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nephrotoxicite des acides aristolochiques - de l'Université libre de ...

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UNIVERSITE LIBRE DE BRUXELLES<br />

Faculté <strong>de</strong> Mé<strong>de</strong>cine<br />

Laboratoire <strong>de</strong> Recherche sur le Métabolisme <strong><strong>de</strong>s</strong> Pepti<strong><strong>de</strong>s</strong><br />

NEPHROTOXICITE DES ACIDES ARISTOLOCHIQUES :<br />

APPROCHES EXPERIMENTALES DE L’ATTEINTE<br />

Promoteur : Dr. J. Nortier<br />

TUBULAIRE PROXIMALE<br />

Catherine LEBEAU<br />

Thèse présentée en vue <strong>de</strong> l’obtention du titre <strong>de</strong><br />

Docteur en Sciences Biomédicales<br />

Co-promoteur : Pr. M. Deschodt-Lanckman<br />

Année académique 2005-2006


UNIVERSITE LIBRE DE BRUXELLES<br />

Faculté <strong>de</strong> Mé<strong>de</strong>cine<br />

Laboratoire <strong>de</strong> Recherche sur le Métabolisme <strong><strong>de</strong>s</strong> Pepti<strong><strong>de</strong>s</strong><br />

NEPHROTOXICITE DES ACIDES ARISTOLOCHIQUES :<br />

APPROCHES EXPERIMENTALES DE L’ATTEINTE<br />

TUBULAIRE PROXIMALE<br />

Catherine LEBEAU<br />

Thèse présentée en vue <strong>de</strong> l’obtention du titre <strong>de</strong><br />

Docteur en Sciences Biomédicales<br />

Promoteur : Dr. J. Nortier<br />

Co-promoteur : Pr. M. Deschodt-Lanckman<br />

COMPOSITION DU JURY<br />

Prési<strong>de</strong>nt : Pr. Ph. Lebrun<br />

Secrétaire : Dr. J. Nortier<br />

Membre du jury : Pr. M. Deschodt-Lanckman<br />

Membre du jury : Pr. M. Dratwa<br />

Membre du jury : Pr. J-C. Noël<br />

Membre du jury : Pr. P. Roger<br />

Expert étranger : Pr. G. Friedlan<strong>de</strong>r<br />

Expert étranger : Pr. C. Isnard Bagnis


CURRICULUM VITAE<br />

Catherine Lebeau, née le 23 novembre 1973 à Uccle, est célibataire et <strong>de</strong> nationalité<br />

Belge.<br />

Etu<strong><strong>de</strong>s</strong> secondaires :<br />

Athénée Emile Bockstael <strong>de</strong> Bruxelles, section latin-sciences (1985 – 1991)<br />

Etu<strong><strong>de</strong>s</strong> universitaires :<br />

Licenciée en Sciences chimiques au gra<strong>de</strong> légal obtenu avec gran<strong>de</strong> distinction,<br />

Université Libre <strong>de</strong> Bruxelles (1991 – 1995)<br />

Titre du mémoire: "Clonage et séquençage du gène MEP3 codant pour une<br />

protéine homologue aux transporteurs d'ammonium chez Saccharomyces<br />

cerevisiae". Laboratoire <strong>de</strong> Physiologie Cellulaire et <strong>de</strong> Génétique <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

Levures, département <strong>de</strong> Biologie Moléculaire, Faculté <strong><strong>de</strong>s</strong> Sciences, ULB, Pr.<br />

B. André<br />

DEA en Sciences <strong>de</strong> la santé, Université Libre <strong>de</strong> Bruxelles (2001)<br />

Activités <strong>de</strong> Recherche<br />

Echangeur Na/Ca dans les cellules pancréatiques β <strong>de</strong> rat. Laboratoire <strong>de</strong><br />

Pharmacodynamie et <strong>de</strong> thérapeutique, Faculté <strong>de</strong> Mé<strong>de</strong>cine, ULB, Pr. A.<br />

Herchuelz (1996 – 1997)<br />

Transporteurs basolatéraux <strong>de</strong> chlore dans la maladie rénale polykystique<br />

autosomale dominante<br />

Néphrotoxicité <strong><strong>de</strong>s</strong> aci<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>aristolochiques</strong> : étu<strong>de</strong> in vitro.<br />

Laboratoire <strong>de</strong> Physiopathologie , Faculté <strong>de</strong> Mé<strong>de</strong>cine, ULB, Pr. R.<br />

Beauwens (1998 – 2002)<br />

Néphrotoxicité <strong><strong>de</strong>s</strong> aci<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>aristolochiques</strong> : étu<strong>de</strong> in vivo. LRMP, Faculté <strong>de</strong><br />

Mé<strong>de</strong>cine, ULB, Pr. M. Deschodt-Lankman et Service <strong>de</strong> Néphrologie, Hôpital<br />

Erasme, Dr. J. Nortier, (2003-2006)<br />

Prix scientifique<br />

Prix « Takis Anagnostopoulos » <strong>de</strong> la meilleure communication orale au colloque<br />

“Les cellules rénales et les interactions cellulaires dans les épithéliums: du gène à<br />

la physiopathologie”, Faculté <strong>de</strong> Mé<strong>de</strong>cine Necker, Paris, France, 20 et 21 juin<br />

2002.<br />

Publications scientifiques :<br />

Van Eylen F, Lebeau C, et al. Diabetes 47: 1873-1880, 1998<br />

Lebeau C, et al. Kidney Int. 60: 1332-1342, 2001<br />

Lebeau C, et al. Pflügers Archiv – Eur J Physiol. 444: 722-731, 2002<br />

Lebeau C, et al. Nephrol Dial Transplant. 20: 2321-2332, 2005


REMERCIEMENTS<br />

La réalisation <strong>de</strong> ce travail n’aurait pu aboutir sans les conseils avisés <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

différents responsables <strong>de</strong> laboratoire qui m’ont accueillie. Je souhaite tout d’abord<br />

remercier le Professeur R. Beauwens du Laboratoire <strong>de</strong> Physiologie ainsi que le<br />

Docteur O. Devuyst <strong>de</strong> la Division <strong>de</strong> Néphrologie <strong>de</strong> la Faculté <strong>de</strong> Mé<strong>de</strong>cine <strong>de</strong><br />

l’Université Catholique <strong>de</strong> Louvain pour m’avoir épaulée dans l’élaboration du travail<br />

concernant l’approche in vitro. Je remercie également Madame Yvette Cnops,<br />

technicienne travaillant dans l’unité du Docteur O. Devuyst, pour m’avoir initiée à la<br />

technique <strong><strong>de</strong>s</strong> gels d’électrophorèse. Je tiens ensuite à adresser ma plus vive<br />

gratitu<strong>de</strong> à Madame le Professeur M. Deschodt-Lanckman du Laboratoire <strong>de</strong><br />

Recherche sur le Métabolisme <strong><strong>de</strong>s</strong> Pepti<strong><strong>de</strong>s</strong> pour m’avoir témoigné sa confiance et<br />

encouragée dans la poursuite <strong>de</strong> mon travail <strong>de</strong> thèse avec l’exploration <strong><strong>de</strong>s</strong> aspects<br />

in vivo.<br />

J’adresse également mes remerciements à Monsieur le Professeur J-L.<br />

Vanherweghem pour son soutien constant et ses avis critiques et constructifs.<br />

Je souhaite exprimer toute ma gratitu<strong>de</strong> à l’égard du Docteur Joëlle Nortier,<br />

promoteur <strong>de</strong> ce travail, pour son soutien à toute épreuve. Au cours <strong><strong>de</strong>s</strong> heures<br />

passées à travailler ensemble, j’ai eu l’immense plaisir d’apprécier à sa juste valeur<br />

ses discussions et remarques constructives, son enthousiasme, sa rigueur et son<br />

perfectionnisme.<br />

Mes plus vifs remerciements vont aussi au Docteur Frédéric Debelle pour<br />

m’avoir transmis ses connaissances, guidée dans mes premiers pas au laboratoire et<br />

familiarisée avec le modèle animal. Un tout grand merci à Monsieur Eric De Prez et<br />

Madame Cécile Husson pour leur précieuse ai<strong>de</strong> technique. Merci aussi à Agnieszka<br />

Pozdzik ainsi qu’à Claire, Sofia, Aurore, Pascal et Clau<strong>de</strong> (Laboratoire<br />

d’Immunologie Expérimentale) pour leurs encouragements.


Je ne manquerai pas <strong>de</strong> remercier le Professeur V. Arlt pour sa collaboration<br />

concernant la détection <strong><strong>de</strong>s</strong> adduits d’ADN aux aristolactames, le Professeur I.<br />

Salmon pour ses conseils en histopathologie rénale, le Professeur J-P. Brion et sa<br />

technicienne Madame Michelle Authelet pour l’étu<strong>de</strong> en microscopie électronique.<br />

Je remercie également le Fonds Alphonse et Jean Forton, le Fonds <strong>de</strong> la<br />

Recherche Scientifique Médicale ainsi que la Banque Nationale <strong>de</strong> Belgique pour<br />

leur contribution financière à la réalisation <strong>de</strong> ce travail.<br />

Je ne sais comment remercier mon amie Anne Demols et Gilles Wolles qui ont<br />

toujours su trouver les mots justes pour me soutenir et m’encourager tout au long <strong>de</strong><br />

mon travail <strong>de</strong> thèse.<br />

Je remercie mes parents <strong>de</strong> m’avoir permis d’entamer mes étu<strong><strong>de</strong>s</strong>. Je<br />

remercie très chaleureusement mon frère, Frédéric, pour son soutien et ses<br />

encouragements.<br />

Je ne sais quels mots choisir pour remercier du fond du cœur, Stéphane, pour<br />

son ai<strong>de</strong> à résoudre les pannes liées aux mystères <strong>de</strong> l’informatique ainsi que pour<br />

ses précieux encouragements et son soutien au quotidien.


TABLE DES MATIERES<br />

Pages<br />

Liste <strong><strong>de</strong>s</strong> abréviations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7<br />

Résumé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9<br />

CHAPITRE 1 : INTRODUCTION . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10<br />

1. Le rein : généralités . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10<br />

1.1. Unité anatomique, le néphron . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11<br />

1.2. Unité fonctionnelle, le néphron . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12<br />

1.2.1. Le glomérule . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12<br />

1.2.2. Le tubule rénal . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15<br />

1.2.3. La vascularisation rénale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18<br />

2. Le tubule proximal . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20<br />

2.1. L’épithélium tubulaire proximal . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21<br />

2.2. Réabsorption tubulaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22<br />

2.2.1. Réabsorption du sodium . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22<br />

2.2.2. Réabsorption <strong><strong>de</strong>s</strong> nutriments . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23<br />

2.3. Sécrétion tubulaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24<br />

2.3.1. Sécrétion d’hydrogène . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24<br />

2.3.2. Sécrétion d’ammonium . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25<br />

2.4. Endocytose médiée par récepteur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25<br />

2.4.1. Mégaline et cubiline . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27<br />

2.5. Sécrétion et réabsorption tubulaire <strong><strong>de</strong>s</strong> drogues et xénobiotiques . . . 37<br />

3. Marqueurs urinaires d’atteinte tubulaire proximale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 42<br />

3.1. Atteinte structurelle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 43<br />

3.2. Atteinte fonctionnelle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45<br />

4. Cellules <strong>de</strong> rein d’opossum : modèle d’étu<strong>de</strong> du tubule proximal . . . . . . . 51<br />

4.1. Caractérisation <strong>de</strong> la lignée <strong>de</strong> cellules OK (opossum kidney) . . . . . . . 51<br />

4.2. Endocytose médiée par récepteur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 56<br />

1


5. Toxicité tubulaire <strong><strong>de</strong>s</strong> aci<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>aristolochiques</strong> . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 59<br />

5.1. Néphropathie aux plantes chinoises : aperçu clinique . . . . . . . . . . . . . 61<br />

5.2. Données expérimentales chez l’animal . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 64<br />

5.2.1. Toxicité aiguë . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 64<br />

5.2.2. Toxicité chronique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 64<br />

CHAPITRE 2 : BUTS DU TRAVAIL . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 66<br />

CHAPITRE 3 : METHODOLOGIE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 67<br />

1. Etu<strong>de</strong> in vitro : effets <strong><strong>de</strong>s</strong> aci<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>aristolochiques</strong> sur les cellules rénales<br />

d’opossum . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 67<br />

1.1. Culture <strong><strong>de</strong>s</strong> cellules OK . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 67<br />

1.2. Exposition <strong><strong>de</strong>s</strong> cellules OK à différentes substances . . . . . . . . . . . . . 67<br />

1.2.1. Aci<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>aristolochiques</strong> . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 67<br />

1.2.2. Cadmium . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 68<br />

1.2.3. Autres composés contenus dans les gélules amaigrissantes . . 68<br />

1.3. Réabsorption d’albumine et <strong>de</strong> β2-microglobuline . . . . . . . . . . . . . . . . 69<br />

1.3.1. Compétition avec d’autres protéines . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 69<br />

1.4. Tests <strong>de</strong> cytotoxicité et <strong>de</strong> viabilité cellulaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 70<br />

1.4.1. Dosage <strong>de</strong> lactate déshydrogénase . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 70<br />

1.4.2. Dosage <strong>de</strong> 3-(4,5-diméthyl-thiazoyl-2-yl)-2,5-diphényltétrazolium<br />

bromi<strong>de</strong> (MTT) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 70<br />

1.5. Observations en microscopie <strong><strong>de</strong>s</strong> cellules OK . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 71<br />

1.5.1. Microscopie conventionnelle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 71<br />

1.5.2. Microscopie confocale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 71<br />

1.6. Marquage <strong><strong>de</strong>s</strong> protéines à la [ 35 S]L-méthionine . . . . . . . . . . . . . . . . . 72<br />

1.7. Réabsorption <strong>de</strong> méthyl-α-D-glucopyranosi<strong>de</strong> (AMG) . . . . . . . . . . . . 73<br />

1.8. Détection <strong><strong>de</strong>s</strong> adduits d’ADN spécifiques aux aci<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>aristolochiques</strong> . . 73<br />

1.9. Analyse <strong>de</strong> l’expression <strong>de</strong> la mégaline dans les extraits cellulaires . . 74<br />

1.10. Analyses statistiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 75<br />

2


2. Etu<strong>de</strong> in vivo : effets <strong>de</strong> l’intoxication aux aci<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>aristolochiques</strong> sur l’épithélium<br />

tubulaire proximal <strong>de</strong> rat . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 76<br />

2.1. Conditionnement <strong><strong>de</strong>s</strong> rats Wistar . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 76<br />

2.2. Administration <strong><strong>de</strong>s</strong> aci<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>aristolochiques</strong> aux rats . . . . . . . . . . . . . . . 76<br />

2.2.1. Modèle initial <strong>de</strong> la néphropathie aux aci<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>aristolochiques</strong> : rats<br />

traités pendant 35 jours . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 77<br />

2.2.2. Protocole court : rats traités pendant 5 jours . . . . . . . . . . . . . 77<br />

2.2.3. Protocole <strong><strong>de</strong>s</strong>tiné à <strong><strong>de</strong>s</strong> étu<strong><strong>de</strong>s</strong> histologiques particulières (10 jours)77<br />

2.3. Prélèvement <strong><strong>de</strong>s</strong> urines, du sang et <strong><strong>de</strong>s</strong> reins . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 78<br />

2.4. Dosages <strong>de</strong> la créatinine plasmatique et urinaire . . . . . . . . . . . . . . . . 79<br />

2.5. Dosage <strong>de</strong> l’activité leucine aminopeptidase dans l’urine . . . . . . . . . . 79<br />

2.6. Dosage <strong>de</strong> l’activité endopeptidase neutre dans l’urine . . . . . . . . . . . . 80<br />

2.7. Dosage <strong>de</strong> l’activité N-acétyl-β-D-glucosaminidase dans l’urine . . . . . 81<br />

2.8. Dosage et analyse <strong><strong>de</strong>s</strong> protéines urinaires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 81<br />

2.9. Dosage d’albumine plasmatique et urinaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 82<br />

2.10. Dosage d’alpha-glutathion-S-transférase urinaire . . . . . . . . . . . . . . . 83<br />

2.11. Dosages <strong>de</strong> sodium, potassium et glucose urinaire et plasmatique . . 83<br />

2.12. Histologie rénale conventionnelle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 84<br />

2.13. Immunomarquage <strong>de</strong> l’endopeptidase neutre . . . . . . . . . . . . . . . . . . 86<br />

2.14. Immunomarquages <strong>de</strong> la mégaline et <strong>de</strong> la cubiline . . . . . . . . . . . . . 87<br />

2.15. Microscopie électronique (étu<strong>de</strong> préliminaire) . . . . . . . . . . . . . . . . . . 88<br />

2.16. Détection <strong><strong>de</strong>s</strong> adduits d’ADN spécifiques aux aci<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>aristolochiques</strong> dans le<br />

cortex rénal . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 88<br />

2.17. Analyses statistiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 89<br />

CHAPITRE 4 : RESULTATS . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 90<br />

1. Etu<strong>de</strong> in vitro : effets <strong><strong>de</strong>s</strong> aci<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>aristolochiques</strong> sur la lignée cellulaire <strong>de</strong> rein<br />

d’opossum . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. . . . . . . . . . . . 90<br />

1.1. Endocytose <strong>de</strong> protéines médiée par récepteur . . . . .. . . . . . . . . . . . . 90<br />

1.1.1. Albumine . . . . .. . . . . . . . . . . . . . . . .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 90<br />

1.1.2. Autres protéines . . . . .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 92<br />

1.1.3. β2-microglobuline . . . . .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 92<br />

3


1.1.4. Compétition entre albumine et β2-microglobuline . . . . . . . . . . . 92<br />

1.2. Inhibition <strong>de</strong> la réabsorption d’albumine et <strong>de</strong> β2-microglobuline . . . . . 93<br />

1.2.1. Effets <strong><strong>de</strong>s</strong> aci<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>aristolochiques</strong> . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 94<br />

1.2.2. Effets du cadmium . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 97<br />

1.2.3. Observation <strong>de</strong> l’inhibition en microscopie confocale . . . . . . . 98<br />

1.2.4. Réversibilité <strong>de</strong> l’inhibition . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 99<br />

1.3. Viabilité et fonctionnalité <strong><strong>de</strong>s</strong> cellules OK . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 100<br />

1.3.1. Tests <strong>de</strong> cytotoxicité et <strong>de</strong> viabilité cellulaire . . . . . . . . . . . . . 100<br />

1.3.2. Synthèse <strong><strong>de</strong>s</strong> protéines . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 102<br />

1.3.3. Réabsorption du glucose . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 103<br />

1.4. Détection <strong><strong>de</strong>s</strong> adduits d’ADN spécifiques aux aci<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>aristolochiques</strong> . . 104<br />

1.5. Expression <strong>de</strong> la mégaline . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 106<br />

1.5.1. Colocalisation avec l’albumine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 106<br />

1.5.2. Effets <strong><strong>de</strong>s</strong> aci<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>aristolochiques</strong> . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 107<br />

1.6. Effets d’autres composés contenus dans les gélules amaigrissantes . . 108<br />

2. Etu<strong>de</strong> in vivo : effets <strong>de</strong> l’intoxication aux aci<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>aristolochiques</strong> sur l’épithélium<br />

tubulaire proximal <strong>de</strong> rat . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 109<br />

2.1. Protocole long : rats traités pendant 35 jours . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 109<br />

2.1.1. Paramètres biologiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 111<br />

2.1.1.1. Créatinine plasmatique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 111<br />

2.1.1.2. Protéines et enzymes urinaires . . . . . . . . . . . . . . . . . 111<br />

2.1.1.3. Relations structure-fonction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 116<br />

2.1.2. Observations histologiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 116<br />

2.1.2.1. Histologie conventionnelle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 116<br />

2.1.2.2. Immunomarquage <strong>de</strong> l’endopeptidase neutre . . . . . . 118<br />

2.1.2.3. Evaluation semi-quantitative <strong><strong>de</strong>s</strong> lésions morphologiques 119<br />

2.1.3. Détection <strong><strong>de</strong>s</strong> adduits d’ADN spécifiques aux aci<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>aristolochiques</strong><br />

dans le cortex rénal . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 120<br />

2.2. Protocole <strong>de</strong> suivi <strong><strong>de</strong>s</strong> paramètres urinaires : rats traités pendant 35 jours 121<br />

2.2.1. Paramètres reflétant l’atteinte fonctionnelle . . . . . . . . . . . . . . 122<br />

2.2.2. Paramètres reflétant l’atteinte structurelle . . . . . . . . . . . . . . . 122<br />

2.3. Protocole court : rats traités pendant 5 jours . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 125<br />

2.3.1. Paramètres biologiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 126<br />

4


2.3.1.1. Créatinine plasmatique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 126<br />

2.3.1.2. Protéines et enzymes urinaires . . . . . . . . . . . . . . . . . 127<br />

2.3.1.3. Relations structure-fonction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 130<br />

2.3.2. Observations histologiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 131<br />

2.3.2.1. Histologie conventionnelle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 131<br />

2.3.2.2. Immunomarquage <strong>de</strong> l’endopeptidase neutre . . . . . . 132<br />

2.3.3. Détection <strong><strong>de</strong>s</strong> adduits d’ADN spécifiques aux aci<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>aristolochiques</strong><br />

dans le cortex rénal . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 134<br />

2.4. Protocole <strong><strong>de</strong>s</strong>tiné à <strong><strong>de</strong>s</strong> étu<strong><strong>de</strong>s</strong> histologiques particulières : rats traités pendant<br />

10 jours . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 136<br />

2.4.1. Paramètres biologiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 136<br />

2.4.2. Immunomarquages <strong>de</strong> la mégaline et <strong>de</strong> la cubiline . . . . . . . . 137<br />

2.4.3. Microscopie électronique : résultats préliminaires . . . . . . . . . 138<br />

CHAPITRE 5 : DISCUSSION ET CONCLUSIONS . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 141<br />

1. Discussion et conclusion <strong>de</strong> l’approche in vitro . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 141<br />

2. Discussion et conclusion <strong>de</strong> l’approche in vivo . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 147<br />

3. Conclusion générale et perspectives . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 154<br />

ANNEXE 1 : Sécrétion et réabsorption tubulaires <strong><strong>de</strong>s</strong> drogues et xénobiotiques 158<br />

A.1. Transporteurs tubulaires anioniques (OAT) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 158<br />

A.2. Transporteurs tubulaires cationiques (OCT) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 161<br />

ANNEXE 2 : Effets <strong><strong>de</strong>s</strong> aci<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>aristolochiques</strong> sur l’expression <strong>de</strong> protéines<br />

impliquées dans l’endocytose médiée par récepteur . . . . . . . . . . . . . . 165<br />

5


ARTICLES PUBLIES . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 166<br />

1. Aristolochic acid impe<strong><strong>de</strong>s</strong> endocytosis and induces DNA adducts in proximal tubule<br />

cells. Kidney International 60: 1332-1342, 2001 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 166<br />

2. Early proximal tubule injury in experimental aristolochic acid nephropathy: functional<br />

and histological studies. Nephrol Dial Transplant 20: 2321-2332, 2005 . . . . . . 178<br />

BIBLIOGRAPHIE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 191<br />

THESE ANNEXE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 214<br />

L’étu<strong>de</strong> dans les cellules tubulaires proximales humaines en culture <strong>de</strong> l’effet <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

ochratoxines (A, B, C) sur les agents médiateurs <strong>de</strong> l’apoptose, l’inflammation et la<br />

fibrose <strong>de</strong>vrait permettre <strong>de</strong> caractériser les voies <strong>de</strong> signalisation <strong><strong>de</strong>s</strong> MAP-kinases<br />

impliquées dans le développement <strong>de</strong> la néphropathie tubulo-interstitielle<br />

6


LISTE DES ABREVIATIONS<br />

AA : Aci<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>aristolochiques</strong><br />

AAI : Aci<strong>de</strong> aristolochique <strong>de</strong> type I<br />

AAIa : Aci<strong>de</strong> aristolochique <strong>de</strong> type Ia<br />

AAII : Aci<strong>de</strong> aristolochique <strong>de</strong> type II<br />

ADN : Aci<strong>de</strong> désoxyribonucléique<br />

AMC : 7-amino-4-méthyl-coumarine<br />

AMG : Méthyl-α-D-glucopyranosi<strong>de</strong><br />

AMP : Adénosine monophosphate<br />

ATP : Adénosine triphosphate<br />

BCA : Aci<strong>de</strong> bicinchoninique<br />

BSA : Albumine sérique bovine<br />

CHN : Chinese-herb nephropathy, Néphropathie aux plantes chinoises<br />

CPM : Coups par minute<br />

CUB : Complement subcomponents C1r/C1s, epi<strong>de</strong>rmal growth factor-related<br />

sea urchin protein and bone morphogenic protein-1<br />

Cy5 : Cyanine 5<br />

dA-AAI : 7-(déoxyadénosine-N 6 -yl)aristolactame I<br />

dA-AAII : 7-(déoxyadénosine-N 6 -yl)aristolactame II<br />

DAB : 3, 3’-diaminobenzidine<br />

Dab2 : Disabled protein 2<br />

dG-AAI : 7-(déoxyguanosine-N 2 -yl)aristolactame I<br />

DMEM : Milieu Dubbelcco modifié selon Eagle<br />

DMSO : Sulfoxi<strong>de</strong> diméthyle<br />

EC : Enzyme Commission numbers<br />

ECL : Enhanced chemoluminescence<br />

EDTA : Aci<strong>de</strong> tétraacétique éthylènediamine<br />

EGF : Epi<strong>de</strong>rmal growth factor<br />

ELISA : Enzyme-linked immunosorbent assay<br />

FITC : Fluorescéine isothiocyanate<br />

GST : Glutathion-S-transférase<br />

HDL : High <strong>de</strong>nsity lipoprotein, Lipoprotéine <strong>de</strong> haute <strong>de</strong>nsité<br />

HEPES : Aci<strong>de</strong> N-(2-hydroxyéthyl)piperazine-N’-2-éthanesulphonique<br />

HPLC : Chromatographie liqui<strong>de</strong> à haute performance (ou pression)<br />

HRP : Horseradish peroxidase<br />

IGF-1 : Insulin-like growth factor 1<br />

7


Km : Constante <strong>de</strong> Michaelis-Menten<br />

LAP : Leucine aminopeptidase<br />

LDH : Lactate déshydrogénase<br />

LDL : Low <strong>de</strong>nsity lipoprotein, Lipoprotéine <strong>de</strong> faible <strong>de</strong>nsité<br />

LRP : Low <strong>de</strong>nsity lipoprotein receptor related protein<br />

MDR : Multidrug resistance protein<br />

MOPS : Aci<strong>de</strong> morpholinopropanesulphonique<br />

MRP : Multidrug resistance-associated proteins<br />

MTT : 3-(4,5-diméthyl-thiazoyl-2-yl)-2,5-diphenyltétrazolium bromi<strong>de</strong><br />

NAD : Nicotinami<strong>de</strong> adénine dinucléoti<strong>de</strong><br />

NAG : N-acétyl-β-D-glucosaminidase<br />

NaPi : Co-transporteur sodium/phosphate<br />

NEP : Endopeptidase neutre (EC 3.4.24.11)<br />

NHE3 : Echangeur sodium/hydrogène <strong>de</strong> type 3<br />

OAT : Transporteurs d’anions organiques<br />

OCT : Transporteurs <strong>de</strong> cations organiques<br />

OK : Opossum kidney, Rein d’opossum<br />

PAH : Para-aminohippurate<br />

PAI-1 : Plasminogen activator inhibitor-1<br />

PAP : Pancreatitis associated protein-1<br />

PAS : Aci<strong>de</strong> periodique Schiff<br />

PEG : Polyéthylène glycol<br />

PTH : Hormone parathyroïdienne<br />

RAP : Receptor associated protein, Protéine associée au récepteur<br />

RBP : Retinol binding protein, protéine <strong>de</strong> liaison au rétinol<br />

SDS : Dodécyl sulfate <strong>de</strong> sodium<br />

TBS : Tampon Tris salin<br />

TGF-β1 : Transforming growth factor β1<br />

TMB : 3,3’,5,5’ tétraméthylbenzidine<br />

tPA : Tissue plasminogen activator, Activateur tissulaire du plasminogène<br />

TRIC : Tétraméthylrhodamine isothiocyanate<br />

VLDL : Very low <strong>de</strong>nsity lipoprotein, Lipoprotéine <strong>de</strong> très faible <strong>de</strong>nsité<br />

Vmax : Vitesse maximale<br />

8


RESUME<br />

Les aci<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>aristolochiques</strong> (AA) présents dans les aristoloches sont impliqués<br />

dans le développement d’une insuffisance rénale progressive chez l’homme, appelée<br />

néphropathie aux plantes chinoises (CHN). Elle se caractérise par une atrophie<br />

tubulaire sévère et une fibrose interstitielle associée à une fréquence élevée <strong>de</strong><br />

cancers urothéliaux. L’observation en clinique d’une protéinurie tubulaire a suggéré<br />

que le tubule proximal était la cible <strong><strong>de</strong>s</strong> AA.<br />

Le but <strong><strong>de</strong>s</strong> travaux présentés est d’explorer les premières altérations induites<br />

par les AA au niveau <strong>de</strong> la cellule tubulaire proximale.<br />

L’approche in vitro montre que les AA inhibent <strong>de</strong> manière irréversible la<br />

réabsorption d’albumine par les cellules <strong>de</strong> rein d’opossum (OK). L’altération par les<br />

AA du processus d’endocytose médiée par récepteur s’expliquerait en partie par une<br />

diminution <strong>de</strong> l’expression <strong>de</strong> la mégaline.<br />

L’approche in vivo confirme la survenue précoce d’altérations structurelles et<br />

fonctionnelles <strong>de</strong> l’épithélium tubulaire proximal dans le modèle <strong>de</strong> rat <strong>de</strong> la<br />

néphropathie aux AA. L’évolution <strong>de</strong> ces atteintes est biphasique : phase aiguë<br />

précoce suivie d’une phase chronique conduisant à une atrophie tubulaire majeure et<br />

une fibrose interstitielle. De plus, la diminution <strong>de</strong> l’expression <strong>de</strong> la mégaline et <strong>de</strong> la<br />

cubiline indique également que les AA interfèrent in vivo avec le mécanisme<br />

d’endocytose médiée par récepteur.<br />

En conclusion, les résultats in vivo confirment les observations in vitro, selon<br />

lesquelles les AA induisent <strong><strong>de</strong>s</strong> altérations très précoces <strong><strong>de</strong>s</strong> cellules tubulaires<br />

proximales. Une meilleure compréhension, à l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>ux approches, <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

mécanismes physiopathologiques <strong>de</strong> l’atteinte tubulaire proximale précoce et <strong>de</strong> son<br />

évolution fournirait <strong><strong>de</strong>s</strong> informations clés pour comprendre le développement et la<br />

progression <strong><strong>de</strong>s</strong> maladies rénales aiguës et/ou chroniques.<br />

9


CHAPITRE 1 : INTRODUCTION<br />

1. Le rein : généralités<br />

Les reins sont au nombre <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux et situés entre le péritoine pariétal et la<br />

paroi postérieure <strong>de</strong> l’abdomen. Pour un homme adulte, chaque rein pèse entre 115<br />

et 170 g et mesure en moyenne 10 à 12 cm <strong>de</strong> long, 5 à 7,5 cm <strong>de</strong> large et 2,5 cm<br />

d’épaisseur.<br />

Les reins font partie <strong>de</strong> l’appareil urinaire : l’urine est excrétée <strong>de</strong> chaque rein<br />

par son uretère et accumulée dans la vessie avant d’être évacuée hors <strong>de</strong><br />

l’organisme par l’urètre.<br />

Une <strong><strong>de</strong>s</strong> fonctions principales du rein est <strong>de</strong> maintenir l’homéostasie <strong>de</strong><br />

l’organisme en régulant la composition, le volume et la pression du sang. Pour y<br />

parvenir, le rein contrôle, par réabsorption, l’élimination du sel et <strong>de</strong> l’eau afin <strong>de</strong><br />

maintenir la constance du volume et <strong>de</strong> l’osmolalité du compartiment extracellulaire.<br />

Le rein participe également à la régulation <strong>de</strong> l’équi<strong>libre</strong> aci<strong>de</strong>-base, à l’élimination<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> produits terminaux du métabolisme (par exemple : urée, aci<strong>de</strong> urique) et <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

substances étrangères (par exemple : médicaments, toxines) mais aussi à la<br />

conservation simultanée <strong><strong>de</strong>s</strong> composants essentiels comme le glucose ou les aci<strong><strong>de</strong>s</strong><br />

aminés. Le fonctionnement physiologique du rein est sous la dépendance<br />

d’hormones, comme le système rénine-angiotensine-aldostérone qui participe au<br />

maintien <strong>de</strong> la pression sanguine. Le rein synthétise aussi l’érythropoïétine qui régule<br />

la capacité <strong>de</strong> transport <strong>de</strong> l’oxygène du sang via la stimulation <strong>de</strong> l’érythropoïèse.<br />

Enfin, le rein joue également un rôle dans le catabolisme (exemple : la dégradation<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> protéines et <strong><strong>de</strong>s</strong> pepti<strong><strong>de</strong>s</strong>) et la gluconéogenèse.<br />

10


1.1. Unité anatomique, le néphron<br />

La structure macroscopique <strong><strong>de</strong>s</strong> reins présente l’arrangement <strong><strong>de</strong>s</strong> néphrons<br />

(Fig. 1). Le parenchyme, partie fonctionnelle du rein, est composé d’une région<br />

externe, le cortex et une région interne, la médullaire. Le parenchyme rénal contient<br />

approximativement un million <strong>de</strong> structures microscopiques appelées néphrons qui<br />

constituent les unités fonctionnelles du rein. Les néphrons sont localisés pour la plus<br />

gran<strong>de</strong> part dans le cortex mais aussi dans la médullaire.<br />

Hile<br />

Figure 1. Structure macroscopique du rein <strong>de</strong> mammifère. D’après Wheater P.R. et al.<br />

[Wheater P.R. et al., 1979].<br />

La médullaire est composée <strong>de</strong> structures triangulaires striées, les pyrami<strong><strong>de</strong>s</strong><br />

médullaires ou pyrami<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong> Malpighi. Leur aspect strié s’explique par la présence<br />

<strong>de</strong> tubules droits et <strong>de</strong> vaisseaux sanguins. Les bases <strong><strong>de</strong>s</strong> pyrami<strong><strong>de</strong>s</strong> font face au<br />

cortex, tandis que leurs sommets, les papilles rénales, sont orientés vers le centre du<br />

rein.<br />

11


Le cortex est la région d’aspect lisse qui s’étend <strong>de</strong> la capsule rénale aux<br />

bases <strong><strong>de</strong>s</strong> pyrami<strong><strong>de</strong>s</strong> et dans l’espace entre celles-ci. Le cortex se divise en une<br />

région corticale externe et une région juxta-médullaire interne.<br />

Les calices majeurs ou mineurs sont <strong><strong>de</strong>s</strong> espaces en forme d’entonnoir,<br />

chaque petit calice reçoit l’urine <strong><strong>de</strong>s</strong> tubules collecteurs d’une pyrami<strong>de</strong> et la déverse<br />

dans un grand calice. Les calices convergent pour former une gran<strong>de</strong> cavité, le<br />

bassinet rénal. L’urine est évacuée vers la vessie par l’uretère.<br />

L’artère et la veine rénale pénètrent et quittent le rein au-<strong><strong>de</strong>s</strong>sus <strong>de</strong> l’uretère<br />

au niveau du hile.<br />

Le rein est entouré <strong>de</strong> 3 couches <strong>de</strong> tissus. La couche interne, la capsule<br />

fibreuse est une membrane fibreuse lisse et transparente qui est en continuité avec<br />

la couche externe <strong>de</strong> l’uretère au niveau du hile. La couche moyenne, la capsule<br />

adipeuse, est une masse <strong>de</strong> tissu adipeux qui entoure la capsule fibreuse. La couche<br />

externe, le fascia rénal, est une fine couche <strong>de</strong> tissu conjonctif <strong>de</strong>nse irrégulier qui<br />

fixe le rein aux organes adjacents et à la paroi abdominale.<br />

1.2. Unité fonctionnelle, le néphron<br />

Le néphron est l’unité fonctionnelle du rein dont les trois fonctions principales<br />

sont : la filtration, la réabsorption et la sécrétion. Le néphron est constitué <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux<br />

parties principales : le corpuscule rénal ou glomérule rénal et le tubule rénal. (Fig. 2)<br />

1.2.1. Le glomérule<br />

Le glomérule rénal est la partie du néphron responsable <strong>de</strong> la filtration du<br />

sang. Il est composé <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux structures, la capsule <strong>de</strong> Bowman et le glomérule (Fig.<br />

3).<br />

12


CONNECTING TUBULE<br />

ASCENDING THIN LIMB<br />

OF HENLE’S LOOP<br />

GLOMERULUS<br />

DISTAL CONVOLUTED TUBULE<br />

DISTAL STRAIGHT TUBULE<br />

(THICK ASCENDING LIMB OF HENLE’S LOOP)<br />

Figure 2. Schéma <strong><strong>de</strong>s</strong> différentes subdivisions d’un rein <strong>de</strong> mammifère montrant la<br />

localisation <strong><strong>de</strong>s</strong> segments <strong><strong>de</strong>s</strong> néphrons par rapport aux parties du rein. D’après Maunsbach<br />

A.B. et al. [Maunsbach A.B. et al., 1992].<br />

La capsule <strong>de</strong> Bowman est formée par une seule couche <strong>de</strong> cellules aplaties<br />

reposant sur une membrane basale et constitue le feuillet pariétal qui est en<br />

continuité avec l’épithélium bordant le tubule rénal.<br />

Le glomérule est composé d’un réseau capillaire étroitement pelotonné qui<br />

s’invagine dans la capsule <strong>de</strong> Bowman et est enveloppé par une couche <strong>de</strong> cellules<br />

épithéliales, les podocytes, qui forment le feuillet viscéral <strong>de</strong> la capsule <strong>de</strong> Bowman.<br />

13


Figure 3. Schéma <strong><strong>de</strong>s</strong> principales structures du glomérule <strong>de</strong> mammifère. [Wheater P.R. et<br />

al., 1979].<br />

L’espace entre le feuillet pariétal et viscéral, appelé espace capsulaire, est en<br />

continuité avec la lumière du tubule rénal et constitue le pôle urinaire. A l’opposé,<br />

au pôle vasculaire, l’artériole afférente amène le sang au glomérule et le sang quitte<br />

le glomérule par l’artériole efférente après avoir circulé dans les capillaires.<br />

Le mésangium, composé <strong><strong>de</strong>s</strong> cellules mésangiales et <strong>de</strong> la matrice<br />

mésangiale, est un autre élément important du glomérule. Les cellules mésangiales,<br />

apparentées aux monocytes, entourent les capillaires glomérulaires, leur fournissant<br />

un support structurel. Les cellules produisent la matrice extracellulaire, possé<strong>de</strong>nt<br />

une activité <strong>de</strong> phagocytose et sécrètent <strong><strong>de</strong>s</strong> prostaglandines, <strong><strong>de</strong>s</strong> pepti<strong><strong>de</strong>s</strong> et <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

cytokines.<br />

La fonction principale du glomérule est l’ultrafiltration du plasma au travers <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

capillaires glomérulaires. La barrière <strong>de</strong> filtration est composée <strong>de</strong> l’endothélium du<br />

capillaire, la membrane basale du capillaire et les podocytes. L’endothélium présente<br />

<strong>de</strong> nombreux pores ou fenestrations permettant à l’eau, aux protéines <strong>de</strong> petite taille<br />

et aux petites molécules <strong>de</strong> soluté comme le sodium, l’urée et le glucose, <strong>de</strong> passer<br />

14


<strong>libre</strong>ment mais retenant les cellules. Comme les cellules endothéliales expriment <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

glycoprotéines chargées négativement à leur surface, la filtration <strong><strong>de</strong>s</strong> grosses<br />

protéines anioniques peut être retardée. La membrane basale du capillaire est une<br />

matrice poreuse <strong>de</strong> protéines extracellulaires présentant <strong><strong>de</strong>s</strong> charges négatives à sa<br />

surface, c’est une barrière <strong>de</strong> filtration importante pour les protéines plasmatiques.<br />

Les podocytes possè<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> longs prolongements cytoplasmiques en forme <strong>de</strong><br />

pieds, appelés pédicelles, qui entourent complètement la surface externe <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

capillaires. Les pédicelles entremêlés recouvrent la membrane basale, les espaces<br />

présents entre les pédicelles forment les fentes <strong>de</strong> filtration. Une membrane mince<br />

s’étend à la surface <strong>de</strong> ces fentes <strong>de</strong> filtration, empêchant le passage <strong><strong>de</strong>s</strong> protéines<br />

<strong>de</strong> taille moyenne (Fig. 4).<br />

La structure <strong>de</strong> la barrière <strong>de</strong> filtration glomérulaire détermine la composition<br />

<strong>de</strong> l’ultrafiltrat du plasma. La barrière <strong>de</strong> filtration glomérulaire limite la filtration <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

molécules en fonction <strong>de</strong> leur taille et <strong>de</strong> leur charge électrique. En général, les<br />

molécules neutres <strong>de</strong> rayon inférieur à 20 Å sont filtrées <strong>libre</strong>ment, les molécules <strong>de</strong><br />

rayon supérieur à 42 Å ne sont pas filtrées et les molécules comprises entre 20 et 42<br />

Å sont filtrées à <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong>grés variables.<br />

Le taux <strong>de</strong> filtration glomérulaire est <strong>de</strong> l’ordre <strong>de</strong> 120 ml/min, correspondant à<br />

environ 180 litres <strong>de</strong> plasma filtré par jour.<br />

L’ultrafiltrat plasmatique ou l’urine primitive possè<strong>de</strong> les mêmes concentrations en<br />

sels et en molécules organiques que le plasma.<br />

1.2.2. Le tubule rénal<br />

L’ultrafiltrat, contenu dans l’espace capsulaire, est déversé dans le tubule<br />

rénal qui s’étend <strong>de</strong> la capsule <strong>de</strong> Bowman jusqu’à sa jonction avec un tube<br />

collecteur. La première fonction du tubule rénal est la réabsorption sélective <strong>de</strong> l’eau,<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> ions inorganiques et d’autres molécules au départ <strong>de</strong> l’ultrafiltrat glomérulaire.<br />

15


Le tubule rénal est bordé par une couche unique <strong>de</strong> cellules épithéliales et<br />

comporte trois segments principaux qui sont dans l’ordre : le tubule contourné<br />

proximal, l’anse <strong>de</strong> Henlé et le tubule contourné distal (Fig. 2).<br />

A B<br />

Podocyte<br />

Anses capillaires Espace <strong>de</strong> Bowman<br />

C<br />

0,3 µm<br />

Pore dans<br />

l’endothélium<br />

Lumière du<br />

capillaire<br />

Fentes <strong>de</strong> filtration Pédicelles<br />

Espace <strong>de</strong> Bowman<br />

Podocyte<br />

Membrane basale<br />

Pédicelles<br />

Fentes <strong>de</strong> filtration<br />

Figure 4. Observation en microscopie électronique d’un glomérule (A, grossissement ×<br />

1440) et d’une anse d’un capillaire glomérulaire (B, grossissement × 7200). Vue en section<br />

longitudinale d’un capillaire glomérulaire (C, grossissement × 36000); sur la partie gauche, la<br />

distribution <strong><strong>de</strong>s</strong> charges négatives dans la paroi du capillaire glomérulaire est indiquée.<br />

D’après Valtin H. [Valtin H., 1983].<br />

16


Le tubule proximal est la partie du tubule attachée à la capsule glomérulaire<br />

et la plus longue. La portion initiale du tubule est contournée (tube contourné<br />

proximal, pars convoluta) et se prolonge par une section droite (pars recta). Le tubule<br />

proximal constitue l’essentiel du cortex rénal. Ce segment est plus longuement<br />

détaillé dans les pages suivantes (pages : 20-41).<br />

L’anse <strong>de</strong> Henlé débute à la partie terminale <strong>de</strong> la pars recta sous forme<br />

d’une branche droite à paroi mince, la branche grêle <strong><strong>de</strong>s</strong>cendante, et s’étend du<br />

cortex à la médullaire. Après formation d’une boucle en épingle à cheveux, l’anse <strong>de</strong><br />

Henlé remonte dans le cortex rénal sous forme d’une branche fine ascendante<br />

(uniquement pour les néphrons avec <strong>de</strong> longues anses <strong>de</strong> Henlé) et d’une branche à<br />

paroi plus épaisse, la branche large ascendante.<br />

Un petit segment <strong>de</strong> l’anse large ascendante est constitué <strong>de</strong> cellules spécialisées, la<br />

macula <strong>de</strong>nsa, qui jouxtent l’artériole afférente et efférente du néphron concerné. Les<br />

cellules <strong>de</strong> la macula <strong>de</strong>nsa contrôlent la concentration en sel (NaCl) dans le liqui<strong>de</strong><br />

<strong>de</strong> la lumière du tubule.<br />

L’anse <strong>de</strong> Henlé a pour fonction <strong>de</strong> produire un gradient osmotique du cortex au<br />

sommet <strong>de</strong> la médullaire rénale. La forte pression osmotique <strong><strong>de</strong>s</strong> liqui<strong><strong>de</strong>s</strong><br />

extracellulaires et la présence <strong>de</strong> l’hormone antidiurétique permettent la sortie <strong>de</strong><br />

l’eau par osmose à partir du liqui<strong>de</strong> contenu dans les tubules connecteurs et les<br />

tubes collecteurs. L’anse <strong>de</strong> Henlé et l’hormone antidiurétique sont donc<br />

responsables <strong>de</strong> la production d’une urine qui est hypertonique par rapport au<br />

plasma.<br />

Le tubule distal débute par une portion droite qui correspond à la branche<br />

large ascendante <strong>de</strong> l’anse <strong>de</strong> Henlé et se prolonge par une partie contournée.<br />

Le tubule distal a pour rôle essentiel <strong>de</strong> réabsorber les ions sodium du liqui<strong>de</strong><br />

tubulaire. Ce processus, directement lié à la sécrétion d’ions hydrogène et potassium<br />

dans le flui<strong>de</strong> tubulaire, est sous le contrôle <strong>de</strong> l’aldostérone, une hormone sécrétée<br />

par le cortex surrénalien.<br />

Le tubule connecteur relie ensuite le tubule distal au tubule collecteur. Le<br />

tubule collecteur se subdivise en une partie corticale et une partie médullaire : le<br />

17


tubule collecteur <strong>de</strong> la médullaire externe suivi du tubule collecteur <strong>de</strong> la médullaire<br />

interne.<br />

Les tubes collecteurs <strong>de</strong>viennent perméables à l’eau en présence d’hormone<br />

antidiurétique sécrétée par l’hypophyse. L’eau est alors attirée vers l’extérieur en<br />

raison <strong>de</strong> la forte pression osmotique <strong><strong>de</strong>s</strong> flui<strong><strong>de</strong>s</strong> extracellulaires médullaires.<br />

