Les Jeux de l'Empire romain - CNDP

teledoc
le petit guide télé pour la classe
Un documentaire
de Peter Nicholson
(2004),
produit par
Channel Four
Television Corporation.
49 min
Les Jeux de l’Empire romain
En partenariat avec
2006
2007
Au-delà de l’image bien connue des jeux et combats de
gladiateurs, souvent teintée de légende, le documentaire
de Peter Nicholson montre qu’ils constituaient pour les
empereurs un moyen de manipuler et de contrôler le
peuple, quand pour d’autres, financer les jeux ou organiser
le complexe marché des fauves pouvait se révéler une
stratégie très payante pour acquérir faveurs et pouvoir.
FRANCE 5
TNT : LUNDI 25 JUIN, 20 h40

Les jeux sanglants dans les
amphithéâtres de la Rome
antique suscitent encore
aujourd’hui une très vive
curiosité où se conjuguent
fascination et répulsion. En
se focalisant sur les
combats d’animaux, ce
documentaire nous fait
comprendre quelles étaient
les motivations des
organisateurs, qui
préparaient durant de longs
mois des jeux toujours plus
fastueux, requérant
notamment un véritable
commerce de bêtes sauvages
à la logistique complexe.
L’étude minutieuse de
mosaïques d’une villa
sicilienne, propriété de l’un
de ces organisateurs, rend
l’enquête encore plus
palpitante et concrète.
L’efficacité de la mise en
scène, le recours à des
comédiens et à de nombreux
figurants, le réalisme des
cris de la foule et des
rugissements des bêtes
féroces, la qualité des
images (amphithéâtres,
animaux et paysages),
l’intérêt enfin des
interventions de
spécialistes (historiens,
dresseur) constituent
autant de points forts de ce
film captivant.
Rédaction Jean Bumat, professeur d’histoire
et de géographie, avec la collaboration
d’Hélène Pouyfaucon (CNDP)
Crédit photo France 5
Édition Émilie Nicot et Anne Peeters
Maquette Annik Guéry
Ce dossier est en ligne sur le site
de Télédoc.
www.cndp.fr/tice/teledoc/
La règle des jeux
Histoire, sixième
Les jeux, une pièce essentielle de la
romanité
> Connaître les caractéristiques et les fonctions
principales des jeux.
Jeux impériaux, jeux locaux. On fera la distinction
entre les deux catégories de jeux, qui dépendent du
rang du commanditaire: les jeux impériaux sont
organisés par l’empereur; les jeux locaux (consulaires
par exemple) le sont par des hommes politiques
ambitieux. On en cherchera des illustrations
dans le film. Pour les jeux impériaux, on relèvera le
cas d’Auguste, fils adoptif de César et fondateur
du régime impérial qui, sous son règne, organise
chaque année vingt-six jeux impériaux. Pour les
jeux consulaires, on fera références aux expériences
conduites par César, par le général Pompée ou
par le consul dénommé Pétronius.
Intérêts et stratégies des organisateurs. Les jeux
impériaux ne servent-ils pas à exalter et à mettre
en scène la puissance de l’empereur et de son
Empire? Deux arguments peuvent corroborer cette
hypothèse:
– L’emplacement privilégié occupé par l’empereur
pendant les jeux : avec sa famille, dans la loge
impériale, autour de laquelle l’occupation des gradins
s’organise en fonction des hiérarchies sociales
alors en vigueur (les places les plus proches
de l’arène étaient réservées à l’ordre sénatorial;
les gradins suivants aux chevaliers et ainsi de suite
en descendant de l’échelle sociale ; les femmes
étaient placées tout en haut de l’amphithéâtre car
Auguste avait décidé de mettre un terme à la promiscuité
sexuelle).
– La présence d’animaux exotiques comme autant
de signes donnés que l’empire a atteint de nouvelles
frontières et conquis de nouvelles terres. On
relèvera les propos du professeur Wallace-Hadrill,
d’après lequel les jeux sont un élément fondamental
de l’expansion de l’Empire.
