes du Monténégro est à court de fonds et ne peut pas payer<br />

la dette de plusieurs centaines de milliers de marks due au service postal impérial<br />

d'Autriche-Hongrie, causant ainsi l'arrêt de la circulation des mandats postaux entre<br />

Vienne et Cetinje, la capitale royale du Monténégro. En 1902, le Monténégro<br />

entreprend une réforme radicale de son système juridique et financier. En 1905, quinze<br />

jours avant la création de <strong>Die</strong> <strong>lustige</strong> <strong>Witwe</strong> à Vienne, la principauté adopte une nouvelle<br />

constitution.<br />

Léon et Stein, les librettistes de <strong>Die</strong> <strong>lustige</strong> <strong>Witwe</strong>, avaient prévu de placer l'intrigue dans<br />

une mini-principauté de l'Empire allemand, mais les déboires du Monténégro étaient<br />

trop beaux pour ne pas s'en moquer gentiment, et ils s'en sont donné à cœur joie. Pour<br />

le public viennois, il n'y avait pas de doute: lorsque Hanna dit aux invités « Faisons<br />

comme chez nous à Letinje », ils comprenaient la référence à peine déguisée à Cetinje.<br />

Quant à la ressemblance entre Pontevedro et Monténégro...<br />

Les Balkans imaginaires<br />

Comme s'il n'y avait pas déjà assez de diversité ethnique et religieuse dans les Balkans,<br />

les pays d'Europe occidentale s'amusent depuis longtemps à en imaginer d'autres,<br />

projetant ainsi sur ce territoire un peu sauvage et isolé, des fantaisies romantiques de<br />

vampires, de châteaux, de vendettas, de conspirations politiques et de musiques<br />

folkoriques endiablées...<br />

<strong>La</strong> liste des « faux états » balkaniques imaginés dans les romans d'anticipation, les<br />

pièces de théâtre et opérettes, ou les fictions historiques, est longue: la Ruritanie, la<br />

26


Carpathie, la Kravonie, la Silarie, la Moésie, la Sélovnie, l'Evarchie, l'Erewhon et le<br />

Slaka. Les villes inexistantes sont aussi nombreuses: Salvna, Demlin, Mlavia,<br />

Danubia, Djakovar. On y trouve des régents imbéciles et des princes hautains, des<br />

espions, des aventuriers, des militaires incompétents, des populations de paysans<br />

illettrés vivant dans des conditions moyenâgeuses, des informateurs, des assassins,<br />

des dictateurs sanguinaires, des montagnards sauvages, sans oublier des Draculas et<br />

autres vampires mutants...<br />

<strong>La</strong> Syldavie<br />

Mais les états balkaniques imaginaires les plus connus du monde entier sont<br />

certainement le royaume de Syldavie et son voisin dictatorial, la Bordurie, imaginées<br />

par le créateur de bandes dessinées belge Hergé (1907-1983) pour ses Aventures de Tintin<br />

(Le Sceptre d'Ottokar, L'Affaire Tournesol, Objectif lune, On a marché sur la lune et le film Tintin et le<br />

<strong>La</strong>c aux Requins).<br />

L'emplacement exact de la Syldavie n'est pas donné dans les albums de Tintin: on sait<br />

seulement qu'elle est située dans les Balkans et qu'elle a un accès à la mer (comme le<br />

Monténégro). Dans Objectif lune, la traînée de fumée laissée par la fusée lunaire semble<br />

indiquer un point de départ au nord du Danube. Hergé lui-même reconnaissait s'être<br />

inspiré du royaume d'Albanie entre 1918 et 1939, mais la Syldavie rassemble beaucoup<br />

d'éléments d'autres nations balkaniques (son nom est une sorte de collage d'éléments<br />

de TranSYLvanie et de MolDAVIE, qui ne sont pas à strictement parler des états<br />

balkaniques).<br />

<strong>La</strong> bataille de Zileheroum, où la Syldavie obtient son indépendance de l'Empire turc<br />

ottoman, ressemble beaucoup à la bataille de Kosovo Polje de 1389 entre les Serbes et<br />

les Turcs. <strong>La</strong> cour de Syldavie, provinciale mais élégante, a des airs de la vraie<br />

monarchie du Monténégro. Même le drapeau fictif de la Syldavie, avec son pélican noir,<br />

ressemble étrangement au drapeau albanais, avec son aigle noir à deux têtes. Les<br />

montagnes où se trouve l'emplacement top secret du centre de recherches atomiques de<br />