1.2.3. La vascularisation rénale<br />

Le débit sanguin rénal, assuré par les artères rénales, représente 20 à 25 %<br />

du débit cardiaque, soit environ 1200 ml/min. L’artère rénale se divise en cinq artères<br />

segmentaires afin d’irriguer les différents segments rénaux. Chaque artère<br />

segmentaire se ramifie en artères interlobaires, qui pénètrent le parenchyme et<br />

passent entre les pyrami<strong><strong>de</strong>s</strong> rénales. A la jonction cortico-médullaire, les artères<br />

interlobaires <strong>de</strong>viennent arquées, elles se divisent en une série d’artères<br />

interlobulaires, lesquelles s’enfoncent dans le cortex et se ramifient en artérioles<br />

afférentes. L’artériole afférente se scin<strong>de</strong> pour former les capillaires glomérulaires qui<br />

ensuite fusionnent pour constituer l’artériole efférente à la sortie du glomérule.<br />

Chaque artériole efférente d’un néphron cortical se ramifie en un réseau <strong>de</strong><br />

capillaires péritubulaires autour <strong><strong>de</strong>s</strong> tubules contournés proximal et distal. L’artériole<br />

efférente d’un néphron juxta-médullaire se divise également en capillaires<br />

péritubulaires ainsi qu’en vaisseaux en forme <strong>de</strong> boucle allongée, les vasa recta, qui<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong>cen<strong>de</strong>nt le long <strong>de</strong> l’anse <strong>de</strong> Henlé dans la médullaire (Fig. 5).<br />

Les capillaires péritubulaires se réunissent pour former les veinules péritubulaires,<br />

puis successivement les veines interlobulaires, les veines arquées, les veines<br />

interlobaires, les veines segmentaires et la veine rénale qui sort du rein au hile.<br />

18


A<br />

C<br />

MR = medullary ray<br />

CL = cortical labyrinth<br />

OS = outer stripe<br />

IS = inner stripe<br />

IM = inner medulla<br />

P = renal pelvis<br />

Artères<br />

interlobulaires<br />

Glomérule<br />

Vasa recta<br />

Figure 5. A. Vascularisation artérielle rénale (coupe longitudinale d’un rein <strong>de</strong> lapin). 1 :<br />

artère rénale, 2 : artère interlobaire, 3 : artère arquée, 4: artères interlobulaires. B.<br />

Vascularisation artérielle du cortex et <strong>de</strong> la médulaire externe (coupe longitudinale d’un rein<br />

<strong>de</strong> lapin). D’après INSERM [INSERM., 1980]. C. Schéma <strong>de</strong> la vascularisation rénale.<br />

D’après Kriz W. et al. [Kriz W. et al., 1988].<br />

B<br />

19


2. Le tubule proximal<br />

Le tubule proximal réabsorbe environ 99 % du volume <strong>de</strong> l’ultrafiltrat<br />

glomérulaire (environ 178 l par jour), contenant <strong><strong>de</strong>s</strong> sels, du glucose, <strong><strong>de</strong>s</strong> aci<strong><strong>de</strong>s</strong><br />

aminés, <strong><strong>de</strong>s</strong> vitamines, <strong><strong>de</strong>s</strong> protéines et d’autres nutriments ainsi que <strong><strong>de</strong>s</strong> produits du<br />

métabolisme. Les constituants réabsorbés <strong>de</strong> l’ultrafiltrat retournent ensuite dans le<br />

sang à travers la paroi du tubule. La portion restante <strong>de</strong> l’ultrafiltrat (1 %, environ 1,5 l<br />

par jour) est excrétée sous forme d’urine. Le tubule proximal réabsorbe au départ <strong>de</strong><br />

l’ultrafiltrat 65 % d’eau, <strong>de</strong> Na + et K + , 60 % <strong>de</strong> Ca 2+ , 15 % <strong>de</strong> Mg 2+ , 55 % <strong>de</strong> Cl - , 93 %<br />

<strong>de</strong> bicarbonate, 65 % <strong>de</strong> phosphate, 96 % du glucose, presque 100 % <strong><strong>de</strong>s</strong> protéines.<br />

Ces protéines, dites <strong>de</strong> faible poids moléculaire, correspon<strong>de</strong>nt entre autres à la β2-<br />

microglobuline, l’α1-microglobuline, l’α2-microglobuline, la protéine <strong>de</strong> liaison à la<br />

vitamine D, la protéine <strong>de</strong> liaison au rétinol, la protéine <strong><strong>de</strong>s</strong> cellules <strong>de</strong> Clara<br />

(d’origine pulmonaire), le lysozyme ainsi que l’albumine.<br />

Les protéines sont réabsorbées à la membrane apicale <strong><strong>de</strong>s</strong> cellules épithéliales du<br />

tubule proximal par un processus complexe et spécifique : l’endocytose médiée par<br />

récepteur. Après l’endocytose, les protéines sont dégradées par la voie lysosomale,<br />

les aci<strong><strong>de</strong>s</strong> aminés produits ainsi que les autres substances réabsorbées sont<br />

transportées au travers <strong>de</strong> la membrane basolatérale <strong>de</strong> la cellule et retournent dans<br />

les capillaires rénaux (Fig. 6).<br />

Apical membrane<br />

Basolateral membrane<br />

Figure 6. Schéma <strong>de</strong> la fonction tubulaire proximale: la réabsorption <strong>de</strong> l’ultrafiltrat<br />

glomérulaire par une cellule tubulaire proximale. D’après Christensen EI et al. [Christensen<br />

E.I. et al., 2002]<br />

20


L’altération <strong>de</strong> ce mécanisme <strong>de</strong> réabsorption tubulaire augmente le taux <strong>de</strong><br />

protéines dans l’urine, conduisant à une protéinurie dite tubulaire.<br />

2.1. L’épithélium tubulaire proximal<br />

Les cellules épithéliales du tubule proximal sont <strong><strong>de</strong>s</strong> cellules polarisées<br />

possédant une membrane apicale ou luminale, -côté urine-, qui se distingue très<br />

nettement d’un point <strong>de</strong> vue fonctionnel <strong>de</strong> la membrane basale située côté sanguin.<br />

D’un point <strong>de</strong> vue structurel, la membrane apicale présente <strong><strong>de</strong>s</strong> microvillosités, dont<br />

l’ensemble forme la bordure en brosse, augmentant significativement la surface <strong>de</strong> la<br />

membrane.<br />

Chez la plupart <strong><strong>de</strong>s</strong> espèces <strong>de</strong> mammifères, le tubule proximal se subdivise<br />

en 3 segments en fonction <strong>de</strong> la structure <strong><strong>de</strong>s</strong> cellules tubulaires proximales. Les<br />

<strong>de</strong>ux premiers segments sont principalement localisés dans la partie contournée<br />

(pars convoluta) et le troisième constitue la majeure partie <strong>de</strong> la section droite (pars<br />

recta).<br />

Chez le rat, le premier segment S1 se compose du début <strong>de</strong> la partie contournée, le<br />

second segment S2 consiste en la fin <strong>de</strong> la partie contournée et le tout début <strong>de</strong> la<br />

section droite, et le troisième segment S3 comprend le reste <strong>de</strong> la section droite. Les<br />

cellules du segment S1 sont plus gran<strong><strong>de</strong>s</strong>, les microvillosités <strong>de</strong> la bordure en brosse<br />

plus longues et les vacuoles apicales d’endocytose plus nombreuses que dans le<br />

segment S2. Au niveau du segment S3, les microvillosités <strong>de</strong> la bordure en brosse<br />

sont plus longues que pour les segments S1 et S2. Les mitochondries <strong><strong>de</strong>s</strong> cellules<br />

du segment S3 sont plus petites, moins nombreuses et dispersées <strong>de</strong> manière plus<br />

aléatoire que dans les <strong>de</strong>ux autres segments, et ne présentent pas une association<br />

étroite avec la membrane plasmique (Fig. 7).<br />

21


Figure 7. Schéma <strong>de</strong> l’ultrastructure <strong>de</strong> l’épithélium <strong>de</strong> chacun <strong><strong>de</strong>s</strong> 3 segments du tubule<br />

proximal chez le rat (S1 à S3), illustrant les différences d’organisation cellulaire et <strong>de</strong><br />

distribution <strong><strong>de</strong>s</strong> mitochondries (M), lysosomes (L) vacuoles d’endocytose (E) et peroxisomes<br />

(P). [Maunsbach A.B. et al., 1992]<br />

2.2. Réabsorption tubulaire<br />

2.2.1. Réabsorption du sodium<br />

Les ions sodium sont réabsorbés dans chaque partie du tubule rénal par <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

systèmes <strong>de</strong> transport qui permettent non seulement <strong>de</strong> récupérer le sodium filtré par<br />

le glomérule mais aussi l’eau, les anions et les nutriments. D’autre part, ces<br />

systèmes <strong>de</strong> transport entraînent parfois la sécrétion <strong>de</strong> substances inutiles telles<br />

que les ions H + et K + excé<strong>de</strong>ntaires.<br />

La concentration intracellulaire du sodium inférieure à la concentration extracellulaire<br />

ainsi que le potentiel intracellulaire négatif induisent un gradient électrochimique<br />

permettant aux ions sodium contenus dans l’ultrafiltrat <strong>de</strong> rentrer par diffusion<br />

passive dans la cellule au travers <strong>de</strong> la bordure en brosse <strong>de</strong> la membrane apicale.<br />

Simultanément, la pompe Na + /K + -ATPase située à la membrane basale expulse du<br />

Na + hors <strong>de</strong> la cellule, tout en introduisant du K + dans la cellule. Les ions K + étant<br />

plus concentrés à l’intérieur <strong>de</strong> la cellule qu’à l’extérieur, le K + diffuse à l’extérieur <strong>de</strong><br />

la cellule par <strong><strong>de</strong>s</strong> canaux (Fig. 8).<br />

22


Na + Na + Na + Na +<br />

K + K +<br />

Na + Na + Na + Na +<br />

K + K +<br />

H 2 O<br />

Cl- Cl , HCO -<br />

3 - , HCO -<br />

3<br />

urée<br />

Apical Basolatéral<br />

Figure 8. Schéma <strong>de</strong> la réabsorption du sodium par la cellule tubulaire proximale du rein <strong>de</strong><br />

mammifère. Le sodium entre dans la cellule par diffusion passive à la membrane apicale et<br />

est transporté à la membrane basale par la pompe Na + /K + -ATPase. Le potassium est<br />

expulsé <strong>de</strong> la cellule par les canaux K + .<br />

Le transport actif primaire <strong>de</strong> sodium par la pompe Na + /K + -ATPase favorise la<br />

réabsorption <strong>de</strong> l’eau par osmose. Par conséquent, la concentration d’autres solutés<br />

est augmentée dans l’ultrafiltrat favorisant ainsi la réabsorption par diffusion facilitée<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> ions K + , Cl - et HCO3 - .<br />

2.2.2. Réabsorption <strong><strong>de</strong>s</strong> nutriments<br />

Na + Na +<br />

H 2 O<br />

Figure 9. Schéma <strong>de</strong> la réabsorption <strong><strong>de</strong>s</strong> nutriments par la cellule tubulaire proximale du rein<br />

<strong>de</strong> mammifère. Le glucose est réabsorbé par le symporteur sodium-glucose.<br />

Na + Na +<br />

K + K +<br />

glucose glucose<br />

ATP<br />

ADP<br />

K + K +<br />

H 2 O<br />

Cl- Cl , HCO -<br />

3 - , HCO -<br />

3<br />

urée<br />

Na + Na +<br />

K + K +<br />

Na + Na +<br />

K + K +<br />

ATP<br />

ADP<br />

Apical Basolatéral<br />

23


Le glucose filtré, les aci<strong><strong>de</strong>s</strong> aminés, l’aci<strong>de</strong> lactique et d’autres métabolites<br />

sont réabsorbés par les symporteurs <strong>de</strong> sodium, qui fonctionnent par transport actif<br />

secondaire. Un symporteur sodium-glucose achemine un ion Na + et une molécule <strong>de</strong><br />

glucose à l’intérieur <strong>de</strong> la cellule et la pompe à sodium permet <strong>de</strong> maintenir la<br />

concentration intracellulaire faible en ions Na + . La réabsorption <strong><strong>de</strong>s</strong> nutriments<br />

entraîne également la réabsorption d’eau par osmose (Fig. 9).<br />

2.3. Sécrétion tubulaire<br />

Les métabolites <strong>de</strong> l’organisme comme l’aci<strong>de</strong> urique, le glucuroni<strong>de</strong>,<br />

l’hippurate, les sulfates ainsi que <strong><strong>de</strong>s</strong> substances exogènes (pénicilline, diurétiques,<br />

aci<strong>de</strong> para-aminohippurique) parviennent dans l’urine tubulaire par sécrétion<br />

transcellulaire. D’autres substances, comme l’ammoniaque et les ions H + , sont<br />

uniquement produites par le métabolisme <strong>de</strong> la cellule tubulaire et parviennent dans<br />

le tubule par sécrétion cellulaire.<br />

La sécrétion tubulaire a pour fonction d’éliminer certaines substances <strong>de</strong><br />

l’organisme et <strong>de</strong> réguler le pH. Les substances sécrétées sont les ions K + , H + et<br />

NH4 + , la créatinine et <strong><strong>de</strong>s</strong> médicaments (exemple : la pénicilline) et l’aci<strong>de</strong> para-<br />

aminohippurique.<br />

2.3.1. Sécrétion d’hydrogène<br />

La sécrétion <strong><strong>de</strong>s</strong> ions H + est effectuée par les antiporteurs Na + /H + situés à la<br />

membrane apicale. Ces systèmes <strong>de</strong> transport actif secondaire dépen<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> la<br />

pompe à sodium afin <strong>de</strong> maintenir la concentration intracellulaire <strong>de</strong> sodium faible.<br />

24


2.3.2. Sécrétion d’ammonium<br />

Les cellules tubulaires produisent également <strong>de</strong> l’ammoniaque en désaminant<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> aci<strong><strong>de</strong>s</strong> aminés. La plus gran<strong>de</strong> partie <strong>de</strong> l’ammoniaque s’associe à <strong><strong>de</strong>s</strong> ions H +<br />

pour former <strong><strong>de</strong>s</strong> ions ammonium qui sont sécrétés par <strong><strong>de</strong>s</strong> antiporteurs Na + /NH4 + .<br />

2.4. Endocytose médiée par récepteur<br />

L’endocytose est un processus universel qui consiste pour une cellule à<br />

internaliser, par un système <strong>de</strong> vésicules, <strong><strong>de</strong>s</strong> composants du milieu extérieur. Par<br />

ce mécanisme, les cellules épithéliales polarisées <strong>de</strong> la membrane apicale du tubule<br />

proximal réabsorbent les protéines plasmatiques qui n’ont pas été retenues par la<br />

barrière <strong>de</strong> filtration glomérulaire.<br />

L’épithélium tubulaire est caractérisé par la présence d’un appareillage<br />

d’endocytose particulièrement bien développé (Fig. 10). Les nombreuses<br />

invaginations <strong>de</strong> la membrane apicale à la base <strong><strong>de</strong>s</strong> microvillosités <strong>de</strong> la bordure en<br />

brosse donnent naissance à <strong><strong>de</strong>s</strong> puits recouverts d’un manteau <strong>de</strong> clathrine. Ces<br />

puits se referment pour former <strong><strong>de</strong>s</strong> vésicules intracytoplasmiques, <strong><strong>de</strong>s</strong> petits<br />

endosomes ou préendosomes (< 0,5 µm) ainsi que <strong><strong>de</strong>s</strong> grands endosomes (> 0,5<br />

µm) possédant ou non un manteau <strong>de</strong> clathrine. Des tubules apicaux <strong>de</strong>nses<br />

intracytoplasmiques sont liés aux petits ou aux grands endosomes ou circulent<br />

<strong>libre</strong>ment dans le cytoplasme en direction <strong>de</strong> la membrane apicale. Ces tubules<br />

apicaux <strong>de</strong>nses permettent le recyclage <strong><strong>de</strong>s</strong> protéines membranaires à la membrane<br />

apicale. Les lysosomes vont ensuite digérer les protéines en aci<strong><strong>de</strong>s</strong> aminés<br />

[Christensen E.I. et al., 1998].<br />

Deux récepteurs multiligands, la mégaline et la cubiline, sont exprimés à la<br />

membrane apicale <strong><strong>de</strong>s</strong> cellules épithéliales au niveau <strong>de</strong> la bordure en brosse et plus<br />

particulièrement dans les espaces intermicrovillaires. Les ligands liés au complexe<br />

mégaline-cubiline sont internalisés dans les puits à clathrine qui se referment pour<br />

former les vésicules recouvertes <strong>de</strong> clathrine. L’acidification <strong><strong>de</strong>s</strong> endosomes par la<br />

25


présence d’une pompe à proton, la proton ATPase type V et d’un canal chlore ClC5<br />

[Marshansky V. et al., 1997; Marshansky V. et al., 2002] entraîne la perte du<br />

manteau <strong>de</strong> clathrine ainsi que la dissociation du complexe ligand-récepteur. Les<br />

tubules apicaux <strong>de</strong>nses assurent le recyclage <strong>de</strong> la mégaline et <strong>de</strong> la cubiline vers la<br />

membrane apicale. Les ligands sont transférés vers les prélysosomes puis les<br />

lysosomes où ils sont dégradés.<br />

Coated<br />

vesicles<br />

Figure 10. Schéma d’une cellule épithéliale absorptive présentant les mécanismes possibles<br />

par lesquels la mégaline peut médier l’endocytose et le transport transcellulaire. [Christensen<br />

E.I. et al., 2002].<br />

Partie <strong>de</strong> gauche: La mégaline facilite l’endocytose <strong>de</strong> la cubiline par liaison à ce récepteur.<br />

Les vitamines et le fer qui forment un complexe avec une protéine <strong>de</strong> transport ainsi que les<br />

protéines se lient à la mégaline et/ou la cubiline pour être endocytosés. Les ligands se<br />

dissocient <strong><strong>de</strong>s</strong> récepteurs sous l’action du faible pH dans les endosomes et les récepteurs<br />

sont recyclés à la bordure en brosse par les tubules apicaux <strong>de</strong>nses. Les composés<br />

protéiniques sont dégradés alors que les vitamines et le fer sont transportés au travers <strong>de</strong> la<br />

cellule épithéliale (mécanisme inconnu).<br />

La partie <strong>de</strong> droite du schéma montre le transport transcellulaire médié par la mégaline pour<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> protéines spécifiques comme la thyroglobuline [Marino M. et al., 2000] et la protéine <strong>de</strong><br />

liaison au rétinol [Marino M. et al., 2001].<br />

26


2.4.1. Mégaline et cubiline<br />

Structure et ligands<br />

La mégaline et la cubiline sont <strong>de</strong>ux glycoprotéines <strong>de</strong> haut poids moléculaire<br />

dont les caractéristiques principales sont reprises dans le Tableau 1. Ces <strong>de</strong>ux<br />

récepteurs ont une structure très différente : la mégaline est une protéine<br />

transmembranaire contrairement à la cubiline qui est une protéine membranaire<br />

périphérique ne possédant pas <strong>de</strong> domaine transmembranaire (Fig. 11).<br />

Tableau 1 : Caractéristiques <strong>de</strong> la mégaline et <strong>de</strong> la cubiline<br />

Mégaline Cubiline<br />

gp330<br />

antigène <strong>de</strong> la néphrite d’Heymann<br />

[Kerjaschki D. et al., 1982]<br />

gp280<br />

récepteur du complexe facteur intrinsèque<br />

gastrique/cobalamine<br />

[Seetharam B. et al., 1997]<br />

600 kDa 460 kDa<br />

Glycoprotéine récepteur transmembranaire<br />

constituée d’un grand domaine<br />

extracellulaire amino-terminal, un seul<br />

domaine transmembranaire et d’une petite<br />

extrémité cytoplasmique carboxy-terminale<br />

[Saito A. et al., 1994]<br />

Les séquences complètes d’ADN<br />

complémentaire ont été déterminées chez le<br />

rat [Saito A. et al., 1994] et chez l’homme<br />

[Hjalm G. et al., 1996] et présentent 77 %<br />

d’i<strong>de</strong>ntité.<br />

Gène humain localisé sur le chromosome<br />

2q24-q31<br />

[Korenberg J.R. et al., 1994]<br />

Appartient à la famille <strong><strong>de</strong>s</strong> lipoprotéines<br />

récepteurs <strong>de</strong> faible <strong>de</strong>nsité<br />

[Raychowdhury R. et al., 1989]<br />

Glycoprotéine périphérique <strong>de</strong> la membrane<br />

qui ne possè<strong>de</strong> pas <strong>de</strong> domaine<br />

transmembranaire ni d’ancre<br />

glycosylphosphatidyinositol. La région<br />

amino-terminale (100 résidus) est<br />

probablement nécessaire à l’association du<br />

récepteur à la membrane plasmique.<br />

[Kristiansen M. et al., 1999]<br />

Les séquences complètes d’ADN<br />

complémentaire ont été caractérisées pour<br />

le rat [Moestrup S.K. et al., 1998a], l’homme<br />

[Kozyraki R. et al., 1998] et le chien [Xu D. et<br />

al., 1999]. Homologie <strong>de</strong> séquence <strong>de</strong> 70 %.<br />

Gène humain localisé sur le chromosome<br />

10p12.33-p13<br />

[Kozyraki R. et al., 1998]<br />

27


Apical plasma membrane<br />

Figure 11. Structure <strong>de</strong> la mégaline et <strong>de</strong> la cubiline. D’après Christensen EI et al.<br />

[Christensen E.I. et al., 2002]<br />

La mégaline est constituée d’un grand domaine extracellulaire (~ 4400 aci<strong><strong>de</strong>s</strong><br />

aminés) composé <strong>de</strong> 4 groupements riches en cystéine <strong>de</strong> type A « repeats » <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

récepteurs <strong><strong>de</strong>s</strong> lipoprotéines <strong>de</strong> faible <strong>de</strong>nsité (LDL) qui correspon<strong>de</strong>nt aux régions<br />

<strong>de</strong> liaison <strong><strong>de</strong>s</strong> ligands [Hjalm G. et al., 1996; Korenberg J.R. et al., 1994;<br />

Raychowdhury R. et al., 1989; Saito A. et al., 1994]. Ces régions sont séparées par<br />

17 domaines EGF (epi<strong>de</strong>rmal growth factor) <strong>de</strong> type « repeats » et <strong>de</strong> 8 régions<br />

d’espacement pauvres en cystéine contenant <strong><strong>de</strong>s</strong> motifs YWTD qui interviennent<br />

dans la libération <strong><strong>de</strong>s</strong> ligands dépendant du pH dans les endosomes [Davis C.G. et<br />

al., 1987]. Un seul domaine transmembranaire (22 aci<strong><strong>de</strong>s</strong> aminés) est suivi <strong>de</strong><br />

l’extrémité cytoplasmique (213 aci<strong><strong>de</strong>s</strong> aminés) constituée <strong>de</strong> 2 séquences NPXY qui<br />

permettent l’internalisation <strong><strong>de</strong>s</strong> puits <strong>de</strong> clathrine [Chen W.J. et al., 1990] et une<br />

séquence ressemblant au motif NPXY.<br />

La cubiline est principalement composée d’un domaine extracellulaire<br />

composé <strong>de</strong> 27 domaines CUB (complement subcomponents C1r/C1s, EGF-related<br />

sea urchin protein and bone morphogenic protein-1) qui permettent l’interaction avec<br />

plusieurs protéines [Kristiansen M. et al., 1999; Kristiansen M. et al., 2000]. Les<br />

domaines CUB sont précédés d’une séquence <strong>de</strong> 110 aci<strong><strong>de</strong>s</strong> aminés suivie <strong>de</strong> 8<br />

domaines EGF <strong>de</strong> type « repeats ». La région amino-terminale comporte un site<br />

28


potentiel <strong>de</strong> palmitoylation et une structure aliphatique en hélice alpha. Ces <strong>de</strong>ux<br />

structures semblent contribuer à l’ancrage du récepteur dans la membrane<br />

[Kristiansen M. et al., 1999].<br />

La structure <strong>de</strong> la cubiline présente très peu d’homologie avec d’autres<br />

récepteurs connus d’endocytose tandis que la mégaline appartient à la famille <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

récepteurs LDL (Fig. 12). L’étroite homologie entre la structure <strong>de</strong> la mégaline et du<br />

récepteur d’endocytose chez le némato<strong>de</strong> Caenorhabditis elegans indique que cette<br />

protéine est fortement conservée au cours <strong>de</strong> l’évolution [Yochem J. et al., 1993].<br />

Figure 12. Superfamille <strong><strong>de</strong>s</strong> récepteurs LDL (low <strong>de</strong>nsity lipoprotein) montrant les<br />

homologies <strong>de</strong> structure entre les membres <strong>de</strong> cette famille: récepteur LDL, récepteur VLDL<br />

(very low <strong>de</strong>nsity lipoprotein), récepteur 2 <strong>de</strong> l’apolipoprotéine E, LRP (LDL receptor related<br />

protein), la mégaline et le récepteur chez Caenorhabditis elegans. [Christensen E.I. et al.,<br />

1999b].<br />

La cubiline ne possè<strong>de</strong> pas <strong>de</strong> site d’interaction avec les protéines<br />

adaptatrices ou d’autres médiateurs <strong>de</strong> l’endocytose dépendante <strong>de</strong> la clathrine ; une<br />

liaison <strong>de</strong> haute affinité, calcium dépendante, et partiellement inhibée par la protéine<br />

associée au récepteur (RAP) a été décrite entre la cubiline et la mégaline in vitro. La<br />

mégaline semble donc médier l’endocytose et le transport intracellulaire <strong>de</strong> la<br />

cubiline [Moestrup S.K. et al., 1998a]. En plus <strong>de</strong> cette interaction directe entre les<br />

<strong>de</strong>ux récepteurs, la mégaline et la cubiline ont plusieurs ligands en commun<br />

(Tableau 2). La co-localisation entre la mégaline et la cubiline ainsi que<br />

29


l’internalisation <strong>de</strong> l’albumine médiée par la mégaline et la cubiline sont décrites dans<br />

le tubule proximal chez la souris (Fig. 13) [Christensen E.I. et al., 2004] et dans les<br />

cellules tubulaires proximales <strong>de</strong> rein d’opossum [Zhai X.Y. et al., 2000].<br />

Figure 13. Colocalisation <strong>de</strong> la mégaline, cubiline et <strong>de</strong> l’albumine à la membrane apicale<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> cellules tubulaires proximales <strong>de</strong> souris. D’après Christensen EI et al. [Christensen E.I.<br />

et al., 2004].<br />

A. Double marquage en immunofluorescence <strong>de</strong> la mégaline (vert) et <strong>de</strong> la cubiline (rouge).<br />

La couleur jaune illustre la colocalisation <strong>de</strong> la mégaline et <strong>de</strong> la cubiline au niveau <strong>de</strong><br />

l’épithélium apical <strong><strong>de</strong>s</strong> cellules. B. Double marquage en immunofluorescence <strong>de</strong> la mégaline<br />

(vert) et <strong>de</strong> l’albumine (rouge). La couleur jaune correspond à la colocalisation <strong>de</strong> la<br />

mégaline et <strong>de</strong> l’albumine à la membrane apicale <strong><strong>de</strong>s</strong> cellules. Barre = 10 µm.<br />

Expression et régulation<br />

La mégaline et la cubiline sont exprimées au niveau <strong>de</strong> la membrane<br />

plasmique et <strong>de</strong> l’appareillage d’endocytose <strong><strong>de</strong>s</strong> cellules épithéliales (Tableau 3).<br />

Elles sont co-exprimées par plusieurs épithéliums d’absorption comme l’intestin grêle<br />

[Birn H. et al., 1997; Levine J.S. et al., 1984], le tubule proximal rénal [Chatelet F. et<br />

al., 1986a; Kerjaschki D. et al., 1982; Sahali D. et al., 1988; Seetharam B. et al.,<br />

1988], le feuillet viscéral du sac vitellin [Chatelet F. et al., 1986b; Sahali D. et al.,<br />

1988] et le cytotrophoblaste placentaire [Juhlin C. et al., 1990; Sahali D. et al., 1992].<br />

La mégaline semble être plus largement distribuée que la cubiline ; elle est entre<br />

autre présente au niveau <strong><strong>de</strong>s</strong> podocytes glomérulaires <strong>de</strong> rat [Kerjaschki D. et al.,<br />

1982].<br />

30


Tableau 2 : Ligands <strong>de</strong> la mégaline et <strong>de</strong> la cubiline [Christensen E.I. et al., 2002]<br />

Mégaline Cubiline<br />

Protéines <strong>de</strong> liaison <strong><strong>de</strong>s</strong> vitamines<br />

Transcobalamine – vitamine B12 [Moestrup S.K. et al., 1996]<br />

Facteur intrinsèque – vitamine B12 [Seetharam B. et al., 1997]<br />

Protéine <strong>de</strong> liaison <strong>de</strong> la vitamine D [Nykjaer A. et al., 1999]<br />

Protéine <strong>de</strong> liaison <strong>de</strong> la vitamine D [Nykjaer A. et al., 2001]<br />

Protéine <strong>de</strong> liaison du rétinol [Christensen E.I. et al., 1999a]<br />

Autres protéines <strong>de</strong> transport<br />

Albumine [Cui S. et al., 1996; Zhai X.Y. et al., 2000]<br />

Lactoferrine [Willnow T.E. et al., 1992]<br />

Albumine [Birn H. et al., 2000a; Zhai X.Y. et al., 2000]<br />

Hémoglobine [Gburek J. et al., 2002]<br />

Transferrine [Kozyraki R. et al., 2001]<br />

Myoglobine [Gburek J. et al., 2003]<br />

Hémoglobine [Gburek J. et al., 2002]<br />

Odorant-binding protein [Leheste J.R. et al., 1999]<br />

Myoglobine [Gburek J. et al., 2003]<br />

Transthyrétine [Sousa M.M. et al., 2000]<br />

Lipoprotéines<br />

Apolipoprotéine B [Stefansson S. et al., 1995a]<br />

Apolipoprotéine E [Willnow T.E. et al., 1992]<br />

Apolipoprotéine A-I [Kozyraki R. et al., 1999]<br />

Apolipoprotéine J/clusterine [Kounnas M.Z. et al., 1995]<br />

HDL (high <strong>de</strong>nsity lipoprotein) [Hammad S.M. et al., 1999]<br />

Apolipoprotéine H [Moestrup S.K. et al., 1998b]<br />

Hormones et hormones précurseurs<br />

Hormone parathyroïdienne [Hilpert J. et al., 1999]<br />

Insuline [Orlando R.A. et al., 1998]<br />

EGF [Orlando R.A. et al., 1998]<br />

Prolactine [Orlando R.A. et al., 1998]<br />

Thyroglobuline [Zheng G. et al., 1998]<br />

31


Aminoglycosi<strong><strong>de</strong>s</strong> [Moestrup S.K. et al., 1995]<br />

Polymyxine B [Moestrup S.K. et al., 1995]<br />

Aprotinine [Moestrup S.K. et al., 1995]<br />

Trichosanthine [Chan W.L. et al., 2000]<br />

PAI-1 [Stefansson S. et al., 1995b]<br />

PAI-1-urokinase [Moestrup S.K. et al., 1993]<br />

PAI-1-tPA [Moestrup S.K. et al., 1993; Willnow T.E. et al., 1992]<br />

Pro-urokinase [Stefansson S. et al., 1995b]<br />

Lipoprotéine lipase [Kounnas M.Z. et al., 1993]<br />

Plasminogène [Kanalas J.J. et al., 1993]<br />

β-amylase [Birn H. et al., 2000b]<br />

α1-microglobuline [Leheste J.R. et al., 1999]<br />

Lysozyme [Orlando R.A. et al., 1998]<br />

Chaînes légères <strong><strong>de</strong>s</strong> immunoglobulines [Birn H. et al., 2002]<br />

PAP-1 [Leheste J.R. et al., 1999]<br />

β2-microglobuline [Orlando R.A. et al., 1998]<br />

Drogues et toxines<br />

Enzymes et inhibiteurs d’enzymes<br />

Protéines apparentées à la réponse immune et <strong>de</strong> stress<br />

Autres<br />

RAP [Christensen E.I. et al., 1992; Kanalas J.J. et al., 1993; Kounnas<br />

M.Z. et al., 1992; Orlando R.A. et al., 1998; Willnow T.E. et al., 1992]<br />

Ca 2+ RAP [Birn H. et al., 1997]<br />

[Christensen E.I. et al., 1992]<br />

Cytochrome c [Orlando R.A. et al., 1998]<br />

Chaînes légères <strong><strong>de</strong>s</strong> immunoglobulines [Batuman V. et al., 1998]<br />

Protéine sécrétée par les cellules <strong>de</strong> Clara [Burmeister R. et al., 2001]<br />

32


Tableau 3 : Expression <strong>de</strong> la mégaline et <strong>de</strong> la cubiline [Christensen E.I. et al., 2002; Moestrup S.K. et al., 2001]<br />

Organe Mégaline Cubiline Références<br />

Rein : tubule proximal + +<br />

[Chatelet F. et al., 1986a; Kerjaschki D. et al., 1982; Sahali D. et al., 1988;<br />

Seetharam B. et al., 1988]<br />

Rein : podocytes du glomérule (chez le rat<br />

uniquement)<br />

+ - [Kerjaschki D. et al., 1982]<br />

Intestin grêle + + [Birn H. et al., 1997; Levine J.S. et al., 1984]<br />

Poumons : pneumocytes <strong>de</strong> type II + - [Chatelet F. et al., 1986b; Kounnas M.Z. et al., 1994; Zheng G. et al., 1994]<br />

Thyroï<strong>de</strong> + - [Kounnas M.Z. et al., 1994; Zheng G. et al., 1994]<br />

Thymus + + [Hammad S.M. et al., 2000]<br />

Cellules sécrétant l’hormone parathyroïdienne<br />

<strong>de</strong> la glan<strong>de</strong> parathyroï<strong>de</strong><br />

+ - [Juhlin C. et al., 1987; Zheng G. et al., 1994]<br />

Cellules <strong>de</strong> l’épendyme + - [Zheng G. et al., 1994]<br />

Epithélium ciliaire <strong>de</strong> l’oeil + - [Lundgren S. et al., 1997; Zheng G. et al., 1994]<br />

Epithélium <strong>de</strong> l’oreille interne + - [Kounnas M.Z. et al., 1994; Mizuta K. et al., 1999]<br />

Plexus choroï<strong><strong>de</strong>s</strong> + - [Kounnas M.Z. et al., 1994]<br />

Oviductes + - [Zheng G. et al., 1994]<br />

Muqueuse utérine + + [Zheng G. et al., 1994]<br />

Epididyme + - [Chatelet F. et al., 1986b; Zheng G. et al., 1994]<br />

Feuillet viscéral du sac vitellin + + [Chatelet F. et al., 1986b; Sahali D. et al., 1988]<br />

Cytotrophoblaste placentaire + + [Juhlin C. et al., 1990; Sahali D. et al., 1992]<br />

Endomètre + - [Bernadotte F. et al., 1989; Sahali D. et al., 1992]<br />

Trophecto<strong>de</strong>rme + - [Sahali D. et al., 1993]<br />

33


Dans les cellules du tubule proximal rénal et du feuillet viscéral du sac vitellin,<br />

la mégaline et la cubiline sont co-localisées tout au long <strong>de</strong> l’appareillage<br />

d’endocytose [Christensen E.I. et al., 1992; Kerjaschki D. et al., 1984; Sahali D. et<br />

al., 1988] incluant la bordure en brosse, les puits recouverts d’un manteau <strong>de</strong><br />

clathrine, les vésicules endocytaires et les tubules apicaux <strong>de</strong>nses [Christensen E.I.<br />

et al., 1998] (Fig. 14).<br />

Figure 14. Expression <strong>de</strong> la mégaline et <strong>de</strong> la cubiline dans l’appareillage endocytaire <strong>de</strong> la<br />

membrane apicale <strong><strong>de</strong>s</strong> cellules tubulaires proximales du rein <strong>de</strong> rat. D’après Christensen EI<br />

et al. [Christensen E.I. et al., 2002].<br />

Les récepteurs sont i<strong>de</strong>ntifiés par immunocytochimie sur une cryosection <strong>de</strong> cortex rénal <strong>de</strong><br />

rat à l’ai<strong>de</strong> d’un anticorps <strong>de</strong> mouton anti-mégaline <strong>de</strong> rat marqué par un anticorps<br />

secondaire anti-mouton couplé à <strong><strong>de</strong>s</strong> particules d’or <strong>de</strong> 5 nm, et d’un anticorps <strong>de</strong> lapin anticubiline<br />

<strong>de</strong> rat marqué par un anticorps secondaire anti-lapin couplé à <strong><strong>de</strong>s</strong> particules d’or <strong>de</strong><br />

10 nm. Les récepteurs sont coexprimés sur les microvillosités (MV), dans les puits<br />

recouverts d’un manteau <strong>de</strong> clathrine à la membrane apicale (CP, coated pits), dans les<br />

endosomes (E) et dans les tubules apicaux <strong>de</strong>nses. Barre = 300 nm.<br />

L’expression <strong>de</strong> la mégaline et <strong>de</strong> la cubiline in vitro est stimulée par l’aci<strong>de</strong><br />

rétinoïque et le dibutyryl cyclique AMP, l’expression <strong>de</strong> la mégaline par la vitamine D<br />

[Hammad S.M. et al., 1999; Liu W. et al., 1998; Stefansson S. et al., 1995a].<br />

Une augmentation <strong>de</strong> l’expression <strong>de</strong> la mégaline est observée dans les reins<br />

<strong>de</strong> rats atteints <strong>de</strong> la néphrite d’Heymann, maladie glomérulaire expérimentale<br />

induite par <strong><strong>de</strong>s</strong> autoanticorps dirigés contre la mégaline [Makker S.P. et al., 1995].<br />

Les cellules neuronales, touchées dans la maladie d’Alzheimer, sont caractérisées<br />

par un dépôt extracellulaire <strong>de</strong> protéines β-amyloï<strong><strong>de</strong>s</strong> ; parallèlement, ces neurones<br />

34


présentent une accumulation intracellulaire d’apolipoprotéine E ainsi qu’une forte<br />

expression <strong>de</strong> mégaline à la surface cellulaire [LaFerla F.M. et al., 1997].<br />

Une diminution <strong>de</strong> l’expression <strong>de</strong> la mégaline au niveau rénal est observée dans<br />

certaines maladies caractérisées par une protéinurie et un défaut <strong>de</strong> réabsorption<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> protéines filtrées. Notamment, la maladie <strong>de</strong> Dent est causée par <strong><strong>de</strong>s</strong> mutations<br />

au niveau du canal chlore rénal ClC-5 [Thakker R.V., 1998]. En effet, une<br />

perturbation du ClC-5 diminue la réabsorption tubulaire proximale et induit une<br />

réduction <strong>de</strong> l’expression <strong>de</strong> la mégaline dans le tubule proximal [Piwon N. et al.,<br />

2000]. Ces observations indiquent donc l’existence d’une corrélation fonctionnelle<br />

entre le ClC-5 et l’endocytose médiée par la mégaline.<br />

Fonction<br />

L’implication <strong>de</strong> la mégaline et <strong>de</strong> la cubiline dans le processus <strong>de</strong><br />

réabsorption tubulaire <strong><strong>de</strong>s</strong> protéines <strong>de</strong> faible poids moléculaire contenues dans<br />

l’ultrafiltrat glomérulaire est confirmée par le fait que les souris déficientes en<br />

mégaline ainsi que les chiens ayant une mauvaise post-transcription <strong>de</strong> la cubiline<br />

présentent une augmentation <strong>de</strong> l’excrétion urinaire <strong><strong>de</strong>s</strong> microprotéines.<br />

L’étu<strong>de</strong> sur <strong><strong>de</strong>s</strong> souris dont le gène <strong>de</strong> la mégaline a été invalidé montre que<br />

la plupart <strong><strong>de</strong>s</strong> souris meurent avant la naissance à cause <strong>de</strong> complications<br />

respiratoires liées à une altération <strong>de</strong> l’insufflation <strong><strong>de</strong>s</strong> poumons [Willnow T.E. et al.,<br />

1996]. Ces souris sont également caractérisées par <strong><strong>de</strong>s</strong> malformations du cerveau<br />

antérieur et <strong><strong>de</strong>s</strong> structures dérivées du cerveau antérieur, ce qui cause le syndrome<br />

d’holoprosencéphalie. Par conséquent, seulement 1 souris déficiente en mégaline<br />

sur 50 atteint l’âge adulte. Les urines <strong>de</strong> ces souris contiennent les protéines <strong>de</strong><br />

faible poids moléculaire, tout comme celles <strong><strong>de</strong>s</strong> patients atteints du syndrome <strong>de</strong><br />

Fanconi [Leheste J.R. et al., 1999]. En outre, les souris déficientes en mégaline<br />

présentent également <strong><strong>de</strong>s</strong> perturbations <strong>de</strong> l’homéostasie du calcium.<br />

L’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> patients ayant un déficit héréditaire <strong>de</strong> l’absorption <strong>de</strong> la vitamine<br />

B12, connu sous le nom d’anémie mégaloblastique autosomique récessive ou<br />

syndrome d’Imerslund-Gräsbeck, a permis d’acquérir la certitu<strong>de</strong> que la cubiline était<br />

le récepteur physiologique du complexe facteur intrinsèque/vitamine B12. En effet,<br />

35


<strong>de</strong>ux mutations différentes ont été i<strong>de</strong>ntifiées au niveau du gène <strong>de</strong> la cubiline chez<br />

ces patients, entraînant <strong><strong>de</strong>s</strong> anomalies <strong>de</strong> structure <strong>de</strong> la cubiline [Aminoff M. et al.,<br />

1999]. Une race <strong>de</strong> chiens, issus <strong>de</strong> parents consanguins ayant un développement<br />

intracellulaire médiocre <strong>de</strong> la cubiline, présente également une anémie<br />

mégaloblastique [Fyfe J.C. et al., 1991]. Les patients atteints <strong>de</strong> la maladie<br />

d’Imerslund-Gräsbeck ainsi que les chiens déficients en cubiline sont protéinuriques,<br />

mais sont normaux pour les autres phénotypes et fertiles. Les premières expériences<br />

d’invalidation du gène <strong>de</strong> la cubiline indiquent que les embryons meurent très<br />

précocement in utero. De même, l’injection d’anticorps anti-cubiline induit <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

malformations fœtales chez le rat, probablement dues à la fixation <strong><strong>de</strong>s</strong> anticorps sur<br />

le sac vitellin et à une inhibition <strong><strong>de</strong>s</strong> mécanismes d’endocytose qui assurent le<br />

transfert entre la mère et le fœtus [Le Panse S. et al., 1994; Sahali D. et al., 1988].<br />

La mégaline peut également influencer le transport <strong>de</strong> l’échangeur 3<br />

sodium/hydrogène (NHE3), ces <strong>de</strong>ux protéines semblent former un complexe<br />

multimérique à la membrane apicale <strong><strong>de</strong>s</strong> cellules du tubule proximal [Biemes<strong>de</strong>rfer<br />

D. et al., 1999].<br />

La mégaline et la cubiline peuvent moduler la signalisation cellulaire<br />

essentiellement par la voie classique d’endocytose médiée par récepteur : en<br />

régulant la captation <strong><strong>de</strong>s</strong> hormones pour la dégradation comme l’hormone<br />

parathyroïdienne (PTH) [Hilpert J. et al., 1999], ou la captation <strong><strong>de</strong>s</strong> précurseurs<br />

d’hormones pour l’activation comme la 25-OH-vitamine D3 [Nykjaer A. et al., 1999;<br />

Nykjaer A. et al., 2001]. En effet, la 25-OH-vitamine D3 formant un complexe avec sa<br />

protéine <strong>de</strong> transport plasmatique, la protéine <strong>de</strong> liaison à la vitamine D, est<br />

réabsorbée au niveau <strong>de</strong> l’épithélium tubulaire proximal par endocytose médiée par<br />

récepteur incluant la mégaline et la cubiline. L’endocytose est nécessaire pour<br />

préserver la 25-OH-vitamine D3 et délivrer aux cellules le précurseur afin <strong>de</strong> générer<br />

la 1,25-(OH)2-vitamine D3 , un régulateur du métabolisme du calcium.<br />

L’extrémité cytoplasmique <strong>de</strong> la mégaline, probablement le domaine carboxyterminal<br />

NPXY, a été décrite comme interagissant avec Dab2 (disabled protein 2)<br />

[Oleinikov A.V. et al., 2000], une protéine intracellulaire potentiellement impliquée<br />

dans la signalisation et la régulation <strong>de</strong> la croissance cellulaire et la différenciation.<br />

36


La réabsorption tubulaire proximale <strong><strong>de</strong>s</strong> drogues polybasiques comme<br />

l’aprotinine, la polymyxine B et les aminoglycosi<strong><strong>de</strong>s</strong> incluant la gentamicine est<br />

également médiée par la mégaline [Moestrup S.K. et al., 1995]. La captation <strong>de</strong><br />

gentamicine médiée par la mégaline au niveau <strong><strong>de</strong>s</strong> cellules tubulaires proximales est<br />

confirmée chez les souris déficientes en mégaline [Schmitz C. et al., 2002]. Ces<br />

drogues sont donc néphrotoxiques ainsi qu’ototoxiques. La toxicité est probablement<br />

induite par la mégaline qui accumule les drogues dans les cellules.<br />

2.5. Sécrétion et réabsorption tubulaire <strong><strong>de</strong>s</strong> drogues et<br />

xénobiotiques<br />

Le rein et le foie ont <strong><strong>de</strong>s</strong> fonctions complémentaires dans l’élimination <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

drogues et xénobiotiques. Le métabolisme se déroule principalement dans le foie où<br />

la substance originale est transformée en métabolites plus polaires et plus<br />

hydrophiles qui sont pris en charge par le rein pour leur élimination.<br />

Filtration glomérulaire<br />

La gran<strong>de</strong> majorité <strong><strong>de</strong>s</strong> drogues et xénobiotiques possè<strong>de</strong>nt un poids moléculaire<br />

bien inférieur (environs 30 kDa) à la limite <strong>de</strong> la barrière <strong>de</strong> la filtration glomérulaire.<br />

Cependant, beaucoup <strong>de</strong> ces substances se lient aux protéines présentes dans le<br />

sérum (95% <strong>de</strong> furosémi<strong>de</strong> et 98 % <strong><strong>de</strong>s</strong> anti-inflammatoires non stéroïdiens<br />

s’associent à l’albumine), et par conséquent la fraction filtrée est réduite aux<br />

molécules non liées. Les médicaments peuvent s’associer à différentes protéines<br />

sériques, la plus importante est l’albumine liant préférentiellement les composés<br />

aci<strong><strong>de</strong>s</strong>, suivie par l’α1-glycoprotéine aci<strong>de</strong> pour les composés basiques [Kragh-<br />