On ajoutera que les jeux constituent également
un instrument du contrôle impérial. En se référant
aux propos du professeur Griffin, on rappellera
qu’ils servent à séduire le peuple, à l’encadrer sans
contraintes, et qu’ils dispensent donc les empereurs
de mettre en place un État policier.
Pour ce qui est des jeux locaux, comme les jeux
consulaires, on montrera qu’ils constituent un acte
politique entrant dans des stratégies de carrière. En
s’appuyant sur l’analyse du professeur Griffin, on
évoquera l’exemple de sénateurs prêts à consentir
de lourds sacrifices financiers pour organiser
des jeux dans l’optique de devenir gouverneur d’une
bonne province. Dans une société politique fon-
dée sur le clientélisme, il s’agit pour eux de surpasser
leurs prédécesseurs ou leurs rivaux par leur
munificence et de s’attirer la ferveur populaire en
passant pour des «bienfaiteurs».
Les caractéristiques des jeux. On indiquera leur
durée, de plusieurs jours dans le cas de jeux consulaires
(cf. l’exemple de Pétronius, qui organise trois
jours de spectacle) à plusieurs mois pour des jeux
impériaux (en 80 de notre ère, les jeux durent cent
jours consécutifs). Au IV e siècle, les jeux représentent
près de la moitié de l’année dans le calendrier
romain.
On décrira les lieux où se déroulent ces jeux, à
savoir les grands amphithéâtres à partir de la fin du
II e siècle av. J.-C., et on remarquera leur visibilité
dans le paysage urbain. Ces édifices sont d’abord
apparus dans le sud de l’Italie. Ce n’est qu’en
29 av. J.-C. que le premier amphithéâtre de la ville
de Rome est construit, les chasses (venationes) et
les combats de gladiateurs (munera) ayant d’abord
eu pour cadre le Forum et le champ de Mars. On
s’informera sur les capacités d’accueil de plusieurs
amphithéâtres (le Colisée pouvait recevoir 50000
spectateurs; les arènes d’El Djern, en Tunisie, plus
de 30000). Sans dresser de listes exhaustives, on
localisera sur une carte l’emplacement des plus
grands édifices et on mettra en évidence le grand
nombre d’amphithéâtres dans tout l’Empire romain.
On rapportera donc les propos du professeur
Wallace-Hadrill, selon lequel l’Empire romain comptait
des milliers d’amphithéâtres, et des centaines
en Italie. L’adoption de tels spectacles dans des
contrées éloignées, et même en Grèce, est le signe
d’une romanisation des populations.
On résumera le déroulement des jeux, en distinguant
six étapes consécutives: premiers spectacles
avec orgues, danseurs et acrobates; combats
entre animaux (grands prédateurs chassant du
gibier; affrontements de bêtes entre elles); combats
entre des hommes et des fauves (lions, tigres,
guépards…); à la mi-journée, exécutions publiques
de criminels attachés à des poteaux et livrés à des
bêtes sauvages; épreuves finales de l’après-midi
consacrées aux gladiateurs; enfin, distribution de
viandes cuites, prêtes à consommer et provenant
des animaux abattus. On réalisera l’ampleur des
«ressources humaines» concernées par ces programmes
sanguinaires: l’organisateur doit rechercher
des criminels qui seront exécutés, des esclaves
et des prisonniers de guerre, des dresseurs et des
soigneurs d’animaux, des chasseurs et des gladiateurs.
On décrira l’équipement des hommes qui
affrontaient les fauves: tunique courte avec pro-

tections minimales pour la tête et les jambes, longs
épieux pour tenir à distance les animaux, glaives
courts et poignards pour achever les bêtes blessées.
On mènera des recherches sur les gladiateurs:
leurs différentes catégories (samnites, thraces,
rétiaires, mirmillons…), leur recrutement, leur statut
social paradoxal (gloire et infamie), leurs rituels.
On s’interrogera surtout sur les représentations
attachées à tous ces combattants – chasseurs et
gladiateurs – en liaison avec les valeurs morales
de la société romaine: goût et admiration pour le
courage, la force, la gloire et le stoïcisme, dureté
envers les vaincus dans un contexte général où la
puissance paternelle (patria potestas) impliquait
le pouvoir de vie et de mort sur les enfants et où
l’esclavage était un fondement de l’ordre social.