Sbrodj d'où décollera la fusée lunaire, ont des paysages similaires à la chaîne des<br />

Carpathes. Et la fête nationale de la Syldavie, le jour de la Saint-Vladimir, évoque la<br />

figure médiévale de Saint Jovan Vladimir, qui fut le prince de Duklja, l'état médiéval<br />

ancêtre du Monténégro.<br />

27<br />

Le drapeau de la Syldavie, et une carte imaginaire<br />

en langue anglaise de ce pays (qui couvre<br />

exactement les frontières actuelles du Monténégro).


Le musée de <strong>La</strong> <strong>Veuve</strong> <strong>joyeuse</strong><br />

(dite aussi <strong>The</strong> <strong>Merry</strong> <strong>Widow</strong>, <strong>Die</strong> <strong>lustige</strong> <strong>Witwe</strong>, <strong>La</strong> viuda alegre...)<br />

L'actrice anglaise Lily Elsie, qui incarna<br />

Hanna Glawari dans la production de 1907<br />

à Londres, arborant le fameux chapeau<br />

qui lança la mode des énormes chapeaux,<br />

« à la <strong>Veuve</strong> <strong>joyeuse</strong> »<br />

À droite, carte postale humoristique anglaise des<br />

année 1910<br />

Affiche du premier film reprenant<br />

l'histoire de <strong>La</strong> <strong>Veuve</strong> <strong>joyeuse</strong> au cinéma en<br />

1925.<br />

28<br />

« Qui aurait pensé que ça le tuerait,<br />

Une toute petite surprise comme ça?<br />

Je crois que c'était en fait la facture<br />

De mon CHAPEAU VEUVE JOYEUSE. »<br />

Revue burlesque étasunienne des années<br />

1910 de <strong>La</strong> <strong>Veuve</strong> <strong>joyeuse</strong>.


Au cinéma en 1935, la production du grand<br />

Ernest Lubitsch.<br />

Une veuve très <strong>joyeuse</strong>... pour ne pas dire<br />

très gaie. Le transformiste anglo-irlandais<br />

Danny <strong>La</strong> Rue dans une parodie travestie<br />

de <strong>La</strong> <strong>Veuve</strong> <strong>joyeuse</strong> des années 1970.<br />

29<br />

Et pour ne pas être en reste la « bombe<br />

blonde », <strong>La</strong>na Turner incare la <strong>Veuve</strong> en<br />

1952.<br />

Et enfin, une pièce rare, une boîte de<br />

préservatifs datant de la Première Guerre<br />

mondiale, de la marque « <strong>Veuve</strong>s<br />

<strong>joyeuse</strong>s »... méfiez-vous des<br />

contrefaçons!


CD d'accompagnement <strong>Die</strong> <strong>lustige</strong> <strong>Witwe</strong><br />

Les voix<br />

1. HANNA GLAWARI (& CHŒUR)<br />

Vilja-Lied Es lebt' eine Vilja<br />

2. DANILO DANILOWITSCH<br />

O Vaterland<br />

3. CAMILLE DE ROSILLON & VALENCIENNE<br />

So kommen Sie!<br />

4. LE SEPTUOR & CHŒUR<br />

Wie die Weiber<br />

5.CHŒUR (Extrait suggéré pour l'Atelier Formation Voix)<br />

bouche fermée – Mi velimo dase dase veslimo<br />

Les danses<br />

6. Valse<br />

7. Valse lente (instrumental)<br />

8. Valse lente DANILO & HANNA<br />

Lippen schweigen<br />

9. Kolo<br />

10. Cancan<br />

11. Polka/Marcia<br />

Les extraits de <strong>Die</strong> <strong>lustige</strong> <strong>Witwe</strong> figurant en accompagnement de ce dossier<br />

proviennent de l'enregistrement Deutsche Grammophon avec Cheryl Studer (Hanna), Boje<br />

Skovhus (Danilo), Barbara Bonney (Valencienne), Rainer Trost (Camille) et Bryn Terfel<br />

(Zeta). Direction musicale: John Eliot Gardiner, Orchestre philharmonique de Vienne<br />