Hansen U., 1981; Routledge P.A., 1986]. Dans la majorité <strong><strong>de</strong>s</strong> cas, l’élimination<br />

rénale <strong><strong>de</strong>s</strong> drogues et xénobiotiques dépend <strong>de</strong> la sécrétion tubulaire active.<br />

Réabsorption tubulaire<br />

Les aci<strong><strong>de</strong>s</strong> et les bases faibles sont en général réabsorbés par diffusion<br />

passive au travers <strong>de</strong> l’épithélium tubulaire.<br />

37


Un certain nombre <strong>de</strong> drogues et xénobiotiques sont réabsorbés par <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

mécanismes facilités. En effet, certains anions organiques sont transportés à la<br />

membrane apicale du tubule proximal par un système <strong>de</strong> co-transport couplé au<br />

sodium (par exemple les vitamines comme l’aci<strong>de</strong> ascorbique, la biotine). Peu <strong>de</strong><br />

connaissances existent sur la réabsorption facilitée <strong><strong>de</strong>s</strong> cations organiques.<br />

Plusieurs médicaments ressemblant aux pepti<strong><strong>de</strong>s</strong> comme les antibiotiques β-<br />

lactames (ceftibuten, cyclacilline) sont <strong><strong>de</strong>s</strong> substrats <strong><strong>de</strong>s</strong> transporteurs <strong>de</strong> pepti<strong><strong>de</strong>s</strong><br />

localisés à la membrane <strong>de</strong> la bordure en brosse et absorbés par les cellules<br />

proximales. Les transporteurs <strong>de</strong> pepti<strong><strong>de</strong>s</strong> servent d’intermédiaire à un co-transport<br />

électrogénique <strong>de</strong> di- et tri-pepti<strong><strong>de</strong>s</strong> couplé aux protons, lequel fonctionne grâce au<br />

gradient <strong>de</strong> proton et à la différence <strong>de</strong> potentiel <strong>de</strong> membrane négative [Daniel H. et<br />

al., 1997].<br />

Des substances hautement hydrophiles insolubles dans les lipi<strong><strong>de</strong>s</strong> comme les<br />

aminoglycosi<strong><strong>de</strong>s</strong> cationiques et/ou peut-être le cadmium sont réabsorbées par<br />

endocytose médiée par récepteur [De Broe M.E. et al., 1984; Foulkes E.C., 1990;<br />

Templeton D.M., 1990].<br />

Sécrétion tubulaire rénale <strong><strong>de</strong>s</strong> drogues et xénobiotiques<br />

La plupart <strong><strong>de</strong>s</strong> xénobiotiques ioniques sont sécrétés par <strong>de</strong>ux mécanismes <strong>de</strong><br />

transport, l’un réservé à la sécrétion <strong><strong>de</strong>s</strong> anions organiques (« aci<strong><strong>de</strong>s</strong> organiques »),<br />

et l’autre à celle <strong><strong>de</strong>s</strong> cations organiques (« bases organiques »). La première étape<br />

<strong>de</strong> la sécrétion, le transport au travers <strong>de</strong> la membrane basolatérale, <strong>de</strong> chacun <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

<strong>de</strong>ux mécanismes généraux est effectuée par différents sous-systèmes susceptibles<br />

<strong>de</strong> correspondre à différentes molécules <strong>de</strong> transport pour lesquelles <strong><strong>de</strong>s</strong> substrats<br />

<strong>de</strong> structure moléculaire plutôt non-spécifique peuvent possé<strong>de</strong>r <strong><strong>de</strong>s</strong> affinités<br />

variables [Moller J.V. et al., 1982; Ullrich K.J., 1994]. Plusieurs isoformes <strong>de</strong> ses<br />

transporteurs ont été i<strong>de</strong>ntifiées et sont membres <strong>de</strong> la famille <strong><strong>de</strong>s</strong> transporteurs <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

ions organiques, comprenant les transporteurs d’anions organiques (OAT) et les<br />

transporteurs <strong>de</strong> cations organiques (OCT) [Burckhardt G. et al., 2000; Inui K.I. et al.,<br />

2000; Sekine T. et al., 2000].<br />

L’étu<strong>de</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> mécanismes <strong>de</strong> sécrétion <strong><strong>de</strong>s</strong> ions organiques provient<br />

essentiellement <strong><strong>de</strong>s</strong> investigations sur quelques substances transportées qui sont<br />

38


considérées comme représentatives d’autres ions organiques sécrétés. Pour les<br />

anions organiques, le substrat classique est le para-aminohippurate ; tandis que<br />

pour les cations organiques, les substrats classiques sont le tétraéthylammonium<br />

et la N1-méthylnicotinami<strong>de</strong>.<br />

Ces <strong>de</strong>ux systèmes <strong>de</strong> transport classiques sont exclusivement localisés dans<br />

le tubule proximal. La sécrétion n’est pas uniforme tout au long du tubule proximal et<br />

peut être différente entre les néphrons superficiels et juxtamédullaires. Comme le<br />

nombre <strong>de</strong> molécules transportées est limité, la sécrétion est saturable et sujette à la<br />

compétition entre les substrats.<br />

Les systèmes <strong>de</strong> transport <strong><strong>de</strong>s</strong> ions organiques ont été caractérisés aux <strong>de</strong>ux cotés<br />

<strong>de</strong> la membrane du tubule proximal (Fig. 15 et Fig. 16, pour plus <strong>de</strong> détails voir<br />

Annexe 1 pages : 157-163) [Pritchard J.B. et al., 1993].<br />

Figure 15. Schéma <strong><strong>de</strong>s</strong> processus <strong>de</strong> transport associés à la sécrétion <strong><strong>de</strong>s</strong> anions<br />

organiques (OAs) par les cellules tubulaires proximales rénales [Wright S.H. et al., 2004].<br />

Les cercles correspon<strong>de</strong>nt aux transporteurs. Les flèches indiquent la direction du transport<br />

net <strong>de</strong> substrat pendant la phase active <strong>de</strong> sécrétion. Les lignes soli<strong><strong>de</strong>s</strong> correspon<strong>de</strong>nt aux<br />

voies principales <strong>de</strong> transport <strong><strong>de</strong>s</strong> OAs, la ligne en pointillé à la voie secondaire, la ligne en<br />

tiret représente la diffusion.<br />

1. Na + /K + -ATPase; 2. NaDC-3; 3, 4, 5. OAT1, OAT2 et OAT3; 6. MRP2; 7. URAT1; 8. OAT4;<br />

9. Oatp1, OAT-K1/K2; 10. OATV1, NTP1; 11. Échangeur OA/OA physiologique. Description<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> transporteurs voir Annexe 1 § A.1. (pages 157-160).<br />

39


Figure 16. Schéma <strong><strong>de</strong>s</strong> processus <strong>de</strong> transport associés à la sécrétion <strong><strong>de</strong>s</strong> cations<br />

organiques (OCs) par les cellules tubulaires proximales rénales [Wright S.H. et al., 2004].<br />

Les cercles correspon<strong>de</strong>nt aux transporteurs. Les flèches indiquent la direction du transport<br />

net <strong>de</strong> substrat pendant la phase active <strong>de</strong> sécrétion. Les lignes soli<strong><strong>de</strong>s</strong> correspon<strong>de</strong>nt aux<br />

voies principales <strong>de</strong> transport <strong><strong>de</strong>s</strong> OCs, la ligne en pointillé à la voie secondaire, la ligne en<br />

tiret représente la diffusion.<br />

1. Na + /K + -ATPase; 2, 3, 4. OCT1, OCT2 et OCT3, 5. MDR1; 6. NHE3; 7. Echangeur OC/H + ;<br />

8. OCTN1; 9. OCTN2; 10. Voie électrogénique <strong>de</strong> réabsorption <strong>de</strong> la choline. Description <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

transporteurs voir Annexe 1 § A.2. (pages 160-163).<br />

En plus <strong>de</strong> ces systèmes <strong>de</strong> transport sécrétoire classique, d’autres<br />

mécanismes <strong>de</strong> transport sont impliqués dans l’excrétion rénale <strong><strong>de</strong>s</strong> xénobiotiques<br />

[Roch-Ramel F., 1998].<br />

Au niveau <strong>de</strong> la membrane basolatérale, l’échangeur oxalate/sulfate (SAT1) et le<br />

système <strong>de</strong> transport sodium-dicarboxylate (NaDC-3) ont été i<strong>de</strong>ntifiés [Karniski L.P.<br />

et al., 1998; Ullrich K.J., 1994; Wang H. et al., 2000].<br />

D’autres transporteurs ont été clonés et i<strong>de</strong>ntifiés à la bordure en brosse ;<br />

cependant, leur fonction dans le rein reste encore à définir. Parmi ceux-ci, les<br />

protéines associées à la résistance aux médicaments (MRP) et le transporteur multimédicaments/P-glycoprotéine<br />

(MDR/Pgp) sont <strong><strong>de</strong>s</strong> transporteurs actifs primaires<br />

dépendant <strong>de</strong> l’ATP, respectivement pour les anions organiques et les cations<br />

organiques [Borst P. et al., 2000; Klein I. et al., 1999]. Ils stimulent l’efflux actif <strong>de</strong> la<br />

cellule vers la lumière, d’une variété d’ions organiques. Un autre transporteur,<br />

OATP1, permet le transport apical <strong><strong>de</strong>s</strong> conjugués stéroïdiens et <strong>de</strong> la<br />

sulfobromophtaléine [Lu R. et al., 1996]. Les transporteurs OAT-K1 et OAT-K2<br />

40


favorisent le transport du méthotrexate et du folate [Masuda S. et al., 1999b; Masuda<br />

S. et al., 1999a]. L’OCTN1 et l’OCTN2 sont <strong><strong>de</strong>s</strong> transporteurs multispécifiques <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

cations organiques [Wu X. et al., 1999; Yabuuchi H. et al., 1999].<br />

Le rein est un organe particulièrement sensible aux atteintes toxiques pour<br />

plusieurs raisons. Le flux sanguin rénal (25% du débit cardiaque) est plus important<br />

en comparaison avec la majorité <strong><strong>de</strong>s</strong> autres tissus, la quantité <strong>de</strong> drogues délivrées<br />

au rein est donc plus élevée (50 fois). Le rein présente la plus gran<strong>de</strong> surface<br />

endothéliale par gramme <strong>de</strong> tissu et possè<strong>de</strong> la plus haute pression hydrostatique<br />

capillaire favorisant la retenue <strong><strong>de</strong>s</strong> antigènes circulants et la formation <strong>de</strong> complexes<br />

immuns. Le rein possè<strong>de</strong> également une haute activité métabolique ainsi que <strong>de</strong><br />

multiples systèmes enzymatiques. Le transport tubulaire et les autres processus<br />

rénaux métaboliques nécessitent une quantité considérable d’oxygène et sont<br />

sensibles à l’action <strong><strong>de</strong>s</strong> inhibiteurs métaboliques. Il est à noter que le segment S3 du<br />

tubule proximal possè<strong>de</strong> la plus gran<strong>de</strong> proportion d’oxygène délivré/oxygène<br />

consommé par rapport à toutes les autres entités fonctionnelles <strong>de</strong> l’organisme<br />

[Brezis M. et al., 1984]. Le rein est le seul endroit où les drogues fortement liées aux<br />

protéines se dissocient, traversent la cellule tubulaire et s’accumulent dans<br />

l’épithélium tubulaire et/ou atteignent la lumière tubulaire. Une gran<strong>de</strong> quantité<br />

d’enzymes épithéliaux tubulaires impliquées dans les systèmes <strong>de</strong> transport tubulaire<br />

peuvent être bloquées, étant donné notamment la très haute concentration en<br />

solutés dans le liqui<strong>de</strong> tubulaire pouvant atteindre <strong><strong>de</strong>s</strong> taux <strong>de</strong> concentrations <strong>de</strong><br />

l’urine/plasma dépassant 1000 dans certains cas.<br />

41


3. Marqueurs urinaires d’atteinte tubulaire proximale<br />

La détection et la mesure <strong><strong>de</strong>s</strong> marqueurs biologiques, substances présentes<br />

dans l’organisme, fournissent <strong><strong>de</strong>s</strong> informations sur la relation entre l’exposition aux<br />

xénobiotiques et les maladies. En effet, ces marqueurs, traduisant un changement<br />

d’état physiologique, indiquent la présence <strong>de</strong> stress dans les cellules, tissus ou<br />

organes, ou révèlent une lésion. L’utilisation <strong>de</strong> marqueurs biologiques permet, tout<br />

d’abord, d’i<strong>de</strong>ntifier les premières altérations structurelles et/ou fonctionnelles d’un<br />

organe cible, induites par l’exposition aux xénobiotiques, et ensuite d’obtenir <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

informations sur le(s) mécanisme(s) responsable(s) d’une telle exposition sur la<br />

santé d’un individu.<br />

Les enzymes urinaires et les protéines <strong>de</strong> faible poids moléculaire sont<br />

utilisées comme marqueurs précoces <strong>de</strong> toxicité vis-à-vis du néphron, permettant la<br />

détection <strong>de</strong> petits changements <strong>de</strong> fonction <strong><strong>de</strong>s</strong> cellules épithéliales tubulaires dans<br />

beaucoup <strong>de</strong> conditions pathologiques. En effet, l’atteinte (qu’elle soit aiguë ou<br />

chronique) <strong><strong>de</strong>s</strong> cellules tubulaires induit la libération dans la lumière tubulaire <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

enzymes et protéines <strong>de</strong> faible poids moléculaire physiologiquement présentes dans<br />

ces cellules. Leur excrétion augmente bien avant l’élévation d’autres marqueurs <strong>de</strong> la<br />

fonction rénale comme la créatinine [D'Amico G. et al., 2003].<br />

La créatinine plasmatique, quant à elle, est couramment utilisée pour évaluer<br />

le taux <strong>de</strong> filtration glomérulaire donnant <strong><strong>de</strong>s</strong> indications sur la fonction rénale.<br />

[(concentration urinaire <strong>de</strong> créatinine × débit urinaire) / concentration plasmatique <strong>de</strong><br />

créatinine = clearance <strong>de</strong> créatinine exprimée en ml/min, fournissant une<br />

approximation du taux <strong>de</strong> filtration glomérulaire].<br />

Les principaux marqueurs urinaires d’atteinte tubulaire proximale sont repris<br />

ci-<strong><strong>de</strong>s</strong>sous et répartis en <strong>de</strong>ux catégories selon qu’ils traduisent une atteinte<br />

structurelle ou une atteinte fonctionnelle.<br />

42


3.1. Atteinte structurelle<br />

Enzymurie<br />

En plus <strong>de</strong> leur libération physiologique normale par les cellules [Maruhn D. et<br />

al., 1976; Mutti A., 1989; Van<strong>de</strong>rlin<strong>de</strong> R.E., 1981], les enzymes se retrouvent en<br />

quantité anormale dans les urines suite à l’altération <strong>de</strong> la perméabilité <strong>de</strong> la<br />

membrane cellulaire, à l’augmentation du taux <strong>de</strong> synthèse enzymatique et à la<br />

nécrose cellulaire. Toutefois, les sources n’ayant aucun rapport avec l’activité<br />

enzymatique urinaire doivent être exclues comme les enzymes plasmatiques filtrées,<br />

les sécrétions provenant du tractus urogénital, les cellules non-rénales se retrouvant<br />

dans les urines, et l’effet <strong>de</strong> certains médicaments, comme les salicylates,<br />

susceptibles d’être à l’origine <strong>de</strong> la <strong><strong>de</strong>s</strong>quamation <strong><strong>de</strong>s</strong> cellules rénales [Koenig H. et<br />

al., 1978].<br />

Comme la distribution <strong><strong>de</strong>s</strong> enzymes n’est pas uniforme tout au long du<br />

néphron, il est possible d’i<strong>de</strong>ntifier le site spécifique <strong>de</strong> l’atteinte rénale. En règle<br />

générale, l’activité enzymatique est la plus élevée dans le cortex, principalement<br />

dans les tubules proximaux, la plus faible dans les papilles, et intermédiaire dans la<br />

médullaire [Bernard A. et al., 1991b]. Cependant, sur la centaine d’enzymes urinaires<br />

évaluées, seulement un petit nombre sont considérées comme bio-marqueurs<br />

(Tableau 4).<br />

La lactate déshydrogénase (EC 1.1.1.27) est présente dans le cytoplasme<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> cellules, l’excrétion urinaire <strong>de</strong> cette enzyme augmente lors <strong>de</strong> lésions ou<br />

maladies rénales.<br />

La N-acétyl-ββββ-D-glucosaminidase (NAG, EC 3.2.1.52) est localisée dans les<br />

lysosomes <strong><strong>de</strong>s</strong> cellules tubulaires proximales du segment S3 chez l’homme et du<br />

néphron distal. Chez le rat, par contre, la distribution <strong>de</strong> la NAG au niveau tubulaire<br />

proximal est différente, la quantité <strong>de</strong> NAG est plus importante dans les segments S1<br />

et S2 que S3 [Le Hir M. et al., 1980]. Avec une masse moléculaire d’environ 150 kD,<br />

le passage <strong>de</strong> la NAG au travers <strong>de</strong> la barrière glomérulaire est retardé et un taux<br />

élevé dans les urines reflète donc une atteinte <strong><strong>de</strong>s</strong> cellules tubulaires proximales. La<br />

43


présence <strong>de</strong> NAG, une enzyme lysosomale intracellulaire, dans les urines indique<br />

que les organelles <strong><strong>de</strong>s</strong> cellules tubulaires proximales sont endommagées.<br />

L’alanine aminopeptidase (EC 3.4.11.2) est uniquement présente à la<br />

bordure en brosse <strong>de</strong> l’épithélium tubulaire proximal. Tout comme la NAG, l’alanine<br />

aminopeptidase est très sensible à l’atteinte tubulaire aiguë [Lauwerys R.R. et al.,<br />

1987].<br />

Tableau 4 : Quelques enzymes utilisées comme in<strong>de</strong>x <strong>de</strong> néphrotoxicité [Finn W.F.<br />

et al., 2003].<br />

Alanine aminopeptidase<br />

Phosphatase alcaline<br />

γ-glutamyltransférase<br />

Maltase<br />

Trehalase<br />

Enzyme Localisation cellulaire<br />

Transaminase glutamique oxaloacétique<br />

Lactate déshydrogénase<br />

Malate déshydrogénase<br />

Glutathion S-transférase<br />

N-acétyl-β-D-glucosaminidase<br />

Phosphatase aci<strong>de</strong><br />

β-galactosidase<br />

β-glucosidase<br />

β-glucuronidase<br />

Bordure en brosse<br />

Cytoplasme<br />

Lysosome<br />

Glutamate déshydrogénase Mitochondrie<br />

La phosphatase alcaline intestinale et la phosphatase alcaline tissulaire<br />

non-spécifique sont <strong>de</strong>ux iso-enzymes urinaires (EC 3.1.3.1). La phosphatase<br />

alcaline intestinale est localisée à la bordure en brosse <strong><strong>de</strong>s</strong> cellules épithéliales<br />

intestinales humaines mais est également présente dans le rein humain normal où<br />

elle est exclusivement exprimée à la bordure en brosse <strong><strong>de</strong>s</strong> cellules épithéliales du<br />

44


segment S3 du tubule proximal [Verpooten G.F. et al., 1992]. La phosphatase<br />

alcaline intestinale présente dans les urines est donc d’origine rénale et spécifique<br />

du segment S3. Par contre, la phosphatase alcaline tissulaire humaine est localisée<br />

à la membrane <strong><strong>de</strong>s</strong> cellules du foie, <strong><strong>de</strong>s</strong> ostéoblastes et fibroblastes ainsi qu’à la<br />

bordure en brosse tout au long <strong><strong>de</strong>s</strong> différents segments tubulaires proximaux<br />

[Nouwen E.J. et al., 1994].<br />

Les glutathion-S-transférases (GST, EC 2.5.1.18) sont <strong><strong>de</strong>s</strong> enzymes<br />

cytosoliques ; quatre isoenzymes ont été i<strong>de</strong>ntifiées : alpha, mu, pi et thêta [Hayes<br />

J.D. et al., 1995]. L’isoforme α-GST est localisée dans le cytoplasme <strong><strong>de</strong>s</strong> cellules<br />

tubulaires proximales. L’isoforme π-GST est présente dans les cellules du tubule<br />

distal convoluté, <strong>de</strong> l’anse fine <strong>de</strong> Henlé, et <strong><strong>de</strong>s</strong> tubes collecteurs. Une augmentation<br />

<strong>de</strong> l’excrétion urinaire <strong>de</strong> l’α-GST reflète <strong><strong>de</strong>s</strong> altérations à la bordure en brosse <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

cellules tubulaires proximales [Branten A.J. et al., 2000].<br />

La distribution <strong><strong>de</strong>s</strong> enzymes dans tout le néphron varie en fonction <strong>de</strong><br />

l’espèce, le tableau 5 indique la localisation <strong><strong>de</strong>s</strong> enzymes chez le rat.<br />

3.2. Atteinte fonctionnelle<br />

Protéinurie<br />

Dans <strong><strong>de</strong>s</strong> conditions normales, la barrière <strong>de</strong> filtration glomérulaire empêche<br />

le passage <strong>de</strong> protéines <strong>de</strong> haut poids moléculaire du plasma vers la lumière du<br />

néphron. Dans certains états pathologiques, la sélectivité <strong>de</strong> la barrière <strong>de</strong> filtration<br />

se modifie, permettant aux protéines <strong>de</strong> haut poids moléculaire d’apparaître dans les<br />

urines. Par contre, dans les conditions normales, une quantité limitée <strong>de</strong> protéines <strong>de</strong><br />

faible poids moléculaire est filtrée et réabsorbée par les cellules tubulaires<br />

proximales. Lorsque la capacité <strong>de</strong> réabsorption <strong>de</strong> l’épithélium tubulaire proximal est<br />

perturbée, plusieurs protéines <strong>de</strong> faible poids moléculaire échappent à la<br />

réabsorption et sont détectées dans les urines. Par conséquent, la différence entre la<br />

protéinurie glomérulaire et la protéinurie tubulaire se base sur la quantité et la nature<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> protéines mesurées dans les urines (Fig. 17) [Peterson P.A. et al., 1969]. De<br />

45


plus, la filtration d’une quantité anormale et/ou le type <strong>de</strong> protéines influencent la<br />

progression <strong><strong>de</strong>s</strong> maladies rénales en induisant secondairement <strong><strong>de</strong>s</strong> altérations aux<br />

cellules <strong>de</strong> l’épithélium tubulaire et aux structures interstitielles [Bernard A. et al.,<br />

1991b; Nath K.A., 1992].<br />

Tableau 5 : Localisation d’enzymes dans le néphron chez le rat<br />

Enzyme<br />

Localisation<br />

cellulaire<br />

Localisation<br />

dans le néphron<br />

Référence<br />

Fructose-1,6-biphosphatase Tubule proximal [Burch H.B. et al., 1978]<br />

Pyruvate kinase Tubule distal [Schmid H. et al., 1980]<br />

Lactate déshydrogénase Cytosol Tout le néphron<br />

Anse fine et tubules<br />

[Burch H.B. et al., 1974]<br />

Aldose réductase<br />

collecteurs <strong>de</strong> la<br />

médullaire et <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

régions papillaires<br />

[Sands J.M. et al., 1989]<br />

Phosphatase alcaline Tout le néphron [Schmidt U. et al., 1971]<br />

5’-nucléotidase<br />

Bordure en<br />

Tout le néphron [Cole B.R. et al., 1982]<br />

Nucléoti<strong>de</strong> pyrophosphatase<br />

brosse<br />

Tubule proximal [Le Hir M. et al., 1986]<br />

γ-glutamyltransférase<br />

Tubule proximal [Heinle H. et al., 1977]<br />

Succinate déshydrogénase Tout le néphron [Schmid H., 1984]<br />

Mitochondrie<br />

Citrate synthase<br />

Tout le néphron [Le Hir M. et al., 1982]<br />

N-acétyl-β-D-glucosaminidase Tout le néphron [Gu<strong>de</strong>r W.G. et al., 1984]<br />

Phosphatase aci<strong>de</strong><br />

Lysosome<br />

Tout le néphron,<br />

excepté l’anse large<br />

ascendante <strong>de</strong><br />

Henlé <strong>de</strong> la<br />

médullaire<br />

[Olbricht C.J. et al., 1984]<br />

Protéinurie <strong>de</strong> haut poids moléculaire<br />

Un marqueur précoce <strong>de</strong> l’atteinte glomérulaire est l’apparition dans les urines<br />

<strong>de</strong> protéines plasmatiques <strong>de</strong> poids moléculaire supérieur à 50 kD dont l’albumine<br />

(69 kD), la transferrine (77 kD) et les immunoglobulines (146 kD).<br />

46


Figure 17. Trois types <strong>de</strong> protéinurie [Finn W.F. et al., 2003].<br />

L’albumine est quantitativement la protéine urinaire majeure provenant du<br />

plasma. La concentration moyenne <strong>de</strong> l’albumine dans les urines normales est au<br />

moins 5 fois supérieure à celle <strong><strong>de</strong>s</strong> autres protéines <strong>de</strong> haut poids moléculaire et au<br />

moins 50 fois supérieure à celle <strong>de</strong> la plupart <strong><strong>de</strong>s</strong> autres protéines <strong>de</strong> faible poids<br />

moléculaire. Etant donné sa taille moléculaire et sa forte charge négative, l’albumine<br />

est efficacement retenue par la barrière <strong>de</strong> filtration glomérulaire. La petite quantité<br />

d’albumine qui échappe néanmoins au filtre glomérulaire est réabsorbée par le<br />

tubule proximal avec une efficience présumée <strong>de</strong> 99 %. Une albuminurie élevée peut<br />

donc refléter soit une augmentation <strong>de</strong> la filtration glomérulaire, soit une déficience<br />

du transport tubulaire <strong>de</strong> l’albumine filtrée.<br />

La transferrine est une protéine transporteuse <strong>de</strong> fer dont la concentration<br />

urinaire est 15 fois plus faible que celle <strong>de</strong> l’albumine. La détection <strong>de</strong> transferrine<br />

dans les urines est le témoin précoce d’une implication glomérulaire dans certaines<br />

néphropathies, et est souvent associée avec l’albuminurie.<br />

Les immunoglobulines excrétées dans les urines sont composées<br />

préférentiellement <strong><strong>de</strong>s</strong> IgG, IgA et <strong><strong>de</strong>s</strong> chaînes légères d’immunoglobulines. La<br />

présence <strong><strong>de</strong>s</strong> IgG dans les urines indique une <strong>de</strong>nsité augmentée <strong><strong>de</strong>s</strong> pores larges<br />

dans la barrière <strong>de</strong> filtration glomérulaire, permettant le passage <strong>de</strong> toutes les<br />

protéines en fonction <strong>de</strong> leur taille et <strong>de</strong> leur charge. L’excrétion urinaire d’IgG reflète<br />

47


donc la sélectivité <strong>de</strong> la taille du filtre glomérulaire, signant la nature glomérulaire <strong>de</strong><br />

la protéinurie [Tencer J. et al., 1998].<br />

Protéines <strong>de</strong> faible poids moléculaire<br />

La protéinurie tubulaire est composée <strong>de</strong> protéines <strong>de</strong> faible poids<br />

moléculaire. Plusieurs protéines <strong>de</strong> faible poids moléculaire apparaissent<br />

normalement dans les urines et ont été mesurées en tant que marqueurs biologiques<br />

potentiels <strong>de</strong> l’atteinte tubulaire [Bernard A.M. et al., 1982] dont notamment : la β2-<br />

microglobuline, la protéine <strong>de</strong> liaison au rétinol (RBP, retinol binding protein) et l’α1-<br />

microglobuline [Bernard A. et al., 1979].<br />

La β2-microglobuline est une protéine globulaire <strong>de</strong> faible poids moléculaire<br />

(11,8 kD) synthétisée par quasi toutes les cellules nucléées et localisées à leur<br />

surface membranaire. Etant donné son poids moléculaire et son petit rayon, la β2-<br />

microglobuline est facilement filtrée par le glomérule. Dans <strong><strong>de</strong>s</strong> conditions normales,<br />

approximativement 99,9% <strong>de</strong> la β2-microglobuline filtrée sont réabsorbées par les<br />

cellules épithéliales du tubule proximal et finalement catabolisée. L’excrétion urinaire<br />

<strong>de</strong> β2-microglobuline est considérablement augmentée lors d’atteinte tubulaire<br />

proximale. Cependant, lorsque le pH urinaire est inférieur à 5,5, la β2-microglobuline<br />

est dégradée ; la protéine <strong>de</strong> liaison au rétinol et l’α1-microglobuline sont plus stables<br />

comme marqueurs urinaires [Bernard A.M. et al., 1987].<br />

La protéine <strong>de</strong> liaison au rétinol, également appelée α2-microglobuline, est<br />

une protéine <strong>de</strong> faible poids moléculaire (21,4 kD) synthétisée dans le réticulum<br />

endoplasmique <strong><strong>de</strong>s</strong> cellules parenchymateuses du foie où elle se lie au rétinol. En<br />

effet, la fonction <strong>de</strong> la protéine <strong>de</strong> liaison au rétinol est <strong>de</strong> transporter la vitamine A,<br />

sous sa forme alcoolique (rétinol), du foie vers les tissus épithéliaux. Dans le plasma,<br />

la protéine <strong>de</strong> liaison au rétinol se lie à la transthyrétine (ou préalbumine). Une fois le<br />

rétinol délivré au tissu cible approprié, la protéine <strong>de</strong> liaison au rétinol change <strong>de</strong><br />

conformation, perd son affinité pour la transthyrétine, est ensuite rapi<strong>de</strong>ment<br />

éliminée du plasma par la filtration glomérulaire et finalement réabsorbée et<br />

catabolisée par les cellules tubulaires proximales. La réabsorption <strong>de</strong> la protéine <strong>de</strong><br />

liaison au rétinol implique la mégaline [Marino M. et al., 2001].<br />

48


L’α1-microglobuline (protéine HC , 26-30 kD) est une protéine glycosylée,<br />

associée à la nouvelle famille <strong>de</strong> petites protéines sécrétoires, comprenant la<br />

protéine <strong>de</strong> liaison au rétinol. L’α1-microglobuline est principalement synthétisée<br />

dans le foie et est présente dans le plasma sous une forme <strong>libre</strong> ou liée à différentes<br />

protéines <strong>de</strong> haut poids moléculaire comme l’immunoglobuline A ou l’albumine. Bien<br />

que la moitié <strong>de</strong> la quantité présente dans le plasma soit complexée à<br />

l’immunoglobuline A, la forme <strong>libre</strong> est facilement filtrée au travers <strong>de</strong> la membrane<br />

glomérulaire. Cette forme <strong>libre</strong> est utilisée comme indicateur <strong>de</strong> dysfonction tubulaire<br />

[Ekstrom B. et al., 1975; Grubb A., 1992; Weber M.H. et al., 1992].<br />

Autres protéines<br />

La Protéine 1, également appelée protéine <strong><strong>de</strong>s</strong> cellules <strong>de</strong> Clara, est une α-<br />

microprotéine (environ 20 kD). L’excrétion urinaire <strong>de</strong> protéine 1 augmente chez les<br />

patients présentant un dysfonctionnement tubulaire proximal [Bernard A. et al.,<br />

1991a].<br />

Les amylases (EC 3.2.1.1) sont <strong><strong>de</strong>s</strong> enzymes <strong>de</strong> faible poids moléculaire et<br />

excrétées en gran<strong><strong>de</strong>s</strong> quantités dans les protéinuries tubulaires. Les amylases<br />

sériques sont principalement synthétisées par les glan<strong><strong>de</strong>s</strong> salivaires et le pancréas.<br />

Ces <strong>de</strong>ux iso-enzymes possè<strong>de</strong>nt la même taille moléculaire (29Å) mais <strong><strong>de</strong>s</strong> charges<br />

nettes différentes dans le plasma ; le rapport urinaire <strong>de</strong> l’amylase salivaire sur<br />

l’amymase pancréatique peut <strong>de</strong>venir utile pour explorer les changements <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

charges négatives <strong>de</strong> la membrane basale glomérulaire [Recio F. et al., 1994]<br />

Le lysozyme (EC 3.2.1.17) ou muramidase est une enzyme qui catalyse<br />

l’hydrolyse <strong>de</strong> la couche <strong>de</strong> peptidoglycan <strong>de</strong> la paroi cellulaire <strong><strong>de</strong>s</strong> bactéries. Il<br />

provient <strong><strong>de</strong>s</strong> cellules phagocytaires et est activement sécrété par les monocytes et<br />

les macrophages. L’excrétion urinaire <strong>de</strong> lysozyme augmente lors d’infections <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

voies urinaires, <strong>de</strong> lésions tubulaires proximales et d’une synthèse excessive <strong>de</strong><br />

lysozyme endogène qui dépasse largement la capacité d’absorption du tubule<br />

proximal.<br />

49


La cystatine C est une protéine basique non-glycosylée avec pratiquement le<br />

même poids moléculaire (13,3 kD) que la β2-microglobuline. Toutes les cellules<br />

nucléées produisent un taux stable <strong>de</strong> cystatine qui n’est pas influencé par<br />

l’inflammation. Les concentrations plasmatiques <strong>de</strong> cystatine changent avec l’âge en<br />

parallèle avec les modifications du taux <strong>de</strong> filtration glomérulaire. La cystatine C est<br />

présente dans les urines lors <strong>de</strong> dysfonctionnements tubulaires. La cystatine C est<br />

considérée par certains comme un marqueur endogène <strong>de</strong> la fonction rénale plus<br />

fiable que la créatinine.<br />

La glycoprotéine <strong>de</strong> Tamm-Horsfall (80 kD) est la plus abondante protéine<br />

d’origine rénale présente dans les urines normales et le constituant majeur <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

débris urinaires [TAMM I. et al., 1950]. La protéine <strong>de</strong> Tamm-Horsfall est localisée à<br />

la membrane <strong><strong>de</strong>s</strong> cellules épithéliales <strong>de</strong> la branche ascendante large <strong>de</strong> l’anse <strong>de</strong><br />

Henlé. L’excrétion urinaire <strong>de</strong> cette protéine peut augmenter suite à une atteinte <strong>de</strong><br />

la partie distale du tubule, mais peut être anormale lorsque la masse rénale est<br />

réduite [Thornley C. et al., 1985].<br />

50


4. Cellules <strong>de</strong> rein d’opossum : modèle d’étu<strong>de</strong> du<br />

tubule proximal<br />

4.1. Caractérisation <strong>de</strong> la lignée <strong>de</strong> cellules OK (opossum<br />

kidney)<br />

La lignée <strong>de</strong> cellules OK a été établie au départ <strong>de</strong> tissu rénal d’un opossum<br />

adulte d’Amérique (Di<strong>de</strong>lphys virginiana). Cette lignée prolifère rapi<strong>de</strong>ment et est<br />

stable du point <strong>de</strong> vue morphologique et <strong>de</strong> son caryotype [Koyama H. et al., 1978].<br />

Les cellules OK s’organisent en monocouches <strong>de</strong> cellules épithéliales polarisées et<br />

partagent <strong>de</strong> nombreuses propriétés morphologiques et fonctionnelles avec les<br />

cellules tubulaires proximales [Malstrom K. et al., 1987].<br />

Propriétés <strong>de</strong> transport<br />

La membrane apicale <strong><strong>de</strong>s</strong> cellules OK comporte les systèmes <strong>de</strong> transport<br />

couplés au Na + pour les aci<strong><strong>de</strong>s</strong> aminés, le glucose, les protons et le phosphate<br />

inorganique ainsi qu’une sensibilité hormonale à la PTH et à la calcitonine<br />

[Malmstrom K. et al., 1986; Malstrom K. et al., 1987] (Tableau 6). La lignée rénale <strong>de</strong><br />

cellules OK est la seule lignée cellulaire établie avec <strong><strong>de</strong>s</strong> caractéristiques proximales<br />

ayant la capacité <strong>de</strong> réguler le co-transport Na + dépendant/phosphate en réponse,<br />

soit à un agent rapi<strong>de</strong> comme la PTH [Hruska K.A. et al., 1987; Teitelbaum A.P. et<br />

al., 1984; Teitelbaum A.P. et al., 1986], soit un stimulus prolongé comme une<br />

déprivation chronique en phosphate organique ou l’exposition à <strong>de</strong> l’hormone<br />

thyroïdienne [Quamme G. et al., 1989; Yonemura K. et al., 1990]. En effet, les<br />

récepteurs <strong>de</strong> haute affinité pour la PTH, présents dans les cellules OK, sont couplés<br />

à l’activation <strong>de</strong> l’adénylate cyclase et l’inhibition du co-transport Na + /phosphate<br />

[Caverzasio J. et al., 1986; Cole J.A. et al., 1987; Malmstrom K. et al., 1986;<br />

Teitelbaum A.P. et al., 1986].<br />

51


Tableau 6 : Caractéristiques <strong><strong>de</strong>s</strong> transports tubulaires au niveau <strong>de</strong> l’épithélium proximal <strong><strong>de</strong>s</strong> cellules OK<br />

Transporteur Sodium Localisation Substrat Activateur Inhibiteur Régulateur Références<br />

Na + /aci<strong><strong>de</strong>s</strong> aminés<br />

Na + /hexoses<br />

Na + /glucose<br />

dépendant apicale<br />

Aci<strong><strong>de</strong>s</strong> aminés aci<strong><strong>de</strong>s</strong> : Lglutamate<br />

Aci<strong><strong>de</strong>s</strong> aminés neutres :<br />

L-proline, L-alanine, Lphénylalanine<br />

Aci<strong><strong>de</strong>s</strong> aminés neutres :<br />

indépendant basolatérale<br />

L-alanine<br />

Aci<strong><strong>de</strong>s</strong> aminés<br />

dépendant apicale<br />

dibasiques : L-arginine<br />

α-méthyl-D-glucosi<strong>de</strong><br />

D-glucose<br />

Phlorizine<br />

indépendant basolatérale D-glucose Cytochalasine B<br />

Na + /phosphate dépendant PTH PTH<br />

Na + /phosphate<br />

inorganique<br />

NaPi type IIa<br />

Na + /sulfate<br />

inorganique<br />

dépendant apicale<br />

indépendant<br />

Hormonale,<br />

PTH<br />

[Malstrom K. et al.,<br />

1987; Schwegler J.S. et<br />

al., 1989b]<br />

[Malstrom K. et al.,<br />

1987; Van <strong>de</strong>n B.L. et<br />

al., 1989]<br />

[Caverzasio J. et al.,<br />

1986; Malmstrom K. et<br />

al., 1986; Teitelbaum<br />

A.P. et al., 1984]<br />

[Cole J.A. et al., 1987;<br />

Malstrom K. et al., 1987]<br />

[Malstrom<br />

1987]<br />

K. et al.,<br />

52


Échangeur Na + /H +<br />

NHE3<br />

Echangeur<br />

H + /cations<br />

organiques<br />

Echangeur cations<br />

organiques/cations<br />

organiques<br />

Echangeur<br />

PAH/anions<br />

organiques<br />

Echangeur PAH<br />

(anions<br />

organiques)/dicarb<br />

oxylates<br />

Echangeur PAH<br />

(anions<br />

organiques)/dicarb<br />

oxylates<br />

apicale Insuline PTH amilori<strong>de</strong><br />

apicale Tetraéthylammonium<br />

apicale<br />

dépendant basolatérale PAH<br />

Para-aminohippurate<br />

(PAH)<br />

Cations organiques<br />

(1mM): N 1 -<br />

méthylnicotine ami<strong>de</strong>,<br />

amilori<strong>de</strong>, cimetidine,<br />

verapamil,<br />

procainami<strong>de</strong>,<br />

quinidine<br />

Probénéci<strong>de</strong>,<br />

furosémi<strong>de</strong>, diéthyl<br />

pyrocarbonate<br />

(inhibiteur du transport<br />

d’anions organiques<br />

sensibles au potentiel),<br />

dicarboxylates<br />

Dicarboxylates (αkétoglutarate),<br />

probénéci<strong>de</strong>,<br />

furosémi<strong>de</strong>,<br />

antibitiques β-lactames<br />

(benzylpénicilline,<br />

cefazoline)<br />

PTH (par la<br />

voie <strong>de</strong> la<br />

protéine<br />

kinase C)<br />

EGF<br />

[Gekle M. et al., 1999;<br />

Helmle-Kolb C. et al.,<br />

1990; Klisic J. et al.,<br />

2002; Malstrom K. et al.,<br />

1987; Pollock A.S. et al.,<br />

1986]<br />

[McKinney T.D. et al.,<br />

1990; Yuan G. et al.,<br />

1991]<br />

[Habu Y. et al., 2002;<br />

Nagai J. et al., 1997;<br />

Takano M. et al., 1994]<br />

[Hori R. et al., 1993;<br />

Nagai J. et al., 1995;<br />

Sauvant C. et al., 2001;<br />

Takano M. et al., 1994]<br />

53


Les cellules OK contiennent également <strong><strong>de</strong>s</strong> transports spécifiques <strong><strong>de</strong>s</strong> anions<br />

et <strong><strong>de</strong>s</strong> cations organiques [Hori R. et al., 1993; Yuan G. et al., 1991].<br />

Dans les cellules OK, la distribution <strong><strong>de</strong>s</strong> transporteurs d’hexoses dépendant et<br />

indépendant du sodium ainsi que l’existence à la membrane apicale <strong>de</strong> systèmes <strong>de</strong><br />

transport couplé au sodium pour le glutamate (dépendant du K + interne), la L-proline<br />

et la L-alanine, le phosphate inorganique et l’échangeur Na + /H + sont en accord avec<br />

les données caractérisant le transport tubulaire proximal [Malstrom K. et al., 1987].<br />

Réponse hormonale<br />

La PTH inhibe l’activité du co-transporteur Na/Pi <strong>de</strong> type IIa (NaPi-4), exprimé<br />

à la surface apicale <strong><strong>de</strong>s</strong> cellules OK [Sorribas V. et al., 1994]; la diminution associée<br />

à l’expression <strong>de</strong> la protéine du co-transporteur Na/Pi <strong>de</strong> type IIa à la membrane<br />

apicale entraîne une accumulation subapicale transitoire du transporteur et sa<br />

dégradation lysosomale [Keusch I. et al., 1998; Malmstrom K. et al., 1987; Pfister<br />

M.F. et al., 1997; Pfister M.F. et al., 1998]. La première étape <strong>de</strong> la régulation par la<br />

PTH est l’internalisation <strong>de</strong> la protéine du co-transporteur Na/Pi <strong>de</strong> type IIa au départ<br />

<strong>de</strong> la membrane apicale conduisant à sa dégradation lysosomale [Jankowski M. et<br />

al., 1999].<br />

L’insuline stimule l’activité <strong>de</strong> l’échangeur Na + /H + NHE3. Dans les cellules OK,<br />

l’insuline augmente l’activité <strong>de</strong> l’échange Na + /H + <strong>de</strong> manière dépendante du temps<br />

et <strong>de</strong> la concentration ; cet effet est dû à l’activation <strong>de</strong> NHE3. L’insuline semble<br />

stimuler l’activité <strong>de</strong> NHE3 tubulaire rénal par un mécanisme biphasique impliquant<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> facteurs post-transcriptionnels et une augmentation <strong>de</strong> l’expression du gène <strong>de</strong><br />

NHE3 ; ces effets sont amplifiés sous l’action <strong>de</strong> l’hydrocortisone [Klisic J. et al.,<br />

2002].<br />

Les cellules OK sont également sensibles à d’autres hormones : le facteur<br />

atrial natriurétique [Nakai M. et al., 1988], la calcitonine [Malmstrom K. et al., 1986],<br />

la <strong>de</strong>xaméthasone [Rizzoli R. et al., 1987], la dopamine [Cheng L. et al., 1990],<br />

l’épinéphrine [Murphy T.J. et al., 1988], le facteur <strong>de</strong> croissance 1 analogue à<br />

l’insuline (IGF1) [Caverzasio J. et al., 1989], la prostaglandine E2 [Malmstrom K. et<br />

54


al., 1986], la sérotonine [Murphy T.J. et al., 1989], l’hormone thyroïdienne [Yonemura<br />

K. et al., 1990] et la vitamine D [Binswanger U. et al., 1993; Wald H. et al., 1998].<br />

Propriétés électriques<br />

Le potentiel <strong>de</strong> membrane <strong><strong>de</strong>s</strong> cellules OK est principalement (70%)<br />

déterminé par la conductance <strong><strong>de</strong>s</strong> ions K + qui est bloquée par le baryum. La<br />

dépolarisation <strong><strong>de</strong>s</strong> cellules OK est rapi<strong>de</strong> en réponse à l’acidité intracellulaire,<br />

complètement réversible et peut être protégée par l’amilori<strong>de</strong>. La perméabilité au K +<br />

est donc régulée par le pH intracellulaire. La présence <strong>de</strong> l’échangeur Na + /H + permet<br />

<strong>de</strong> compenser la charge aci<strong>de</strong> intracellulaire induisant une repolarisation <strong>de</strong> la<br />

membrane cellulaire par modification <strong>de</strong> la conductance K + . La pompe<br />

électrogénique Na + /K + -ATPase contribue également à la conductance totale <strong>de</strong> la<br />

membrane cellulaire (mais à 30%) [Schwegler J.S. et al., 1989a].<br />

La résistance transépithéliale est extrêmement faible dans les monocouches<br />

<strong>de</strong> cellules OK. Les cellules OK forment un grand nombre <strong>de</strong> dômes reflétant un<br />

transport <strong>de</strong> soluté du côté apical vers le côté basolatéral. La réponse très rapi<strong>de</strong> aux<br />

changements <strong>de</strong> concentration ionique suggère que la conductance K + est localisée<br />

à la membrane apicale <strong><strong>de</strong>s</strong> cellules. Les monocouches <strong>de</strong> cellules OK sont<br />

électriquement faibles [Schwegler J.S. et al., 1989a].<br />

Propriétés biochimiques<br />

La croissance <strong><strong>de</strong>s</strong> cellules OK n’étant que légèrement diminuée dans un<br />

milieu défini sans sérum par rapport à un milieu contenant du sérum, les<br />

observations suivantes ont été réalisées pour <strong><strong>de</strong>s</strong> cellules OK en milieu sans sérum.<br />

L’activité <strong>de</strong> la glutathion-S-transférase, un marqueur enzymatique spécifique du<br />

cytosol <strong><strong>de</strong>s</strong> tubules proximaux est faible et le contenu total en glutathion diminue au<br />

cours du temps. L’activité spécifique <strong><strong>de</strong>s</strong> enzymes marqueurs <strong>de</strong> la bordure en<br />

brosse comme l’alanine aminopeptidase et la phosphatase alcaline est très faible ;<br />

l’activité <strong>de</strong> la γ-glutamyl transpeptidase est absente. En effet, les cellules OK<br />

présentent une très faible quantité <strong>de</strong> microvillosités. L’activité <strong>de</strong> l’enzyme<br />

lysosomale NAG est bien présente dans les cellules OK. L’activité <strong>de</strong> la succinate<br />

déshydrogénase, une enzyme associée aux mitochondries, est constante. L’activité<br />