Géographie du commerce des animaux
sacrifiés aux jeux
> Établir une relation entre le commerce des
animaux utilisés lors des jeux et l’expansion
de l’Empire romain.
On partira du constat de l’immense étendue de
l’Empire romain. Pour répondre au défi de l’approvisionnement
des jeux, un florissant commerce
d’animaux se met donc en place à l’échelle de tout
l’Empire: on peut en mesurer les flux, les facteurs
de réussite et les effets.
Description des flux. On s’appuiera sur la très
bonne carte de l’Empire, centrée sur la mer
Méditerranée, présentée dans le film [23 min]. On
repérera que les régions de capture d’animaux sont
très souvent les marges de l’Empire (lions, éléphants
d’Afrique; crocodiles et hippopotames du
Nil, tigres d’Arménie…). On localisera les principaux
ports de la Méditerranée vers lesquels les bêtes
captives sont acheminées (Antioche, Alexandrie,
Lepcis Magna, Cyrène, Carthage…) avant d’être
transportées vers les amphithéâtres. On remarquera
qu’Ostie, port de l’ancienne Rome, est la véritable
plaque tournante de ce commerce. Enfin, on décrira
comment sont rassemblés les animaux dans des
vivariums, immenses parcs construits en dehors
des murs de la cité.
Facteurs de réussite. On mettra en évidence trois
facteurs qui facilitent ce négoce d’animaux sauvages
à l’échelle de l’Empire: une monnaie et une
langue communes (le latin ou le grec en Orient);
la Pax Romana, en particulier la pacification de la
mer Méditerranée; l’appel à l’armée et à son efficacité
pour capturer des animaux sauvages.
Quelques effets. On montrera que ce négoce participe
au développement économique des marges
de l’Empire (commerce florissant, ouverture de
voies de communication jusque dans les endroits
les plus reculés). En outre, s’ils ont peut-être favorisé
la conversion de nouvelles terres en pâturages,
les prélèvements massifs d’animaux ont surtout
mené certaines espèces jusqu’au bord de l’extinction.
Un témoignage archéologique
> Comprendre la valeur de l’archéologie comme
source historique.
On commencera par situer la province romaine (la
Sicile) où des fouilles archéologiques ont permis de
mettre au jour les vestiges de la villa de Piazza
Armerina, une luxueuse villa de plus de quarante
pièces couvertes de mosaïques.
On résumera les résultats que l’enquête menée par
les archéologues et les historiens a permis d’obtenir:
Piazza Armerina est la villa d’un aristocrate
romain immensément riche et qui a occupé des
fonctions prestigieuses; pour célébrer son ascension
sociale, il a organisé trois jours de jeux. On
mettra en évidence les difficultés rencontrées par
l’enquête, et notamment l’ignorance de l’identité
exacte de ce propriétaire (appelé Pétronius dans
le documentaire).
On constatera que les mosaïques de la villa de
Piazza Armerina reflètent aussi bien la richesse et
l’ambition politique de ce citoyen romain que les
réalités concernant les préparatifs et le déroulement
des jeux. On comprendra donc la valeur de
cette source historique, à laquelle le film se réfère
en permanence. On comparera ces mosaïques à un
véritable livre ouvert sur les jeux romains.
■
Pour en savoir plus
VEYNE Paul, Le Pain et le Cirque, sociologie historique
d’un pluralisme politique, Seuil, coll. « Points
Histoire », 1995.
BERNET Anne, Les Gladiateurs, Perrin, 2002.
Le documentaire-fiction Gladiateurs (2003, 50 min),
diffusé sur France 5 dans la nuit du mardi 26 au
mercredi 27 juin, à 0 h 20 : nous y suivons en parallèle
la carrière du gladiateur Verus et la construction
du Colisée, inauguré en 80 après J.-C.