(1994).<br />

30


<strong>Die</strong> <strong>lustige</strong> <strong>Witwe</strong> – Textes des extraits musicaux<br />

Traduction: Christopher Park<br />

1. HANNA GLAWARI<br />

Es lebt' eine Vilja,<br />

ein Waldmägdelein,<br />

ein Jäger erschaut sie<br />

im Felsengestein!<br />

Dem Burschen, dem wurde<br />

so eigen zu Sinn,<br />

Er schaute und schaut auf<br />

das Waldmägdlein hin.<br />

Und ein nie gekannter Schaduer<br />

fasst den jungen Jägersmann,<br />

sehnsuchtsvoll fing er<br />

still zu seufzen an!<br />

Vilja, o Vilja, du Waldmägdelein,<br />

fass' mich und lass' mich Dein<br />

Trautliebster sein.<br />

Vilja, o Vilja was tust du mir an?<br />

Bang fleht ein liebkranker Mann!<br />

2. GRAF DANILO DANILOWITSCH<br />

O Vaterland, du machst bei Tag<br />

mir schon genügend Müh' und Plag!<br />

<strong>Die</strong> Nacht braucht jeder Diplomat<br />

doch meistenteils für sich privat!<br />

Um Eins bin ich schon im Bureau,<br />

doch bin ich gleich drauf anderswo,<br />

weil man den ganzen lieben Tag<br />

nicht immer im Bureau sein mag!<br />

Erstatte ich beim Chef Bericht,<br />

so tu ich's meistens selber nicht,<br />

die Sprechstund' halt' ich niemals ein,<br />

ein Diplomat muss schweigsam sein!<br />

<strong>Die</strong> Akten häufen sich bei mir,<br />

ich finde, s'gibt zu viel Papier;<br />

ich tauch die Feder selten ein<br />

und komm doch in die Tint' hinein!<br />

Kein Wunder, wenn man so viel tut,<br />

dass man am Abend gerne ruht,<br />

31<br />

1. HANNA GLAWARI<br />

Il était une fois une Vilja,<br />

Une jeune fée des bois,<br />

qu'un chasseur aperçut<br />

sur un rocher escarpé!<br />

Et le garçon fut étrangement affecté,<br />

Il la regarda,<br />

Et regarda tant<br />

<strong>La</strong> petite fée des bois,<br />

Jusqu'à ce qu'un frisson inconnu<br />

Saisisse le jeune chasseur<br />

Et que, rempli de désir,<br />

Il se mette à soupirer en silence!<br />

Vilja, ô Vilja, petite fée des bois,<br />

prends-moi et laisse-moi être<br />

L'élu de ton cœur.<br />

Vilja, ô Vilja, que m'as-tu fait?<br />

Un homme malade d'amour pleure<br />

de crainte devant toi.<br />

2. COMTE DANILO DANILOVITCH<br />

Ô Patrie, de jour, tu me fais<br />

assez d'ennuis et de tourments! Tout<br />

diplomate a besoin de la nuit, en<br />

bonne partie, pour son usage privé!<br />

Jusqu'à une heure du matin, je suis<br />

dans mon bureau, et après je vais<br />

tout de suite ailleurs, car on ne va<br />

quand même pas passer toute la<br />