<strong>de</strong> la Na + /K + -ATPase est stable. L’activité <strong>de</strong> la lactate déshydrogénase et <strong>de</strong><br />

55


l’hexokinase, enzyme <strong>de</strong> la glycolyse, restent stables. Les cellules OK expriment une<br />

très faible activité phosphoénolpyruvate carboxykinase [Courjault F. et al., 1991].<br />

4.2. Endocytose médiée par récepteur<br />

Les cellules OK ont la capacité <strong>de</strong> réabsorber les protéines par un mécanisme<br />

d’endocytose bien distinct <strong>de</strong> l’endocytose en phase flui<strong>de</strong> [Schwegler J.S. et al.,<br />

1991]. En effet, les monocouches <strong>de</strong> cellules OK réabsorbent l’albumine marquée à<br />

la fluorescéine isothiocyanate (FITC) selon une cinétique <strong>de</strong> saturation dépendante<br />

du temps et <strong>de</strong> la concentration, contrairement à l’inuline-FITC qui entre dans les<br />

cellules par un processus non-saturable (Fig. 18). Le système <strong>de</strong> transport <strong>de</strong><br />

l’albumine dans les cellules OK possè<strong>de</strong> une affinité apparente <strong>de</strong> 24 mg/l (20-30<br />

mg/l), laquelle correspond à la concentration physiologique estimée dans la lumière<br />

tubulaire (30mg/l [Eisenbach G.M. et al., 1975]). L’endocytose d’albumine-FITC<br />

atteint son maximum à un pH extracellulaire <strong>de</strong> 7,4 mais est réduite en milieu aci<strong>de</strong><br />

ou alcalin. Par contre, la concentration extracellulaire <strong>de</strong> sodium, <strong>de</strong> chlore ou <strong>de</strong><br />

calcium n’influence pas l’absorption d’albumine-FITC. Les cellules OK représentent<br />

un modèle bien adapté pour étudier la réabsorption tubulaire proximale <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

protéines.<br />

L’albumine-FITC est un marqueur fiable pour suivre l’endocytose médiée par<br />

récepteur : seulement environ 2 % <strong>de</strong> son endocytose est attribuée à l’endocytose en<br />

phase flui<strong>de</strong>. L’albumine capturée par les cellules OK est dégradée en fonction du<br />

pH vésiculaire. L’acidification <strong><strong>de</strong>s</strong> endosomes est particulièrement importante dans<br />

l’endocytose médiée par récepteur <strong>de</strong> l’albumine. Par contre, la formation <strong>de</strong><br />

vésicules d’endocytose en phase flui<strong>de</strong> n’est pas influencée par l’alcalinisation <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

endosomes ni par l’acidification du cytoplasme. Les cellules OK constituent<br />

également un bon modèle pour étudier le pH endosomal [Gekle M. et al., 1995a]<br />

La cinétique <strong>de</strong> l’endocytose d’albumine-FITC par les cellules OK est<br />

influencée par le Ca 2+ et l’AMP cyclique mais pas au niveau <strong>de</strong> la formation <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

vésicules d’endocytose, contrairement à l’endocytose en phase flui<strong>de</strong> du FITC-<br />

56


<strong>de</strong>xtran qui n’est pas modifiée. Le Ca 2+ est nécessaire à l’endocytose médiée par<br />

récepteur mais n’intervient probablement pas dans sa régulation. Par contre, l’AMP<br />

cyclique peut influencer l’endocytose médiée par récepteur dans <strong><strong>de</strong>s</strong> conditions<br />

physiologiques [Gekle M. et al., 1995b].<br />

A<br />

B<br />

Figure 18. Cinétiques <strong>de</strong> l’absorption d’albumine-FITC et d’inuline-FITC. A. Evolution au<br />

cours du temps <strong>de</strong> la fluorescence intracellulaire après incubation avec 0,5 g/l d’albumine à<br />

37°C en milieu bicarbonate (cercle) et sur glace en solution Ringer (triangle). FITC-inuline :<br />

0,5g/l, 37°C en milieu bicarbonate (cercle noir). B. Taux d’absorption initial (15 min)<br />

d’albumine-FITC (cercle) et d’inuline-FITC (cercle noir) à différentes concentrations du<br />

substrat (37°C, milieu bicarbonate). n = 4-6. [Schwegler J.S. et al., 1991].<br />

Les cellules OK expriment un site <strong>de</strong> liaison <strong>de</strong> haute affinité pour l’albumine à<br />

la membrane apicale ; ce site <strong>de</strong> liaison est sensible au pH et lie l’albumine en<br />

quantité physiologique [Gekle M. et al., 1996].<br />

L’endocytose d’albumine par les cellules OK se déroule par la voie<br />

dépendante <strong>de</strong> la clathrine et dépend essentiellement <strong>de</strong> l’intégrité du cytosquelette<br />

d’actine. Les microtubules facilitent l’absorption par endocytose. La voie<br />

d’endocytose médiée par les cavéoles, vésicules recouvertes d’un manteau <strong>de</strong><br />

cavéoline, n’est pas impliquée dans l’endocytose <strong>de</strong> l’albumine dans les cellules OK<br />

[Gekle M. et al., 1997].<br />

57


Enfin, l’endocytose d’albumine par les cellules OK implique les <strong>de</strong>ux<br />

récepteurs mégaline et cubiline intervenant dans l’endocytose médiée par récepteur.<br />

Ces <strong>de</strong>ux glycoprotéines sont co-exprimées et principalement co-localisées à la<br />

surface <strong><strong>de</strong>s</strong> cellules (Fig. 19A). Des observations en microscopie électronique<br />

montrent que la mégaline et la cubiline sont co-localisées à la surface <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

microvillosités, dans les puits recouverts d’un manteau <strong>de</strong> clathrine et dans les<br />

compartiments endocytaires (Fig. 19B). Seules les cellules exprimant la mégaline et<br />

la cubiline sont capables d’absorber l’albumine, indiquant une association entre ces<br />

<strong>de</strong>ux récepteurs et l’endocytose d’albumine [Zhai X.Y. et al., 2000].<br />

Figure 19. A. & B: Colocalisation (en jaune) par immunofluorescence <strong>de</strong> la mégaline (FITC,<br />

en vert) et <strong>de</strong> la cubiline (TRIC, en rouge) dans les cellules OK (A ×1100, B ×1800).<br />

C & D: Colocalisation (en jaune) par immunofluorescence d’albumine-FITC (en vert) et <strong>de</strong> la<br />

cubiline (C) ou la mégaline (D) marquée au TRIC (en rouge). Grossissement ×1400.<br />

E. Double marquage immunocytochimique pour la mégaline et la cubiline observé en<br />

microscopie électronique. La mégaline (particules d’or 5 nm) et la cubiline (particules d’or 10<br />

nm) sont distribuées ensemble à la membrane apicale (flèche) et dans les vacuoles<br />

d’endocytoses (tête <strong>de</strong> flèche) dans les cellules OK. MV: microvillosités. Grossissement<br />

×86000. [Zhai X.Y. et al., 2000].<br />

E<br />

58


5. Toxicité tubulaire <strong><strong>de</strong>s</strong> aci<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>aristolochiques</strong><br />

Aci<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>aristolochiques</strong><br />

Les aci<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>aristolochiques</strong> (AA) sont extraits <strong>de</strong> plantes <strong>de</strong> la famille <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

Aristolochia (par exemple Aristolochia clematitis, Aristolochia fangchi et Aristolochia<br />

Manshurensis) et consistent en un mélange <strong>de</strong> composés structurellement dérivés<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> aci<strong><strong>de</strong>s</strong> carboxyliques nitrophénantrènes, principalement l’aci<strong>de</strong> aristolochique I<br />

(AAI) et l’aci<strong>de</strong> aristolochique II (AAII) (Figure 20) [Mix D.B. et al., 1982].<br />

Figure 20. Structure chimique <strong>de</strong> l’aci<strong>de</strong> aristolochique I (AAI), aci<strong>de</strong> 8-méthoxy-6-nitrophénantro-(3,4,d)-1,3-dioxolo-5-carboxylique<br />

et <strong>de</strong> l’aci<strong>de</strong> aristolochique II (AAII), aci<strong>de</strong> 6nitro-phénantro-(3,4,d)-1,3-dioxolo-5-carboxylique<br />

[Arlt V.M. et al., 2002].<br />

Métabolisme<br />

Les étu<strong><strong>de</strong>s</strong> du métabolisme <strong><strong>de</strong>s</strong> AA dans différentes espèces dont l’être<br />

humain montrent que les aristolactames produits par nitroréduction sont les<br />

principaux métabolites retrouvés dans les urines et les fèces [Krumbiegel G. et al.,<br />

1987]. L’aristolactame Ia, le principal métabolite d’AAI, est produit par <strong>de</strong>ux voies<br />

métaboliques, l’une par l’aristolactame I et l’autre par AAIa (Fig. 21).<br />

Formation d’adduits d’ADN<br />

La transformation <strong><strong>de</strong>s</strong> aristolactames en agents aux propriétés mutagènes<br />

résulte <strong>de</strong> l’activation métabolique <strong><strong>de</strong>s</strong> AA ; cette activation comporte une étape<br />

cruciale, la nitroréduction [Schmeiser H.H. et al., 1984]. En effet, un ion Nacylnitrenium<br />

cyclique porteur d’une charge positive délocalisée est produit ; il se lie<br />

59


Figure 21. Métabolisme <strong>de</strong> l’aci<strong>de</strong> aristolochique I et <strong>de</strong> l’aci<strong>de</strong> aristolochique II chez<br />

différentes espèces <strong>de</strong> mammifère, y compris l’homme [Krumbiegel G. et al., 1987].<br />

préférentiellement aux groupes amino exocycliques <strong><strong>de</strong>s</strong> nucléoti<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> bases<br />

puriques <strong>de</strong> l’ADN, formant les adduits d’ADN, ou est hydrolysé en 7hydroxyaristolactame<br />

correspondant (Fig. 22) [Arlt V.M. et al., 2002]. Les structures<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> principaux adduits d’ADN ont été déterminées par spectroscopie : 7-<br />

(déoxyadénosine-N 6 -yl)aristolactame I (dA-AAI), 7-(déoxguanosine-N 2 -<br />

yl)aristolactame I (dG-AAI), 7-(déoxyadénosine-N 6 -yl)aristolactame II (dA-AAII) [Pfau<br />

W. et al., 1990; Pfau W. et al., 1991]. La métho<strong>de</strong> la plus couramment utilisée pour<br />

détecter les adduits d’ADN est le dosage très sensible du post-marquage au 32 P.<br />

Cette métho<strong>de</strong> appliquée tant in vitro qu’in vivo est quasi spécifique [Stiborova M. et<br />

al., 1998].<br />

60


Figure 22. Activation métabolique et formation <strong><strong>de</strong>s</strong> adduits d’ADN aux aci<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>aristolochiques</strong><br />

I (AAI, R = OCH3) et II (AAII, R = H); 7-(déoxyadénosine-N 6 -yl)aristolactame I ou II (dA-AAI<br />

ou dA-AAII), 7-(déoxyguanosine-N 2 -yl)aristolactame I ou II (dG-AAI ou dG-AAII) [Arlt V.M. et<br />

al., 2002].<br />

5.1. Néphropathie aux plantes chinoises : aperçu clinique<br />

La néphropathie dite aux plantes chinoises (CHN, Chinese-herb nephropathy)<br />

a été observée pour la première fois au début <strong><strong>de</strong>s</strong> années 1990 en Belgique. Elle<br />

consiste en une atteinte rénale, qui progresse rapi<strong>de</strong>ment jusqu’au sta<strong>de</strong> terminal, et<br />

a été initialement rapportée chez un nombre <strong>de</strong> femmes qui ont toutes ingéré <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

gélules amaigrissantes contenant <strong><strong>de</strong>s</strong> plantes chinoises [Vanherweghem J.L. et al.,<br />

61


1993]. Dans le courant <strong>de</strong> l’année 1990, la prescription magistrale du cabinet<br />

bruxellois a été modifiée en introduisant <strong><strong>de</strong>s</strong> extraits <strong>de</strong> poudre <strong>de</strong> plantes chinoises,<br />

à savoir Stephania tetrandra et Magnolia officinalis. Les analyses phytochimiques<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> échantillons <strong>de</strong> soi-disant Stephania tetrandra ont montré la présence d’AA<br />

extraits d’Aristolochia fangchi en lieu et place <strong>de</strong> la tétandrine attendue [Vanhaelen<br />

M. et al., 1994].<br />

Des cas similaires d’insuffisance rénale, ayant un rapport ou non avec le<br />

contexte <strong>de</strong> régime amaigrissant, ont été décrits <strong>de</strong> par le mon<strong>de</strong> chez <strong><strong>de</strong>s</strong> patients<br />

exposés aux espèces d’Aristolochia contenant <strong><strong>de</strong>s</strong> AA : en France [Pourrat J. et al.,<br />

1994; Stengel B. et al., 1998], en Espagne [Pena J.M. et al., 1996], au Royaume-Uni<br />

[Cronin A.J. et al., 2002; Lord G.M. et al., 1999], en Allemagne [Krumme B. et al.,<br />

2001], à Taiwan [Chang C.H. et al., 2001; Yang C.S. et al., 2000; Yang S.S. et al.,<br />

2002], au Japon [Tanaka A. et al., 2000a; Tanaka A. et al., 2000b], en Chine [Chen<br />

W. et al., 2001; Gillerot G. et al., 2001; Lee S. et al., 2004; Li X. et al., 2001; Yang L.<br />

et al., 2003; Yu Y. et al., 2003] et aux Etats-Unis [Meyer M.M. et al., 2000].<br />

Aperçu clinique<br />

Dans la plupart <strong><strong>de</strong>s</strong> cas, l’insuffisance rénale a été détectée par une analyse<br />

sanguine <strong>de</strong> routine. Cette néphropathie ne s’accompagne ni d’albuminurie ni<br />

d’anomalies du sédiment urinaire. Excepté quelques observations <strong>de</strong> syndrome <strong>de</strong><br />

Fanconi [Krumme B. et al., 2001; Tanaka A. et al., 2000a; Tanaka A. et al., 2001;<br />

Yang S.S. et al., 2002], la majorité <strong><strong>de</strong>s</strong> cas sont caractérisés par une insuffisance<br />

rénale chronique, évoluant vers une insuffisance rénale terminale nécessitant<br />

l’instauration d’un traitement <strong>de</strong> suppléance (dialyse, transplantation rénale).<br />

L’examen anatomo-pathologique <strong><strong>de</strong>s</strong> reins <strong><strong>de</strong>s</strong> patientes CHN révèle une<br />

fibrose interstitielle pauci-cellulaire étendue accompagnée d’une atrophie tubulaire<br />

sévère accompagnée d’une perte <strong><strong>de</strong>s</strong> tubules. Ces lésions progressent du cortex<br />

superficiel vers le cortex profond. Les glomérules sont relativement épargnés ;<br />

cependant un collapsus <strong><strong>de</strong>s</strong> capillaires, une fragmentation <strong>de</strong> la membrane basale et<br />

un épaississement fibreux <strong>de</strong> la capsule <strong>de</strong> Bowman sont observés [Cosyns J.P. et<br />

al., 1994a; Depierreux M. et al., 1994]. Un gonflement endothélial et un<br />

62


épaississement fibreux <strong>de</strong> la paroi <strong><strong>de</strong>s</strong> artérioles interlobulaires et efférentes ont<br />

également été observés [Depierreux M. et al., 1994].<br />

L’atteinte structurelle <strong>de</strong> l’épithélium tubulaire proximal chez les patientes CHN<br />

a été confirmée par différentes étu<strong><strong>de</strong>s</strong> cliniques, indiquant que la cellule tubulaire<br />

proximale est la cible principale <strong>de</strong> la néphropathie induite par les AA. En effet, une<br />

excrétion accrue <strong><strong>de</strong>s</strong> protéines <strong>de</strong> faible poids moléculaire filtrées comme la protéine<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> cellules <strong>de</strong> Clara, la protéine <strong>de</strong> liaison au rétinol, la β2-microglobuline, l’α1-<br />

microglobuline et la cystatine C a été observée, témoignant d’un dysfonctionnement<br />

<strong>de</strong> la réabsorption tubulaire proximale [Kabanda A. et al., 1995; Nortier J.L. et al.,<br />

1997]. En parallèle, l’excrétion urinaire <strong>de</strong> l’endopeptidase neutre (NEP) est<br />

progressivement réduite chez les patientes atteintes <strong>de</strong> la néphropathie aux plantes<br />

chinoises, reflétant une perte <strong>de</strong> la bordure en brosse. Une excrétion urinaire<br />

anormale <strong>de</strong> l’enzyme lysosomale NAG, un autre marqueur <strong>de</strong> l’atteinte tubulaire est<br />

également observée [Nortier J.L. et al., 1997]. Finalement, le profil <strong>de</strong> l’aminoacidurie<br />

enregistré chez <strong><strong>de</strong>s</strong> patientes CHN présentant un syndrome <strong>de</strong> Fanconi (excrétion<br />

augmentée <strong>de</strong> proline, d’hydroxyproline et citrulline avec une excrétion quasi<br />

normale <strong>de</strong> glycine) suggère que les AA affecteraient <strong>de</strong> manière prédominante le<br />

système <strong>de</strong> transport <strong>de</strong> faible affinité <strong>de</strong> la proline à la membrane <strong>de</strong> la bordure en<br />

brosse du tubule proximal [Tanaka A. et al., 2000b].<br />

Une association entre la CHN et les tumeurs <strong><strong>de</strong>s</strong> voies urinaires excrétrices a<br />

été rapportée. Tout d’abord, <strong><strong>de</strong>s</strong> atypies modérées et une hyperplasie atypique <strong>de</strong><br />

l’urothélium ont été décrites sur les pièces <strong>de</strong> néphrectomie réalisées lors <strong>de</strong> la<br />

transplantation rénale <strong>de</strong> patientes CHN [Cosyns J.P. et al., 1994a]. Ensuite, <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

cancers <strong><strong>de</strong>s</strong> voies urinaires ont été observés : urothéliomes localisés à la vessie<br />

[Cosyns J.P. et al., 1994b], au bassinet [Vanherweghem J.L. et al., 1995] et à<br />

l’uretère [Lord G.M. et al., 2001]. L’analyse systématique <strong><strong>de</strong>s</strong> reins et uretères<br />

propres <strong><strong>de</strong>s</strong> patientes CHN atteintes d’une insuffisance rénale au sta<strong>de</strong> terminal a<br />

montré la présence <strong>de</strong> carcinomes urothéliaux du bassinet et/ou <strong>de</strong> l’uretère [Cosyns<br />

J.P. et al., 1999; Nortier J.L. et al., 2000].<br />

L’exposition aux AA est confirmée par la détection <strong><strong>de</strong>s</strong> adduits d’ADN<br />

spécifiques aux AA (dA-AAI, dG-AAI, dA-AAI) dans <strong><strong>de</strong>s</strong> échantillons <strong>de</strong> tissus rénaux<br />

63


<strong><strong>de</strong>s</strong> patientes atteintes <strong>de</strong> néphropathie aux plantes chinoises [Nortier J.L. et al.,<br />

2000; Schmeiser H.H. et al., 1996].<br />

5.2. Données expérimentales chez l’animal<br />

5.2.1. Toxicité aiguë<br />

Les effets <strong>de</strong> la toxicité aiguë <strong><strong>de</strong>s</strong> AA ont été testés chez <strong><strong>de</strong>s</strong> rats Wistar et<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> souris NMRI <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong>ux sexes. L’administration d’une seule dose d’AA par gavage<br />

(120-300 mg/kg) ou par injection intraveineuse (38-110 mg/kg) induit en quelques<br />

jours une nécrose tubulaire aiguë sévère. L’exposition à <strong><strong>de</strong>s</strong> doses élevées produit<br />

une insuffisance rénale aiguë causant la mort <strong><strong>de</strong>s</strong> animaux endéans 15 jours.<br />

[Mengs U., 1987]. Des lésions cancéreuses locales <strong>de</strong> la partie antérieure <strong>de</strong><br />

l’estomac sont également observées lors <strong>de</strong> l’administration par gavage (10 mg<br />

kg/jour) [Mengs U., 1983]. Suite à l’administration par gavage d’une dose d’AA (10-<br />

100 mg/kg) à <strong><strong>de</strong>s</strong> rats Wistar femelles, <strong><strong>de</strong>s</strong> lésions rénales se développent en 3<br />

jours, l’effet étant dépendant <strong>de</strong> la dose. D’un point <strong>de</strong> vue histologique, une nécrose<br />

<strong>de</strong> l’épithélium tubulaire rénal est observée et principalement localisée dans la pars<br />

recta du tubule proximal. D’un point <strong>de</strong> vue fonctionnel, une augmentation <strong>de</strong> la<br />

créatinine plasmatique ainsi que <strong>de</strong> l’excrétion urinaire <strong>de</strong> protéines, <strong>de</strong> glucose, <strong>de</strong><br />

NAG, <strong>de</strong> gamma-glutamyl transférase et <strong>de</strong> malate déshydrogénase est observée<br />

[Mengs U. et al., 1993].<br />

5.2.2. Toxicité chronique<br />

Les effets <strong>de</strong> la toxicité chronique ont été étudiés chez <strong><strong>de</strong>s</strong> rats Wistar mâles<br />

et femelles traités par gavage : <strong><strong>de</strong>s</strong> tumeurs se développent en fonction <strong>de</strong> la dose et<br />

<strong>de</strong> la durée du traitement. Après 3 mois d’exposition aux AA (1-10 mg/kg), <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

lésions cancéreuses apparaissent dans la partie antérieure <strong>de</strong> l’estomac. Après 3 à 6<br />

mois sans traitement, <strong><strong>de</strong>s</strong> métastases sont observées dans la partie antérieure <strong>de</strong><br />

64


l’estomac ; <strong><strong>de</strong>s</strong> adénomes et occasionnellement <strong><strong>de</strong>s</strong> carcinomes apparaissent dans<br />

le cortex rénal tandis qu’une hyperplasie évoluant vers un papillome ou un carcinome<br />

est présente dans le bassinet ou la vessie [Mengs U. et al., 1982]. L’effet<br />

carcinogène <strong><strong>de</strong>s</strong> AA est similaire chez la souris femelle <strong>de</strong> souche NMRI après un<br />

traitement aux AA (5 mg/kg) pendant 3 semaines [Mengs U., 1988]. L’administration<br />

par voie orale d’AA (25 mg/kg) à <strong><strong>de</strong>s</strong> rats Wistar mâles pendant 4 semaines induit<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> lésions dégénératives dans les reins, la partie antérieure <strong>de</strong> l’estomac, la vessie<br />

et les testicules. L’atteinte la plus sévère est localisée dans les tubules corticaux<br />

rénaux sous forme <strong>de</strong> nécrose tubulaire. Une protéinurie et une glycosurie sont<br />

également observées [Mengs U. et al., 1992]. L’administration orale d’AA (10 mg/kg)<br />

à <strong><strong>de</strong>s</strong> rats Wistar mâles et femelles pendant 3 mois (5 jours/semaine) entraîne le<br />

développement <strong>de</strong> tumeurs mais pas <strong>de</strong> fibrose au niveau <strong>de</strong> l’interstitium rénal<br />

après 3 et 11 mois [Cosyns J.P. et al., 1998]. Par contre, lorsque <strong><strong>de</strong>s</strong> lapins blancs<br />

New Zealand femelles reçoivent une injection intra-péritonéale d’AA (0,1 mg/kg)<br />

pendant 17 et 21 mois (5 jours/semaine), la fibrose interstitielle rénale se développe<br />

en association avec l’altération <strong>de</strong> l’épithélium tubulaire proximal. Les premières<br />

lésions s’observent au niveau <strong>de</strong> la partie droite (S3) <strong><strong>de</strong>s</strong> tubules proximaux et<br />

s’éten<strong>de</strong>nt aux parties contournées (S1 et S2) <strong><strong>de</strong>s</strong> tubules proximaux pour les<br />

atteintes plus sévères. Les animaux traités par les AA présentent une protéinurie<br />

tubulaire, une glycosurie, une anémie, une augmentation <strong>de</strong> la créatinine sérique, et<br />

une croissance perturbée. De plus, les AA induisent la formation d’adduits d’ADN<br />

spécifiques dans les reins <strong>de</strong> ces lapins et <strong><strong>de</strong>s</strong> tumeurs urothéliales [Cosyns J.P. et<br />

al., 2001].<br />

Finalement, un modèle expérimental <strong>de</strong> néphropathie induite par les AA a été<br />

développé chez le rat Wistar mâle. L’administration quotidienne d’AA (10 mg/kg <strong>de</strong><br />

poids corporel) par injection sous-cutanée pendant 35 jours à <strong><strong>de</strong>s</strong> rats en régime<br />

hypo- ou normosodé conduit à une insuffisance rénale, au développement d’une<br />

fibrose interstitielle et d’atrophie tubulaire. Une diminution <strong>de</strong> l’excrétion urinaire <strong>de</strong><br />

leucine aminopeptidase (LAP), une protéinurie, une glycosurie, ainsi qu’une<br />

augmentation <strong>de</strong> la créatinine sérique s’observent aux jours 10 et 35. Des dysplasies<br />

urothéliales sont également présentes [Debelle F.D. et al., 2002; Debelle F.D. et al.,<br />

2004].<br />

65


CHAPITRE 2 : BUTS DU TRAVAIL<br />

Le but <strong><strong>de</strong>s</strong> travaux présentés est d’apporter une contribution à la<br />

compréhension plus approfondie <strong>de</strong> l’implication <strong><strong>de</strong>s</strong> AA dans le développement et la<br />

progression <strong>de</strong> la néphropathie dite aux plantes chinoises. Sur base <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

observations cliniques décrites précé<strong>de</strong>mment, suggérant que le tubule proximal est<br />

la cible <strong><strong>de</strong>s</strong> AA, nos travaux ont pour objectif, d’une part, <strong>de</strong> confirmer l’atteinte <strong>de</strong> la<br />

cellule tubulaire proximale dans la toxicité aux AA et, d’autre part, d’examiner les<br />

altérations structurelles et fonctionnelles précoces <strong>de</strong> l’épithélium tubulaire proximal<br />

dans la néphropathie expérimentale aux AA.<br />

Une première approche in vitro a été réalisée afin d’étudier les effets <strong><strong>de</strong>s</strong> AA<br />

sur la réabsorption <strong><strong>de</strong>s</strong> protéines <strong>de</strong> faible poids moléculaire, principale fonction<br />

tubulaire proximale, par les cellules OK qui constituent un modèle bien établi du<br />

tubule proximal. Les effets <strong><strong>de</strong>s</strong> AA ont été comparés à ceux du CdCl2, un toxique<br />

connu pour altérer les fonctions du tubule proximal.<br />

Une secon<strong>de</strong> approche in vivo a pour objectif <strong>de</strong> caractériser <strong>de</strong> manière<br />

biochimique et histologique les lésions tubulaires proximales induites par les<br />

injections sous-cutanées quotidiennes d’AA en utilisant le modèle <strong>de</strong> rat <strong>de</strong> la<br />

néphropathie aux AA. Les altérations structurelles et fonctionnelles précoces du<br />

tubule proximal ont été étudiées (5 jours d’injection) ainsi que leur évolution au cours<br />

du temps (35 jours d’injection).<br />

66


CHAPITRE 3 : METHODOLOGIE<br />

1. Etu<strong>de</strong> in vitro : effets <strong><strong>de</strong>s</strong> aci<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>aristolochiques</strong><br />

sur les cellules rénales d’opossum<br />

1.1. Culture <strong><strong>de</strong>s</strong> cellules OK<br />

Les cellules rénales d’opossum (OK) ont été fournies par le Dr G. Friedlan<strong>de</strong>r<br />

(Université Xavier-Bichat, Paris, France). Les cellules du passage numéro 46 au<br />

numéro 108 sont cultivées dans le milieu Dubbelcco modifié selon Eagle (DMEM)-<br />

F12 contenant 10 % <strong>de</strong> sérum fœtal <strong>de</strong> bœuf, 10 U/ml <strong>de</strong> pénicilline et 10 µg/ml <strong>de</strong><br />

streptomycine (Life Technologies, Merelbeke, Belgique). Les cellules sont incubées à<br />

37°C dans <strong>de</strong> l’air contenant 5 % <strong>de</strong> CO2. A confluence, les cellules sont détachées<br />

par incubation avec une solution <strong>de</strong> trypsine-EDTA pendant 10 min et remises en<br />

culture à la dilution 1/5 <strong>de</strong>ux fois par semaine.<br />

1.2. Exposition <strong><strong>de</strong>s</strong> cellules OK à différentes substances<br />

1.2.1. Aci<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>aristolochiques</strong><br />

Les cellules OK confluentes sont traitées pendant 24 h avec du DMSO 0,1 %<br />

(contrôle) ou avec <strong><strong>de</strong>s</strong> AA à la concentration <strong>de</strong> 10 ou 20 µmol/l (Sigma, Bornem,<br />

Belgique). Le mélange d’AA utilisé est constitué <strong>de</strong> AAI (69 %) et AAII (19 %) ; les<br />

AA sont solubilisés dans du DMSO (concentration finale : 0,1%).<br />

Dans une autre série d’expériences, le temps d’exposition aux AA (20 µmol/l) est <strong>de</strong><br />

15 min et <strong>de</strong> 2, 6, 14, 18 heures.<br />

67


Pour les expériences <strong>de</strong> récupération, après 24 h d’exposition aux AA (20 µmol/l), les<br />

monocouches <strong>de</strong> cellules OK sont incubées dans le milieu <strong>de</strong> culture pendant 1, 2, 3<br />

et 6 jours.<br />

Les cellules OK sont également exposées pendant 24 h à un mélange <strong><strong>de</strong>s</strong> AA<br />

extraits <strong>de</strong> la plante (20 µmol/l) ainsi qu’à chacun <strong><strong>de</strong>s</strong> dérivés AAI et AAII isolé au<br />

départ <strong>de</strong> cet extrait (20 µmol/l). Ces 3 substances ont été fournies par le Prof H.<br />

Schmeiser (Division of Molecular Toxicology, Deutsches Krebsforschungszentrum,<br />

German Cancer Research Center, Hei<strong>de</strong>lberg, Allemagne).<br />

1.2.2. Cadmium<br />

Les cellules OK confluentes sont traitées avec du CdCl2 à la concentration <strong>de</strong><br />

15 µmol/l (Sigma, Bornem, Belgique) pendant 24 h. Le CdCl2 est solubilisé dans <strong>de</strong><br />

l’eau et les contrôles correspon<strong>de</strong>nt aux cellules dans le milieu <strong>de</strong> culture.<br />

Dans une autre série d’expériences, le temps d’exposition au CdCl2 (15 µmol/l) <strong>de</strong><br />

est <strong>de</strong> 15 min et <strong>de</strong> 2, 6, 14, 18 heures.<br />

Pour les expériences <strong>de</strong> récupération, après 24 h d’exposition au CdCl2 (15 µmol/l),<br />

les monocouches <strong>de</strong> cellules OK sont incubées pendant 1, 2, 3 et 6 jours dans le<br />

milieu <strong>de</strong> culture.<br />

1.2.3. Autres composés contenus dans les gélules amaigrissantes<br />

Les cellules OK confluentes sont traitées avec <strong>de</strong> la fenfluramine à la<br />

concentration <strong>de</strong> 20 et 100 µmol/l (préparation obtenue à la pharmacie <strong>de</strong> l’hôpital<br />

Erasme, Bruxelles, Belgique), du diéthylpropion à la concentration <strong>de</strong> 20 et 100<br />

µmol/l (préparation obtenue à la pharmacie <strong>de</strong> l’hôpital Erasme, Bruxelles, Belgique)<br />

et <strong>de</strong> l’acétazolami<strong>de</strong> à la concentration <strong>de</strong> 20 µmol/l (Sigma, Bornem, Belgique).<br />

Ces 3 composés sont solubilisés dans l’eau.<br />

68


1.3. Réabsorption d’albumine et <strong>de</strong> β2-microglobuline<br />

Les expériences <strong>de</strong> réabsorption sont réalisées comme décrit précé<strong>de</strong>mment<br />

[Schwegler J.S. et al., 1991]. Les cellules OK sont cultivées dans les plaques à 6<br />

puits et traitées à confluence comme détaillé plus haut. Après 3 rinçages avec la<br />

solution <strong>de</strong> Ringer (en mmol : NaCl 130, KCl 4, MgCl2.6H2O 1, CaCl2.2H2O 1,<br />

glucose 5, HEPES 10, titrée à pH 7,4 avec du Tris(hydroxyméthyl)-aminométhane),<br />

les cellules OK sont incubées à 37°C pendant 15 min avec différentes concentrations<br />

d’albumine-fluorescéine isothiocyanate (FITC, Molecular Probes, Lei<strong>de</strong>n, Les Pays-<br />

Bas) ou <strong>de</strong> β2-microglobuline-Cy5 dilués dans la solution <strong>de</strong> Ringer. L’incubation est<br />

arrêtée par 10 rinçages <strong><strong>de</strong>s</strong> monocouches <strong>de</strong> cellules à 4°C avec la solution <strong>de</strong><br />

Ringer froi<strong>de</strong>. Les cellules sont ensuite lysées avec une solution <strong>de</strong> 10 mmol/l <strong>de</strong><br />

MOPS (pH 7,4) contenant 0,1% <strong>de</strong> Triton X-100. La fluorescence intracellulaire est<br />

mesurée à l’ai<strong>de</strong> d’un spectrofluorimètre à un seul faisceau (Kontron SFM25, AG<br />

Instruments, Zurich, Suisse) à longueur d’on<strong>de</strong> d’excitation <strong>de</strong> 492 nm et d’émission<br />

<strong>de</strong> 520 nm pour l’albumine-FITC ou à 649 et 670 nm pour la β2-microglobuline-Cy5.<br />

La fluorescence <strong>de</strong> la <strong>de</strong>rnière solution <strong>de</strong> rinçage (avant la lyse <strong><strong>de</strong>s</strong> cellules) est<br />

comparable à celle du bruit <strong>de</strong> fond. Le contenu en protéines est mesuré par la<br />

réaction <strong>de</strong> biuret à l’ai<strong>de</strong> du dosage <strong>de</strong> protéines BCA (Bicinchoninic acid Protein<br />

Assay Reageant kit, Pierce, Polylab, Anvers, Belgique). La quantité d’albumine et <strong>de</strong><br />

β2-microglobuline réabsorbée est exprimée en pmol/mg <strong>de</strong> protéine.<br />

La β2-microglobuline (1mg ; ICN Biomedicals, Asse-Relegem, Belgique) est<br />

marquée avec le colorant cyanine à l’ai<strong>de</strong> du kit <strong>de</strong> marquage Cy5 (Amersham<br />

Pharmacia Biotech Benelux, Roosendaal, Les Pays-Bas).<br />

1.3.1. Compétition avec d’autres protéines<br />

Les cellules OK ont été exposées pendant la pério<strong>de</strong> d’incubation <strong>de</strong> 15 min<br />

en présence d’albumine-FITC (0,8 µmol/l) et d’autres protéines à la concentration <strong>de</strong><br />

1 mg/ml: cytochrome C, lysozyme, aprotinine, hémoglobine, myoglobine, α2-<br />

69


macroglobuline, lactoferrine, transferrine, thyroglobuline, α1 aci<strong>de</strong> glycoprotéine<br />

(Sigma, Bornem, Belgique).<br />

1.4. Tests <strong>de</strong> cytotoxicité et <strong>de</strong> viabilité cellulaire<br />

1.4.1. Dosage <strong>de</strong> lactate déshydrogénase<br />

Les cellules OK sont cultivées dans les plaques à 96 puits et exposées à<br />

confluence aux substances comme détaillé ci-<strong><strong>de</strong>s</strong>sus. Le milieu <strong>de</strong> culture est<br />

remplacé par du milieu <strong>de</strong> culture frais sans sérum, le maximum <strong>de</strong> lactate<br />

déshydrogénase (LDH) libéré est obtenu par ajout <strong>de</strong> Triton (1 %) dans le milieu <strong>de</strong><br />

culture sans sérum. Après 6 heures d’incubation, le surnageant <strong>de</strong> la culture est<br />

récupéré et incubé à température ambiante avec le mélange <strong>de</strong> « réaction » du<br />

« Cytotoxicity Detection kit » (Roche Diagnostics, Bruxelles, Belgique). Ce mélange<br />

<strong>de</strong> « réaction » est composé d’un catalyseur (diaphorase/NAD + ) et d’une solution<br />

colorante contenant du chlorure <strong>de</strong> iodotétrazolium et du lactate <strong>de</strong> sodium. Les<br />

mesures <strong>de</strong> LDH sont réalisées à la longueur d’on<strong>de</strong> <strong>de</strong> 490 nm (avec 655 nm<br />

comme référence), la quantité <strong>de</strong> LDH libéré est exprimé en absorbance (A490nm –<br />

A655nm). Toutes les conditions sont effectuées en triple.<br />

1.4.2. Dosage <strong>de</strong> 3-(4,5-diméthyl-thiazoyl-2-yl)-2,5-diphényltétrazo-<br />

lium bromi<strong>de</strong> (MTT)<br />

Les cellules OK sont cultivées dans les plaques à 96 puits et traitées à<br />

confluence comme décrit ci-<strong><strong>de</strong>s</strong>sus. La solution MTT (5 mg/ml ; Sigma, Bornem,<br />

Belgique) est ensuite ajoutée dans les puits et les cellules sont incubées pendant<br />

3h30 à 37°C avec 5 % <strong>de</strong> CO2. Les cristaux <strong>de</strong> MTT formazan formés sont<br />

solubilisés avec une solution acidifiée d’isopropanol. Les <strong>de</strong>nsités optiques sont<br />

mesurées à la longueur d’on<strong>de</strong> <strong>de</strong> 570 nm (avec 655 nm comme référence). La<br />

70


viabilité cellulaire est exprimée en % du contrôle. Toutes les conditions sont réalisées<br />

en triple.<br />

1.5. Observation en microscopie <strong><strong>de</strong>s</strong> cellules OK<br />

1.5.1. Microscopie conventionnelle<br />

Les cellules OK sont cultivées sur <strong><strong>de</strong>s</strong> lamelles en verre, traitées comme<br />

décrit ci-<strong><strong>de</strong>s</strong>sus, et fixées pendant 10 min avec du paraformaldéhy<strong>de</strong> 4 % en tampon<br />

phosphate 0,1 mol/l <strong>de</strong> pH 7,4 à température ambiante. Les cellules sont ensuite<br />

colorées à l’hématoxyline-éosine et observées sous un microscope optique DMR<br />

couplé à un système microphotographique MPS60 (Leica, Heerbrugg, Suisse).<br />

1.5.2. Microscopie confocale<br />

Endocytose d’albumine<br />

Pour l’étu<strong>de</strong> fonctionnelle <strong>de</strong> l’endocytose, les cellules OK sont cultivées sur<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> lamelles en verre. Après rinçage avec la solution <strong>de</strong> Ringer, les monocouches <strong>de</strong><br />

cellules OK sont incubées pendant 15 min à 37°C avec la solution <strong>de</strong> Ringer<br />

contenant l’albumine-FITC (150 µmol/l), et ensuite placées sur glace, rincées à froid<br />

et fixées comme décrit ci-<strong><strong>de</strong>s</strong>sus. Les cellules sont alors observées sous un<br />

microscope à fluorescence Zeiss Axiovert couplé à un microscope confocal à<br />

balayage laser (MRC 1000 ; Bio-Rad, Hercules, CA, USA) équipé d’un laser argonkrypton<br />

et d’un logiciel Laser-Sharp (Bio-Rad). Les images sont ensuite analysées à<br />

l’ai<strong>de</strong> du logiciel NIH-image 1.62 (Bethesda, MD, USA).<br />

Colocalisation entre l’endocytose d’albumine et la mégaline<br />

L’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> colocalisation entre l’endocytose d’albumine et la mégaline est<br />

réalisée sur les cellules OK incubées durant 2, 5 et 15 min avec <strong>de</strong> l’albumine-FITC<br />

(150 µmol/l) et ensuite fixées. L’immunomarquage avec un anticorps <strong>de</strong> mouton anti-<br />

71


mégaline (dilution 1/200) [Devuyst O. et al., 1999; Le Panse S. et al., 1995] est<br />

réalisé. Les cellules sont ensuite rincées et incubées avec un anticorps anti-mouton<br />

marqué au TRIC (tétraméthylrhodamine isothiocyanate, Sigma, Bornem, Belgique) à<br />

la dilution 1/200. Après rinçages, les cellules sont observées à l’ai<strong>de</strong> du système<br />

d’imagerie confocale décrit ci-<strong><strong>de</strong>s</strong>sus. Les paramètres d’analyse confocale sont<br />

définis afin d’éviter les interférences <strong>de</strong> signaux entre les 2 canaux <strong>de</strong> fluorescence.<br />

Toutes les expériences ont été réalisées en double et comparées à celles effectuées<br />

en absence d’anticorps primaire à titre <strong>de</strong> contrôle.<br />

1.6. Marquage <strong><strong>de</strong>s</strong> protéines à la [ 35 S]L-méthionine<br />

Les cellules OK, cultivées dans <strong><strong>de</strong>s</strong> boîtes <strong>de</strong> 60 mm, sont exposées comme<br />

décrit ci-<strong><strong>de</strong>s</strong>sus ou incubées pendant 1 h en présence <strong>de</strong> cycloheximi<strong>de</strong> à la<br />

concentration <strong>de</strong> 100 µmol/l (Sigma, Bornem, Belgique), un inhibiteur <strong>de</strong> la synthèse<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> protéines. Après rinçage avec du DMEM ne contenant pas <strong>de</strong> méthionine, les<br />

monocouches <strong>de</strong> cellules sont exposées pendant 2 h à ~ 20 µCi/ml <strong>de</strong> [ 35 S]Lméthionine<br />

(NEN Life Science Products, Zaventem, Belgique) en DMEM sans<br />

méthionine. Après rinçage, les cellules sont incubées pendant 1 ou 20 h avec du<br />

DMEM contenant 10 mmol/l <strong>de</strong> méthionine à 37°C avec 5 % <strong>de</strong> CO2. Après rinçage à<br />

froid, les cellules sont lysées pendant 20 min sur glace avec une solution <strong>de</strong> pH 8<br />

composée <strong>de</strong> 10 mmol/l Tris et 1 mmol/l EDTA. Les cellules sont grattées et les<br />

lysats récupérés. Les protéines <strong>de</strong> ces lysats sont ensuite précipitées à l’ai<strong>de</strong> d’une<br />

solution d’aci<strong>de</strong> trichloroacétique 10 % pendant 30 min sur glace et centrifugées à<br />

1600 × g à 4°C pendant 20 min. Finalement, les culots resuspendus avec du SDS 1<br />

% (dodécyl sulfate <strong>de</strong> sodium ; Sigma, Bornem, Belgique) sont mis dans un liqui<strong>de</strong><br />

<strong>de</strong> scintillation Ready Protein + pour le comptage <strong><strong>de</strong>s</strong> émissions β (1214 Rackbeta<br />

liquid scintillation counter, LKB Wallac, Finlan<strong>de</strong>). La quantité <strong>de</strong> protéines<br />

synthétisées est exprimée en 10 6 CPM/mg <strong>de</strong> protéine.<br />

72


1.7. Réabsorption <strong>de</strong> méthyl-α-D-glucopyranosi<strong>de</strong> (AMG)<br />

Les cellules OK sont cultivées à confluence dans <strong><strong>de</strong>s</strong> plaques à 6 puits et<br />

traitées comme décrit précé<strong>de</strong>mment. Après rinçage, les monocouches <strong>de</strong> cellules<br />

sont incubées avec différentes concentrations <strong>de</strong> [ 14 C]-AMG (NEN Life Science<br />

Products, Zaventem, Belgique) en solution <strong>de</strong> Ringer à 37°C pendant 10 min. Ce<br />

temps est dans la phase linéaire <strong>de</strong> réabsorption. Après rinçages à froid avec la<br />

solution <strong>de</strong> Ringer, les cellules lysées avec 0,1 mol/l <strong>de</strong> HNO3 sont mises dans le<br />

liqui<strong>de</strong> <strong>de</strong> scintillation Ready Protein + pour le comptage <strong><strong>de</strong>s</strong> émissions β. La quantité<br />

d’AMG réabsorbée est exprimée en nmol/mg <strong>de</strong> protéine.<br />

1.8. Détection <strong><strong>de</strong>s</strong> adduits d’ADN spécifiques aux aci<strong><strong>de</strong>s</strong><br />

<strong>aristolochiques</strong><br />

La détection <strong><strong>de</strong>s</strong> adduits d’ADN spécifiques aux AA dans les extraits<br />

cellulaires a été réalisée par le Dr. V.M. Arlt dans le laboratoire <strong>de</strong> la Division <strong>de</strong><br />

Toxicologie Moléculaire du Prof. H.H. Schmeiser (Deutsches<br />

Krebsforschungszentrum, German Cancer Research Center, Hei<strong>de</strong>lberg,<br />

Allemagne). Les adduits d’ADN spécifiques aux AA sont détectés par la métho<strong>de</strong><br />

d’enrichissement à la nucléase P1 du post-marquage 32 P comme décrit<br />

précé<strong>de</strong>mment [Schmeiser H.H. et al., 1997]. Brièvement, l’ADN <strong><strong>de</strong>s</strong> cellules OK est<br />

isolé par la métho<strong>de</strong> d’extraction au phénol après trypsinisation <strong><strong>de</strong>s</strong> cellules OK pour<br />

les différents traitements étudiés. Les échantillons d’ADN (12,5 µg) sont digérés,<br />

enrichis à la nucléase P1 et post-marqués au 32 P. Ensuite, ces échantillons sont<br />

séparés par chromatographie sur <strong><strong>de</strong>s</strong> couches minces en polyéthylèneiminecellulose<br />

(Macherey and Nagel, Düren, Allemagne). Les conditions <strong>de</strong><br />

chromatographie utilisées sont les suivantes : D1 : 1 mol/l phosphate <strong>de</strong> sodium, pH<br />

6,8 ; D3 : 3,5 mol/l formate <strong>de</strong> lithium, 8,5 mol/l urée, pH 4,0 ; D4 : 0,8 mol/l chlorure<br />

<strong>de</strong> lithium, 0,5 mol/l Tris-HCl, 8,5 mol/l urée, pH 9,0 ; D5 : 1,7 mol/l NaH2PO4, pH 6,0.<br />

L’autoradiographie <strong>de</strong> ces plaques chromatographiques à l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> « Packard Instant<br />