Une lointaine
origine religieuse
Les venationes (de venatio,
la chasse) trouvent leur
origine dans des chasses
rituelles pratiquées en des
temps immémoriaux et
liées au culte de la nature
et de la fertilité. La mise
en scène de chasses
conçues comme des
spectacles est apparue aux
III e et II e siècles av. J.-C.,
dans l’hippodrome d’abord
où, en plus des courses de
chars, on montre des sortes
de chasses à courre et des
traques d’animaux au
moyen de lance, de torches,
d’épieux ou de meutes de
chiens.
Les premiers combats de
gladiateurs (de gladius,
l’épée) sont attestés à
Rome en 264 av. J.-C.
Il s’agit alors d’un rite
funéraire: par un substitut
de sacrifice humain, trois
paires de prisonniers de
guerre s’opposent en un
combat destiné à apaiser
l’âme (les Mânes) d’un
héros défunt (en
l’occurrence, Lucius Junius
Brutus, fondateur
légendaire de la
République romaine en
509 av. J.-C.). Ce n’est qu’à
partir de 105 av. J.-C. que
des gladiateurs s’affrontent
dans des jeux publics.

En lisant attentivement
cette synthèse et en
s’interrogeant sur les
termes qui doivent la
compléter, les jeunes
élèves retiendront
les informations
essentielles du
documentaire et
réinvestiront un
vocabulaire précis.
Ces mots seront autant
de jalons et d’aidemémoire
pour des
connaissances bien
comprises.
[Réponses suggérées]
Dans l’arène
Fiche de travail
Complètez le texte ci-dessous à l’aide des mots suivants
Afrique; amphithéâtres; arène; armée; Colisée ; condamnés à mort; Empire; expansion;
gladiateurs; gloire; gradins; mécènes ; Méditerranée ; Nil; Orient ; Pyrénées ;
République; Rhin ; vivariums ; voies de communication.
Les jeux sanglants, composés de combats d’animaux, de spectacles de chasses où les
hommes et les fauves s’affrontaient, de supplices de . . . . . . . . . . . . . . . . . . et de combats
de . . . . . . . . . . . . ., constituaient un élément essentiel de la culture romaine. Dès la
fin de la . . . . . . . . . . . . . . . . . ., cette violence représentée prit une grande importance,
mais c’est sous l’. . . . . . . . . . . . . que le phénomène connut sa plus grande ampleur.
Les empereurs firent édifier de vastes . . . . . . . . . . . . . . pour abriter ces manifestations,
à Rome même où le . . . . . . . . . . . . fut inauguré en 80 de notre ère mais aussi dans de
nombreuses villes de tout l’Empire. Autour d’une . . . . . . . . . . . . . . . centrale s’élevaient
des . . . . . . . . . . . . . où le public s’installait selon des codes très stricts, fondés sur la
catégorie sociale.
Pouvoir et spectacle étaient étroitement imbriqués. Les jeux étaient en effet organisés
à l’initiative de l’empereur lui-même ou d’hommes politiques ambitieux, de riches
........ . . . . . .qui voulaient s’attirer la ferveur populaire et susciter l’admiration de
tous. Les spectacles servaient de démonstration de la puissance de l’Empire et de ses
dirigeants. Ainsi, l’origine géographique des animaux exhibés et sacrifiés dans l’arène attestait
l’extraordinaire . . . . . . . . . . de l’Empire: grand sanglier des bords du . . . . . . . .
ours des . . . . . . . . . . , crocodiles et hippopotames du . . . . . . . . . . ., lions, éléphants,
girafes et antilopes d’. . . . . . . , tigres d’. . . . . . . . . . Réunir dans des . . . . . . . . . . ces
animaux capturés dans toutes les contrées de l’Empire nécessita l’organisation d’un véritable
commerce, qui favorisa lui-même l’expansion de l’Empire, en permettant notamment
l’ouverture de . . . . . . . . . . . . . . . ., l’entraînement de l’. . . . . . . . . . et le développement
des échanges dans les grands ports de la . . . . . . . . . . . . . . . (Antioche, Carthage,
Ostie, etc.). Les organisateurs, lancés dans une surenchère de faste, cherchaient des
attractions nouvelles pour pimenter les festivités, des combats de femmes contre des
fauves par exemple. Les victimes, animales et humaines, de cette frénésie de . .........
furent donc innombrables.