sainte journée au bureau! Si je<br />

fournis un rapport à mon chef, la<br />

plupart du temps, ce n'est pas moi<br />

qui l'ai écrit. Je ne tiens que très<br />

rarement mes heures de présence, un<br />

diplomate doit être avant tout<br />

discret! Les dossiers s'empilent sur<br />

mon bureau, je trouve que ça fait<br />

beaucoup trop de paperasse! Je ne<br />

trempe que rarement ma plume dans


und sich bei Nacht, was man so nennt,<br />

Erhohlung nach der Arbeit gönnt!<br />

Da geh' ich zu Maxim,<br />

dort bin ich sehr intim,<br />

ich duze alle Damen,<br />

ruf' sie beim Kosenamen:<br />

Lolo, Dodo, Joujou,<br />

Cloclo, Margot, Froufrou,<br />

sie lassen mich vergessen,<br />

das teu're Vaterland!<br />

Dann wird champagnisiert,<br />

auch häufig cancaniert,<br />

und geht's an's Kosen, Küssen<br />

mit allen diesen Süssen:<br />

Lolo, Dodo, Joujou,<br />

Cloclo, Margot, Froufrou,<br />

dann kann ich leicht vergessen,<br />

das teu're Vaterland!<br />

3. CAMILLE DE ROSILLON &<br />

VALENCIENNE<br />

VALENCIENNE<br />

So kommen Sie! 's ist niemand hier.<br />

CAMILLE<br />

Sie seh'n den glücklichsten Mann in<br />

mir!<br />

VALENCIENNE<br />

Ich habe mit Ihnen zu sprechen!<br />

CAMILLE<br />

Ich möchte Ihnen ein Wort nur sagen!<br />

VALENCIENNE<br />

O still! Sie wissen, dass ich dies nicht<br />

hören will!<br />

32<br />

l'encrier, mais j'ai quand même les<br />

mains sales... Pas étonnant, quand<br />

on est si occupé, qu'on prenne si<br />

volontiers son repos le soir et que la<br />

nuit, comme on le dit, serve à<br />

récupérer des peines du travail!<br />

Alors, je vais chez Maxim's<br />

Où je suis comme chez moi,<br />

Je tutoie toutes les dames,<br />

en les appelant par leurs petits noms,<br />

Lolo, Dodo, Joujou,<br />

Cloclo, Margot, Froufrou,<br />

Elles m'aident à oublier<br />

Ma chère patrie!<br />

À grands coups de champagne,<br />

Et à grand renfort de French cancan,<br />

On ne fera que se caresser et<br />

s'embrasser,<br />

Avec toutes ces petites chéries:<br />

Lolo, Dodo, Joujou,<br />

Cloclo, Margot, Froufrou,<br />

Qui m'aideront vite à oublier<br />

Ma chère patrie!<br />

3. CAMILLE DE ROSILLON &<br />

VALENCIENNE<br />

VALENCIENNE<br />

Venez vite! Il n'y a personne ici.<br />

CAMILLE<br />

Vous voyez en moi le plus heureux<br />

des hommes!<br />

VALENCIENNE<br />

J'ai des choses à vous dire!<br />

CAMILLE<br />

Et moi un seul mot!<br />

VALENCIENNE<br />

Taisez-vous! Vous savez bien que je ne<br />

veux pas l'entendre!