Imager » (Canberra Co., Dowers Grove, IL, USA) permet d’analyser et <strong>de</strong> quantifier<br />

73


les adduits d’ADN. Les adduits d’ADN spécifiques aux AA sont i<strong>de</strong>ntifiés comme<br />

décrit précé<strong>de</strong>mment [Bieler C.A. et al., 1997]. La quantification <strong><strong>de</strong>s</strong> adduits d’ADN<br />

se base sur le nombre <strong>de</strong> coups par minute, l’activité spécifique <strong>de</strong> l’ATP[γ- 32 P] et la<br />

quantité d’ADN utilisée (pmol ADN-P). Le taux d’adduits d’ADN spécifique aux AA<br />

est exprimé en quantité relative d’adduits d’ADN/10 7 nucléoti<strong><strong>de</strong>s</strong> normaux.<br />

1.9. Analyse <strong>de</strong> l’expression <strong>de</strong> la mégaline dans les<br />

extraits cellulaires<br />

Les lysats cellulaires sont préparés au départ <strong>de</strong> cellules OK confluentes<br />

exposées dans différentes conditions [Devuyst O. et al., 1999]. Après lavages en<br />

PBS (en mmol/l: 68 NaCl, 1,3 KCl, 4 Na2HPO4, 0,7 KH2PO4, titré à pH 7,4 par du<br />

HCl) et un léger grattage, les cellules sont centrifugées à 8000 × g pendant 90<br />

secon<strong><strong>de</strong>s</strong> et les culots sont congelés dans <strong>de</strong> l’azote liqui<strong>de</strong>. Les culots congelés<br />

sont solubilisés dans du tampon <strong>de</strong> lyse froid contenant <strong><strong>de</strong>s</strong> inhibiteurs <strong>de</strong> protéases<br />

(Complete Mini® ; Roche Diagnostics, Bruxelles, Belgique), brièvement traités aux<br />

ultrasons (Branson Sonifer 250, 2 pulses à 40 % d’intensité), et ensuite centrifugés à<br />

16000 × g pendant 1 min à 4°C. Le surnageant est récolté et mis en présence <strong>de</strong> 10<br />

% SDS et chauffé à 95°C pendant 90 secon<strong><strong>de</strong>s</strong>.<br />

Les extraits cellulaires (30 µg) et l’extrait membranaire <strong>de</strong> cortex rénal <strong>de</strong> rat<br />

(30 µg), utilisé comme contrôle positif, sont séparés par <strong><strong>de</strong>s</strong> gels <strong>de</strong> SDSpolyacrylami<strong>de</strong><br />

( 5%) et transférés sur membranes <strong>de</strong> nitrocellulose. Après les<br />

étapes <strong>de</strong> blocage, les membranes sont incubées toute la nuit à 4°C avec l’anticorps<br />

<strong>de</strong> mouton anti-mégaline (dilution 1/2500) [Le Panse S. et al., 1995]. Elles sont<br />

ensuite lavées, incubées avec l’anticorps anti-mouton marqué à la peroxidase (Dako,<br />

Prosan, Merelbeke, Belgique) et révélées à l’ECL (enhanced chemioluminescence<br />

kit, Amersham Pharmacia Biotech, Roosendaal, Les Pays-Bas). Avant d’effectuer un<br />

nouveau marquage, les membranes sont rincées, le premier marquage est ensuite<br />

enlevé en incubant les membranes pendant 30 min à 55°C dans une solution <strong>de</strong> pH<br />

7,4 composée <strong>de</strong> 62,5 mmol/l <strong>de</strong> Tris-HCl, 2 % SDS, 100 mmol/l <strong>de</strong> β-<br />

74


mercaptoéthanol. Après lavage, l’absence <strong>de</strong> signal est vérifiée par incubation avec<br />

l’ECL en exposant un film pendant 1h. Les membranes sont ensuite incubées avec<br />

l’anticorps monoclonal anti-β-actine (dilution 1/10000, Sigma, Bornem, Belgique),<br />

suivi <strong>de</strong> l’anticorps anti-souris marqué à la peroxydase (Dako, Prosan, Merelbeke,<br />

Belgique) et finalement exposées à l’ECL. Trois immunomarquages indépendants<br />

pour la détection <strong>de</strong> la mégaline dans les cellules OK ont été réalisés.<br />

L’analyse <strong>de</strong>nsitométrique est effectuée sur un immunoblot représentatif à<br />

l’ai<strong>de</strong> d’un Scanjet Hewlett Packart modèle IVC utilisant un logiciel NIH Image V1.60<br />

(Bethesda, MD, USA). Les <strong>de</strong>nsités optiques, données en unités <strong>de</strong> pixels<br />

arbitraires, pour la mégaline sont normalisées par rapport à la β-actine et exprimées<br />

en pourcentage du signal obtenu pour les cellules OK contrôles. Chaque évaluation<br />

est obtenue en double.<br />

1.10. Analyses statistiques<br />

Tous les résultats représentent la moyenne ± l’erreur standard à la moyenne.<br />

Les comparaisons sont réalisées à l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’analyse pairée « Stu<strong>de</strong>nt t test ».<br />

75


2. Etu<strong>de</strong> in vivo : effets <strong>de</strong> l’intoxication aux aci<strong><strong>de</strong>s</strong><br />

<strong>aristolochiques</strong> sur l’épithélium tubulaire proximal<br />

<strong>de</strong> rat.<br />

2.1. Conditionnement <strong><strong>de</strong>s</strong> rats Wistar<br />

Des rats mâles <strong>de</strong> souche Wistar, provenant <strong>de</strong> l’Elevage agréé Janvier (Le<br />

Genest Saint-Isle, France) ont été hébergés dans l’animalerie <strong>de</strong> la Faculté <strong>de</strong><br />

Mé<strong>de</strong>cine <strong>de</strong> l’Université Libre <strong>de</strong> Bruxelles (Belgique) dans <strong><strong>de</strong>s</strong> conditions<br />

contrôlées <strong>de</strong> température, d’humidité et <strong>de</strong> luminosité. Au cours <strong><strong>de</strong>s</strong> protocoles, les<br />

animaux ont un <strong>libre</strong> accès à l’eau (eau <strong>de</strong> distribution) et à la nourriture, à savoir un<br />

régime alimentaire complet pour rat contenant un taux normal <strong>de</strong> sodium (Carfil<br />

Quality, Oud-Turnhout, Belgique). Avant chaque protocole, une semaine<br />

d’acclimatation est laissée aux animaux afin qu’ils puissent s’adapter à leur nouvel<br />

environnement.<br />

Les protocoles ont été approuvés par le Comité d’Ethique et du Bien-être<br />

Animal (Faculté <strong>de</strong> Mé<strong>de</strong>cine, Université Libre <strong>de</strong> Bruxelles, Belgique).<br />

2.2. Administration <strong><strong>de</strong>s</strong> aci<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>aristolochiques</strong> aux rats<br />

Le mélange d’AA (Acros Organics Co., Geel, Belgique) utilisé pour les<br />

injections, est composé <strong>de</strong> 40 % <strong>de</strong> AAI et 60 % <strong>de</strong> AAII. Les AA (20 mg/ml) sont<br />

solubilisés avec du polyéthylène glycol (PEG) 400 (Fluka Chemie, Buchs, Suisse) et<br />

dilués dans <strong>de</strong> l’eau pour injection à la concentration finale <strong>de</strong> 10 mg/ml. Les rats<br />

traités aux AA reçoivent une injection quotidienne sous-cutanée d’AA à la<br />

concentration <strong>de</strong> 10 mg/kg <strong>de</strong> poids corporel tandis que les rats contrôles reçoivent<br />

une injection journalière d’une solution volume/volume <strong>de</strong> PEG 400 et d’eau pour<br />

76


injection. Les rats sont pesés chaque semaine afin d’ajuster la dose d’AA à<br />

administrer.<br />

2.2.1. Modèle initial <strong>de</strong> la néphropathie aux aci<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>aristolochiques</strong> :<br />

rats traités pendant 35 jours<br />

Septante-<strong>de</strong>ux rats, âgés <strong>de</strong> 4 semaines, sont répartis au hasard au jour 0 en<br />

<strong>de</strong>ux groupes <strong>de</strong> poids équivalents. Un premier groupe <strong>de</strong> 36 rats correspond aux<br />

rats traités aux AA et un <strong>de</strong>uxième groupe <strong>de</strong> 36 rats représente les rats contrôles.<br />

Six rats par groupe sont sacrifiés après 3, 7, 10, 14, 18 et 35 jours d’injection.<br />

Une secon<strong>de</strong> série d’expériences est réalisée sur base du protocole détaillé ci<strong><strong>de</strong>s</strong>sus<br />

afin <strong>de</strong> suivre l’évolution au cours du temps <strong><strong>de</strong>s</strong> paramètres urinaires<br />

pendant 35 jours. Sept rats, âgés <strong>de</strong> 4 semaines, sont divisés en <strong>de</strong>ux groupes au<br />

jour 0 : quatre pour le groupe exposé aux AA et trois rats contrôles. Pour chaque rat,<br />

les urines <strong>de</strong> 24 heures sont récoltées aux jours 0, 3, 5, 7, 10, 13, 15, 18, 22, 24, 27,<br />

31 et 35.<br />

2.2.2. Protocole court : rats traités pendant 5 jours<br />

Soixante rats, âgés <strong>de</strong> 7 semaines, sont divisés en <strong>de</strong>ux groupes (n = 30) au<br />

jour 0. Les injections sont réalisées chaque jour comme décrit ci-<strong><strong>de</strong>s</strong>sus. Six rats du<br />

groupe exposé aux AA et six du groupe contrôle sont euthanasiés après 1, 2, 3, 4 et<br />

5 jours d’injection.<br />

2.2.3. Protocole <strong><strong>de</strong>s</strong>tiné à <strong><strong>de</strong>s</strong> étu<strong><strong>de</strong>s</strong> histologiques particulières<br />

(10 jours)<br />

Trente rats, âgés <strong>de</strong> 7 semaines, sont divisés en <strong>de</strong>ux groupes (n = 15) au<br />

jour 0. Les injections quotidiennes sont réalisées comme décrit ci-<strong><strong>de</strong>s</strong>sus. Trois rats<br />

77


du groupe exposé aux AA et trois du groupe contrôle sont euthanasiés après<br />

respectivement 1, 2, 3, 4, 7 et 10 jours d’injection.<br />

2.3. Prélèvement <strong><strong>de</strong>s</strong> urines, du sang et <strong><strong>de</strong>s</strong> reins<br />

Urines<br />

Avant le sacrifice, les urines sont collectées (durée approximative : 20 à 24 h)<br />

en plaçant les rats dans <strong><strong>de</strong>s</strong> cages à métabolisme pour rongeurs. Les échantillons<br />

d’urine sont, en fonction du dosage ultérieur, centrifugés à 1600 × g pendant 15 min<br />

à 4°C ou dilués dans du glycérol (dilution 1/3) avant d’être conservés à –20°C.<br />

Sang et reins<br />

Aux jours <strong>de</strong> sacrifice, les rats sont profondément anesthésiés par injection<br />

intra-péritonéale d’une solution composée d’un analgésique, la kétamine (Imalgen,<br />

Leo Pharma Belgium, Wilrijk, Belgique) et d’un sédatif puissant, la xylazine (Rompun,<br />

Bayer, Bruxelles, Belgique). Après ouverture <strong>de</strong> la cage thoracique, le sang est<br />

récolté par ponction intracardiaque à l’ai<strong>de</strong> d’une seringue contenant du dipotassium-<br />

EDTA et les reins sont prélevés.<br />

Le plasma est centrifugé à 1600 × g pendant 15 min à 4°C et congelé à –20°C<br />

en prévision <strong><strong>de</strong>s</strong> dosages ultérieurs.<br />

Après décapsulation, la moitié d’un rein est fixée dans une solution<br />

tamponnée <strong>de</strong> formaldéhy<strong>de</strong> 4% pour les analyses histologiques sur coupes en<br />

paraffine. Pour les étu<strong><strong>de</strong>s</strong> sur coupes au cryostat, un <strong>de</strong>mi-rein est fixé dans une<br />

solution tamponnée en phosphate <strong>de</strong> paraformaldéhy<strong>de</strong> 4% et ensuite cryoprotégé<br />

par immersions successives dans <strong><strong>de</strong>s</strong> solutions <strong>de</strong> saccharose 10, 20 et 30%, avant<br />

la congélation dans <strong>de</strong> l’isopentane.<br />

D’autre part, un fragment <strong>de</strong> cortex rénal est disséqué, congelé dans <strong>de</strong> l’azote<br />

liqui<strong>de</strong> et conservé à –80°C pour la détection d’adduits d’ADN spécifiques aux AA.<br />

78


2.4. Dosages <strong>de</strong> la créatinine plasmatique et urinaire<br />

Créatinine plasmatique<br />

La concentration <strong>de</strong> créatinine plasmatique est mesurée par une métho<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />

chromatographie liqui<strong>de</strong> à haute performance (HPLC) adaptée <strong>de</strong> Xue et al. [Xue<br />

G.P. et al., 1988]. Brièvement, les échantillons <strong>de</strong> plasma sont d’abord traités avec<br />

<strong>de</strong> l’acétonitrile afin <strong>de</strong> les déprotéiner et ensuite analysés par HPLC sur une colonne<br />

échangeuse <strong>de</strong> cation <strong>de</strong> haute affinité (colonne Spherisorb 5 µm SCX, 4,0 × 250<br />

mm, Waters, Milford, MA, USA). La phase mobile est composée d’acétonitrile (9 %)<br />

dans une solution 40 mM <strong>de</strong> phosphate d’ammonium à pH 5,3, utilisée pour l’élution<br />

<strong>de</strong> la colonne au débit <strong>de</strong> 1,0 ml/min à température ambiante. L’absorbance <strong>de</strong> la<br />

créatinine est mesurée à la longueur d’on<strong>de</strong> <strong>de</strong> 230 nm. L’i<strong>de</strong>ntification et la<br />

quantification du pic <strong>de</strong> créatinine détecté sont réalisées par comparaison avec une<br />

courbe standard <strong>de</strong> créatinine (Sigma-Aldrich, Bornem, Belgique). La concentration<br />

<strong>de</strong> créatinine plasmatique est exprimée en µmol/l.<br />

Créatinine urinaire<br />

La concentration <strong>de</strong> créatinine urinaire est déterminée par la métho<strong>de</strong><br />

pseudocinétique <strong>de</strong> Jaffé à l’ai<strong>de</strong> du « Creatinine Diagnostic Kit » (Sigma-Aldrich,<br />

Bornem, Belgique). Succinctement, les échantillons d’urine dilués 40 × sont incubés<br />

pendant 4 min 30 sec à 37°C avec une solution volume/volume d’aci<strong>de</strong> picrique 37<br />

mM et <strong>de</strong> NaOH 0,3 M. La quantité <strong>de</strong> créatinine est mesurée à la longueur d’on<strong>de</strong><br />

<strong>de</strong> 492 nm, rapportée à une courbe standard <strong>de</strong> créatinine et exprimée en mmol/l.<br />

2.5. Dosage <strong>de</strong> l’activité leucine aminopeptidase dans<br />

l’urine<br />

L’excrétion urinaire <strong>de</strong> leucine aminopeptidase (LAP), enzyme originaire <strong>de</strong> la<br />

bordure en brosse du tubule proximal, est mesurée par dosage spectrofluorimétrique<br />

d’activité enzymatique. Les échantillons d’urine en glycérol sont portés à la dilution<br />

finale <strong>de</strong> 30 × et 60 × dans du tampon Tris-HCl 50 mM à pH 7,6 et incubés avec le<br />

79


substrat synthétique leucine-7-amino-4-méthyl-coumarine (Bachem, Bubendorf,<br />

Suisse) à 37°C pendant une heure. La réaction enzymatique est arrêtée en chauffant<br />

les échantillons à 95°C pendant 5 min. L’activité LAP est déduite <strong>de</strong> la mesure <strong>de</strong> la<br />

fluorescence du 7-amino-4-méthyl-coumarine (AMC), libéré par la réaction, à la<br />

longueur d’on<strong>de</strong> d’excitation <strong>de</strong> 367 nm et d’émission <strong>de</strong> 440 nm ; elle est exprimée<br />

en nmol d’AMC produit/mmol <strong>de</strong> créatinine/h.<br />

2.6. Dosage <strong>de</strong> l’activité endopeptidase neutre dans l’urine<br />

L’excrétion urinaire d’endopeptidase neutre (NEP), enzyme également<br />

localisée à la bordure en brosse du tubule proximal, est mesurée par dosage<br />

spectrofluorimétrique d’activité enzymatique. Les échantillons d’urine en glycérol sont<br />

portés à la dilution finale <strong>de</strong> 120 × dans du tampon Tris-HCl 50 mM à pH 7,6 et<br />

incubés avec le substrat synthétique succinyl-alanyl-alanyl-phénylalanine-7-amino-4-<br />

méthyl-coumarine (Bachem, Bubendorf, Suisse) à 37°C pendant une heure. La<br />

réaction enzymatique est arrêtée en ajoutant du phosphoramidon [N-(α-<br />

rhamnopyranosyloxyhydroxyphosphinyl)-leucine-tryptophane, Sigma-Aldrich,<br />

Bornem, Belgique]. Les échantillons sont incubés avec un excès d’aminopeptidase<br />

(EC 3.4.11.2, Pierce, Rockford, USA) à 56°C pendant 30 min afin <strong>de</strong> libérer l’AMC.<br />

Cette réaction est ensuite arrêtée par incubation <strong><strong>de</strong>s</strong> échantillons à 95°C pendant 5<br />

min. L’activité NEP correspond à la mesure <strong>de</strong> la fluorescence <strong>de</strong> l’AMC libéré par la<br />

réaction, à la longueur d’on<strong>de</strong> d’excitation <strong>de</strong> 367 nm et d’émission <strong>de</strong> 440 nm.<br />

L’activité NEP est rapportée à une courbe standard établie au départ <strong>de</strong> NEP purifiée<br />

extraite <strong>de</strong> rein humain [Deschodt-Lanckman M. et al., 1988] et exprimée en<br />

µg/mmol <strong>de</strong> créatinine.<br />

80


2.7. Dosage <strong>de</strong> l’activité N-acétyl-β-D-glucosaminidase<br />

dans l’urine<br />

L’excrétion urinaire <strong>de</strong> N-acétyl-β-D-glucosaminidase (NAG), enzyme<br />

présente dans les lysosomes, est mesurée par un dosage colorimétrique en adaptant<br />

le protocole fourni (Roche Diagnostics Belgium, Bruxelles, Belgique). Brièvement, les<br />

échantillons d’urines sont incubés avec le substrat 3-crésolsulfonphthaléinyl-N-<br />

acétyl-β-D-glucosamini<strong>de</strong> à 37°C pendant 30 min. Après arrêt <strong>de</strong> la réaction, le<br />

produit <strong>de</strong> l’hydrolyse du substrat, le 3-crésolsulfonphtaléine, est détecté à la<br />

longueur d’on<strong>de</strong> <strong>de</strong> 540 nm. L’activité NAG est déterminée en rapportant les<br />

mesures <strong>de</strong> <strong>de</strong>nsité optique à une courbe standard <strong>de</strong> NAG et exprimée en<br />

mUnités/mmol <strong>de</strong> créatinine.<br />

2.8. Dosage et analyse <strong><strong>de</strong>s</strong> protéines urinaires<br />

Dosage <strong><strong>de</strong>s</strong> protéines urinaires<br />

Les protéines urinaires sont dosées par la métho<strong>de</strong> <strong>de</strong> Bradford [Bradford<br />

M.M., 1976]. Après ajout du réactif <strong>de</strong> Bradford aux échantillons d’urine dilués 20 ×,<br />

les <strong>de</strong>nsités optiques sont mesurées à la longueur d’on<strong>de</strong> <strong>de</strong> 620 nm et rapportées à<br />

une courbe standard d’albumine sérique bovine (Sigma-Aldrich, Bornem, Belgique).<br />

La quantité <strong>de</strong> protéines urinaires est exprimée en mg/mmol <strong>de</strong> créatinine.<br />

Electrophorèse <strong><strong>de</strong>s</strong> protéines urinaires<br />

Avant <strong>de</strong> séparer les protéines urinaires par migration sur gel<br />

d’électrophorèse, les protéines sont précipitées avec une solution d’aci<strong>de</strong><br />

trichloracétique 10 %, centrifugées à 1600 × g pendant 10 min, lavées avec <strong>de</strong><br />

l’éthanol 100 % et séchées par évaporation au Speed-Vac. Le culot est resuspendu<br />

dans le tampon <strong>de</strong> Laemmli 1 × (31,2 mM Tris-HCl, 5 % glycérol, 1 % SDS, 0,5 % β-<br />

mercaptoéthanol, bleu <strong>de</strong> bromophénol). Après dénaturation à 95°C pendant 2 min,<br />

20 µg d’échantillon <strong>de</strong> protéines sont séparés par électrophorèse sur gel Tris-HCl<br />

composé d’un gradient <strong>de</strong> 4 à 20 % (Ready gel Tris-HCl 4-20 %, Bio-Rad<br />

81


Laboratories, Nazareth-Eke, Belgique). Les gels sont colorés avec une solution <strong>de</strong><br />

bleu <strong>de</strong> Coomassie (30 % méthanol, 10 % aci<strong>de</strong> acétique, 60 % H2O, 0,1 % bleu <strong>de</strong><br />

Coomassie). Ils sont ensuite incubés avec la solution <strong>de</strong> décoloration (40 %<br />

méthanol, 10 % aci<strong>de</strong> acétique, 50 % H2O, 0,5 % glycérol) et séchés.<br />

Analyse semi-quantitative<br />

L’analyse semi-quantitative <strong>de</strong> la proportion d’albumine, <strong>de</strong> protéines <strong>de</strong> faible<br />

et <strong>de</strong> haut poids moléculaires sur ces gels d’électrophorèse est réalisée par la<br />

numérisation <strong><strong>de</strong>s</strong> profils <strong>de</strong> migration (CanoScan N676U, Canon Inc., Tokyo, Japon),<br />

suivie <strong>de</strong> leur examen par analyseur d’images (Scion Image version b4.0.2, Scion<br />

corporation, MA, USA). La quantité relative d’albumine ainsi que <strong><strong>de</strong>s</strong> protéines <strong>de</strong><br />

faible et haut poids moléculaires est rapportée aux valeurs <strong><strong>de</strong>s</strong> protéines urinaires<br />

totales et exprimée en mg/mmol <strong>de</strong> créatinine.<br />

2.9. Dosage d’albumine plasmatique et urinaire<br />

L’albumine plasmatique et urinaire est mesurée par une métho<strong>de</strong> ELISA pour<br />

l’albumine <strong>de</strong> rat (rat albumin ELISA quantitation kit, Bethyl Laboratories, IMTEC<br />

Diagnostics, Anvers, Belgique). Brièvement, les plaques ELISA sont incubées avec<br />

l’anticorps <strong>de</strong> capture <strong>de</strong> lapin anti-albumine <strong>de</strong> rat purifié par affinité, dilué (1/100)<br />

dans du carbonate <strong>de</strong> sodium 0,05 M à pH 9,6 (Sigma-Aldrich, Bornem, Belgique), à<br />

température ambiante pendant 1 heure. Entre chaque nouvelle incubation, les puits<br />

sont abondamment rincés avec la solution <strong>de</strong> lavage (Tris 50 mM, NaCl 138 mM, KCl<br />

2,7 mM, Tween 0,05 %, pH 8,0). Puis, la solution <strong>de</strong> blocage (Tris 50 mM, NaCl 138<br />

mM, KCl 2,7 mM, BSA 1 %, pH 8,0) est ajoutée pendant 30 min à température<br />

ambiante. Ensuite, les échantillons <strong>de</strong> plasma et d’urine, respectivement aux<br />

dilutions × 2 10 6 et × 10 3 , sont incubés à température ambiante pendant 1 heure.<br />

Ensuite, l’anticorps <strong>de</strong> détection <strong>de</strong> lapin anti-albumine <strong>de</strong> rat conjugué à l’HRP<br />

(HorseRadish Peroxidase) à la dilution 1/50000 est incubé pendant 1 heure à<br />

température ambiante et est révélé à l’ai<strong>de</strong> du substrat enzymatique 3,3’,5,5’<br />

tétraméthylbenzidine (TMB) qui réagit avec la peroxydase. Enfin, la réaction est<br />

arrêtée avec <strong>de</strong> l’aci<strong>de</strong> sulfurique 1 N et le produit final <strong>de</strong> couleur jaune est mesuré<br />

82


à la longueur d’on<strong>de</strong> <strong>de</strong> 450 nm. Les valeurs obtenues sont rapportées à une courbe<br />

standard d’albumine <strong>de</strong> rat et exprimées en mg/mmol <strong>de</strong> créatinine.<br />

Le rapport albuminurie/protéinurie totale, exprimé en %, est égal au rapport <strong>de</strong><br />

la concentration d’albumine urinaire sur la concentration <strong>de</strong> protéines urinaires<br />

totales<br />

2.10. Dosage d’alpha-glutathion-S-transférase urinaire<br />

L’excrétion urinaire d’alpha-glutathion-S-transférase (α-GST), localisée au<br />

niveau <strong><strong>de</strong>s</strong> tubules proximaux et distaux, est mesurée par un dosage immunoenzymatique<br />

selon le protocole fourni (Biotrin, Herman Diagnostics, Wemmel,<br />

Belgique). Brièvement, les échantillons d’urines dilués 5 × sont incubés pendant 1 h<br />

à température ambiante dans une plaque coatée avec <strong><strong>de</strong>s</strong> IgG dirigés contre l’α-GST<br />

<strong>de</strong> rat. Après rinçages, l’anticorps conjugué, anti-rat α-GST IgG conjugué à l’HRP,<br />

est ajouté pendant 1 h à température ambiante. Ensuite, le substrat enzymatique<br />

TMB réagit avec la peroxydase pendant 15 min pour révéler le signal. Cette réaction<br />

est arrêtée à l’ai<strong>de</strong> d’une solution d’aci<strong>de</strong> sulfurique 1N. La <strong>de</strong>nsité optique du produit<br />

final <strong>de</strong> couleur jaune est mesurée à la longueur d’on<strong>de</strong> <strong>de</strong> 450 nm. Les valeurs<br />

obtenues sont calculées par rapport à une courbe standard d’α-GST <strong>de</strong> rat et<br />

exprimées en µg/mmol <strong>de</strong> créatinine.<br />

2.11. Dosages <strong>de</strong> sodium, potassium et glucose urinaire et<br />

plasmatique<br />

Les dosages <strong>de</strong> sodium, potassium et glucose dans les urines et le plasma<br />

ont été réalisés au Laboratoire <strong>de</strong> Chimie en collaboration avec le Dr. B. Gulbis<br />

(Hôpital Erasme, Bruxelles, Belgique). Les dosages <strong>de</strong> sodium et <strong>de</strong> potassium sont<br />

basés sur la mesure <strong>de</strong> la différence <strong>de</strong> potentiel entre une électro<strong>de</strong> <strong>de</strong> référence et<br />

une électro<strong>de</strong> ion-sélective au sodium ou au potassium. Le dosage du glucose<br />

83


epose sur une métho<strong>de</strong> enzymatique. Toutes ces analyses sont effectuées sur un<br />

analyseur automatique Cobas Mira (Roche Diagnostics Division, Bruxelles,<br />

Belgique).<br />

La fraction d’excrétion du sodium, du potassium et du glucose est exprimée en<br />

%. Par exemple pour le glucose, elle est calculée par l’équation suivante :<br />

(concentration <strong>de</strong> glucose urinaire × concentration <strong>de</strong> créatinine plasmatique) /<br />

(concentration <strong>de</strong> glucose plasmatique × concentration <strong>de</strong> créatinine urinaire).<br />

2.12. Histologie rénale conventionnelle<br />

Les tissus fixés <strong>de</strong> rein sont enrobés <strong>de</strong> paraffine et coupés à une épaisseur<br />

<strong>de</strong> 5 µm. Pour analyser les lésions en microscopie optique, les coupes ont été<br />

colorées à l’hématoxyline-éosine et au trichrome <strong>de</strong> Goldner.<br />

Hématoxyline-éosine<br />

Pour la coloration hématoxyline-éosine, les coupes sont d’abord déparaffinées<br />

dans <strong><strong>de</strong>s</strong> bains <strong>de</strong> toluène 100 % et réhydratées par passages successifs dans <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

bains d’isopropanol allant <strong>de</strong> 100 à 70 %. Ensuite, les coupes <strong>de</strong> tissus sont<br />

incubées pendant 4 min dans l’hématoxyline <strong>de</strong> Mayer (Merck KGaA, VWR<br />

International, Leuven, Belgique), rincées et différenciées dans l’alcool chlorhydrique<br />

(isopropanol 70%, aci<strong>de</strong> chlorhydrique 35%) pendant 10 secon<strong><strong>de</strong>s</strong>. Après rinçages,<br />

les coupes sont incubées dans l’éosine 1 % pendant 1 min et rincées. Avant d’être<br />

montées au DPX, les coupes sont déshydratées dans <strong><strong>de</strong>s</strong> bains d’isopropanol allant<br />

<strong>de</strong> 70 à 100 %, suivi <strong>de</strong> toluène 100 %.<br />

Trichrome <strong>de</strong> Goldner<br />

La coloration au trichrome <strong>de</strong> Goldner a été réalisée dans le Département<br />

d’Anatomie Pathologique du Prof. I. Salmon (Hôpital Erasme, Bruxelles, Belgique).<br />

Brièvement, les coupes sont déparaffinées et incubées avec l’hématoxyline <strong>de</strong> Groat<br />

pendant 5 min. Après rinçage, les coupes sont incubées avec du Ponceau fuschine<br />

aci<strong>de</strong> pendant 5 min. Ensuite, les coupes sont rincées dans <strong>de</strong> l’eau acétéifiée (aci<strong>de</strong><br />

84


acétique 1%), incubées avec <strong>de</strong> l’orange G pendant 5 min, rincées, incubées avec<br />

du vert lumière pendant 5 min, rincées. Les coupes sont déshydratées et montées.<br />

Semi-quantification <strong><strong>de</strong>s</strong> lésions tubulo-interstitielles<br />

L’évaluation semi-quantitative <strong><strong>de</strong>s</strong> lésions tubulo-interstitielles représentatives du<br />

cortex rénal a été réalisée sur base <strong><strong>de</strong>s</strong> scores établis précé<strong>de</strong>mment [Debelle F.D.<br />

et al., 2002] et détaillés ci-<strong><strong>de</strong>s</strong>sous:<br />

Scores semi-quantitatifs <strong><strong>de</strong>s</strong> lésions morphologiques du cortex rénal<br />

Score Nécrose tubulaire Atrophie tubulaire Fibrose interstitielle<br />

0 Absente Absente Absente<br />

1<br />

Quelques tubules<br />

isolés<br />

Quelques tubules<br />

isolés<br />

2 Plusieurs foyers Plusieurs foyers<br />

Faible avec un léger<br />

épaississement <strong>de</strong> la<br />

membrane basale<br />

tubulaire<br />

Modérée avec un<br />

agrandissement focal <strong>de</strong><br />

l’interstitium<br />

3 Massive Massive Sévère avec <strong>de</strong> zones<br />

<strong>de</strong> fibrose confluentes<br />

L’établissement du score <strong>de</strong> ces lésions a été effectué au grossissement <strong>de</strong> 200 ×<br />

par trois observateurs indépendants (F. Debelle, A. Pozdzik et C. Lebeau).<br />

Aci<strong>de</strong> periodique <strong>de</strong> Schiff (PAS)<br />

Pour étudier l’intégrité <strong>de</strong> la bordure en brosse, les coupes en paraffine <strong>de</strong><br />

tissu rénal ont été colorées à l’aci<strong>de</strong> periodique <strong>de</strong> Schiff (PAS). Brièvement, les<br />

coupes <strong>de</strong> tissu sont déparaffinées, réhydratées et incubées avec l’aci<strong>de</strong> periodique<br />

1% pendant 10 min à température ambiante. Ensuite, ces coupes sont rincées et<br />

incubées dans le réactif <strong>de</strong> Schiff pendant 15 min à température ambiante. Après<br />

lavages, les coupes sont contre-colorées à l’hématoxyline <strong>de</strong> Mayer : incubation <strong>de</strong> 4<br />

min dans l’hématoxyline <strong>de</strong> Mayer, lavages, différenciation 10 secon<strong><strong>de</strong>s</strong> dans l’alcool<br />

chlorhydrique, rinçages. Finalement, les coupes sont déshydratées dans<br />

l’isopropanol passant successivement <strong>de</strong> 70, 90 à 100 % suivi du toluène 100 % et<br />

85


ensuite montées à l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> la solution <strong>de</strong> montage DPX (Fluka, Sigma-Aldrich,<br />

Bornem, Belgique).<br />

2.13. Immunomarquage <strong>de</strong> l’endopeptidase neutre<br />

L’immunomarquage <strong>de</strong> l’endopeptidase neutre (NEP), localisée à la bordure<br />

en brosse, est réalisé sur <strong><strong>de</strong>s</strong> coupes en paraffine <strong>de</strong> tissu rénal. Ces coupes sont<br />

déparaffinées et réhydratées avant d’être incubées dans du méthanol contenant 0,3<br />

% d’H2O2 pendant 30 min afin d’inhiber l’activité peroxydase endogène. Les coupes<br />

sont ensuite rincées dans une solution tamponnée saline <strong>de</strong> Tris (TBS : NaCl 154<br />

mM, Tris 10 mM, pH 7,6), comme entre chaque incubation détaillée ci-<strong><strong>de</strong>s</strong>sous. Pour<br />

bloquer les sites aspécifiques, les coupes sont incubées avec du sérum normal <strong>de</strong><br />

chèvre (Vectastain Elite®ABC kit Rabbit IgG, Vector Laboratories, Labconsult,<br />

Bruxelles, Belgique) pendant 20 min, suivi d’une solution d’avidine D pendant 15 min<br />

et d’une solution <strong>de</strong> biotine pendant 15 min (Avidin/Biotin blocking kit, Vector<br />

Laboratories, Labconsult, Bruxelles, Belgique). Ensuite, les coupes sont incubées<br />

avec l’anticorps primaire polyclonal <strong>de</strong> lapin anti-endopeptidase neutre (Chemicon<br />

International, Biognost, Heule, Belgique), dilué à 1/2000 en sérum normal <strong>de</strong> chèvre,<br />

à température ambiante pendant toute la nuit. L’anticorps secondaire biotinylé <strong>de</strong><br />

chèvre anti-IgG <strong>de</strong> lapin est alors ajouté pendant 30 min. Après 30 min d’incubation<br />

avec le complexe avidine et peroxidase « horseradish » biotinylé, le marquage est<br />

révélé par 2 min d’incubation avec la solution <strong>de</strong> 3, 3’-dianimobenzidine (DAB<br />

substrate kit for peroxidase, Vector Laboratories, Labconsult, Bruxelles, Belgique).<br />

Finalement, les coupes sont contre-colorées à l’hématoxyline <strong>de</strong> Mayer,<br />

déshydratées et montées à l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> la solution <strong>de</strong> montage DPX.<br />

Analyse semi-quantitative<br />

La semi-quantification <strong>de</strong> l’immunomarquage NEP est établie sur base du<br />

nombre <strong>de</strong> tubules proximaux positifs pour la NEP par champ au grossissement <strong>de</strong><br />

200 ×. Un champ correspond à une population moyenne d’approximativement 85<br />

tubules proximaux. Dix champs sont examinés par coupe rénale ; le nombre <strong>de</strong><br />

tubules proximaux positifs pour la NEP et le nombre total <strong>de</strong> tubules proximaux sont<br />

86


comptés par champ. La moyenne du nombre total <strong>de</strong> tubules et la moyenne du<br />

nombre <strong>de</strong> tubules NEP positifs sont calculées pour ces dix champs et permettent<br />

d’exprimer la quantité <strong>de</strong> tubules proximaux NEP positifs en % <strong>de</strong> tubules proximaux<br />

totaux pour un rat. La valeur finale pour chaque temps est égale au nombre moyen<br />

<strong>de</strong> tubules NEP positifs obtenu pour les 6 rats. Ce comptage est réalisé par <strong>de</strong>ux<br />

observatrices indépendantes (A. Pozdzik et C. Lebeau).<br />

2.14. Immunomarquages <strong>de</strong> la mégaline et <strong>de</strong> la cubiline<br />

L’immunomarquage <strong>de</strong> la mégaline et <strong>de</strong> la cubiline, <strong>de</strong>ux récepteurs localisés<br />

à la bordure en brosse et intervenant dans le processus d’endocytose, est réalisé sur<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> cryosections <strong>de</strong> tissu rénal <strong>de</strong> 8 µm. Après incubation <strong><strong>de</strong>s</strong> coupes dans le<br />

tampon TBS, l’activité peroxidase endogène est inhibée en incubant les coupes <strong>de</strong><br />

rein dans une solution <strong>de</strong> méthanol contenant 0,3% <strong>de</strong> H2O2 pendant 30 min. Entre<br />

chaque traitement, les coupes sont rincées avec le tampon TBS. Pour bloquer les<br />

sites aspécifiques, les coupes <strong>de</strong> tissu sont incubées pendant 20 min avec du sérum<br />

normal <strong>de</strong> cheval ou <strong>de</strong> chèvre (Vectastain Elite®ABC kit Mouse or Rabbit IgG,<br />

Vector Laboratories, Labconsult, Bruxelles, Belgique), respectivement pour la<br />

mégaline ou la cubiline ; puis, avec une solution d’avidine D pendant 15 min suivie<br />

d’une solution <strong>de</strong> biotine pendant 15 min. Les coupes <strong>de</strong> tissu sont ensuite incubées<br />

pendant toute la nuit à température ambiante avec l’anticorps primaire monoclonal<br />

<strong>de</strong> souris anti-mégaline ou polyclonal <strong>de</strong> lapin anti-cubiline, dilué respectivement<br />

1/1000 ou 1/2000 en sérum normal correspondant. Les <strong>de</strong>ux anticorps ont été<br />

obtenus auprès du Dr V. Marshansky (Program in Membrane Biology and Renal<br />

Unit, Massachusetts General Hospital, Harvard Medical School, Boston, USA). Les<br />

coupes sont ensuite traitées pendant 30 min avec l’anticorps secondaire biotinylé <strong>de</strong><br />

cheval anti-IgG <strong>de</strong> souris ou <strong>de</strong> chèvre anti-IgG <strong>de</strong> lapin. Après 30 min d’incubation<br />

avec le complexe avidine et peroxidase « horseradish » biotinylé, le marquage est<br />

révélé par 2 min d’incubation avec la solution <strong>de</strong> DAB. Finalement, les coupes sont<br />

contre-colorées à l’hématoxyline <strong>de</strong> Mayer, déshydratées et montées à l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> la<br />

solution <strong>de</strong> montage DPX.<br />

87


2.15. Microscopie électronique (étu<strong>de</strong> préliminaire)<br />

Pour la microscopie électronique, les échantillons <strong>de</strong> cortex rénal (maximum 1<br />

mm 3 ) sont prélevés et immédiatement fixés pendant 90 min à température ambiante<br />

avec une solution glutaraldéhy<strong>de</strong> 4% en tampon Millonig 0,1M, pH 7,4. Après lavage<br />

avec du tampon Millonig contenant 0,5% <strong>de</strong> glucose, les échantillons sont post-fixés<br />

avec du tétroxi<strong>de</strong> d’osmium 2% pendant 30 min, déshydratés par passages<br />

successifs dans <strong>de</strong> l’éthanol 25, 50, 70, 90, 100% et enrobés dans <strong>de</strong> la résine<br />

LX112. Les coupes semi-fines et ultra-fines sont réalisées à l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />

l’ultramicrotome LKB (LKB Instruments, Rockville, Md., USA). Les coupes semi-fines<br />

sont colorées au bleu <strong>de</strong> toluidine et observées au microscope afin <strong>de</strong> vérifier la<br />

qualité du tissu et <strong>de</strong> définir la zone d’intérêt. Les coupes ultra-fines sont colorées<br />

avec <strong>de</strong> l’acétate d’uranyle et du citrate <strong>de</strong> plomb et examinées au microscope<br />

électronique EM 109 Zeiss (Zeiss, Allemagne).<br />

2.16. Détection <strong><strong>de</strong>s</strong> adduits d’ADN spécifiques aux aci<strong><strong>de</strong>s</strong><br />

<strong>aristolochiques</strong> dans le cortex rénal <strong>de</strong> rat<br />

La détection <strong><strong>de</strong>s</strong> adduits d’ADN spécifiques aux AA dans le tissu rénal a été<br />

réalisée par le Dr. V.M. Arlt du Laboratoire <strong>de</strong> Carcinogénèse Moléculaire du Prof.<br />

D.H. Phillips (Institute of Cancer Research, Sutton, Surrey, Royaume-Uni). La<br />

métho<strong>de</strong> pour détecter les adduits d’ADN spécifiques aux AA est i<strong>de</strong>ntique à celle<br />

utilisée pour les cellules OK (voir le chapitre méthodologie § 1.8, pages 73-74).<br />

Brièvement, l’ADN <strong><strong>de</strong>s</strong> échantillons <strong>de</strong> tissu <strong>de</strong> cortex rénal est isolé par une<br />

métho<strong>de</strong> standard d’extraction au phénol. La préparation enzymatique <strong><strong>de</strong>s</strong> adduits<br />

d’ADN est réalisée comme détaillé précé<strong>de</strong>mment [Arlt V.M. et al., 2001]. Les<br />

conditions <strong>de</strong> chromatographie utilisées sont : les solvants D1, D3 et D4 (détails voir<br />

le chapitre méthodologie § 1.8, pages 73-74). Les résultats sont exprimés en adduits<br />

d’ADN par 10 8 nucléoti<strong><strong>de</strong>s</strong>.<br />

88


2.17. Analyses statistiques<br />

Tous les résultats représentent la moyenne ± l’erreur standard à la moyenne<br />

(SEM). A chaque temps, les comparaisons entre les rats contrôles et les rats<br />

exposés aux AA sont réalisées par le test non paramétrique <strong>de</strong> Mann-Whitney. Les<br />

corrélations entre les paramètres structurels et fonctionnels d’atteinte tubulaire sont<br />

évaluées par le test non paramétrique <strong>de</strong> Spearman. Les valeurs sont considérées<br />

comme statistiquement significatives à partir <strong>de</strong> P < 0,05.<br />

89


CHAPITRE 4 : RESULTATS<br />

1. Etu<strong>de</strong> in vitro : effets <strong><strong>de</strong>s</strong> aci<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>aristolochiques</strong><br />

sur la lignée cellulaire <strong>de</strong> rein d’opossum<br />

Les cellules <strong>de</strong> rein d’opossum (« opossum kidney », OK) constituent un<br />

modèle bien établi pour étudier les différents processus <strong>de</strong> transport ayant lieu dans<br />

le tubule proximal. En effet, ces cellules OK possè<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> nombreuses propriétés<br />

morphologiques et fonctionnelles communes avec l’épithélium tubulaire proximal. En<br />

particulier, elles ont la capacité <strong>de</strong> réabsorber <strong><strong>de</strong>s</strong> protéines par endocytose médiée<br />

par récepteur ; ce processus nécessite les récepteurs mégaline et cubiline exprimés<br />

à la surface <strong><strong>de</strong>s</strong> cellules OK [Schwegler J.S. et al., 1991; Zhai X.Y. et al., 2000]<br />

1.1. Endocytose <strong>de</strong> protéines médiée par récepteur<br />

1.1.1. Albumine<br />

L’albumine est une protéine totalement réabsorbée par le tubule proximal. Afin<br />

<strong>de</strong> suivre sa réabsorption par les cellules OK, <strong>de</strong> l’albumine marquée à la<br />

fluorescéine isothiocyanate (FITC) est utilisée. Les cellules OK sont incubées<br />

pendant 15 min avec <strong><strong>de</strong>s</strong> concentrations différentes d’albumine-FITC : 0,080 ;<br />

0,150 ; 0,380 ; 0,760 ; 1,50 et 3,80 µmol/l ; à 37°C, elles réabsorbent l’albumine-FITC<br />

selon la cinétique <strong>de</strong> Michaelis-Menten caractéristique <strong>de</strong> l’endocytose médiée par<br />

récepteur, comme décrit précé<strong>de</strong>mment [Schwegler J.S. et al., 1991]. La faible<br />

quantité d’albumine-FITC mesurée à 4°C reflète probablement l’albumine qui adhère<br />

aux cellules malgré les lavages (Fig. 1.1A).<br />

90


Réabsorption d’albumine-FITC<br />

d’albumine-FITC<br />

A<br />

(pmol/mg protéine)<br />

30<br />

25<br />

20<br />

15<br />

10<br />

5<br />

37°C<br />

4°C<br />

0<br />

0 1 2 3 4 5<br />

[Albumine-FITC] (µmol/l)<br />

Réabsorption <strong>de</strong> β β2-microglobuline-Cy5 2-microglobuline-Cy5<br />

Figure 1.1. Réabsorption d’albumine-FITC (A) et β2-microglobuline-Cy5 (B) par les cellules<br />

OK. Les cellules sont incubées pendant 15 min avec <strong><strong>de</strong>s</strong> concentrations croissantes du<br />

substrat à respectivement 37°C (triangle, n = 3) ou 4°C (cercle, n = 3).<br />

Réabsorption d’albumine-FITC<br />

(% du contrôle)<br />

120<br />

100<br />

80<br />

60<br />

40<br />

20<br />

0<br />

Contrôle<br />

*<br />

Cytochrome C<br />

Lysozyme Lysozyme<br />

*<br />

Aprotinine Aprotinine<br />

*<br />

Hémoglobine<br />

Hémoglobine<br />

Figure 1.2. Réabsorption d’albumine-FITC par les cellules OK en compétition avec<br />

différentes protéines. Les cellules sont incubées pendant 15 min avec albumine-FITC (0,8<br />

µmol/l) et différentes protéines (1mg/ml). Chaque colonne représente la différence entre les<br />

valeurs obtenues à 37°C et 4°C (n = 3). La signification statistique correspond à * P < 0,01<br />

par comparaison aux valeurs contrôles.<br />

(pmol/mg protéine)<br />

Myoglobine<br />

Myoglobine<br />

B<br />

*<br />

30<br />

25<br />

20<br />

15<br />

10<br />

5<br />

0<br />

0 1 2 3 4 5<br />

*<br />

ββ 2 2-microglobuline -microglobuline<br />

*<br />

α 2 2-macroglobuline -macroglobuline<br />

[β 2 -microglobuline-Cy5] (µmol/l)<br />

*<br />

Lactoferrine<br />

Lactoferrine<br />

*<br />

Transferrine<br />

Transferrine<br />

*<br />

*<br />

α 1 ac glycoprotéine<br />

glycoprotéine<br />

Thyroglobuline<br />

Thyroglobuline<br />

91


1.1.2. Autres protéines<br />

En vue <strong>de</strong> vérifier la spécificité <strong>de</strong> la réabsorption d’albumine, une compétition<br />

avec plusieurs autres protéines <strong>de</strong> nature différente est réalisée. La figure 1.2 montre<br />

que la réabsorption d’albumine-FITC est significativement inhibée lorsque les cellules<br />

sont incubées en présence du cytochrome C, d’aprotinine, d’hémoglobine, <strong>de</strong><br />

myoglobine, <strong>de</strong> β2-microglobuline, d’α2-macroglobuline, <strong>de</strong> lactoferrine, <strong>de</strong><br />

transferrine, d’α1-glycoprotéine aci<strong>de</strong> et <strong>de</strong> thyroglobuline ; seul le lysozyme ne<br />

modifie pas la réabsorption d’albumine. Ces résultats indiquent que toute une série<br />

d’autres protéines entrent en compétition avec l’endocytose d’albumine pour le<br />

même site <strong>de</strong> réabsorption.<br />

1.1.3. β2-microglobuline<br />

Parmi les protéines testées, la β2-microglobuline, une protéine <strong>de</strong> faible poids<br />

moléculaire, est choisie pour confirmer la cinétique <strong>de</strong> réabsorption. La β2-<br />

microglobuline est couplée à un marqueur cyanine Cy5 (voir chapitre méthodologie §<br />

1.3, page 69). Les cellules OK sont incubées pendant 15 min en présence <strong>de</strong><br />

différentes concentrations <strong>de</strong> β2-microglobuline-Cy5 : 0,085 ; 0,210 ; 0,425 ; 0,850 ;<br />

2,10 et 4,25 µmol/l. Comme pour l’albumine-FITC, la β2-microglobuline-Cy5 est<br />

réabsorbée suivant la cinétique <strong>de</strong> Michaelis-Menten à 37°C reflétant l’endocytose<br />

médiée par récepteur (Fig. 1.1B).<br />

1.1.4. Compétition entre albumine et β2-microglobuline<br />

Afin <strong>de</strong> vérifier si l’albumine et la β2-microglobuline se fixent sur le même<br />

récepteur, la compétition entre ces <strong>de</strong>ux protéines est étudiée. Lorsque les<br />

monocouches <strong>de</strong> cellules OK sont incubées pendant 15 min avec 0,8 µmol/l<br />

d’albumine-FITC en présence d’un excès <strong>de</strong> 100 × <strong>de</strong> β2-microglobuline, la<br />

réabsorption d’albumine-FITC est significativement inhibée d’environ 60 % (Fig.<br />

92


1.3A). De même, lorsque les cellules OK sont incubées pendant 15 min avec 0,8<br />

µmol/l <strong>de</strong> β2-microglobuline-Cy5 en présence d’un excès <strong>de</strong> 100 × d’albumine, la<br />

réabsorption <strong>de</strong> β2-microglobuline-Cy5 est également réduite d’environ 60 % (Fig.<br />

1.3B). Ces observations suggèrent que ces <strong>de</strong>ux protéines sont en compétition pour<br />

le même récepteur membranaire dans les cellules OK.<br />

Réabsorption d’albumine-FITC<br />

A B<br />

(pmol/mg protéine)<br />

12<br />

10<br />

8<br />

6<br />

4<br />

2<br />

0<br />

Contrôle Contrôle Contrôle ββ β22 2-microglobuline -microglobuline<br />

-microglobuline<br />

Figure 1.3. Compétition entre l’albumine et la β2-microglobuline pour l’endocytose médiée<br />

par récepteur dans les cellules OK. A : Inhibition <strong>de</strong> la réabsorption d’albumine-FITC (0,8<br />

µmol/l) par un excès <strong>de</strong> 100 × <strong>de</strong> β2-microglobuline. B : Inhibition <strong>de</strong> la réabsorption <strong>de</strong> β2microglobuline-Cy5<br />

(0,8 µmol/l) par un excès <strong>de</strong> 100 × d’albumine. Chaque colonne<br />

représente la différence entre les valeurs obtenues à 37°C et 4°C (n = 3). La signification<br />

statistique correspond à * P < 0,05 par comparaison aux valeurs contrôles.<br />

1.2. Inhibition <strong>de</strong> la réabsorption d’albumine et <strong>de</strong> β2-<br />

microglobuline<br />

Selon les données présentées ci-<strong><strong>de</strong>s</strong>sus, la fonction tubulaire proximale <strong>de</strong><br />

réabsorption <strong><strong>de</strong>s</strong> protéines peut être étudiée en observant les modifications du<br />

processus d’endocytose d’albumine et <strong>de</strong> β2-microglobuline par les cellules OK. La<br />

néphrotoxicité potentielle <strong><strong>de</strong>s</strong> aci<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>aristolochiques</strong> (AA) est examinée dans ce<br />

modèle cellulaire et comparée au chlorure <strong>de</strong> cadmium (CdCl2), une néphrotoxine<br />

bien connue pour altérer cette fonction tubulaire proximale.<br />

*<br />

Réabsorption <strong>de</strong> β 2 -microglobuline-Cy5<br />

(pmol/mg protéine)<br />

12<br />

10<br />

8<br />

6<br />

4<br />

2<br />

0<br />

*<br />

Contrôle Contrôle Contrôle Albumine Albumine Albumine<br />

93


1.2.1. Effets <strong><strong>de</strong>s</strong> aci<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>aristolochiques</strong><br />

Les monocouches <strong>de</strong> cellules OK sont exposées pendant 24 h au DMSO<br />

0,1% (contrôle), aux AA 10 ou 20 µmol/l, ou aux AA 20 µmol/l suivi <strong>de</strong> 24 h <strong>de</strong><br />

récupération dans le milieu <strong>de</strong> culture. La réabsorption d’albumine-FITC est ensuite<br />

évaluée en fonction <strong>de</strong> différentes concentrations du substrat. Comme le montre la<br />

figure 1.4A, l’endocytose d’albumine par les cellules OK est nettement réduite après<br />

24 h <strong>de</strong> traitement par 10 ou 20 µmol/l d’AA. De plus, après 24 h d’exposition aux AA<br />

20 µmol/l suivie <strong>de</strong> 24 h <strong>de</strong> récupération dans le milieu <strong>de</strong> culture, la réabsorption<br />

d’albumine reste inhibée.<br />

De même, la réabsorption <strong>de</strong> β2-microglobuline est fortement diminuée après 24 h<br />

d’incubation avec les AA 10 ou 20 µmol/l et cette inhibition persiste lorsque les<br />

cellules OK sont exposées pendant 24 h aux AA 20 µmol/l suivis <strong>de</strong> 24 h <strong>de</strong><br />

récupération dans le milieu <strong>de</strong> culture (Fig. 1.4B).<br />

L’analyse <strong><strong>de</strong>s</strong> paramètres cinétiques <strong>de</strong> Michaelis-Menten <strong><strong>de</strong>s</strong> courbes <strong>de</strong><br />

réabsorption montre une diminution significative <strong><strong>de</strong>s</strong> valeurs <strong>de</strong> la vitesse maximale<br />

Vmax ; cette réduction dépend <strong>de</strong> la dose <strong>de</strong> AA utilisée (Tableau 1.1). La valeur <strong>de</strong><br />

l’affinité apparente Km est inchangée par le traitement aux AA à la concentration <strong>de</strong><br />

10 µmol/l, mais elle est augmentée lorsque la concentration <strong><strong>de</strong>s</strong> AA atteint 20 µmol/l.<br />

Réabsorption d’albumine-FITC<br />

A<br />

(pmol/mg protéine)<br />

25<br />

20<br />

15<br />

10<br />

5<br />

Contrôle (DMSO 0,1%)<br />

AA 10 µmol/l<br />

AA 20 µmol/l<br />

AA 20 µmol/l (récupération)<br />

0<br />

0<br />

0 1 2 3 4 5<br />

0 1 2 3 4 5<br />

[Albumine-FITC] (µmol/l)<br />

[β 2 -microglobuline-Cy5] (µmol/l)<br />

Figure 1.4. Effets <strong><strong>de</strong>s</strong> aci<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>aristolochiques</strong> (AA) sur la réabsorption d’albumine-FITC (A) et<br />

<strong>de</strong> la β2-microglobuline-Cy5 (B) par les cellules OK. Les cellules sont exposées pendant 24 h<br />

au DMSO 0,1% (contrôle), aux AA 10 µmol/l ou aux AA 20 µmol/l d’AA suivi ou non d’une<br />

récupération en milieu <strong>de</strong> culture pendant 24 h. Chaque point correspond à la différence<br />

entre les valeurs observées à 37°C et 4°C (n = 3).<br />

Réabsorption <strong>de</strong> ββ 2-microglobuline-Cy5<br />

2-microglobuline-Cy5<br />

2-microglobuline-Cy5<br />

(pmol/mg protéine) protéine) protéine)<br />

B<br />

25<br />

20<br />

15<br />

10<br />

5<br />

94


Tableau 1.1. Paramètres cinétiques <strong>de</strong> Michaelis-Menten <strong>de</strong> l’endocytose<br />

d’albumine-FITC et β2-microglobuline-Cy5 par les cellules OK<br />

Albumine-FITC β2-microglobuline-Cy5<br />

pmol/l pmol/mg protéine pmol/l pmol/mg protéine<br />

Km Vmax Km Vmax<br />

Contrôle 477 ± 88 15,2 ± 2,1 844 ± 129 19,8 ± 3,3<br />

CdCl2 15 µmol/l - 24h 376 ± 38 11,9 ± 1,5 * 878 ± 194 9,1 ± 1,5 *<br />

DMSO 0,1% - 24h 360 ± 12 14,1 ± 2,8 533 ± 76 21,6 ± 4,5<br />

AA 10 µmol/l - 24h 394 ± 40 11,7 ± 2,7 * 394 ± 98 8,2 ± 3,1 *<br />

AA 20 µmol/l - 24h 456 ± 30 * 7,2 ± 2,3 * 431 ± 51 5,8 ± 1,4 *<br />

AA 20 µmol/l – récupération n.d. § 1,6 ± 1,1 * n.d. § 2,9 ± 1,6 *<br />

Les valeurs <strong>de</strong> l’affinité apparente (Km) et <strong>de</strong> la vitesse maximale (Vmax) sont calculées par<br />

l’équation linéarisée d’Eadie-Hofstee (n = 3). La signification statistique correspond à * P <<br />

0,05 par comparaison aux valeurs <strong><strong>de</strong>s</strong> contrôles pairés.<br />

§ n.d. non détectable, ces valeurs n’ont pas pu être déterminées en raison <strong><strong>de</strong>s</strong> faibles<br />

valeurs du plateau (Vmax).<br />

Pour déterminer l’évolution au cours du temps <strong>de</strong> l’inhibition <strong>de</strong> la réabsorption<br />

d’albumine suite à l’exposition <strong><strong>de</strong>s</strong> cellules OK aux AA, <strong><strong>de</strong>s</strong> monocouches <strong>de</strong> cellules<br />

sont traitées avec les AA 20 µmol/l pendant différents temps à savoir 15 min, 2, 6,<br />

14, 18 et 24 heures. La réabsorption d’albumine, mesurée après 15 min d’incubation<br />

avec 0.8 µmol/l d’albumine-FITC, est progressivement inhibée. La signification<br />

statistique est atteinte et maintenue à partir <strong>de</strong> 14 h d’exposition aux AA (Fig.1.5).<br />

160<br />

140<br />

120<br />

100<br />

80<br />

60<br />

40<br />

20<br />

* *<br />

*<br />

0<br />

0 2 4 6 8 10 12 14 16 18 20 22 24<br />

Temps d’exposition aux AA (heures)<br />

Figure 1.5. Evolution au cours du temps <strong>de</strong> l’inhibition par les AA <strong>de</strong> la réabsorption<br />

d’albumine-FITC dans les cellules OK. Les cellules sont exposées au DMSO 0,1% (contrôle)<br />

ou aux AA 20 µmol/l pendant 15 min, 2, 6, 14, 18 et 24 h. Chaque point représente la<br />

différence entre les valeurs observées à 37°C et 4°C (n = 3). La signification statistique<br />

correspond à * P < 0,05 par comparaison aux valeurs contrôles.<br />

Réabsorption d’albumine-FITC<br />

(% du contrôle)<br />

95


Les AA utilisés dans les expériences précé<strong>de</strong>ntes sont composés d’un<br />

mélange <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux dérivés nitrophénantrènes AAI et AAII. Afin <strong>de</strong> déterminer si la<br />

nature <strong><strong>de</strong>s</strong> AA influence l’effet inhibiteur, les cellules OK sont exposées à l’extrait <strong>de</strong><br />

plante Aristolochia sp. ainsi qu’à l’AAI et l’AAII isolés <strong>de</strong> l’extrait <strong>de</strong> plante. La<br />

réabsorption d’albumine-FITC est significativement réduite dans les mêmes<br />

proportions lorsque les cellules OK exposées à l’AAI, l’extrait d’Aristolochia sp. et au<br />

mélange <strong>de</strong> AA commercialisé par Sigma (20 µmol/l, Fig. 1.6). Par contre,<br />

l’endocytose d’albumine est comparable à celle du contrôle pour les cellules<br />

exposées à l’AAII.<br />

Dans la suite <strong>de</strong> ce travail, toutes les étu<strong><strong>de</strong>s</strong> présentées sont réalisées en présence<br />

du mélange d’AA commercialisé par Sigma.<br />

Réabsorption d’albumine-FITC<br />

(pmol/mg protéine)<br />

Figure 1.6. Effet <strong>de</strong> la nature <strong><strong>de</strong>s</strong> aci<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>aristolochiques</strong> (AA) sur la réabsorption d’albumine-<br />

FITC par les cellules OK. Les cellules sont exposées à 0,1% DMSO (contrôle) ou à 20 µmol/l<br />

d’AAI, d’AAII, d’extrait d’Aristolochia sp. ou d’AA (Sigma) pendant 24 h. Chaque point<br />

correspond à la différence entre les valeurs observées à 37°C et 4°C (n = 3). La signification<br />

statistique correspond à * P < 0,05 par comparaison aux valeurs contrôles.<br />

En résumé, l’exposition <strong><strong>de</strong>s</strong> cellules OK aux AA (principalement l’AAI) inhibe<br />

l’endocytose d’albumine et <strong>de</strong> la β2-microglobuline <strong>de</strong> façon dose-dépendante et <strong>de</strong><br />

manière irréversible.<br />

10<br />

8<br />

6<br />

4<br />

2<br />

0<br />

*<br />

*<br />

DMSO AAI AAII AA<br />

Aristolochia sp.<br />

*<br />

AA<br />

96


Réabsorption d’albumine-FITC<br />

1.2.2. Effets du cadmium<br />

A titre <strong>de</strong> comparaison, <strong><strong>de</strong>s</strong> expériences similaires sont réalisées en parallèle<br />

avec du CdCl2. La réabsorption d’albumine et <strong>de</strong> β2-microglobuline est également<br />

nettement réduite après exposition <strong><strong>de</strong>s</strong> cellules OK pendant 24 h au CdCl2 15 µmol/l<br />

(Fig. 1.7). L’intensité <strong>de</strong> l’inhibition est comparable à celle observée pour les AA.<br />

L’analyse <strong><strong>de</strong>s</strong> paramètres cinétiques montre également une diminution<br />

significative <strong><strong>de</strong>s</strong> valeurs <strong>de</strong> Vmax sans modification <strong><strong>de</strong>s</strong> valeurs du Km (Tableau 1.1)<br />

comme décrit pour les AA.<br />

A<br />

(pmol/mg protéine)<br />

25<br />

20<br />

15<br />

10<br />

5<br />

Contrôle<br />

CdCl 2 15 µmol/l<br />

0<br />

0 1 2 3 4 5<br />

[Albumine-FITC] (µmol/l)<br />

Figure 1.7. Effet du chlorure <strong>de</strong> cadmium (CdCl2) sur la réabsorption d’albumine-FITC (A) et<br />

<strong>de</strong> la β2-microglobuline-Cy5 (B) par les cellules OK. Les cellules sont exposées avec 15<br />

µmol/l <strong>de</strong> CdCl2 (cercle) ou sans (triangle) pendant 24 h. Chaque point correspond à la<br />

différence entre les valeurs observées à 37°C et 4°C (n = 3).<br />

Contrairement aux AA, l’effet inhibiteur induit par le CdCl2 est déjà présent<br />

après 15 min d’exposition, <strong>de</strong>vient significatif après 2 heures et n’est pas modifié au<br />

cours <strong>de</strong> la pério<strong>de</strong> d’exposition au CdCl2 (Fig. 1.8).<br />

Réabsorption <strong>de</strong> β β2-microglobuline-Cy5 2-microglobuline-Cy5<br />

25<br />

20<br />

15<br />

10<br />

5<br />

B<br />

(pmol/mg protéine)<br />

0<br />

0 1 2 3 4 5<br />

[β 2 -microglobuline-Cy5] (µmol/l)<br />

97


Réabsorption d’albumine-FITC<br />

(% du contrôle)<br />

Figure 1.8. Evolution au cours du temps <strong>de</strong> l’inhibition par le CdCl2 <strong>de</strong> la réabsorption<br />

d’albumine-FITC par les cellules OK. Les cellules sont exposées à 15 µmol/l <strong>de</strong> CdCl2<br />

pendant 15 min, 2, 6, 14, 18 et 24 h. Chaque point représente la différence entre les valeurs<br />

observées à 37°C et 4°C (n = 3). La signification statistique correspond à * P < 0,05 par<br />

comparaison aux valeurs contrôles.<br />

1.2.3. Observation <strong>de</strong> l’inhibition en microscopie confocale<br />

L’observation en microscopie confocale montre que les cellules OK contrôles<br />

et celles exposées au DMSO 0,1% présentent, après 15 min d’incubation avec<br />

l’albumine-FITC 150 µmol/l, <strong><strong>de</strong>s</strong> granules fluorescents verts à l’intérieur <strong><strong>de</strong>s</strong> cellules<br />

(Fig. 1.9). Par contre, les cellules exposées aux AA 20 µmol/l ou au CdCl2 15 µmol/l<br />

ne présentent quasi aucune fluorescence, signe qu’elles n’ont quasi pas réabsorbé<br />

d’albumine-FITC.<br />

Contrôle<br />

DMSO<br />

160<br />

140<br />

120<br />

100<br />

80<br />

60<br />

40<br />

20<br />

*<br />

* * * *<br />

0<br />

0 2 4 6 8 10 12 14 16 18 20 22 24<br />

Temps d’exposition au CdCl 2 (heures)<br />

CdCl 2<br />

Figure 1.9. Observation en microscopie confocale <strong>de</strong> la réabsorption d’albumine-FITC (150<br />

µmol/l, 15 min d’exposition) par les monocouches <strong>de</strong> cellules OK. Les cellules OK sont<br />

incubées pendant 24 h soit avec le milieu <strong>de</strong> culture ou du DMSO 0,1% (contrôles), soit avec<br />

du CdCl2 15 µmol/l ou <strong><strong>de</strong>s</strong> AA 20 µmol/l. Grossissement 350 ×.<br />

AA<br />

98


1.2.4. Réversibilité <strong>de</strong> l’inhibition<br />

Etant donné l’effet inhibiteur persistant <strong><strong>de</strong>s</strong> AA sur l’endocytose <strong>de</strong> protéines<br />

après 24 h <strong>de</strong> récupération (Fig. 1.4), la pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> récupération dans le milieu <strong>de</strong><br />

culture est prolongée jusqu’à 6 jours. Lorsque les cellules OK sont incubées en<br />

présence <strong><strong>de</strong>s</strong> AA 20 µmol/l pendant 24 h et que l’incubation est suivie d’une pério<strong>de</strong><br />

<strong>de</strong> récupération <strong>de</strong> 1, 2, 3 ou 6 jours, l’inhibition <strong>de</strong> la réabsorption d’albumine<br />

s’intensifie progressivement et persiste jusqu’au 6 ème jour (Fig. 1.10). Par contre, en<br />

cas d’exposition au CdCl2 15 µmol/l, la réabsorption d’albumine est inhibée après 24<br />

h mais retourne progressivement vers <strong><strong>de</strong>s</strong> valeurs normales pendant la pério<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />

récupération (Fig. 1.10).<br />

Réabsorption d’albumine-FITC<br />

(% du contrôle)<br />

120<br />

100<br />

80<br />

60<br />

40<br />

20<br />

0<br />

* *<br />

Contrôle 0 1 2 3 6<br />

Temps <strong>de</strong> récupération après 24 h d’exposition (jours)<br />

Figure 1.10. Etu<strong>de</strong> comparative <strong>de</strong> la réversibilité <strong>de</strong> l’inhibition <strong>de</strong> la réabsorption<br />

d’albumine-FITC par les AA (colonne noire) et le CdCl2 (colonne grise). Les monocouches <strong>de</strong><br />

cellules OK sont incubées avec du DMSO 0,1%, <strong><strong>de</strong>s</strong> AA 20 µmol/l ou du CdCl2 15 µmol/l<br />

pendant 24 h suivi <strong>de</strong> 0, 1, 2, 3 et 6 jours <strong>de</strong> récupération dans le milieu <strong>de</strong> culture. La<br />

réabsorption d’albumine-FITC (0,8 µmol/l) est réalisée pendant 15 min après chaque temps<br />

<strong>de</strong> récupération. Chaque point représente la différence entre les valeurs observées à 37°C et<br />

4°C (n = 3). Les significations statistiques correspon<strong>de</strong>nt à * P < 0,05 par comparaison aux<br />

valeurs <strong><strong>de</strong>s</strong> contrôles; § P < 0,05 par comparaison aux valeurs <strong><strong>de</strong>s</strong> contrôles et du jour 0; #<br />

P < 0,05 par comparaison aux valeurs <strong><strong>de</strong>s</strong> contrôles et <strong><strong>de</strong>s</strong> jours 0 et 1; £ P < 0,05 par<br />

comparaison aux valeurs <strong><strong>de</strong>s</strong> contrôles et du jour 1.<br />

En résumé, l’exposition <strong><strong>de</strong>s</strong> cellules OK au CdCl2 inhibe l’endocytose <strong>de</strong><br />

l’albumine et <strong>de</strong> la β2-microglobuline mais <strong>de</strong> manière réversible.<br />

§<br />

*<br />

AA<br />

CdCl 2<br />

#<br />

*<br />

§<br />

£<br />

§<br />

#<br />

99


1.3. Viabilité et fonctionnalité <strong><strong>de</strong>s</strong> cellules OK<br />

L’observation <strong>de</strong> la morphologie <strong><strong>de</strong>s</strong> cellules OK colorées à l’hématoxylineéosine<br />

montre qu’aucune modification morphologique n’est visible au niveau <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

cellules exposées aux AA 20 µmol/l ou au CdCl2 15 µmol/l, excepté la présence <strong>de</strong><br />

noyaux <strong>de</strong> tailles significatives au niveau <strong><strong>de</strong>s</strong> cellules traitées aux AA (Fig. 1.11). Ce<br />

résultat suggère que l’inhibition <strong>de</strong> la réabsorption <strong><strong>de</strong>s</strong> protéines par les cellules OK<br />

exposées à ces agents toxiques n’est pas liée à une réduction du nombre <strong>de</strong><br />

cellules.<br />

Contrôle<br />

DMSO<br />

CdCl 2<br />

Figure 1.11. Observation morphologique <strong><strong>de</strong>s</strong> monocouches <strong>de</strong> cellules OK colorées en<br />

hématoxyline-éosine après 24 h d’exposition au CdCl2 15 µmol/l ou aux AA 20 µmol/l. Les<br />

monocouches <strong>de</strong> cellules OK contrôles sont incubées avec du milieu <strong>de</strong> culture seul ou du<br />

DMSO 0,1%. Grossissement 300 ×.<br />

1.3.1. Test <strong>de</strong> cytotoxicité et <strong>de</strong> viabilité cellulaire<br />

Pour renforcer ces observations morphologiques, d’autres tests <strong>de</strong> cytotoxicité<br />

et <strong>de</strong> viabilité cellulaire sont réalisés afin d’éliminer l’hypothèse selon laquelle les<br />

effets d’inhibition <strong>de</strong> la réabsorption <strong>de</strong> protéines résulteraient <strong>de</strong> la diminution du<br />

nombre <strong>de</strong> cellules vivantes consécutive à l’exposition aux AA et CdCl2.<br />

L’intégrité <strong><strong>de</strong>s</strong> membranes cellulaires est évaluée par la mesure <strong>de</strong> LDH<br />

libérée dans le milieu extracellulaire en cas <strong>de</strong> rupture <strong>de</strong> la membrane. Au niveau<br />

AA<br />

100


<strong><strong>de</strong>s</strong> cellules traitées pendant 24 h au DMSO 0,1%, aux AA 10 ou 20 µmol/l et au<br />

CdCl2 15 µmol/l, la quantité <strong>de</strong> LDH libérée est comparable à celle <strong><strong>de</strong>s</strong> cellules<br />

contrôles (Fig. 1.12). Ce taux <strong>de</strong> LDH libérée est significativement réduit par rapport<br />

à la quantité maximale <strong>de</strong> LDH libérée par les cellules en présence <strong>de</strong> Triton-X100.<br />

Ces observations permettent <strong>de</strong> conclure qu’aucun effet toxique n’est observé au<br />

niveau <strong>de</strong> la membrane plasmique lorsque les cellules OK sont exposées aux AA ou<br />

au CdCl2.<br />

LDH libérée<br />

(Absorbance [A [A490nm 490nm –A –A655nm]) 655nm])<br />

Figure 1.12. Mesure <strong>de</strong> la lactate déshydrogénase (LDH) libérée par les cellules OK. Les<br />

cellules sont exposées au DMSO 0,1%, aux AA 10 ou 20 µmol/l ou au CdCl2 15 µmol/l<br />

pendant 24 h. Le maximum <strong>de</strong> LDH libérée est obtenu en incubant les cellules avec du<br />

Triton-X100 (TX100, 1 %) (n = 3). La signification statistique correspond à * P < 0,05 par<br />

comparaison aux valeurs obtenues dans les conditions <strong>de</strong> contrôle positif (TritonX-100).<br />

100<br />

90<br />

80<br />

70<br />

60<br />

50<br />

40<br />

30<br />

20<br />

10<br />

0<br />

AA<br />

10 µM<br />

AA<br />

20 µM<br />

CdCl 2<br />

15 µM<br />

Figure 1.13. Effets <strong><strong>de</strong>s</strong> AA et du CdCl2 sur la viabilité <strong><strong>de</strong>s</strong> cellules OK par dosage MTT. Les<br />

cellules sont exposées aux AA 10 ou 20 µmol/l ou au CdCl2 15 µmol/l pendant 24 h (n = 3).<br />

Viabilité cellulaire<br />

(% du contrôle)<br />

10<br />

9<br />

8<br />

7<br />

6<br />

5<br />

4<br />

3<br />

2<br />

1<br />

0<br />

* * * * *<br />

TX100 cellules DMSO AA<br />

1%<br />

0.1% 10µM<br />

AA<br />

20µM<br />

CdCl 2<br />

15µM<br />

Du point <strong>de</strong> vue <strong>de</strong> la viabilité cellulaire, le dosage MTT [3-(4,5-diméthylthiazoyl-2-yl)-2,5-diphényltétrazolium<br />

bromi<strong>de</strong>] est réalisé après avoir exposé les<br />

cellules OK aux AA 10 ou 20 µmol/l et au CdCl2 15 µmol/l pendant 24 h. Ce dosage<br />

évalue la quantité <strong>de</strong> MTT réduit par la déshydrogénase mitochondriale <strong><strong>de</strong>s</strong> cellules<br />

vivantes. Les résultats montrent une légère diminution non significative <strong>de</strong> la viabilité<br />

101


cellulaire par rapport au contrôle, indiquant donc que les cellules OK traitées par les<br />

AA ou le CdCl2 sont bien vivantes (Fig. 1.13).<br />

1.3.2. Synthèse <strong><strong>de</strong>s</strong> protéines<br />

Pour estimer l’effet <strong><strong>de</strong>s</strong> AA ou du CdCl2 sur la synthèse <strong><strong>de</strong>s</strong> protéines, la<br />

mesure <strong>de</strong> l’incorporation <strong>de</strong> [ 35 S]L-méthionine est réalisée après différents<br />

traitements <strong><strong>de</strong>s</strong> cellules OK. Lorsque les cellules sont exposées aux AA ou CdCl2,<br />

aucune différence significative n’est observée après 1 ou 20 h d’incubation en<br />

présence d’un excès <strong>de</strong> méthionine non marquée, permettant ainsi d’évaluer<br />

respectivement les protéines <strong>de</strong> courte ou longue durée <strong>de</strong> vie (Fig. 1.14). Par<br />

contre, lorsque les monocouches <strong>de</strong> cellules sont incubées en présence <strong>de</strong><br />

cycloheximi<strong>de</strong> (100 µmol/l), un inhibiteur spécifique <strong>de</strong> la synthèse protéique, la<br />

quantité <strong>de</strong> protéine synthétisées est significativement inhibée après 1h et 20 en<br />

présence <strong>de</strong> méthionine non marquée. Ces résultats indiquent que les traitements<br />

par les AA ou le CdCl2 n’interfèrent pas <strong>de</strong> façon majeure avec la synthèse <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

protéines.<br />

Taux <strong>de</strong> protéines synthétisées<br />

(106 Taux <strong>de</strong> protéines synthétisées<br />

(10 CPM/mg protéine)<br />

6 CPM/mg protéine)<br />

30<br />

25<br />

20<br />

15<br />

10<br />

5<br />

0<br />

* *<br />

1 h 20 h<br />

Contrôle<br />

AA<br />

CdCl2 CdCl2<br />

Cycloheximi<strong>de</strong><br />

Figure 1.14. Effets <strong><strong>de</strong>s</strong> AA et du CdCl2 sur la synthèse <strong>de</strong> protéines dans les cellules OK.<br />

Les cellules sont exposées aux AA 20 µmol/l ou au CdCl2 15 µmol/l <strong>de</strong> pendant 24 h, ou au<br />

cycloheximi<strong>de</strong> 100 µmol/l pendant 1 h. Après 2 h d’exposition à la [ 35 S]L-méthionine, les<br />

monocouches <strong>de</strong> cellules sont incubées pendant 1 ou 20 h avec du milieu <strong>de</strong> culture<br />

contenant un excès <strong>de</strong> méthionine (n = 3). La signification statistique correspond à * P < 0,05<br />

par comparaison aux valeurs contrôles. CPM: Coups par minute.<br />

102


1.3.3. Réabsorption du glucose<br />

Pour vérifier l’effet <strong><strong>de</strong>s</strong> AA et du CdCl2 sur une autre fonction <strong><strong>de</strong>s</strong> cellules OK,<br />

la réabsorption <strong>de</strong> glucose est mesurée à l’ai<strong>de</strong> d’un analogue du glucose, l’AMG<br />

(méthyl-α-D-glucopyranosi<strong>de</strong>), un substrat du co-transporteur Na + /glucose mais pas<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> co-transporteurs ubiquitaires <strong><strong>de</strong>s</strong> hexoses. La réabsorption d’AMG par les<br />

cellules OK exposées pendant 24 h aux AA 20 µmol/l ou au CdCl2 15 µmol/l est<br />

équivalente à celle <strong><strong>de</strong>s</strong> cellules contrôles (Fig. 1.15). La détermination <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

paramètres <strong>de</strong> Michaelis-Menten montre également qu’il n’y a pas d’effet <strong>de</strong> ces<br />

substances sur les valeurs d’affinité apparente ni <strong>de</strong> la vitesse maximum (Tableau<br />

1.2). Ces données indiquent donc que la réabsorption d’AMG n’est pas<br />

fonctionnellement altérée suite aux traitements <strong><strong>de</strong>s</strong> cellules et que le gradient du<br />

sodium intracellulaire vers le milieu extracellulaire est conservé (étant donné que<br />

l’AMG est co-transporté avec les ions Na + ).<br />

Réabsorption d’AMG<br />

(nmol/mg protéine)<br />

A<br />

30<br />

25<br />

20<br />

15<br />

10<br />

5<br />

Contrôle<br />

AA 20 µmol/l<br />

0<br />

0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10<br />

[AMG] (mM)<br />

Figure 1.15. Effets <strong><strong>de</strong>s</strong> AA (A) et du CdCl2 (B) sur la réabsorption <strong>de</strong> méthyl-α-Dglucopyranosi<strong>de</strong><br />

(AMG) par les cellules OK. Les cellules sont exposées aux AA 20 µmol/l ou<br />

au CdCl2 15 µmol/l pendant 24 h. La réabsorption d’AMG est mesurée après 10 min<br />

d’incubation <strong><strong>de</strong>s</strong> monocouches <strong>de</strong> cellules avec [ 14 C]-AMG (n = 3).<br />

B<br />

Réabsorption d’AMG<br />

(nmol/mg protéine)<br />

30<br />

25<br />

Contrôle<br />

CdCl 2 15 µmol/l<br />

20<br />

15<br />

10<br />

5<br />

0<br />

0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10<br />

[AMG] (mM)<br />

103


Tableau 1.2. Paramètres cinétiques <strong>de</strong> Michaelis-Menten <strong>de</strong> la réabsorption <strong>de</strong><br />

méthyl-α-D-glucopyranosi<strong>de</strong> (AMG) par les cellules OK<br />

AMG<br />

mmol/l pmol/mg protéine<br />

Km Vmax<br />

Contrôle 2852 ± 196 29935 ± 1997<br />

CdCl2 15 µmol/l - 24h 3455 ± 167 30000 ± 3050<br />

DMSO 0,1% - 24h 3066 ± 306 30596 ± 2242<br />

AA 20 µmol/l - 24h 3180 ± 267 26466 ± 2037<br />

Les valeurs <strong>de</strong> l’affinité apparente (Km) et <strong>de</strong> la vitesse maximale (Vmax) sont calculées par<br />

l’équation linéarisée d’Eadie-Hofstee (n = 3).<br />

1.4. Détection <strong><strong>de</strong>s</strong> adduits d’ADN spécifiques aux aci<strong><strong>de</strong>s</strong><br />

<strong>aristolochiques</strong><br />

La persistance <strong>de</strong> l’effet inhibiteur induit par les AA sur la réabsorption<br />

d’albumine et <strong>de</strong> β2-microglobuline ainsi que l’absence <strong>de</strong> modification significative<br />

<strong>de</strong> la synthèse <strong><strong>de</strong>s</strong> protéines ou <strong>de</strong> signes <strong>de</strong> toxicité sont surprenantes. Par<br />

conséquent, l’altération <strong>de</strong> l’ADN suite à l’exposition <strong><strong>de</strong>s</strong> cellules OK aux AA est<br />

étudiée en recherchant, par la métho<strong>de</strong> <strong>de</strong> post-marquage au 32 P, la formation<br />

adduits d’ADN spécifiques aux AA. Le profil chromatographique <strong><strong>de</strong>s</strong> adduits d’ADN<br />

spécifiques aux AA obtenus dans les cellules OK (Fig. 1.16) se compose :<br />

• <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux spots majeurs correspondant aux adduits d’adénosine-aristolactame<br />

I : 7-(déoxyadénosine-N 6 -yl)aristolactame I (dA-AAI) et <strong>de</strong> guanosine-<br />

aristolactame I : 7-(déoxyguanosine-N 2 -yl)aristolactame I (dG-AAI)<br />

• d’un troisième spot mineur d’adduits d’adénosine-aristolactame II : 7-<br />

(déoxyadénosine-N 6 -yl)aristoloctame II (dA-AAII).<br />

Ces trois spots sont caractéristiques du profil d’adduits d’ADN spécifiques <strong><strong>de</strong>s</strong> AA<br />

précé<strong>de</strong>mment décrits [Bieler C.A. et al., 1997; Schmeiser H.H. et al., 1997]. Les<br />

cellules OK sont donc capables <strong>de</strong> métaboliser les AA induisant la formation<br />

d’adduits d’ADN.<br />

104


De tels adduits d’ADN ne sont pas détectés dans les cellules OK contrôles ou<br />

exposées au DMSO 0,1% ou CdCl2.<br />

2 3<br />

Origine<br />

1<br />

Figure 1.16. Autoradiographie <strong><strong>de</strong>s</strong> adduits d’ADN spécifiques aux AA dans les cellules OK.<br />

Spot 1 : 7-(déoxyadénosine-N 6 -yl)-aristolactame I (dA-AAI), spot 2 : 7-(déoxyguanosine-N 2 -<br />

yl)-aristolactame I (dG-AAI) et spot 3 : 7-(déoxyadénosine-N 6 -yl)-aristolactame II (dA-AAII).<br />

Tableau 1.3. Formation <strong><strong>de</strong>s</strong> adduits d’ADN spécifiques aux AA dans les cellules OK<br />

RAL/ 10 7 nucléoti<strong><strong>de</strong>s</strong> normaux<br />

Exposition aux AA dA-AAI (spot 1) dG-AAI (spot 2) dA-AAII (spot 3)<br />

20 µmol/l - 15 min 0.11 ± 0.02 0.31 ± 0.01 n.d.<br />

20 µmol/l - 2 h 0.53 ± 0.03 1.9 ± 0.6 0.16 ± 0.03<br />

20 µmol/l - 14 h 4.2 ± 1.3 24.0 ± 9.2 1.5 ± 0.5<br />

10 µmol/l - 24 h 28.1 ± 1.9 16.0 ± 2.1 3.0 ± 0.4<br />

20 µmol/l - 24 h 55.6 ± 15.0 25.5 ± 0.6 5.6 ± 1.3<br />

20 µmol/l - 24 h + 1 jour <strong>de</strong> récupération 58.6 ± 10.6 28.8 ± 1.7 6.2 ± 0.2<br />

20 µmol/l - 24 h + 6 jours <strong>de</strong> récupération 7.7 ± 1.3 6.9 ± 1.9 0.74 ± 0.19<br />

Le taux d’adduits d’ADN spécifiques aux AA est exprimé en quantité relative d’adduits (RAL)<br />

par 10 7 nucléoti<strong><strong>de</strong>s</strong> normaux (n = 3). Spot 1 : dA-AAI [7-(déoxyadénosine-N 6 -yl)aristolactame<br />

I], spot 2 : dG-AAI [7-(déoxyguanosine-N 2 -yl)aristolactame I], spot 3 : dA-AAII [7-<br />

(déoxyadénosine-N 6 -yl)aristolactame II]. n.d. non détectable.<br />

L’analyse quantitative montre que le taux d’adduits d’ADN augmentent<br />

linéairement en fonction <strong>de</strong> la durée d’exposition aux AA (Tableau 1.3). De même, la<br />

quantité d’adduits d’ADN est doublée lorsque la concentration <strong><strong>de</strong>s</strong> AA passe <strong>de</strong> 10<br />

µmol/l à 20 µmol/l (24 h d’exposition). Par contre, le taux d’adduits d’ADN est<br />

105


comparable après 24 h d’exposition aux AA suivies ou non <strong>de</strong> 1 jour <strong>de</strong> récupération<br />

dans le milieu <strong>de</strong> culture. Cependant, après 6 jours <strong>de</strong> récupération dans le milieu <strong>de</strong><br />

culture, la quantité d’adduits est réduite mais reste significative. Ces observations<br />

reflètent clairement une altération <strong>de</strong> l’ADN dans les cellules OK induite par les AA.<br />

1.5. Expression <strong>de</strong> la mégaline<br />

1.5.1. Colocalisation avec l’albumine<br />

Albumine<br />

Mégaline<br />

Albumine +<br />

Mégaline<br />

2 min<br />

5 min<br />

15 min<br />

Figure 1.17. Endocytose d’albumine et expression endogène <strong>de</strong> mégaline dans les cellules<br />

OK: microscopie confocale. Pour l’endocytose d’albumine, les monocouches <strong>de</strong> cellules OK<br />

sont incubées avec <strong>de</strong> l’albumine-FITC pendant 2, 5 et 15 min. Une colocalisation (émission<br />

jaune) s’observe entre l’albumine endocytée (émission verte) et la mégaline (émission rouge)<br />

à ces 3 temps. Les paramètres <strong><strong>de</strong>s</strong> images confocales sont i<strong>de</strong>ntiques pour les 3 temps<br />

observés. Grossissement 200 ×.<br />

Afin d’observer au microscope confocal l’endocytose d’albumine par les<br />

cellules OK, les monocouches <strong>de</strong> cellules OK sont incubées avec l’albumine-FITC<br />

pendant 2, 5 et 15 min. Après 2 min, <strong><strong>de</strong>s</strong> vésicules d’endocytose fluorescentes<br />

apparaissent à proximité <strong>de</strong> la membrane cellulaire et s’éten<strong>de</strong>nt profondément dans<br />

106


le cytoplasme après 5 et 15 min (Fig. 1.17, émission verte). La mégaline endogène<br />

est ensuite détectée dans les cellules OK par immunomarquage fluorescent. Le<br />

marquage <strong>de</strong> la mégaline est présent à la membrane <strong><strong>de</strong>s</strong> cellules après 2 min et une<br />

internalisation progressive <strong>de</strong> ce marquage s’observe après 5 et 15 min d’incubation<br />

avec l’albumine (Fig. 1.17, émission rouge). L’observation <strong>de</strong> la colocalisation entre<br />

l’albumine et la mégaline à ces trois temps montre qu’une gran<strong>de</strong> partie <strong>de</strong><br />

l’albumine est colocalisée avec la mégaline d’abord à la membrane plasmique <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

cellules et ensuite dans les vésicules intracellulaires (Fig. 1.17, émission jaune).<br />

1.5.2. Effets <strong><strong>de</strong>s</strong> aci<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>aristolochiques</strong><br />

Comme l’internalisation <strong>de</strong> l’albumine est fortement réduite en présence <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

AA (voir résultats précé<strong>de</strong>nts), l’effet <strong>de</strong> ce traitement sur l’expression <strong>de</strong> la mégaline<br />

endogène est étudié par l’analyse immunoblot. Une ban<strong>de</strong> <strong>de</strong> taille supérieure à 500<br />

kD, correspondant à la masse moléculaire prédite pour la mégaline, est présente<br />

dans le cortex rénal <strong>de</strong> rat et les extraits <strong>de</strong> cellules OK traitées ou non. Une<br />

diminution <strong>de</strong> l’expression <strong>de</strong> la mégaline est observée pour les cellules OK<br />

exposées à 20 µmol/l d’AA pendant 24 h (Fig. 1.18A).<br />

A<br />

250 kD<br />

50 kD<br />

37 kD<br />

Rein <strong>de</strong> rat<br />

Cellules OK<br />

DMSO<br />

AA<br />

Mégaline<br />

β-actine<br />

0<br />

Cellules OK DMSO AA<br />

Figure 1.18. Effet <strong><strong>de</strong>s</strong> AA sur l’expression <strong>de</strong> la mégaline dans les cellules OK: analyse<br />

immunoblot (A) et <strong>de</strong>nsitométrique (B). L’extrait membranaire du cortex rénal <strong>de</strong> rat, utilisé<br />

comme contrôle positif, et les lysats <strong>de</strong> cellules OK non traités ou exposées au DMSO 0,1 %<br />

ou aux AA 20 µmol/l pendant 24 h, sont séparés par électrophorèse. Ce film est représentatif<br />

<strong>de</strong> 3 expériences indépendantes. Les <strong>de</strong>nsités optiques relatives sont obtenues en double et<br />

normalisées par rapport à la β-actine.<br />

B<br />

Densité optique optique relative (%)<br />

150<br />

100<br />

50<br />

100<br />

125<br />

55<br />

107


L’analyse semiquantitative <strong>de</strong> l’expression <strong>de</strong> la mégaline relative à la β-actine<br />

montre une légère augmentation (+ 24 %) <strong>de</strong> l’expression <strong>de</strong> la mégaline dans les<br />

cellules OK exposées au DMSO par rapport aux cellules non traitées. Cependant,<br />

pour les cellules traitées aux AA, une diminution <strong>de</strong> moitié (- 45 %) est observée par<br />

rapport aux cellules OK non traitées ainsi qu’une réduction <strong>de</strong> l’ordre <strong>de</strong> 70 % par<br />

rapport aux cellules exposées au DMSO (Fig. 1.18B).<br />

1.6. Effets d’autres composés contenus dans les gélules<br />

amaigrissantes<br />

D’autres composés contenus dans les pilules amaigrissantes sont testés pour<br />

évaluer leur capacité d’interférer ou non avec la réabsorption d’albumine. Les<br />

cellules OK sont incubées pendant 24 h avec 20 et 100 µmol/l <strong>de</strong> fenfluramine, 20 et<br />

100 µmol/l <strong>de</strong> diéthylpropion ainsi que 20 µmol/l d’acétazolami<strong>de</strong>. Aucun <strong>de</strong> ces<br />

produits ne modifie la réabsorption d’albumine par les cellules OK (Fig. 1.19A).<br />

De même, les traitements combinés <strong>de</strong> 1 µmol/l d’AA avec 20 ou 100 µmol/l <strong>de</strong><br />

fenfluramine, 20 ou 100 µmol/l <strong>de</strong> diéthylpropion et 20 µmol/l d’acétazolami<strong>de</strong> n’ont<br />

aucun effet sur la réabsorption <strong>de</strong> l’albumine (Fig. 1.19B).<br />

Ces résultats indiquent donc que seuls les AA contenus dans les préparations à<br />

visée amaigrissante altèrent l’endocytose <strong>de</strong> protéines par les cellules OK.<br />

A<br />

B<br />

140<br />

120<br />

100<br />

80<br />

140<br />

120<br />

100<br />

80<br />

60<br />

60<br />

40<br />

40<br />

20<br />

20<br />

0<br />

0<br />

Réabsorption d’albumine-FITC<br />

(% du contrôle)<br />

Contrôle<br />

Fenfluramine<br />

20 µmol/l<br />

Fenfluramine<br />

100 µmol/l<br />

Diéthylpropion<br />

20 µmol/l<br />

Diéthylpropion<br />

100 µmol/l<br />

Acétazolami<strong>de</strong><br />

20 µmol/l<br />

B<br />

Réabsorption d’albumine-FITC<br />

d’albumine-FITC<br />

(% du contrôle) contrôle)<br />

Figure 1.19. Effet d’autres composés contenus dans les préparations à visée amaigrissante sur la<br />

réabsorption d’albumine par les cellules OK en présence ou non d’AA. A : Les cellules sont traitées<br />

pendant 24 h avec <strong>de</strong> la fenfluramine 20 et 100 µmol/l, du diéthylpropion 20 et 100 µmol/l ou <strong>de</strong><br />

l’acétazolami<strong>de</strong> 20 µmol/l et ensuite incubées avec 0,8 µmol/l d’albumine-FITC pendant 15 min. B :<br />

Les cellules sont traitées avec du DMSO 0,1%, <strong><strong>de</strong>s</strong> AA 1 µmol/l ainsi qu’ avec <strong><strong>de</strong>s</strong> AA 1 µmol/l en<br />

présence <strong><strong>de</strong>s</strong> mêmes produits qu’à la figure A. (n = 3).<br />