CAMILLE<br />

Sag' ich's auch nicht, Sie hören es doch!<br />

Nur einmal möchte ich es sagen noch!<br />

VALENCIENNE<br />

Ach, liebster Freund, warum sich so<br />

quälen?<br />

Wir machen ein Ende!<br />

CAMILLE (erschrocken)<br />

Ein Ende?<br />

VALENCIENNE<br />

Ich will Sie vermählen!<br />

CAMILLE (erstaunt)<br />

Vermählen mich?<br />

Quel projet fou, je n'aime que vous, je<br />

n'aime que vous!<br />

VALENCIENNE<br />

You must not say such things to me!<br />

A highly respectable wife,<br />

Unused to connubial strife.<br />

My husband trusts me completely,<br />

I dare not behave indiscreetly!<br />

I fear 'tis in vain that you plead,<br />

Who knows where the path would lead?<br />

I wish to remain all my life<br />

A highly respectable wife!<br />

You say I'm your heart's desire<br />

But really it's time you learned:<br />

It's foolish to play with fire<br />

You may get your fingers burned!<br />

Ne jouons pas avec le feu,<br />

On s'y roussit toujours un peu.<br />

Et lorsqu'on croit qu'il est éteint,<br />

Une étincelle vous atteint.<br />

Moi, je crains l'amour comme le feu;<br />

l'un comme l'autre est périlleux.<br />

Aussi j'ai soin, mon bon monsieur,<br />

De m'assurer contre les deux<br />

33<br />

CAMILLE<br />

Même si je ne le vous disais pas, vous<br />

voudriez l'entendre! Je voudrais vous<br />

le dire encore une fois!<br />

VALENCIENNE<br />

Ah, très cher ami, pourquoi se<br />

torturer de la sorte? Mettons fin à<br />

tout cela!<br />

CAMILLE (effrayé)<br />

Y mettre fin?<br />

VALENCIENNE<br />

Je veux que vous vous mariiez!<br />

CAMILLE (étonné)<br />

Que je me marie?<br />

VALENCIENNE<br />

Vous ne devez pas me dire ce genre de<br />

choses! Je suis une épouse<br />

respectable, mon mariage est<br />

harmonieux, mon mari me fait<br />

entièrement confiance et je n'oserais<br />

pas commettre une indiscrétion!<br />

C'est en vain que vous cherchez à me<br />

faire prendre un chemin qui finira<br />

<strong>Die</strong>u sait où... Je veux rester toute<br />

ma vie une épouse respectable!<br />

Vous dites que je suis celle que votre<br />

cœur désire, mais sachez, mon petit<br />

monsieur, qu'on ne joue pas avec le<br />

feu, on risque de se brûler les doigts!