Contrôle<br />

DMSO<br />

AA 1 µmol/l<br />

Fenflu 20 µmol/l<br />

+ AA 1 µmol/l<br />

Fenflu 100 µmol/l<br />

+AA1µmol/l<br />

Diéthyl 20 µmol/l<br />

+AA1µmol/l<br />

Diéthyl 100 µmol/l<br />

+ AA 1 µmol/l<br />

Acéta 20 µmol/l<br />

+ AA 1 µmol/l<br />

108


2. Etu<strong>de</strong> in vivo : effets <strong>de</strong> l’intoxication aux aci<strong><strong>de</strong>s</strong><br />

<strong>aristolochiques</strong> sur l’épithélium tubulaire proximal<br />

<strong>de</strong> rat.<br />

Un modèle expérimental animal <strong>de</strong> néphropathie aux AA a été développé<br />

dans notre laboratoire. Des rats Wistar mâles reçoivent en sous-cutané une dose<br />

journalière <strong>de</strong> 10 mg/kg <strong>de</strong> poids corporel d’AA pendant 35 jours. Cette intoxication<br />

conduit au développement d’une fibrose interstitielle associée à une atrophie<br />

tubulaire et à une insuffisance rénale. Une diminution <strong>de</strong> l’excrétion urinaire <strong>de</strong> LAP,<br />

enzyme localisée à la bordure en brosse, est déjà observée au jour 10 et suggère<br />

une atteinte précoce <strong><strong>de</strong>s</strong> tubules proximaux [Debelle F.D. et al., 2002; Debelle F.D.<br />

et al., 2004].<br />

Les résultats in vitro décrits dans la première partie <strong>de</strong> ce travail ainsi que les<br />

premières observations in vivo suggèrent que le tubule proximal est la cible <strong><strong>de</strong>s</strong> AA.<br />

Par conséquent, ce modèle expérimental <strong>de</strong> néphropathie chronique aux AA est<br />

utilisé afin d’étudier l’évolution au cours du temps <strong><strong>de</strong>s</strong> altérations structurelles et<br />

fonctionnelles du tubule proximal et d’établir un lien entre les mesures biochimiques<br />

et les observations histologiques.<br />

2.1. Protocole long : rats traités pendant 35 jours<br />

J -7<br />

PERIODE D’INJECTION<br />

Acclimatation<br />

(10 mg/kg AA ou solvant, 7 jours/ semaine)<br />

0 3 7 10 14 18<br />

35<br />

Jours <strong>de</strong> sacrifice (n = 6 rats / groupe)<br />

Figure 2.1. Schéma <strong>de</strong> la procédure suivie durant le protocole expérimental long (rats traités<br />

pendant 35 jours).<br />

109


Tableau 2.1. Paramètres biologiques étudiés chez les rats traités aux AA et les rats contrôles.<br />

Mesures Rats Jour 3 Jour 7 Jour 10 Jour 14 Jour 18 Jour 35<br />

Poids <strong><strong>de</strong>s</strong> rats AA 203 ± 5 228 ± 8 251 ± 6 274 ± 9 297 ± 8 325 ± 14 *<br />

(g) Contrôle 205± 7 238 ± 5 257 ± 6 290 ± 7 310 ± 8 386 ± 15<br />

Créatinine plasmatique AA 14.6 ± 0.3 17.5 ± 0.8 19.9 ± 1.0 21.5 ± 0.6 19.7 ± 0.7 31.1 ± 3.5 *<br />

(µmol/l) Contrôle 15.8 ± 1.1 18.3 ± 1.1 17.4 ± 0.7 22.5 ± 2.6 20.2 ± 2.0 22.0 ± 1.3<br />

Débit urinaire AA 6.2 ± 0.8 10.1 ± 0.8 * 14.3 ± 2.3 * 17.3 ± 2.6 ** 16.7 ± 2.1 ** 18.9 ± 1.9 **<br />

(µl/min) Contrôle 5.5 ± 0.3 7.6 ± 0.5 8.0 ± 0.5 8.2 ± 0.5 7.6 ± 0.9 7.3 ± 0.8<br />

NAG urinaire AA 392 ± 63 692 ± 124 1077 ± 257 ** 1352 ± 355 ** 822 ± 115 * 2123 ± 349 **<br />

(mU/mmol créatinine) Contrôle 219 ± 73 281 ± 44 264 ± 61 259 ± 52 363 ± 86 370 ± 41<br />

Fraction d’excrétion du sodium AA 0.22 ± 0.01 0.26 ± 0.02 0.31 ± 0.02 0.30 ± 0.02 0.24 ± 0.02 0.30 ± 0.06<br />

(%) Contrôle 0.25 ± 0.02 0.32 ± 0.02 0.29 ± 0.02 0.37 ± 0.04 0.19 ± 0.01 0.17 ± 0.03<br />

Fraction d’excrétion du potassium AA 7.99 ± 0.17 7.75 ± 0.42 ** 12.5 ± 0.8 12.6 ± 0.71 8.36 ± 0.55 15.4 ± 2.4 **<br />

(%) Contrôle 8.57 ± 0.02 10.2 ± 0.5 11.0 ± 0.7 12.1 ± 1.5 7.81 ± 0.79 7.80 ± 0.47<br />

Fraction d’excrétion du glucose AA 0.025 ± 0.002 0.029 ± 0.005 0.047 ± 0.007 * 0.040 ± 0.009 0.027 ± 0.006 0.203 ± 0.118<br />

(%) Contrôle 0.020 ± 0.003 0.025 ± 0.003 0.026 ± 0.004 0.036 ± 0.005 0.027 ± 0.007 0.042 ± 0.004<br />

pH urinaire AA 8,4 ± 0,1 8,1 ± 0,2 8,0 ± 0,4 * 8,1 ± 0,1 * 8,0 ± 0,1 7,3 ± 0,1<br />

Contrôle 8,5 ± 0,1 8,4 ± 0,1 8,6 ± 0,1 8,6 ± 0,1 8,2 ± 0,1 8,0 ± 0,3<br />

pH plasmatique AA 8,3 ± 0,1 8,1 ± 0,1 * 8,6 ± 0,4 8,6 ± 0,1 8,6 ± 0,1 8,6 ± 0,1<br />

Contrôle 8,2 ± 0,1 8,4 ± 0,0 8,5 ± 0,1 8,5 ± 0,1 8,7 ± 0,1 8,6 ± 0,1<br />

Les valeurs représentent la moyenne ± SEM (n = 6). La signification correspond à * P < 0.05 et ** P < 0.01 par comparaison aux valeurs<br />

contrôles.<br />

110


Le schéma du protocole <strong>de</strong> 35 jours est présenté à la figure 2.1 et détaillé<br />

dans le chapitre méthodologie § 2.2.1 (page 77).<br />

2.1.1. Paramètres biologiques<br />

Le poids moyen <strong><strong>de</strong>s</strong> 2 groupes <strong>de</strong> rats est obtenu avant chaque sacrifice et<br />

présente une évolution croissante au cours du temps (Tableau. 2.1). Néanmoins bien<br />

que les rats contrôles aient un poids équivalent à celui <strong><strong>de</strong>s</strong> rats traités aux AA du jour<br />

3 au jour 18, une diminution significative est observée au jour 35 pour les rats<br />

injectés aux AA par rapport aux rats contrôles.<br />

2.1.1.1. Créatinine plasmatique<br />

Le dosage <strong>de</strong> créatinine plasmatique est effectué afin d’évaluer la fonction<br />

rénale. Chez les rats traités aux AA pendant 35 jours, la créatinine plasmatique<br />

moyenne reste stable jusqu’au jour 18 et augmente <strong>de</strong> manière significative au jour<br />

35 (Tableau 2.1), reproduisant les résultats décrits précé<strong>de</strong>mment [Debelle F.D. et<br />

al., 2002].<br />

2.1.1.2. Protéines et enzymes urinaires<br />

En vue d’obtenir <strong><strong>de</strong>s</strong> informations sur la fonction tubulaire, plusieurs<br />

paramètres urinaires sont mesurés. Le débit urinaire augmente significativement<br />

chez les rats traités aux AA à partir du 7 ème jour et persiste jusqu’au jour 35,<br />

indiquant que les rats sont <strong>de</strong>venus polyuriques (Tableau 2.1).<br />

Protéinurie et albuminurie<br />

Une protéinurie significative est observée dès le jour 7 et s’intensifie jusqu’au<br />

jour 35 reflétant une altération <strong>de</strong> la réabsorption <strong><strong>de</strong>s</strong> protéines (Fig. 2.2A).<br />

L’albuminurie augmente, atteint la signification statistique dès le 3 ème jour et reste<br />

111


élevée jusqu’au jour 35 (Fig. 2.2B). Le taux d’albumine plasmatique est normal tout<br />

au long du protocole. Le rapport albuminurie/protéinurie totale reste constant à tous<br />

les temps pour les rats contrôles, alors que chez les rats traités aux AA, une<br />

augmentation significative <strong>de</strong> ce rapport n’est observée qu’aux jours 3 et 35. Cette<br />

élévation est moindre aux autres jours (Fig. 2.2C). Ces observations suggèrent que<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> protéines autres que l’albumine sont excrétées dans les urines, probablement<br />

suite à un défaut précoce <strong>de</strong> réabsorption tubulaire. Il s’agit donc bien d’une<br />

protéinurie dite tubulaire.<br />

Protéinurie totale (mg/mmol créatinine)<br />

A B<br />

500 500<br />

400 400<br />

300 300<br />

200 200<br />

100 100<br />

0<br />

Contrôle<br />

AA<br />

**<br />

3 7 10 14 18 35<br />

C<br />

**<br />

**<br />

Temps (jours)<br />

Rapport albuminurie/protéinurie totale (%)<br />

35<br />

30<br />

25<br />

20<br />

15<br />

10<br />

5<br />

0<br />

**<br />

**<br />

Contrôle<br />

AA<br />

*<br />

3 7 10 14 18 35<br />

Temps (jours)<br />

3 7 10 14 18 35<br />

Figure 2.2. Protéinurie totale (A), albuminurie (B) et rapport albuminurie/protéinurie totale (C)<br />

déterminés chez les rats contrôles (colonne grise) et les rats traités aux AA (colonne noire)<br />

aux jours 3, 7, 10, 14, 18 et 35. Les résultats représentent la moyenne ± SEM (n = 6). Les<br />

significations statistiques correspon<strong>de</strong>nt à * P < 0,05 et ** P < 0,01 par comparaison aux<br />

valeurs contrôles.<br />

Afin d’i<strong>de</strong>ntifier les protéines excrétées dans les urines <strong><strong>de</strong>s</strong> rats traités aux AA,<br />

les protéines contenues dans les échantillons urinaires sont précipitées avant d’être<br />

séparées par électrophorèse. Pour chaque temps, les profils d’électrophorèse <strong>de</strong><br />

Albuminurie (mg/mmol créatinine)<br />

120<br />

100<br />

80<br />

60<br />

40<br />

20<br />

0<br />

Contrôle<br />

AA<br />

**<br />

**<br />

***<br />

Temps (jours)<br />

*<br />

**<br />

112


<strong>de</strong>ux rats contrôles et <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux rats traités aux AA sont présentés à la figure 2.3. Aux<br />

jours 3 (Fig. 2.3A) et 35 (Fig. 2.3C), l’intensité <strong><strong>de</strong>s</strong> ban<strong><strong>de</strong>s</strong> correspondant à<br />

l’albumine et à la transferrine (positionnée juste au-<strong><strong>de</strong>s</strong>sus) augmente nettement<br />

pour les <strong>de</strong>ux rats traités aux AA. Par contre, aux jours 7, 10, 14 et 18, les ban<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong><br />

ces <strong>de</strong>ux protéines sont plus intenses pour un seul <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong>ux rats (Fig. 2.3A-C).<br />

A<br />

250<br />

150<br />

100<br />

75<br />

50<br />

37<br />

25<br />

20<br />

15<br />

10<br />

AA Contrôle AA Contrôle<br />

Jour 3 Jour 7<br />

C<br />

250<br />

150<br />

100<br />

75<br />

50<br />

37<br />

25<br />

20<br />

15<br />

10<br />

AA Contrôle AA Contrôle<br />

AA Contrôle AA Contrôle<br />

Jour 10 Jour 14<br />

Transferrine<br />

Albumine<br />

DBP<br />

α 2 -microglobuline<br />

β 2 -microglobuline<br />

Jour 18 Jour 35<br />

Figure 2.3. Séparation <strong><strong>de</strong>s</strong> protéines urinaires par électrophorèse pour <strong>de</strong>ux rats contrôles<br />

et <strong>de</strong>ux rats traités aux AA (AA). La partie A correspond aux jours 3 et 7, la partie B aux jours<br />

10 et 14 et la partie C aux jours 18 et 35. Le standard <strong>de</strong> poids moléculaire est annoté à<br />

gauche <strong><strong>de</strong>s</strong> gels et l’i<strong>de</strong>ntification <strong>de</strong> certaines protéines à droite. (Gels Tris-HCl 4-20%).<br />

La variation d’intensité étant difficilement décelable pour les ban<strong><strong>de</strong>s</strong><br />

correspondant aux protéines <strong>de</strong> faible poids moléculaire dont la protéine <strong>de</strong> liaison à<br />

la vitamine D, l’α2-microglobuline et la β2-microglobuline, une analyse semi-<br />

quantitative <strong>de</strong> ces profils d’électrophorèse est réalisée en considérant 3 catégories :<br />

les protéines <strong>de</strong> haut poids moléculaire correspondant aux protéines <strong>de</strong> taille<br />

supérieure à l’albumine, l’albumine et les protéines <strong>de</strong> faible poids moléculaire (dites<br />

microprotéines). Cette analyse semi-quantitative <strong>de</strong> l’électrophorèse <strong><strong>de</strong>s</strong> protéines<br />

urinaires montre une augmentation significative <strong>de</strong> la quantité <strong>de</strong> protéines <strong>de</strong> haut<br />

poids moléculaire aux jours 3, 7, et 35 ainsi que <strong>de</strong> l’albumine aux jours 3, 14 et 35<br />

(Tableau 2.2). Le taux urinaire <strong>de</strong> protéines <strong>de</strong> faible poids moléculaire double au<br />

jour 10 et s’élève progressivement à partir du jour 10 jusqu’au jour 35, suggérant une<br />

B<br />

Immunoglobuline<br />

Transferrine<br />

Albumine<br />

DBP<br />

α α2-microglobuline 2-microglobuline<br />

2-microglobuline<br />

β 2 -microglobuline<br />

113


altération <strong>de</strong> la fonction <strong>de</strong> réabsorption <strong><strong>de</strong>s</strong> cellules tubulaires proximales (Tableau<br />

2.2).<br />

Tableau 2.2. Analyse semi-quantitative <strong><strong>de</strong>s</strong> électrophorèses <strong>de</strong> protéines urinaires<br />

réalisées chez les rats traités aux AA et les rats contrôles<br />

Jour Rats<br />

3<br />

7<br />

10<br />

14<br />

18<br />

35<br />

mg/mmol créatinine<br />

HMWP Albumine LMWP<br />

AA 12,9 ± 1,1 ** 19,5 ± 4,0 * 58,9 ± 7,4<br />

Contrôle 7,3 ± 0,8 8,6 ± 1,3 57,3 ± 5,1<br />

AA 9,0 ± 1,0 ** 14,2 ± 4,3 95,1 ± 3,1<br />

Contrôle 4,3 ± 0,5 6,1 ± 0,8 67,6 ± 10,6<br />

AA 13,7 ± 6,3 25,0 ± 10,0 184,8 ± 8,4 **<br />

Contrôle 6,5 ± 1,2 7,7 ± 0,8 92,7 ± 10,2<br />

AA 15,7 ± 9,2 53,4 ± 22,3 * 249,1 ± 22,4 **<br />

Contrôle 2,9 ± 0,4 4,8 ± 0,8 146,9 ± 10,1<br />

AA 6,6 ± 3,1 15,7 ± 6,6 182,0 ± 12,9 **<br />

Contrôle 3,5 ± 1,0 5,7 ± 0,9 112,4 ± 11,2<br />

AA 27,3 ± 13,9 ** 79,9 ± 13,8 ** 251,5 ± 14,8 **<br />

Contrôle 1,7 ± 0,2 4,7 ± 1,0 140,5 ± 8,7<br />

Les valeurs pour les protéines <strong>de</strong> haut poids moléculaire (HMWP : High Molecular Weight<br />

Proteins), l’albumine et les protéines <strong>de</strong> faible poids moléculaire (LMWP : Low Molecular<br />

Weight Proteins) représentent la moyenne ± SEM (n = 6). La signification statistique<br />

correspond à * P < 0 ,05 et ** P < 0,01 par comparaison aux valeurs contrôles.<br />

Enzymurie NAG<br />

L’excrétion urinaire <strong>de</strong> la NAG, enzyme localisée dans les lysosomes <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

cellules épithéliales rénales, principalement proximales, est déterminée à chaque<br />

temps du protocole. L’enzymurie NAG augmente à partir du jour 3, atteint la<br />

signification statistique au jour 10 et s’intensifie progressivement jusqu’au jour 35,<br />

reflétant ainsi une perte d’intégrité d’un nombre croissant <strong>de</strong> cellules rénales<br />

(Tableau 2.1).<br />

114


Autres analyses<br />

D’autres paramètres biologiques sont dosés afin <strong>de</strong> calculer la fraction<br />

d’excrétion du sodium, du potassium et du glucose (Tableau 2.1). La fraction<br />

d’excrétion du sodium pour les rats traités aux AA est comparable à celle <strong><strong>de</strong>s</strong> rats<br />

contrôles. La fraction d’excrétion du potassium diminue significativement au jour 7 et<br />

augmente au jour 35 chez les rats injectés aux AA. La fraction d’excrétion du glucose<br />

est significativement élevée au jour 10 et augmente sans être statistiquement<br />

significative au jour 35.<br />

De même, les mesures <strong>de</strong> pH urinaire et plasmatique montrent que le pH<br />

reste constant chez les rats traités aux AA par rapport aux contrôles, excepté aux<br />

jours 10 et 14 pour le pH urinaire et au jour 7 pour le pH plasmatique (Tableau 2.1).<br />

A<br />

Protéinurie totale (mg/mmol (mg/mmol créatinine) créatinine)<br />

500<br />

400<br />

300<br />

200<br />

100<br />

0<br />

0 500 1000 1500 2000 2500 3000 3500 4000<br />

NAG urinaire (mU/mmol créatinine)<br />

C<br />

Créatinine plasmatique (µmol/l)<br />

40 40<br />

30 30<br />

20 20<br />

10 10<br />

r = 0.80 (Spearman)<br />

P < 0.0001<br />

0<br />

0 500 1000 1500 2000 2500 3000 3500 4000<br />

NAG urinaire (mU/mmol créatinine)<br />

r = 0.65 (Spearman)<br />

P < 0.0001<br />

Figure 2.4. Corrélations structure-fonction entre l’enzymurie NAG et la protéinurie totale (A),<br />

l’albuminurie (B) et la créatinine plasmatique (C) chez les rats traités aux AA (n = 36).<br />

Albuminurie (mg/mmol créatinine)<br />

B<br />

100<br />

80<br />

60<br />

40<br />

20<br />

0<br />

0 500 1000 1500 2000 2500 3000 3500 4000<br />

NAG urinaire (mU/mmol créatinine)<br />

r = 0.54 (Spearman)<br />

P = 0.0007<br />

115


2.1.1.3. Relations structure-fonction<br />

Des corrélations structure-fonction sont déterminées sur base <strong><strong>de</strong>s</strong> données<br />

biochimiques individuelles pour chaque temps afin d’établir <strong><strong>de</strong>s</strong> liens entre les<br />

différents paramètres d’atteinte tubulaire structurelle et fonctionnelle. Les plus<br />

représentatives sont : l’enzymurie NAG est étroitement corrélée avec la protéinurie<br />

totale (Fig. 2.4A), avec l’albuminurie (Fig.2.4B) et avec le taux <strong>de</strong> créatinine<br />

plasmatique (Fig. 2.4C).<br />

2.1.2. Observations histologiques<br />

2.1.2.1. Histologie conventionnelle<br />

Les lésions morphologiques sont étudiées à l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> différentes colorations<br />

permettant d’approfondir l’une ou l’autre anomalie du secteur tubulo-interstitiel.<br />

Aucune lésion n’est décelée dans les glomérules. Les altérations morphologiques<br />

sont exclusivement observées dans la partie externe <strong>de</strong> la médullaire externe ainsi<br />

qu’au niveau <strong>de</strong> la strie médullaire. Ces zones correspondant à la localisation <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

tubules proximaux du segment S3 sont les plus sensibles à l’hypoxie.<br />

Hématoxyline-éosine<br />

La coloration hématoxyline-éosine sur les coupes <strong>de</strong> tissu rénal <strong><strong>de</strong>s</strong> rats<br />

traités aux AA met en évi<strong>de</strong>nce <strong><strong>de</strong>s</strong> anomalies précoces et évolutives au cours du<br />

temps au niveau <strong><strong>de</strong>s</strong> tubules proximaux. En effet, un gonflement <strong><strong>de</strong>s</strong> cellules<br />

tubulaires proximales ainsi que l’apparition <strong>de</strong> cellules nécrotiques dans la lumière<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> tubules sont observés dès le jour 3 (Fig. 2.5B). Ensuite, <strong><strong>de</strong>s</strong> foyers <strong>de</strong> nécrose<br />

tubulaire sont présents aux jours 7 et 10 (Fig. 2.5C-D). Ces altérations <strong>de</strong> l’épithélium<br />

tubulaire évoluent vers l’atrophie tubulaire, laquelle se développe progressivement à<br />

partir du jour 10 jusqu’au jour 35 (Fig. 2.5D-G). Notons également la présence et le<br />

développement <strong>de</strong> l’infiltrat inflammatoire <strong>de</strong> cellules mononuclées à partir du jour 3<br />

jusqu’au jour 35 (Fig. 2.5B-G).<br />

116


A: Contrôle – Jour 3 B: AA – Jour 3<br />

E: AA – Jour 14<br />

#<br />

*<br />

F: AA – Jour 18<br />

#<br />

#<br />

C: AA – Jour 7<br />

#<br />

*<br />

Figure 2.5. Coloration hématoxyline-éosine <strong><strong>de</strong>s</strong> coupes <strong>de</strong> tissu rénal <strong><strong>de</strong>s</strong> rats contrôles aux<br />

jours 3 et 35 (A & H) ainsi que <strong><strong>de</strong>s</strong> rats traités aux AA aux jours 3, 7, 10, 14, 18 et 35 (B-G).<br />

Les lésions morphologiques représentatives du secteur tubulo-interstitiel sont observées :<br />

gonflement <strong>de</strong> la cellule tubulaire (flèche), nécrose tubulaire (*), atrophie tubulaire (tête <strong>de</strong><br />

flèche) et infiltrat inflammatoire <strong>de</strong> cellules mononuclées (#). Grossissement 400 ×.<br />

Trichrome <strong>de</strong> Goldner<br />

Sur les coupes colorées au trichrome <strong>de</strong> Goldner, la fibrose interstitielle,<br />

consistant en un dépôt <strong>de</strong> matrice extracellulaire constituée <strong>de</strong> fibres <strong>de</strong> collagène,<br />

est observée au jour 10 et s’intensifie graduellement jusqu’au jour 35 (Fig. 2.6B-E).<br />

A: Contrôle – Jour 10<br />

Figure 2.6. Coloration au trichrome <strong>de</strong> Goldner <strong><strong>de</strong>s</strong> coupes <strong>de</strong> tissu rénal <strong><strong>de</strong>s</strong> rats contrôles<br />

aux jour 10 et 35 (A & F) ainsi que <strong><strong>de</strong>s</strong> rats traités aux AA aux jours 10, 14, 18 et 35 (B-E).<br />

Cette coloration montre le développement <strong>de</strong> la fibrose interstitielle (vert clair).<br />

Grossissement 400 ×.<br />

#<br />

*<br />

*<br />

*<br />

G: AA – Jour 35<br />

B: AA – Jour 10 C: AA – Jour 14<br />

D: AA – Jour 10<br />

*<br />

#<br />

*<br />

H: Contrôle – Jour 35<br />

D: AA – Jour 18 E: AA – Jour 35<br />

F: Contrôle – Jour 35<br />

117


Aci<strong>de</strong> periodique Schiff (PAS)<br />

La coloration aci<strong>de</strong> periodique Schiff (PAS) permet d’examiner plus en détails<br />

la bordure en brosse <strong>de</strong> l’épithélium tubulaire proximal et les membranes basales.<br />

Cette coloration montre l’intégrité <strong>de</strong> la bordure en brosse à la membrane apicale<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> tubules proximaux et <strong>de</strong> la membrane basale pour les rats contrôles (Fig. 2.7A<br />

& H). Par contre, chez les rats traités aux AA, dès le jour 3, une désorganisation <strong>de</strong><br />

la bordure en brosse est visible (Fig. 2.7B). Une perte progressive <strong>de</strong> la bordure en<br />

brosse <strong><strong>de</strong>s</strong> tubules proximaux est ainsi observée du jour 7 jusqu’au jour 35 (Fig.<br />

2.7C-G). Les tubules proximaux ayant perdu leur bordure en brosse apparaissent<br />

dilatés, leurs cellules sont aplaties avec un cytoplasme réduit (Fig. 2.7C-F). Les<br />

tubules <strong>de</strong>viennent atrophiques et leur membrane basale résiduelle est épaissie au<br />

jour 35 (Fig. 2.7G). Des cellules nécrotiques ainsi que <strong><strong>de</strong>s</strong> débris cellulaires sont<br />

présents dans la lumière <strong><strong>de</strong>s</strong> tubules proximaux aux jours 7, 10, 14 et 18 (Fig. 2.7C-<br />

F).<br />

A: Contrôle – Jour 3 B: AA – Jour 3<br />

C: AA – Jour 7 D: AA – Jour 10<br />

E: AA – Jour 14 F: AA – Jour 18<br />

G: AA – Jour 35<br />

H: Contrôle – Jour 35<br />

Figure 2.7. Coloration à l’aci<strong>de</strong> periodique <strong>de</strong> Schiff (PAS) <strong><strong>de</strong>s</strong> coupes <strong>de</strong> tissu rénal <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

rats contrôles aux jours 3 et 35 (A & H) ainsi que <strong><strong>de</strong>s</strong> rats traités aux AA aux jours 3, 7, 10,<br />

14, 18 et 35 (B-G). Grossissement 400 ×.<br />

2.1.2.2. Immunomarquage <strong>de</strong> l’endopeptidase neutre<br />

Pour confirmer les atteintes <strong>de</strong> la bordure en brosse observées au PAS, un<br />

immunomarquage <strong>de</strong> la NEP, enzyme ancrée dans la membrane apicale <strong><strong>de</strong>s</strong> cellules<br />

tubulaires proximales, est réalisé. L’observation <strong><strong>de</strong>s</strong> coupes <strong>de</strong> tissu rénal <strong><strong>de</strong>s</strong> rats<br />

contrôles montre que la NEP est localisée à la bordure en brosse <strong>de</strong> l’épithélium du<br />

118


tubule proximal (Fig. 2.8A & H). Par contre, chez les rats exposés aux AA, une perte<br />

ponctuelle du marquage est observée au jour 3 (Fig. 2.8B). Ensuite, une disparition<br />

partielle ou totale du marquage <strong>de</strong> la NEP à la bordure en brosse est observée aux<br />

jours 7, 10, 14, 18 et 35 (Fig. 2.8C-G). Ainsi, le nombre <strong>de</strong> tubules proximaux ayant<br />

perdu leur bordure en brosse augmente au cours du temps d’exposition aux AA. Les<br />

observations du PAS et du marquage <strong>de</strong> la NEP sont comparables et indiquent donc<br />

que les altérations structurelles <strong><strong>de</strong>s</strong> tubules proximaux se caractérisent par une<br />

disparition progressive <strong>de</strong> la bordure en brosse.<br />

A: Contrôle – Jour 3 B: AA – Jour 3<br />

C: AA – Jour 7 D: AA – Jour 10<br />

E: AA – Jour 14 F: AA – Jour 18<br />

G: AA – Jour 35<br />

H: Contrôle – Jour 35<br />

Figure 2.8. Marquage immunohistochimique <strong>de</strong> l’endopeptidase neutre (NEP) sur les<br />

coupes <strong>de</strong> tissu rénal <strong><strong>de</strong>s</strong> rats contrôles aux jours 3 et 35 (A & H) ainsi que <strong><strong>de</strong>s</strong> rats traités<br />

aux AA aux jours 3, 7, 10, 14, 18 et 35 (B-G). Grossissement 400 ×.<br />

2.1.2.3. Evaluation semi-quantitative <strong><strong>de</strong>s</strong> lésions morphologiques<br />

L’évaluation semi-quantitative <strong><strong>de</strong>s</strong> lésions morphologiques décrites ci-<strong><strong>de</strong>s</strong>sus<br />

est effectuée au départ <strong><strong>de</strong>s</strong> coupes <strong>de</strong> tissu rénal <strong><strong>de</strong>s</strong> rats traités aux AA colorées à<br />

l’hématoxyline-éosine et au trichrome <strong>de</strong> Goldner. Les scores allant <strong>de</strong> 0 à 3 sont<br />

établis pour la nécrose tubulaire, la fibrose interstitielle et l’atrophie tubulaire (pour<br />

plus <strong>de</strong> détails voir le chapitre méthodologie § 2.12, page 85). Cette évaluation,<br />

présentée à la figure 2.9, montre que la présence <strong>de</strong> foyers <strong>de</strong> nécrose tubulaire est<br />

maximale au jour 7 et fortement diminuée à partir du jour 10. Ensuite, l’atrophie<br />

tubulaire apparaît au jour 7, évolue progressivement, elle est la plus intense au jour<br />

35. Parallèlement, la fibrose interstitielle faiblement présente au jour 7 se développe<br />

graduellement jusqu’au jour 35 où elle est maximale. Ces résultats confortent les<br />

119


observations histologiques décrites précé<strong>de</strong>mment et indiquent que les tubules<br />

proximaux sont précocement altérés suite aux injections d’AA.<br />

Score<br />

3<br />

2<br />

1<br />

0<br />

Nécrose tubulaire<br />

Atrophie tubulaire<br />

Fibrose interstitielle<br />

3 7 10 14 18 35<br />

Temps (jours)<br />

Figure 2.9. Evaluation semi-quantitative <strong><strong>de</strong>s</strong> lésions morphologiques observées chez les<br />

rats traités aux AA aux jours 3, 7, 10, 14, 18 et 35: nécrose tubulaire (colonne noire),<br />

atrophie tubulaire (colonne grise) et fibrose interstitielle (colonne hachurée). Les résultats<br />

représentent la moyenne ± SEM (n = 6).<br />

2.1.3. Détection <strong><strong>de</strong>s</strong> adduits d’ADN spécifiques aux aci<strong><strong>de</strong>s</strong><br />

<strong>aristolochiques</strong> dans le cortex rénal<br />

Les adduits d’ADN spécifiques aux AA sont détectés dans <strong><strong>de</strong>s</strong> échantillons <strong>de</strong><br />

cortex rénal issus <strong><strong>de</strong>s</strong> rats traités aux AA. Par contre, aucun adduit n’est décelé chez<br />

les rats contrôles. Pour rappel, l’image caractéristique <strong><strong>de</strong>s</strong> adduits d’ADN spécifiques<br />

aux AA, présentée à la Fig. 2.10A, se compose <strong>de</strong> trois spots majeurs d’adduits : 7-<br />

(déoxyadénosine-N 6 -yl)-aristolactame I (dA-AAI, spot 1), 7-(déoxyguanosine-N 2 -yl)aristolactame<br />

I (dG-AAI, spot 2) et 7-(déoxyadénosine-N 6 -yl)-aristolactame II (dA-<br />

AAII, spot 3) [Bieler C.A. et al., 1997; Stiborova M. et al., 1994].<br />

L’analyse quantitative révèle qu’une quantité constante d’adduits d’ADN est<br />

atteinte dès le jour 3 et se maintient jusqu’au jour 35 (Fig. 2.10B). Une légère<br />

augmentation du taux d’adduits d’ADN est observée au jour 18 mais n’est pas<br />

statistiquement significative. La quantité totale <strong><strong>de</strong>s</strong> adduits d’ADN spécifiques aux AA<br />

120


chez les rats est donc stable et comprise entre 800 et 1000 adduits par 10 8<br />

nucléoti<strong><strong>de</strong>s</strong> comme rapporté dans un protocole précé<strong>de</strong>nt [Debelle F. et al., 2003].<br />

A B<br />

2<br />

Figure 2.10. A : Autoradiographie <strong><strong>de</strong>s</strong> adduits d’ADN spécifiques aux AA dans le cortex<br />

rénal <strong><strong>de</strong>s</strong> rats traités aux AA. B : Quantité d’adduits d’ADN spécifiques aux AA formés dans<br />

le cortex rénal <strong><strong>de</strong>s</strong> rats traités aux AA aux jours 3, 7, 10, 14, 18 et 35. Les résultats<br />

représentent la moyenne ± SEM (n = 4). Chaque échantillon d’ADN est post-marqué une<br />

seule fois. Spot 1 : 7-déoxyadénosine-N 6 -yl)-aristolactame I (dA-AAI : colonne noire), spot 2 :<br />

7-(déoxyguanosine-N 2 -yl)-aristolactame I (dG-AAI : colonne hachurée) et spot 3 : 7-<br />

(déoxyadénosine-N 6 -yl)-aristolactame II (dA-AAII : colonne grise).<br />

2.2. Protocole <strong>de</strong> suivi <strong><strong>de</strong>s</strong> paramètres urinaires: rats<br />

traités pendant 35 jours<br />

Acclimatation<br />

J -7<br />

3<br />

1<br />

Adduits par 10 8 Adduits par 10 nucléoti<strong><strong>de</strong>s</strong> normaux<br />

8 nucléoti<strong><strong>de</strong>s</strong> normaux<br />

1600<br />

1400<br />

1200<br />

1000<br />

800<br />

600<br />

400<br />

200<br />

0<br />

Spot 1 (dA-AAI)<br />

Spot 2 (dG-AAI)<br />

Spot 3 (dA-AAII)<br />

3 7 10 14 18 35<br />

Temps (jours)<br />

PERIODE D’INJECTION<br />

(10 mg/kg AA ou solvant, 7 jours/ semaine)<br />

0 3 5 7 10 13 15 18 22 24 27 31<br />

Jours <strong>de</strong> récolte d’urines<br />

(n = 4 rats traités et 3 rats contrôles)<br />

Figure 2.11. Schéma <strong>de</strong> la procédure suivie durant le protocole expérimental <strong>de</strong> suivi <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

paramètres urinaires (rats traités pendant 35 jours).<br />

35<br />

121


L’analyse <strong><strong>de</strong>s</strong> résultats obtenus dans le protocole précé<strong>de</strong>nt montre que le<br />

dosage <strong><strong>de</strong>s</strong> paramètres urinaires permet <strong>de</strong> détecter, dès le 3 ème jour, les atteintes<br />

structurelles et fonctionnelles <strong>de</strong> l’épithélium tubulaire proximal développées suite à<br />

l’administration <strong><strong>de</strong>s</strong> AA. Dès lors, un protocole <strong>de</strong> suivi plus rapproché <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

paramètres urinaires est effectué afin d’étudier l’évolution individuelle au cours du<br />

temps <strong><strong>de</strong>s</strong> altérations structurelles et fonctionnelles occasionnées chez <strong><strong>de</strong>s</strong> rats<br />

intoxiqués aux AA pendant 35 jours (Fig. 2.11, protocole détaillé dans le chapitre<br />

méthodologie § 2.2.1 page 77).<br />

2.2.1. Paramètres reflétant l’atteinte fonctionnelle<br />

Chez un rat contrôle représentatif du groupe, l’excrétion urinaire <strong><strong>de</strong>s</strong> protéines<br />

totales et <strong>de</strong> l’albumine n’est pas différente <strong>de</strong> la valeur basale correspondant au jour<br />

0 (Fig. 2.12A). Par contre, chez quatre rats traités aux AA, la protéinurie augmente<br />

rapi<strong>de</strong>ment entre le jour 3 et 7, retourne à une valeur basale au jour 10 et ensuite<br />

s’élève progressivement (Fig. 2.13). L’albuminurie augmente autour du jour 5 (du<br />

jour 3 au jour 7), et présente ensuite une évolution variable en fonction <strong><strong>de</strong>s</strong> rats (Fig.<br />

2.13). Le suivi <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>ux paramètres biologiques indique que l’atteinte<br />

fonctionnelle <strong>de</strong> l’épithélium tubulaire proximal semble se développer en <strong>de</strong>ux<br />

phases.<br />

2.2.2. Paramètres reflétant l’atteinte structurelle<br />

Dans le groupe <strong><strong>de</strong>s</strong> rats contrôles, aucune modification par rapport aux<br />

valeurs du jour 0 n’est observée pour la NAG, l’α-GST, la LAP et la NEP (Fig. 2.12B-<br />

C). Afin d’étudier l’intégrité <strong><strong>de</strong>s</strong> cellules tubulaires, <strong>de</strong>ux enzymes cytosoliques, la<br />

NAG et l’α-GST sont dosées. Comme observé précé<strong>de</strong>mment pour la protéinurie et<br />

l’albuminurie, l’enzymurie NAG ainsi que l’enzymurie α-GST augmentent rapi<strong>de</strong>ment<br />

au cours <strong><strong>de</strong>s</strong> premiers jours d’injection <strong><strong>de</strong>s</strong> rats aux AA, avec un maximum aux jours<br />

5 et 7. Ensuite, elles diminuent et finalement s’élèvent plus progressivement au cours<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong>rniers jours (Fig. 2.14).<br />

122


De même, les enzymuries LAP et NEP évoluent selon un profil semblable à<br />

celui <strong>de</strong> la NAG et <strong>de</strong> l’α-GST. En effet, dans le groupe <strong><strong>de</strong>s</strong> rats traités aux AA, une<br />

libération précoce <strong>de</strong> la LAP et <strong>de</strong> la NEP s’observe dans un premier temps aux<br />

jours 3 et 7, elle est suivie par une excrétion progressive dans un <strong>de</strong>uxième temps<br />

(Fig. 2.15).<br />

Ces enzymes, marqueurs <strong>de</strong> l’intégrité cellulaire et <strong>de</strong> la bordure en brosse,<br />

suggèrent donc que la structure tubulaire est altérée par le traitement aux AA et que<br />

ces lésions structurelles évoluent en <strong>de</strong>ux phases distinctes.<br />

Paramètres urinaires (mg/mmol créatinine)<br />

A<br />

500<br />

400<br />

300<br />

200<br />

100<br />

0<br />

Protéines urinaires<br />

Albumine urinaire<br />

0 5 10 15 20 25 30 35<br />

C<br />

Temps (jours)<br />

Activité LAP urinaire<br />

(µmol AMC produit/mmol créatinine/h)<br />

200<br />

150<br />

100<br />

50<br />

0<br />

LAP urinaire<br />

NEP urinaire<br />

NAG urinaire (mU/mmol créatinine)<br />

0 5 10 15 20 25 30 35<br />

Temps (jours)<br />

Figure 2.12. Evolution au cours du temps <strong>de</strong> paramètres urinaires chez un même rat<br />

contrôle représentatif aux jours 0, 3, 5, 7, 10, 13, 15, 18, 22, 24, 27, 31 et 35. A : Protéinurie<br />

totale (cercle noir) et albuminurie (cercle gris). B : N-acetyl-β-D-glucosaminidase (NAG, carré<br />

noir) et alpha-glutathione S-transférase (α-GST, carré gris). C : Leucine aminiopeptidase<br />

(LAP, triangle noir) et endopeptidase neutre (NEP, triangle gris). AMC: 7-amino-4-méthylcoumarine.<br />

B<br />

5000<br />

4000<br />

3000<br />

2000<br />

1000<br />

0<br />

Temps (jours)<br />

NAG urinaire<br />

α-GST urinaire<br />

0 5 10 15 20 25 30 35<br />

250<br />

200<br />

150<br />

100<br />

50<br />

0<br />

NEP urinaire (µg/mmol créatinine)<br />

140<br />

120<br />

100<br />

80<br />

60<br />

40<br />

20<br />

0<br />

αα-GST αα-GST urinaire (µg/mmol créatinine)<br />

123


Paramètres urinaires (mg/mmol créatinine)<br />

Paramètres urinaires (mg/mmol créatinine)<br />

500<br />

400<br />

300<br />

200<br />

100<br />

0<br />

500<br />

400<br />

300<br />

200<br />

100<br />

0<br />

0 5 10 15 20 25 30 35<br />

Temps (jours)<br />

0 5 10 15 20 25 30 35<br />

Temps (jours)<br />

Protéines urinaires<br />

Albumine urinaire<br />

Rat 1 Rat 2<br />

Paramètres urinaires (mg/mmol créatinine)<br />

Paramètres urinaires (mg/mmol créatinine)<br />

0 5 10 15 20 25 30 35<br />

Temps (jours)<br />

Rat 3 Rat 4<br />

Figure 2.13. Evolution au cours du temps <strong>de</strong> la protéinurie totale (cercle noir) et <strong>de</strong><br />

l’albuminurie (cercle gris) chez quatre rats traités aux AA.<br />

NAG urinaire (mU/mmol créatinine)<br />

NAG urinaire (mU/mmol créatinine)<br />

5000<br />

120<br />

4000<br />

alpha-GST<br />

100<br />

3000<br />

80<br />

urinaire<br />

60<br />

2000<br />

(µg/mmol<br />

40<br />

1000<br />

20<br />

créatinine)<br />

0<br />

0 5 10 15 20 25 30 35<br />

Temps (jours)<br />

5000 250<br />

4000<br />

200<br />

alpha-GST<br />

3000<br />

150<br />

urinaire<br />

2000<br />

100<br />

(µg/mmol<br />

1000<br />

50<br />

créatinine)<br />

0<br />

0 5 10 15 20 25 30 35<br />

Temps (jours)<br />

140<br />

0<br />

0<br />

Figure 2.14. Evolution au cours du temps <strong><strong>de</strong>s</strong> enzymuries NAG (carré noir) et alpha-GST<br />

(carré gris) chez quatre rats traités aux AA.<br />

500<br />

400<br />

300<br />

200<br />

100<br />

0<br />

500<br />

400<br />

300<br />

200<br />

100<br />

0<br />

NAG urinaire<br />

alpha-GST urinaire<br />

NAG urinaire (mU/mmol créatinine)<br />

NAG urinaire (mU/mmol créatinine)<br />

0 5 10 15 20 25 30 35<br />

0<br />

Temps (jours)<br />

Rat 1 Rat 2<br />

5000<br />

120<br />

4000<br />

alpha-GST<br />

100<br />

3000<br />

80<br />

urinaire<br />

60<br />

2000<br />

(µg/mmol<br />

40<br />

1000<br />

20<br />

créatinine)<br />

0<br />

0 5 10 15 20 25 30 35<br />

Temps (jours)<br />

Rat 3 Rat 4<br />

5000 140<br />

120<br />

4000<br />

alpha-GST<br />

100<br />

3000<br />

80<br />

urinaire<br />

60<br />

2000<br />

(µg/mmol<br />

40<br />

1000<br />

20<br />

créatinine)<br />

0 5 10 15 20 25 30 35<br />

Temps (jours)<br />

140<br />

0<br />

0<br />

124


Activité LAP urinaire<br />

Activité LAP urinaire<br />

(µmol AMC produit/mmol créatinine/h)<br />

(µmol AMC produit/mmol créatinine/h)<br />

200<br />

150<br />

100<br />

50<br />

0<br />

200<br />

150<br />

100<br />

50<br />

0<br />

0 5 10 15 20 25 30 35<br />

Temps (jours)<br />

0 5 10 15 20 25 30 35<br />

Temps (jours)<br />

Figure 2.15. Evolution au cours du temps <strong><strong>de</strong>s</strong> enzymuries LAP (triangle noir) et NEP<br />

(triangle gris) chez quatre rats traités aux AA.<br />

2.3. Protocole court : rats traités pendant 5 jours<br />

Acclimatation<br />

J -7<br />

250<br />

200<br />

150<br />

100<br />

50<br />

0<br />

LAP urinaire<br />

NEP urinaire<br />

Rat 1 Rat 2<br />

NEP urinaire (µg/mmol créatinine)<br />

Activité LAP urinaire<br />

0 5 10 15 20 25 30 35<br />

Temps (jours)<br />

Rat 3 Rat 4<br />

250<br />

200<br />

150<br />

100<br />

50<br />

0<br />

NEP urinaire (µg/mmol créatinine)<br />

Activité LAP urinaire<br />

0 1 2 3 4 5<br />

Jours <strong>de</strong> sacrifice (n = 6 rats / groupe)<br />

Figure 2.16. Schéma <strong>de</strong> la procédure suivie durant le protocole expérimental court (rats<br />

traités pendant 5 jours).<br />

Les résultats <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong>ux protocoles précé<strong>de</strong>nts montrent que l’administration<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> AA induit <strong><strong>de</strong>s</strong> altérations structurelles et fonctionnelles <strong>de</strong> l’épithélium tubulaire<br />

proximal dès le 3 ème jour d’injection. Par conséquent, un protocole <strong>de</strong> plus courte<br />

(µmol AMC produit/mmol créatinine/h)<br />

(µmol AMC produit/mmol créatinine/h)<br />

200<br />

150<br />

100<br />

50<br />

0<br />

200<br />

150<br />

100<br />

50<br />

0<br />

0 5 10 15 20 25 30 35<br />

Temps (jours)<br />

PERIODE D’INJECTION<br />

(10 mg/kg AA ou solvant, 1 fois/ jour)<br />

250<br />

200<br />

150<br />

100<br />

50<br />

0<br />

250<br />

200<br />

150<br />

100<br />

50<br />

0<br />

NEP urinaire (µg/mmol créatinine)<br />

NEP urinaire (µg/mmol créatinine)<br />

125


durée est réalisé afin d’étudier les premiers changements structurels et/ou<br />

fonctionnels <strong>de</strong> l’épithélium tubulaire proximal après l’intoxication aux AA (Fig. 2.16,<br />

protocole détaillé dans le chapitre méthodologie § 2.2.2. page 77).<br />

2.3.1. Paramètres biologiques<br />

La mesure du poids <strong><strong>de</strong>s</strong> rats avant chaque sacrifice montre que les rats traités<br />

aux AA et les rats contrôles ont un poids moyen équivalent et stable sur la pério<strong>de</strong><br />

<strong>de</strong> 5 jours (Fig. 2.17). Pour réaliser ce protocole court, les rats choisis ont un poids<br />

plus élevé (± 100 g) que ceux <strong><strong>de</strong>s</strong> protocoles longs, afin <strong>de</strong> se situer en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong><br />

leur phase <strong>de</strong> croissance.<br />

Figure 2.17. Poids moyen <strong><strong>de</strong>s</strong> rats contrôles (colonne grise) et traités aux AA (colonne<br />

noire) aux jours 1, 2, 3, 4 et 5. Les résultats représentent la moyenne ± SEM (n = 6).<br />