CAMILLE<br />

A highly respectable wife,<br />

Unused to connubial strife.<br />

À votre époux d'être fidèle,<br />

Vous si bonn' si douce et si belle,<br />

J'vous croyais plus de charité,<br />

Et moins de perversité,<br />

Et moins d'égoïsme surtout.<br />

Je n'aurais pas cru ça de vous.<br />

Mais bon apôtre est l'amour,<br />

Je le jure, il faudra bien<br />

Y mettre du vôtre pour<br />

Peu qu'il y mette du sien!<br />

VALENCIENNE (& CAMILLE)<br />

Ne jouons pas avec le feu,<br />

On s'y roussit toujours un peu.<br />

Et lorsqu'on croit qu'il est éteint,<br />

Une étincelle vous atteint.<br />

Moi, je crains l'amour comme le<br />

feu;<br />

l'un comme l'autre est périlleux.<br />

Aussi j'ai soin, mon bon monsieur,<br />

De m'assurer contre les deux<br />

CAMILLE (& VALENCIENNE)<br />

Il faut toujours marcher au feu,<br />

Sans avoir froid aux yeux,<br />

Si l'devoir seul peut vous charmer<br />

C'est un devoir d'aimer.<br />

Il aura son tour,<br />

Le pauvre amour.<br />

Alors, morbleu!<br />

Sauve qui peut!<br />

Car on ne peut rien, non,<br />

non rien contre le feu!<br />

4. SEPTETT & CHOR<br />

DANILO<br />

Wie die Weiber man behandelt?<br />

Eine so, die And're anders<br />

34<br />

CAMILLE<br />

Une épouse tout à fait respectable,<br />

Un mariage parfaitement<br />

harmonieux.<br />

4. LE SEPTUOR ET LE CHŒUR<br />

DANILO<br />

Comment doit-on traiter les femmes?<br />

L'une comme ceci et l'autre comme


Da gibt's keinen Feldzugsplan!<br />

DIE HERREN<br />

Wie die Weiber?<br />

Hört ihn an!<br />

ZETA<br />

Dass die Weiber,<br />

DANILO & DIE HERREN<br />

Dass die Weiber?<br />

ZETA<br />

Treu uns bleiben...<br />

DANILO & DIE HERREN<br />

Also wie?<br />

DANILO & ZETA<br />

Das hat man noch nicht ergründet...<br />

TUTTI<br />

Da gibt's keine <strong>The</strong>orie!<br />

DANILO<br />

Der Einen macht man Complimente<br />

TUTTI<br />

So und so, und so und so!<br />

ZETA<br />

Und schmeichelt, streichelt ohne Ende:<br />

TUTTI<br />

So und so, und so und so!<br />

SAINT-BRIOCHE<br />

Der Ander'n muss man imponieren:<br />

TUTTI<br />

So und so, und so und so!<br />

35<br />

cela, il n'y a pas de plan d'attaque<br />

général!<br />

LES MESSIEURS<br />

Comment, les femmes?<br />

Écoutez-le!<br />

ZETA<br />

Que les femmes,<br />

DANILO & LES MESSIEURS<br />

Que les femmes?<br />

ZETA<br />

Nous restent fidèles...<br />

DANILO & LES MESSIEURS<br />

Alors comment?<br />

ZETA<br />

Ça, on ne l'a pas encore découvert...<br />

TUTTI<br />

Pour cela, il n'y a pas de théorie!<br />

DANILO<br />

À l'une, il faut faire des<br />

compliments...<br />

TUTTI<br />

Comme ça, comme ça, comme ça,<br />

comme ça...<br />

ZETA<br />

Flatteries et caresses<br />

interminables...<br />

TUTTI<br />

Comme ça, comme ça, comme ça,<br />

comme ça...<br />

SAINT-BRIOCHE<br />

À l'autre, il faut parfois s'imposer:<br />

TUTTI<br />

Comme ça, comme ça, comme ça,


CASCADA<br />

Man darf sie auch sogar sekieren:<br />

TUTTI<br />

So und so, und so und so!<br />

DANILO<br />

<strong>Die</strong> Dritte die will Zärtlichkeiten:<br />

TUTTI<br />

So und so, und so und so!<br />

ZETA<br />

<strong>Die</strong> Vierte die will zanken, streiten:<br />

TUTTI<br />

So und so, und so und so!<br />

CASCADA<br />

<strong>Die</strong> Fünfte will nur tanzen, lachen:<br />

TUTTI<br />

So und so, und so und so!<br />

DANILO, ZETA, SAINT-BRIOCHE &<br />

CASCADA<br />

Dann wollen sie auch and're Sachen!<br />

TUTTI<br />

So und so, und so und so!<br />

DANILO & ZETA<br />

Ja, das Studium der Weiber ist<br />

schwer...<br />

36<br />

comme ça...<br />

CASCADA<br />

Et dans certains cas, il faut<br />

carrément la brusquer!<br />

TUTTI<br />

Comme ça, comme ça, comme ça,<br />

comme ça...<br />

DANILO<br />

<strong>La</strong> troisième ne veut que de la<br />

tendresse...<br />

TUTTI<br />

Comme ça, comme ça, comme ça,<br />

comme ça...<br />

ZETA<br />

<strong>La</strong> quatrième ne veut que se<br />

chamailler et se disputer...<br />

TUTTI<br />

Comme ça, comme ça, comme ça,<br />

comme ça...<br />

CASCADA<br />

<strong>La</strong> cinquième ne veut que danser et<br />

rire...<br />

TUTTI<br />

Comme ça, comme ça, comme ça,<br />

comme ça...<br />

DANILO, ZETA, SAINT-BRIOCHE &<br />

CASCADA<br />

Et ensuite elles veulent toutes passer<br />

à autre chose!<br />

TUTTI<br />

Comme ça, comme ça, comme ça,<br />

comme ça...<br />

DANILO & ZETA<br />

Oui, l'étude de la femme est une<br />

chose difficile...


(DIE HERREN: Ach die Weiber, diese Weiber!)<br />

...nimmt uns Männer verteufelt auch<br />

her!<br />

Niemals kennt doch an Seele und leib<br />

man das...<br />

TUTTI<br />

... Weib, Weib, Weib, Weib, Weib!<br />

DANILO & ZETA<br />

Mädchen zart, Gretchenart, blondes<br />

Haar,<br />

Mit dem treuesten Blauäuglein Paar.<br />

Ob sie schwarz oder rot, oder blond sind<br />

gefärbt,<br />

's ist egal, man wird doch gegärbt!<br />

TUTTI<br />

Weiber, Weiber, Weiber, Weiber,<br />

Weiber, usw.<br />

Ach, ja! Das Studium der Weiber ist<br />

schwer,<br />

Nimmt uns Männer verteufelt auch<br />

her!<br />

Niemals kennt doch an Seele und leib<br />

Man das Weib, Weib, Weib, Weib,<br />

Weib!<br />

Mädchen zart, Gretchenart, blondes<br />

Haar,<br />

Mit dem treuesten Blauäuglein Paar.<br />

Ob sie schwarz oder rot, oder blond sind<br />

gefärbt,<br />

's ist egal, man wird doch gegärbt! (bis)<br />

5. CHOR<br />

Ah...<br />

Mi velimo dase, dase! Veslimo!<br />

<strong>La</strong>sst uns jauchzen und lasst uns<br />

singen!<br />

<strong>La</strong>sst uns tanzen und lasst uns<br />

springen!<br />

37<br />

(LES MESSIEURS: Ah, les femmes, ces<br />

femmes!)<br />

... un vrai casse-tête pour nous, les<br />

hommes!<br />

Personne n'a levé le mystère de l'âme<br />

et du corps de la...<br />

TUTTI<br />

Femme, femme, femme, femme!<br />

DANILO & ZETA<br />

Tendres, ingénues, aux cheveux d'or,<br />

Avec de petits yeux bleus pleins<br />

d'amour,<br />

Ou alors teintes en noir, ou en rouge<br />

ou en blonde, c'est égal, on sera<br />

quand même pris au piège!<br />

TUTTI<br />

Les femmes, les femmes, les<br />

femmes, les femmes, etc.<br />

Ah oui! L'étude de la femme est une<br />

chose difficile, un vrai casse-tête<br />

pour nous les hommes! Personne n'a<br />

levé le mystère de l'âme et du corps de<br />

la femme, femme, femme, femme,<br />

femme!<br />

Tendres, ingénues, aux cheveux d'or,<br />

avec de petits yeux bleus pleins<br />

d'amour, ou alors teintes en noir, ou<br />

en rouge ou en blonde, c'est égal, on<br />

sera quand même pris au piège! (bis)<br />

5. CHŒUR<br />

Ah...<br />

Mi velimo dase, dase! Veslimo!<br />

Crions de joie et chantons!<br />

Dansons et sautons!<br />

Mi velimo dase, dase! Veslimo!


Mi velimo dase, dase! Veslimo!<br />

8. DANILO & HANNA<br />

Lippen schweigen,<br />

's flüstern Geigen:<br />

hab' mich lieb!<br />

All' die Schritte,<br />

sagen bitte,<br />

hab' mich lieb!<br />

Jeder Druck der Hände,<br />

deutlich mir's beschrieb.<br />

Er sagt klar<br />

's ist wahr, 'sist wahr,<br />

du hast mich lieb!<br />

HANNA<br />

Bei jedem Walzerschritt,<br />

tanzt auch die Seele mit,<br />

da hüpft das Herzchen klein,<br />

es klopft und pocht: Sei mein! Sei mein!<br />

Und der Mund spricht kein Wort,<br />

doch tönt es fort und immerfort:<br />

Ich hab' dich ja so lieb,<br />

Ich hab' dich lieb!<br />

DANILO & HANNA<br />

Jeder Druck der Hände,<br />

deutlich mir's beschrieb,<br />

er sagt klar<br />

's ist wahr, 'sist wahr,<br />

du hast mich lieb!<br />

38<br />

8. DANILO & HANNA<br />

Les lèvres se taisent,<br />

Les violons murmurent:<br />

Aime-moi!<br />

Chacun de nos pas,<br />

dit, s'il te plaît,<br />

Aime-moi!<br />

Chaque pression de la main,<br />

Me le confirme avec certitude.<br />

Et me dit, bien sûr,<br />

C'est vrai, c'est vrai,<br />

Que tu m'aimes!<br />

HANNA<br />

Avec chaque pas de la valse,<br />

Mon âme danse au même rythme,<br />

Mon petit cœur tressaute,<br />

Il bat et palpite: Sois à moi! Sois à<br />

moi!<br />

Et la bouche ne dit pas un mot,<br />

Mais on entend sonner et résonner:<br />

« Je t'aime tellement,<br />

Je t'aime tant! »<br />

DANILO & HANNA<br />

Chaque pression de la main,<br />

Me le confirme avec certitude.<br />

Et me dit, bien sûr,<br />

C'est vrai, c'est vrai,<br />

Que tu m'aimes!


Version française<br />

(Flers & Caillavet)<br />

DANILO & MISSIA<br />

Heure exquise,<br />

Qui nous grise<br />

Lentement.<br />

<strong>La</strong> promesse,<br />

<strong>La</strong> caresse<br />

Du moment.<br />

L'ineffable étreinte<br />

De nos désirs fous;<br />

Tout dit: Gardez-moi,<br />

Puisque je suis à vous!<br />

MISSIA<br />

Sanglots profonds et longs<br />

Des tendres violons.<br />

Mon cœur chante avec vous<br />

À casse-cœur, casse-cou.<br />

Brebis, prends bien garde au loup;<br />

Le gazon glisse et l'air est doux.<br />

Et la brebis te dit;<br />

Je t'aime, loup!<br />

DANILO & MISSIA<br />

L'ineffable étreinte<br />

De nos désirs fous;<br />

Tout dit: Gardez-moi,<br />

Puisque je suis à vous!<br />

39

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