2.3.1.1. Créatinine plasmatique<br />

Poids <strong><strong>de</strong>s</strong> rats (g)<br />

400<br />

300<br />

200<br />

100<br />

0<br />

Contrôle<br />

AA<br />

0 1 2 3 4 5<br />

Temps (jours)<br />

La créatinine plasmatique augmente significativement aux jours 1 et 3 pour les<br />

rats traités aux AA et évolue jusqu’au jour 5 (Fig. 2.18). Cette élévation du taux <strong>de</strong><br />

créatinine plasmatique suggère que les rats injectés aux AA ont développé une<br />

insuffisance rénale aiguë transitoire.<br />

126


Créatinine plasmatique (µmol/l)<br />

Figure 2.18. Créatinine plasmatique <strong><strong>de</strong>s</strong> rats contrôles (colonne grise) et <strong><strong>de</strong>s</strong> rats traités aux<br />

AA (colonne noire) aux jours 1, 2, 3, 4 et 5. Les résultats représentent la moyenne ± SEM (n<br />

= 6). Les significations statistiques correspon<strong>de</strong>nt à * P < 0,05 et ** P < 0,01 par<br />

comparaison aux valeurs contrôles.<br />

2.3.1.2. Protéines et enzymes urinaires<br />

Protéinurie et albuminurie<br />

Les rats traités aux AA et les rats contrôles ont un débit urinaire comparable<br />

durant les 5 jours (Fig. 2.19). Par contre, l’excrétion urinaire <strong>de</strong> protéines totales<br />

augmente significativement pour les rats traités aux AA dès le 1 er jour et évolue<br />

rapi<strong>de</strong>ment jusqu’au jour 5 (Fig. 2.20A). Cette protéinurie indique donc qu’une seule<br />

injection d’AA suffit à induire <strong><strong>de</strong>s</strong> altérations <strong>de</strong> l’épithélium tubulaire proximal.<br />

Débit urinaire (µl/min)<br />

60<br />

50<br />

40<br />

30<br />

20<br />

10<br />

0<br />

20<br />

15<br />

10<br />

5<br />

0<br />

Contrôle<br />

AA<br />

*<br />

1 2 3 4 5<br />

Contrôle<br />

AA<br />

*<br />

Temps (jours)<br />

0 1 2 3 4 5<br />

Figure 2.19. Débit urinaire <strong><strong>de</strong>s</strong> rats contrôles (colonne grise) et <strong><strong>de</strong>s</strong> rats traités aux AA<br />

(colonne noire) aux jours 1, 2, 3, 4 et 5. Les résultats représentent la moyenne ± SEM (n = 6,<br />

excepté au jour 3 dans le groupe <strong><strong>de</strong>s</strong> rats traités aux AA n = 5). La signification statistique<br />

correspond à * P < 0,05 par comparaison aux valeurs contrôles.<br />

**<br />

Temps (jours)<br />

127


Protéinurie totale (mg/ mmol créatinine)<br />

A B<br />

600<br />

500<br />

400<br />

300<br />

200<br />

100<br />

0<br />

Contrôle<br />

AA<br />

*<br />

0 1 2 3 4 5<br />

C<br />

**<br />

Temps (jours)<br />

Rapport albuminurie/protéinurie totale (%)<br />

**<br />

100<br />

80<br />

60<br />

40<br />

20<br />

0<br />

**<br />

**<br />

Contrôle<br />

AA<br />

0 1 2 3 4 5<br />

Temps (jours)<br />

Figure 2.20. Protéinurie totale (A), albuminurie (B) et rapport albuminurie/protéinurie totale<br />

(C) chez les rats contrôles (colonne grise) et les rats traités aux AA (colonne noire) aux jours<br />

1, 2, 3, 4 et 5. Les résultats représentent la moyenne ± SEM (n = 6, excepté au jour 3 dans<br />

le groupe <strong><strong>de</strong>s</strong> rats traités aux AA n = 5). Les significations statistiques correspon<strong>de</strong>nt à * P <<br />

0,05 et ** P < 0,01 par comparaison aux valeurs contrôles.<br />

De même, l’excrétion urinaire d’albumine augmente <strong>de</strong> manière significative à<br />

partir du jour 2 jusqu’au jour 5 et présente un niveau maximal très élevé au jour 4<br />

(Fig. 2.20B). Le taux d’albumine plasmatique <strong><strong>de</strong>s</strong> rats traités et <strong><strong>de</strong>s</strong> rats contrôles est<br />

comparable et stable sur la durée <strong>de</strong> ce protocole court. L’albuminurie résulte donc<br />

d’un défaut précoce <strong>de</strong> la réabsorption tubulaire.<br />

Le rapport albumine urinaire/protéines urinaires totales est constant pendant<br />

les 5 jours pour les rats contrôles (Fig. 2.20C). Par contre, pour les rats traités aux<br />

AA, une augmentation significative <strong>de</strong> ce rapport albuminurie/protéinurie totale est<br />

observée dès le jour 2 jusqu’au jour 5 ; cette élévation est doublée au jour 4<br />

atteignant un niveau d’environ 80%.<br />

Albuminurie (mg/mmol créatinine)<br />

600<br />

500<br />

400<br />

300<br />

200<br />

100<br />

**<br />

0<br />

**<br />

Contrôle<br />

AA<br />

0 1 2 3 4 5<br />

**<br />

**<br />

**<br />

**<br />

Temps (jours)<br />

**<br />

**<br />

128


Afin d’i<strong>de</strong>ntifier les protéines urinaires excrétées, les échantillons urinaires<br />

sont séparés par gel d’électrophorèse. Les profils électrophorétiques obtenus ne<br />

montrent aucune différence entre les rats contrôles et traités aux AA au jour 1 (Fig.<br />

2.21A). Par contre, l’intensité <strong><strong>de</strong>s</strong> ban<strong><strong>de</strong>s</strong> correspondant à l’albumine et à la<br />

transferrine est augmentée chez les rats traités aux AA pour les autres temps du<br />

protocole (Fig. 2.21B-E). Aux jours 1, 2 et 3, tous les rats injectés aux AA n’ont pas<br />

les mêmes profils protéiques, reflétant une hétérogénéité dans la réponse <strong><strong>de</strong>s</strong> rats<br />

aux AA. Cependant, aux jours 4 et 5, les rats semblent être intoxiqués par les AA<br />

avec la même intensité. Les résultats obtenus sur les gels d’électrophorèse<br />

confirment les dosages décrits précé<strong>de</strong>mment. L’α2-microglobuline et la β2-<br />

microglobuline sont présentes dans les rats contrôles et traités aux AA.<br />

250<br />

150<br />

100<br />

75<br />

50<br />

37<br />

25<br />

20<br />

15<br />

10<br />

A B<br />

AA Contrôle<br />

Figure 2.21. Electrophorèses <strong><strong>de</strong>s</strong> protéines urinaires <strong>de</strong> 2 ou 3 rats contrôles et <strong>de</strong> 6 rats<br />

traités aux AA aux jours 1 (A), 2 (B), 3 (C), 4 (D) et 5 (E). Le standard <strong>de</strong> poids moléculaire<br />

est annoté à la gauche <strong><strong>de</strong>s</strong> gels et certaines protéines sont indiquées à droite. (Gels Tris-HCl<br />

4-20%).<br />

36<br />

28<br />

17<br />

84<br />

AA Contrôle<br />

C AA Contrôle<br />

AA Contrôle D<br />

250<br />

150<br />

100<br />

75<br />

50<br />

37<br />

25<br />

20<br />

15<br />

10<br />

E<br />

250<br />

150<br />

100<br />

75<br />

50<br />

37<br />

25<br />

20<br />

15<br />

10<br />

AA Contrôle<br />

Transferrine<br />

Albumine<br />

Transferrine<br />

Albumine<br />

α 2 -microglobuline<br />

β 2 -microglobuline<br />

α 2 -microglobuline<br />

β 2 -microglobuline<br />

129


Enzymurie NAG<br />

L’excrétion urinaire <strong>de</strong> la NAG est significativement élevée aux jours 2, 4 et 5<br />

(Fig. 2.22). Cette augmentation s’intensifie aux jours 4 et 5. L’activité urinaire NAG<br />

présente la même évolution que l’albuminurie (Fig. 2.20B), le rapport<br />

albumine/protéines urinaires totales (Fig. 2.20C) et la créatinine plasmatique (Fig.<br />

2.18). Ces données indiquent que la perte d’intégrité <strong><strong>de</strong>s</strong> cellules tubulaires induit<br />

d’une part, une excrétion urinaire <strong>de</strong> protéines (principalement <strong>de</strong> l’albumine) et<br />

d’autre part, une altération <strong>de</strong> la fonction rénale menant à une insuffisance rénale<br />

aiguë transitoire.<br />

NAG urinaire (mU/mmol créatinine)<br />

2000<br />

1800<br />

1600<br />

1400<br />

1200<br />

1000<br />

0 1 2 3 4 5<br />

Temps (jours)<br />

Figure 2.22. Enzymurie NAG pour les rats contrôles (colonne grise) et les rats traités aux AA<br />

(colonne noire) aux jours 1, 2, 3, 4 et 5. Les résultats représentent la moyenne ± SEM (n = 6,<br />

excepté au jour 3 pour les rats traités aux AA n = 5). La signification statistique correspond à<br />

** P < 0,01 par comparaison aux valeurs contrôles.<br />

2.3.1.3. Relations structure-fonction<br />

800<br />

600<br />

400<br />

200<br />

0<br />

Contrôle<br />

AA<br />

**<br />

Les corrélations entre la structure et la fonction sont établies à l’ai<strong>de</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

données biochimiques individuelles pour chaque temps. L’enzymurie NAG est<br />

étroitement corrélée à la protéinurie (Fig. 2.23A), l’albuminurie (Fig. 2.23B) ainsi que<br />

la créatinine plasmatique (Fig. 2.23C). Ces résultats sont similaires à ceux observés<br />

dans le protocole <strong>de</strong> 35 jours (voir le chapitre résultats § 2.1.1.3 page 115-116).<br />

**<br />

**<br />

130


Protéinurie totale (mg/mmol créatinine)<br />

A B<br />

600<br />

500<br />

400<br />

300<br />

200<br />

100<br />

0<br />

0 500 1000 1500 2000 2500<br />

NAG urinaire (mU/mmol créatinine)<br />

C<br />

r = 0.7084 (Spearman)<br />

P < 0.0001<br />

Figure 2.23. Corrélations structure-fonction entre l’enzymurie NAG et la protéinurie totale<br />

(A), l’albuminurie (B) et la créatinine plasmatique (C) pour les rats traités aux AA (n = 30).<br />

2.3.2. Observations histologiques<br />

2.3.2.1. Histologie conventionnelle<br />

Créatinine plasmatique (µmol/l)<br />

100<br />

80<br />

60<br />

40<br />

20<br />

100<br />

r = 0.81 (Spearman)<br />

0<br />

P < 0.0001<br />

0 500 1000 1500 2000 2500<br />

0<br />

r = 0.50 (Spearman)<br />

P = 0.0044<br />

0 500 1000 1500 2000<br />

NAG urinaire (mU/mmol créatinine)<br />

NAG urinaire (mU/ mmol créatinine)<br />

La coloration au PAS <strong><strong>de</strong>s</strong> coupes <strong>de</strong> tissu rénal <strong><strong>de</strong>s</strong> rats contrôles montre que<br />

la bordure en brosse est préservée au niveau <strong>de</strong> la membrane apicale <strong><strong>de</strong>s</strong> tubules<br />

proximaux et que la membrane basale est bien délimitée (Fig. 2.24A). Dès le premier<br />

jour d’exposition aux AA, un gonflement <strong><strong>de</strong>s</strong> cellules tubulaires proximales est<br />

observé (Fig. 2.24B). Ensuite, dès le <strong>de</strong>uxième jour <strong>de</strong> traitement aux AA, la<br />

déstructuration <strong>de</strong> l’épithélium proximal progresse rapi<strong>de</strong>ment, la bordure en brosse<br />

apicale disparaît partiellement et les débris cellulaires ainsi que les cellules<br />

nécrotiques sont observées dans la lumière <strong><strong>de</strong>s</strong> tubules proximaux (Fig. 2.24C).<br />

Albuminurie (mg/mmol créatinine)<br />

800<br />

700<br />

600<br />

500<br />

400<br />

300<br />

200<br />

131


Finalement, la perte <strong>de</strong> bordure en brosse est partielle ou complète au jour 3 (Fig.<br />

2.24D) et <strong>de</strong>vient complète aux jours 4 et 5 (Fig. 2.24E-F). L’épithélium tubulaire<br />

proximal est totalement détruit, quelques cellules ou noyaux seulement restent<br />

attachés à la membrane basale et la lumière tubulaire est remplie <strong>de</strong> débris<br />

cellulaires et cellules nécrotiques provocant l’obstruction <strong><strong>de</strong>s</strong> tubules proximaux (Fig.<br />

2.24E-F).<br />

Ces observations sont compatibles avec une nécrose tubulaire aiguë précoce<br />

décelée dès le <strong>de</strong>uxième jour d’administration <strong><strong>de</strong>s</strong> AA, <strong>de</strong>venant massive aux jours 4<br />

et 5.<br />

A: Contrôle – Jour 1 B: AA – Jour 1 C: AA – Jour 2<br />

D: AA – Jour 3<br />

#<br />

#<br />

*<br />

E: AA – Jour 4<br />

Figure 2.24. Coloration à l’aci<strong>de</strong> periodique <strong>de</strong> Schiff (PAS) <strong><strong>de</strong>s</strong> coupes <strong>de</strong> rein <strong>de</strong> rats<br />

contrôles au jour 1 (A) ainsi que <strong>de</strong> rats traités aux AA aux jours 1, 2, 3, 4 et 5 (B-F).<br />

Gonflement <strong>de</strong> la cellule tubulaire (flèche), cellules nécrotiques (*), fragments cellulaires (#).<br />

Grossissement 400 × pour A-F et 80 × pour G-H.<br />

2.3.2.2. Immunomarquage <strong>de</strong> l’endopeptidase neutre<br />

#<br />

G: AA – Jour 4 (80 ×)<br />

H: AA – Jour 5 (80 ×)<br />

Afin d’examiner plus précisément la bordure en brosse <strong><strong>de</strong>s</strong> tubules proximaux,<br />

le marquage immunohistochimique <strong>de</strong> la NEP est effectué sur les coupes <strong>de</strong> tissu<br />

#<br />

*<br />

*<br />

*<br />

F: AA – Jour 5<br />

#<br />

*<br />

#<br />

*<br />

*<br />

132


énal. La NEP est présente sous forme granulaire à la bordure en brosse <strong>de</strong> la<br />

membrane apicale <strong><strong>de</strong>s</strong> tubules proximaux chez les rats contrôles (Fig. 2.25A). De<br />

même, la NEP est localisée <strong>de</strong> manière similaire chez les rats traités aux AA pendant<br />

1 jour (Fig. 2.25B). Par contre, une disparition partielle ou totale du marquage <strong>de</strong> la<br />

NEP s’observe aux jours 2 et 3 (Fig. 2.25C-D). Cette perte <strong>de</strong> NEP à la bordure en<br />

brosse est complète aux jours 4 et 5 (Fig. 2.25E-F). Ces résultats confirment les<br />

observations <strong><strong>de</strong>s</strong> coupes <strong>de</strong> tissu rénal colorées au PAS indiquant l’altération<br />

morphologique <strong>de</strong> l’épithélium tubulaire proximal.<br />

A: Contrôle – Jour 1 B: AA – Jour 1 C: AA – Jour 2<br />

D: AA – Jour 3<br />

E: AA – Jour 4<br />

F: AA – Jour 5<br />

G: AA – Jour 4 (200 ×)<br />

H: AA – Jour 5 (200 ×)<br />

Figure 2.25. Marquage immunohistochimique <strong>de</strong> l’endopeptidase neutre (NEP, flèche) sur<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> coupes <strong>de</strong> rein <strong>de</strong> rats contrôles au jour 1 (A) ainsi que <strong><strong>de</strong>s</strong> coupes <strong>de</strong> rein <strong>de</strong> rats<br />

traités aux AA aux jours 1, 2, 3, 4 et 5 (B-F). Grossissement 400 × pour A-F et 200 × pour G-<br />

H.<br />

Parallèlement à ces observations histologiques, la semi-quantification <strong>de</strong> ce<br />

marquage est réalisée. Les tubules proximaux présentant le marquage <strong>de</strong> la NEP à<br />

la bordure en brosse apicale sont considérés comme positifs. Par champ, les tubules<br />

proximaux positifs pour la NEP sont comptés et leur nombre est rapporté à la<br />

quantité totale <strong>de</strong> tubules. Cette analyse montre que le nombre <strong>de</strong> tubules proximaux<br />

positifs pour le marquage NEP est significativement diminué à partir du 2 ème jour<br />

d’exposition aux AA et évolue graduellement jusqu’au 5 ème jour (Fig. 2.26).<br />

133


Tubules proximaux NEP positifs (%)<br />

100<br />

80<br />

60<br />

40<br />

20<br />

0<br />

Contrôle<br />

AA<br />

1 2 3<br />

Temps (jours)<br />

4 5<br />

Figure 2.26. Evaluation semi-quantitative du nombre <strong>de</strong> tubules proximaux positifs pour le<br />

marquage <strong>de</strong> la NEP à la bordure en brosse pour les rats contrôles (colonne grise) et traités<br />

aux AA (colonne noire) aux jours 1, 2, 3, 4 et 5. Les résultats représentent la moyenne ±<br />

SEM (n = 6). La signification statistique correspond à *** P < 0,0001 par comparaison aux<br />

valeurs contrôles.<br />

2.3.3. Détection <strong><strong>de</strong>s</strong> adduits d’ADN spécifiques aux aci<strong><strong>de</strong>s</strong><br />

<strong>aristolochiques</strong> dans le cortex rénal<br />

***<br />

L’analyse quantitative <strong><strong>de</strong>s</strong> adduits d’ADN spécifiques aux AA montre que les<br />

trois spots majeurs d’adduits d’ADN sont détectés dès le premier jour d’exposition<br />

aux AA et leur quantité est doublée au 2 ème jour (Fig. 2.27). Le taux total <strong>de</strong> ces<br />

adduits atteint un niveau maximum à partir du 2 ème jour et reste stable au cours <strong>de</strong> ce<br />

protocole. Le taux total maximum <strong><strong>de</strong>s</strong> adduits d’ADN spécifiques aux AA correspond<br />

à celui observé dans le protocole <strong>de</strong> 35 jours (Fig. 2.10).<br />

Les corrélations entre le taux total (somme <strong><strong>de</strong>s</strong> 3 spots) d’adduits d’ADN<br />

spécifiques aux AA et les paramètres biologiques sont établies à l’ai<strong>de</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> données<br />

biochimiques individuelles pour chaque temps. La quantité d’adduits d’ADN est<br />

corrélée avec l’enzymurie NAG. Cette corrélation est également étroite avec la<br />

protéinurie totale, l’albuminurie et la créatinine plasmatique (Fig. 2.28). Ces résultats<br />

suggèrent que le dysfonctionnement <strong>de</strong> la cellule tubulaire et, dans une moindre<br />

mesure, l’intégrité <strong>de</strong> la cellule sont étroitement corrélés au <strong>de</strong>gré d’intoxication induit<br />

par les AA.<br />

***<br />

***<br />

***<br />

134


Adduits par 10 8 Adduits par 10 nucléoti<strong><strong>de</strong>s</strong> normaux<br />

8 nucléoti<strong><strong>de</strong>s</strong> normaux<br />

1200<br />

1000<br />

800<br />

600<br />

400<br />

200<br />

0<br />

Spot 1 (dA-AAI)<br />

Spot 2 (dG-AAI)<br />

Spot 3 (dA-AAII)<br />

**<br />

1 2 3 4 5<br />

Temps (jours)<br />

Figure 2.27. Quantité d’adduits d’ADN spécifiques aux AA détectés dans le cortex rénal <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

rats traités aux AA aux jours 1, 2, 3, 4 et 5. Les résultats représentent la moyenne ± SEM (n<br />

= 6). Chaque échantillon d’ADN est post-marqué une seule fois. Spot 1 : 7-déoxyadénosine-<br />

N 6 -yl)-aristolactame I (dA-AAI : colonne noire), spot 2 : 7-(déoxyguanosine-N 2 -yl)aristolactame<br />

I (dG-AAI : colonne hachurée) et spot 3 : 7-(déoxyadénosine-N 6 -yl)aristolactame<br />

II (dA-AAII : colonne grise). La signification statistique correspond à ** P < 0,01<br />

par comparaison aux valeurs du jour 1.<br />

NAG urinaire (mU/mmol créatinine)<br />

Albumine urinaire (mg/mmol créatinine)<br />

3000<br />

2500<br />

2000<br />

1500<br />

1000 1000<br />

500<br />

r = 0.61 (Spearman)<br />

P = 0.0004<br />

0<br />

0 200 400 600 800 1000 1200 1400 1600<br />

800<br />

700<br />

600<br />

500<br />

400<br />

300<br />

200<br />

100<br />

Adduits totaux par 10 8 Adduits totaux par 10 nucléoti<strong><strong>de</strong>s</strong> normaux<br />

8 nucléoti<strong><strong>de</strong>s</strong> normaux<br />

Figure 2.28. Corrélations entre la quantité totale (somme <strong><strong>de</strong>s</strong> 3 spots) d’adduits d’ADN<br />

spécifiques aux AA et l’enzymurie NAG (A), la protéinurie totale (B), l’albuminurie (C) et la<br />

créatinine plasmatique (D) pour les rats traités aux AA (n = 30).<br />

**<br />

Protéines urinaires (mg/mmol créatinine)<br />

Créatinine plasmatique (µmol/l)<br />

800<br />

A B<br />

C<br />

r = 0,75 (Spearman)<br />

P < 0.0001<br />

0<br />

0 200 400 600 800 1000 1200 1400 1600<br />

Adduits totaux par 10 8 Adduits totaux par 10 nucléoti<strong><strong>de</strong>s</strong> normaux<br />

8 nucléoti<strong><strong>de</strong>s</strong> normaux<br />

600<br />

400<br />

200<br />

** **<br />

r = 0.68 (Spearman)<br />

P < 0.0001<br />

0<br />

0 200 400 600 800 1000 1200 1400 1600<br />

120<br />

100<br />

80<br />

60<br />

40<br />

D<br />

Adduits totaux par 10 8 Adduits totaux par 10 nucléoti<strong><strong>de</strong>s</strong> normaux<br />

8 nucléoti<strong><strong>de</strong>s</strong> normaux<br />

20<br />

0<br />

r = - 0.69 (Spearman)<br />

P < 0.0001<br />

0 200 400 600 800 1000 1200 1400 1600<br />

Adduits totaux par 10 8 Adduits totaux par 10 nucléoti<strong><strong>de</strong>s</strong> normaux<br />

8 nucléoti<strong><strong>de</strong>s</strong> normaux<br />

135


2.4. Protocole <strong><strong>de</strong>s</strong>tiné à <strong><strong>de</strong>s</strong> étu<strong><strong>de</strong>s</strong> histologiques<br />

particulières : rats traités pendant 10 jours<br />

Les données biologiques et histologiques présentées montrent que la<br />

structure et la fonction <strong>de</strong> l’épithélium apical <strong><strong>de</strong>s</strong> tubules proximaux sont altérées. Un<br />

protocole <strong><strong>de</strong>s</strong>tiné à récolter <strong><strong>de</strong>s</strong> échantillons histologiques est réalisé afin d’une part<br />

d’étudier en immunohistochimie l’effet <strong><strong>de</strong>s</strong> AA sur l’expression <strong>de</strong> la mégaline et <strong>de</strong><br />

la cubiline, <strong>de</strong>ux protéines impliquées dans le processus d’endocytose médiée par<br />

récepteur et d’autre part d’observer en microscopie électronique les premières<br />

modifications cellulaires induites par les AA (Fig. 2.29).<br />

Acclimatation<br />

J -7<br />

Figure 2.29. Schéma <strong>de</strong> la procédure suivie durant le protocole <strong><strong>de</strong>s</strong>tiné à <strong><strong>de</strong>s</strong> étu<strong><strong>de</strong>s</strong><br />

histologiques particulières (rats traités pendant 10 jours).<br />

2.4.1. Paramètres biologiques<br />

PERIODE D’INJECTION<br />

(10 mg/kg AA ou solvant, 1 fois/ jour)<br />

0 1 2 3<br />

4 7 10<br />

Jours <strong>de</strong> sacrifice (n = 3 rats / groupe)<br />

La mesure <strong>de</strong> l’excrétion <strong><strong>de</strong>s</strong> protéines urinaires confirme les résultats<br />

obtenus précé<strong>de</strong>mment. En effet, la protéinurie totale augmente à partir du jour 2<br />

jusqu’au jour 4 et finalement diminue jusqu’au jour dix chez les rats traités aux AA.<br />

Par contre, chez les rats contrôles, la quantité <strong><strong>de</strong>s</strong> protéines urinaires excrétées<br />

reste stable au cours du temps. Les données obtenues correspon<strong>de</strong>nt aux<br />

observations précé<strong>de</strong>ntes et indiquent que les échantillons prélevés pour l’histologie<br />

sont représentatifs <strong><strong>de</strong>s</strong> altérations tubulaires proximales induites par les AA.<br />

136


2.4.2. Immunomarquages <strong>de</strong> la mégaline et <strong>de</strong> la cubiline<br />

Les marquages <strong>de</strong> la mégaline et <strong>de</strong> la cubiline sont réalisés afin d’obtenir <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

informations complémentaires concernant l’atteinte fonctionnelle <strong><strong>de</strong>s</strong> tubules<br />

proximaux.<br />

Le marquage <strong>de</strong> la mégaline s’observe à la bordure en brosse <strong><strong>de</strong>s</strong> tubules<br />

proximaux pour les rats contrôles. Ce marquage est plus intense au niveau <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

tubules proximaux <strong><strong>de</strong>s</strong> segments S1 et S2 que du segment S3 (Fig. 2.30A & I). Chez<br />

les rats traités aux AA, l’expression <strong>de</strong> la mégaline au niveau du tissu rénal est<br />

partiellement ou totalement diminuée uniquement pour les tubules proximaux du<br />

segment S3 à partir du jour 2 jusqu’au jour 10 (Fig. 2.30 B-D). Par contre, le<br />

marquage <strong>de</strong> la mégaline n’est pas altéré pour les segments S1 et S2.<br />

A: Contrôle – Jour 4<br />

Mégaline<br />

B: AA – Jour 2 C: AA – Jour 4<br />

D: AA – Jour 10<br />

E: Contrôle – Jour 4 F: AA – Jour 2 G: AA – Jour 4<br />

H: AA – Jour 10<br />

I: Contrôle – Jour 4<br />

Mégaline<br />

Cubiline<br />

J: Contrôle – Jour 4<br />

Cubiline<br />

Figure 2.30. Marquages immunohistochimiques <strong>de</strong> la mégaline (A-D & I) et <strong>de</strong> la cubiline (E-<br />

H & J) chez les rats contrôles (A & E, flèche) et les rats traités aux AA aux jours 2 (B & F), 4<br />

(C & G) et 10 (D & H). Grossissement 400 × <strong>de</strong> A à H et 80 × <strong>de</strong> I à J.<br />

137


Le marquage <strong>de</strong> la cubiline est également plus intense à la membrane apicale<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> tubules proximaux <strong><strong>de</strong>s</strong> segments S1 et S2 qu’au niveau du segment S3 chez les<br />

rats contrôles (Fig. 2.30E & J). L’expression <strong>de</strong> la cubiline chez les rats exposés aux<br />

AA est réduite au niveau <strong>de</strong> l’épithélium apical <strong>de</strong> quelques ou plusieurs tubules<br />

proximaux du segment S3 à partir du jour 2 jusqu’au jour 10. Par contre, le<br />

marquage n’est pas modifié pour les segments tubulaires proximaux S1 et S2 (Fig.<br />

2.30F-H).<br />

Ces résultats indiquent donc que l’altération <strong>de</strong> la réabsorption <strong><strong>de</strong>s</strong> protéines<br />

est notamment liée à l’absence <strong>de</strong> la mégaline et <strong>de</strong> la cubiline au niveau <strong>de</strong><br />

l’épithélium apical <strong><strong>de</strong>s</strong> tubules proximaux du segment S3.<br />

2.4.3. Microscopie électronique : résultats préliminaires<br />

L’étu<strong>de</strong> en microscopie électronique est réalisée afin d’obtenir <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

informations sur les premières lésions cellulaires induites par les AA. Tenant compte<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> résultats obtenus dans les protocoles précé<strong>de</strong>nts, le jour 2 est choisi pour les<br />

observations en microscopie électronique.<br />

Chez un rat contrôle, l’ultrastructure d’une partie du cortex rénal montre la<br />

présence <strong>de</strong> trois tubules proximaux et d’un tube distal. Le tube distal se distingue<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> tubules proximaux par l’absence <strong>de</strong> bordure en brosse, une lumière plus large et<br />

un contenu en organites cytoplasmiques moins important (Fig. 2.31A). L’organisation<br />

du contenu cytoplasmique et <strong>de</strong> la structure <strong>de</strong> la bordure en brosse permettent <strong>de</strong><br />

différencier les 3 segments proximaux (voir le chapitre introduction § 2.1, pages 21-<br />

22 et Fig. 7). Dans le segment S1, les mitochondries sont plus gran<strong><strong>de</strong>s</strong> et plus<br />

nombreuses et la bordure en brosse est plus longue que dans le segment S2. Dans<br />

le segment S3, les mitochondries sont beaucoup plus dispersées et moins<br />

nombreuses que dans les segments S1 et S2 (Fig. 2.31A).<br />

Chez ce rat contrôle, les tubes proximaux présentent une membrane basale<br />

régulière et une bordure en brosse à la membrane apicale. La bordure en brosse <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

cellules tubulaires proximales est constituée <strong>de</strong> microvillosités qui remplissent la<br />

lumière <strong><strong>de</strong>s</strong> tubules. Un grand nombre <strong>de</strong> vacuoles d’endocytose sont présentes au<br />

138


niveau <strong>de</strong> l’épithélium apical. Ces vacuoles sont vi<strong><strong>de</strong>s</strong> (<strong>de</strong> couleur blanche) ou<br />

remplies <strong>de</strong> matériel protéique. Au niveau <strong>de</strong> la membrane basale, <strong><strong>de</strong>s</strong> petites<br />

vacuoles s’observent également. Les lysosomes, contenus dans le cytoplasme, se<br />

distinguent par leur couleur noire ou grise en fonction du matériel qu’ils renferment<br />

(Fig. 2.31). Une cellule du segment S3 est présentée à la figure 2.31B ainsi qu’une<br />

bordure en brosse à la figure 2.31C.<br />

A (× 1100)<br />

BB<br />

S1<br />

D<br />

S2<br />

BB<br />

S3<br />

B (× 4400)<br />

Figure 2.31. Microscopie électronique obtenue chez un rat contrôle au jour 2.<br />

A: Trois tubules proximaux (segment S1, S2 et S3) et un tube distal (D). B: Cellule tubulaire<br />

proximale du segment S3. C: Microvillosités <strong>de</strong> la bordure en brosse (BB).<br />

Les grossissements sont indiqués entre parenthèses.<br />

Chez un rat traité pendant 2 jours aux AA, les cellules tubulaires proximales<br />

sont désorganisées, elles possè<strong>de</strong>nt une membrane basale moins régulière que<br />

celle du rat contrôle. La membrane basale apparaît dénudée à certains endroits (Fig.<br />

2.32A). La perte totale ou partielle <strong><strong>de</strong>s</strong> microvillosités <strong>de</strong> l’épithélium apical s’observe<br />

au niveau <strong><strong>de</strong>s</strong> tubules proximaux endommagés (Fig. 2.32A-B). Les vacuoles<br />

d’endocytose sont moins nombreuses et plus petites pour l’ensemble <strong><strong>de</strong>s</strong> tubules<br />

proximaux par comparaison avec le contrôle. La lumière tubulaire contient du<br />

matériel protéique, <strong><strong>de</strong>s</strong> débris cellulaires et <strong><strong>de</strong>s</strong> cellules <strong><strong>de</strong>s</strong>quamées en apparence<br />

viable (Fig. 2.32C). La figure 2.32D montre une cellule tubulaire qui déverse son<br />

contenu cellulaire dans la lumière tubulaire.<br />

BB<br />

C (× 7000)<br />

BB<br />

139


A (× 1100)<br />

C (× 3000)<br />

BB<br />

BB<br />

DC<br />

DC<br />

B (× 4400)<br />

D (× 3000)<br />

Figure 2.32. Microscopie électronique obtenue chez un rat traité aux AA pendant 2 jours.<br />

A: Tubules proximaux altérés avec perte <strong>de</strong> bordure en brosse (BB) et présence <strong>de</strong> débris<br />

cellulaires (DC) dans la lumière du tubule. B: Cellules tubulaires désorganisées avec perte<br />

<strong>de</strong> la bordure en brosse. C: Cellules tubulaires contenant <strong><strong>de</strong>s</strong> débris cellulaires dans la<br />

lumière tubulaire. D: Cellule tubulaire éclatée avec perte <strong>de</strong> son contenu dans la lumière. Les<br />

grossissements sont indiqués entre parenthèses.<br />

Ces résultats préliminaires obtenus en microscopie électronique confirment<br />

que la structure cellulaire <strong><strong>de</strong>s</strong> tubules proximaux est déjà altérée après 2 jours<br />

d’intoxication aux AA. Ces données authentifient donc les anomalies structurelles et<br />

fonctionnelles observées dans les protocles précé<strong>de</strong>nts.<br />

BB<br />

DC<br />

BB<br />

BB<br />

140


CHAPITRE 5 : DISCUSSION ET CONCLUSIONS<br />

Les approches in vitro et in vivo <strong>de</strong> ce travail permettent d’explorer les<br />

évènements précoces <strong>de</strong> l’intoxication <strong><strong>de</strong>s</strong> cellules tubulaires par les AA.<br />

1. Discussion et conclusion <strong>de</strong> l’approche in vitro<br />

Endocytose <strong>de</strong> protéines médiée par récepteur dans les cellules OK<br />

L’étu<strong>de</strong> sur la lignée cellulaire <strong>de</strong> rein d’opossum confirme que l’albumine et la<br />

β2-microglobuline sont réabsorbées dans les cellules OK par endocytose médiée par<br />

récepteur (Fig. 1.1 et Tableau 1.1) [Gekle M. et al., 1996; Schwegler J.S. et al.,<br />

1991]. Ces <strong>de</strong>ux protéines sont en compétition pour le même récepteur membranaire<br />

(Fig. 1.3) ; <strong>de</strong> plus, l’endocytose d’albumine entre également en compétition avec<br />

plusieurs autres protéines (Fig. 1.2). La majorité <strong><strong>de</strong>s</strong> protéines testées sont décrites<br />

comme <strong><strong>de</strong>s</strong> ligands <strong>de</strong> la mégaline et <strong>de</strong> la cubiline (Tableau 2). Ceci suggère que la<br />

réabsorption <strong>de</strong> ces différentes protéines dans les cellules OK s’effectue par<br />

l’intermédiaire d’un complexe impliquant la mégaline et la cubiline, complexe localisé<br />

au niveau <strong>de</strong> la bordure en brosse <strong><strong>de</strong>s</strong> cellules épithéliales du tubule proximal [Birn<br />

H. et al., 2000a; Christensen E.I. et al., 1998; Cui S. et al., 1996] mais également<br />

présent dans les cellules OK [Zhai X.Y. et al., 2000]. L’analyse immunoblot ainsi que<br />

l’observation <strong>de</strong> l’immunomarquage confirment que la mégaline est exprimée dans<br />

les cellules OK et localisée à la membrane cellulaire (Fig. 1.17 et Fig. 1.18). De plus,<br />

les observations en microscopie confocale réalisées après incubation en présence<br />

d’albumine-FITC montrent que l’albumine est colocalisée avec la mégaline dans un<br />

premier temps à la membrane plasmique <strong><strong>de</strong>s</strong> cellules et ensuite dans les vésicules<br />

intracellulaires (Fig. 1.17).<br />

141


Inhibition <strong>de</strong> la réabsorption <strong><strong>de</strong>s</strong> protéines et réversibilité <strong>de</strong> l’inhibition<br />

Comme le but recherché était d’obtenir spécifiquement les premiers signes <strong>de</strong><br />

la toxicité <strong><strong>de</strong>s</strong> AA dans <strong><strong>de</strong>s</strong> cellules en culture sans une exposition prolongée à<br />

l’agent toxique, les cellules OK ont été exposées à <strong><strong>de</strong>s</strong> doses assez fortes d’AA<br />

pendant 24 h. Par conséquent, la dose d’AA utilisée dans cette étu<strong>de</strong> est<br />

approximativement <strong>de</strong> l’ordre d’une fois plus élevée que celle absorbée<br />

quotidiennement par les patientes atteintes <strong>de</strong> la CHN [Vanherweghem J.L. et al.,<br />

1993]. Cette exposition est reflétée par la détection d’adduits d’ADN spécifiques aux<br />

AA. D’autres indications semblent suggérer que les AA se concentrent dans la cellule<br />

tubulaire proximale par l’intermédiaire d’un transporteur d’anions organiques au<br />

niveau <strong>de</strong> la membrane basale (OAT1) qui échange <strong><strong>de</strong>s</strong> anions organiques comme<br />

le PAH (et AA) avec l’α-kétoglutarate [Hosoyamada M. et al., 1999]. Ce mécanisme<br />

<strong>de</strong> transport est lié au cotransport Na + /α-kétoglutarate localisé en parallèle et<br />

concentre les AA dans la cellule tubulaire proximale.<br />

L’exposition <strong><strong>de</strong>s</strong> monocouches <strong>de</strong> cellules OK pendant 24 h aux AA ou au<br />

CdCl2 inhibe la réabsorption d’albumine (Fig. 1.9) ; le mécanisme d’endocytose <strong>de</strong> la<br />

réabsorption <strong><strong>de</strong>s</strong> protéines est altéré <strong>de</strong> la même manière pour les <strong>de</strong>ux conditions<br />

expérimentales (Fig. 1.4 et Fig. 1.7).<br />

Les effets observés suite à l’exposition <strong><strong>de</strong>s</strong> cellules aux AA ou au CdCl2 ne<br />

proviennent pas d’une toxicité non spécifique puisque la morphologie cellulaire n’est<br />

apparemment pas modifiée (Fig. 1.11) ; <strong>de</strong> même, la viabilité cellulaire (Fig. 1.12 et<br />

Fig. 1.13) et la synthèse <strong><strong>de</strong>s</strong> protéines (Fig. 1.14) semblent ne pas être altérées.<br />

De plus, l’absence d’inhibition du co-transport Na + /glucose (Fig. 1.15 et Tableau 1.2)<br />

suggère que la faible concentration intracellulaire <strong>de</strong> Na + est maintenue, dès lors la<br />

Na + /K + -ATPase reste certainement active dans les cellules OK qui ont été exposées<br />

aux AA ou au CdCl2.<br />

L’inhibition <strong>de</strong> la réabsorption d’albumine pourrait provenir d’une altération <strong>de</strong><br />

l’interaction entre le ligand et le récepteur à la surface cellulaire, d’une formation<br />

réduite <strong>de</strong> vésicules recouvertes d’un manteau <strong>de</strong> clathrine, d’anomalies <strong>de</strong> la<br />

circulation <strong><strong>de</strong>s</strong> vésicules intracellulaires, d’une réduction <strong>de</strong> la dissociation entre le<br />

ligand et le récepteur dans l’endosome, ou <strong>de</strong> changements dans le processus <strong>de</strong><br />

fusion entre l’endosome et le lysosome. Les inhibitions induites par les AA et le<br />

142


CdCl2 sont caractérisées par une réduction <strong>de</strong> la vitesse maximale (Vmax) sans<br />

modification <strong><strong>de</strong>s</strong> valeurs <strong>de</strong> l’affinité apparente (Km), indiquant que les AA et le CdCl2<br />

diminuent le nombre <strong>de</strong> récepteurs recyclés capables d’internaliser les protéines <strong>de</strong><br />

faible poids moléculaire. Ceci correspond en réalité à une réduction <strong>de</strong> la quantité <strong>de</strong><br />

récepteurs à la membrane plasmique, <strong>de</strong> leur internalisation ou <strong>de</strong> leur recyclage,<br />

sans changement <strong>de</strong> leur affinité (Tableau 1.1).<br />

Cependant, une différence frappante entre les AA et le CdCl2 est observée<br />

lorsque la réversibilité <strong>de</strong> l’inhibition est examinée (Fig.1.10). Quand les AA sont<br />

retirés du milieu <strong>de</strong> culture et que la pério<strong>de</strong> d’incubation est prolongée jusqu’à 6<br />

jours, la réabsorption d’albumine reste inhibée, suggérant une altération permanente<br />

du mécanisme d’endocytose. Par contre, le retrait du CdCl2 conduit à une<br />

récupération progressive, mais incomplète <strong>de</strong> la réabsorption <strong><strong>de</strong>s</strong> protéines pendant<br />

la pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> récupération <strong>de</strong> 6 jours. Donc, contrairement aux AA, le CdCl2 n’induit<br />

pas une altération permanente <strong>de</strong> la réabsorption <strong><strong>de</strong>s</strong> protéines dans les cellules OK.<br />

Comme les cellules tubulaires concentrent et excrètent <strong><strong>de</strong>s</strong> xénobiotiques par<br />

différents mécanismes [Burckhardt G. et al., 2000], d’autres médicaments pris<br />

simultanément par les patientes atteintes <strong>de</strong> la CHN pourraient éventuellement<br />

influencer l’accumulation intracellulaire <strong><strong>de</strong>s</strong> AA. Cependant, les principaux composés<br />

contenus dans les gélules amaigrissantes (fenfluramine, diéthylproprion,<br />

acétazolami<strong>de</strong>), en présence ou non d’AA, ne modifient pas la réabsorption<br />

d’albumine (Fig. 1.19), suggérant que seuls les AA altèrent l’endocytose <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

protéines dans les cellules OK.<br />

Néphrotoxicité du cadmium et inhibition transitoire <strong>de</strong> l’endocytose<br />

Une caractéristique principale <strong>de</strong> la néphropathie induite par le cadmium est la<br />

réduction <strong>de</strong> la capacité <strong>de</strong> réabsorption du tubule proximal, se manifestant par une<br />

protéinurie, une phosphaturie, une glucosurie, une aminoacidurie et une polyurie<br />

hyperosmolaire [Adams R.G. et al., 1969; Ahn D.W. et al., 1995; Herak-Kramberger<br />

C.M. et al., 1996; Herak-Kramberger C.M. et al., 1998; Kim K.R. et al., 1990; Lee<br />

H.Y. et al., 1991; Thevenod F. et al., 1999]. Le cadmium interfère avec différents<br />

composés <strong>de</strong> cellules épithéliales incluant la dépolymérisation <strong><strong>de</strong>s</strong> microtubules<br />

[Sabolic I. et al., 2001; Sabolic I. et al., 2002] et l’inhibition <strong>de</strong> la Na + /K + -ATPase<br />

143


[Thevenod F. et al., 1999]. De plus, le cadmium diminue fortement l’activité et la<br />

quantité <strong>de</strong> H + -ATPase vacuolaire à la membrane apicale du tubule proximal, et<br />

dissipe les gradients <strong>de</strong> pH transmembranaires dans les vésicules d’endocytose du<br />

cortex rénal <strong>de</strong> rat. Ces effets peuvent induire une diminution <strong>de</strong> l’endocytose ainsi<br />

qu’une perte <strong><strong>de</strong>s</strong> invaginations d’endocytose et <strong><strong>de</strong>s</strong> vésicules subapicales dans les<br />

cellules tubulaires proximales. L’altération du processus d’endocytose peut être à<br />

l’origine d’une diminution <strong>de</strong> la réabsorption <strong><strong>de</strong>s</strong> microprotéines filtrées. Il en résulte<br />

une protéinurie tubulaire, et/ou une perturbation du recyclage <strong><strong>de</strong>s</strong> vésicules<br />

intracellulaires, conduisant à une perte <strong>de</strong> certains transporteurs spécifiques au<br />

niveau <strong>de</strong> la bordure en brosse [Herak-Kramberger C.M. et al., 1998].<br />

L’inhibition <strong>de</strong> l’acidification intravésiculaire induite par le cadmium dans les<br />

vésicules d’endocytose est complètement restaurée, suggérant un effet réversible du<br />

cadmium sur la H + -ATPase vacuolaire [Herak-Kramberger C.M. et al., 1998].<br />

Une autre étu<strong>de</strong> réalisée par Choi et collaborateurs montre qu’une exposition<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> monocouches <strong>de</strong> cellules OK à 100 µM <strong>de</strong> CdCl2 pendant 1 h inhibe<br />

l’endocytose <strong>de</strong> l’albumine médiée par récepteur en réduisant le nombre <strong>de</strong> sites <strong>de</strong><br />

liaison sans changement d’affinité pour la liaison du ligand, ni <strong>de</strong> dépendance au pH.<br />

Ces résultats suggèrent que l’inhibition est probablement due à une atteinte <strong>de</strong><br />

l’acidification <strong><strong>de</strong>s</strong> endosomes et à une diminution <strong>de</strong> la dissociation entre le ligand et<br />

le récepteur, altérant le recyclage du récepteur et l’efficacité globale du processus<br />

d’endocytose [Choi J.S. et al., 1999].<br />

Inhibition irréversible <strong>de</strong> l’endocytose induite par les aci<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>aristolochiques</strong><br />

L’absence <strong>de</strong> récupération suite à l’exposition aux AA suggère que l’effet<br />

toxique est lié à une diminution prolongée d’une ou plusieurs protéines impliquées<br />

dans l’endocytose médiée par récepteur. Une telle toxicité pourrait être mise en<br />

évi<strong>de</strong>nce en mesurant la synthèse totale <strong><strong>de</strong>s</strong> protéines. Néanmoins, cet effet ne<br />

représenterait qu’un faible pourcentage <strong>de</strong> la quantité totale <strong><strong>de</strong>s</strong> protéines mesurées.<br />

Toutefois, l’évaluation <strong>de</strong> l’expression <strong>de</strong> la mégaline par analyse immunoblot dans<br />

les cellules exposées aux AA présente une diminution significative (~ 70 %) par<br />

rapport aux cellules exposées au DMSO (Fig. 1.18). Notons qu’une étu<strong>de</strong><br />

préliminaire montre que l’effet <strong><strong>de</strong>s</strong> AA sur l’expression <strong>de</strong> la mégaline s’observerait<br />

également pour d’autres protéines impliquées dans le processus d’endocytose<br />

144


médiée par récepteur comme la cubiline et le canal chlore ClC-5 localisé dans les<br />

endosomes. L’expression <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>ux protéines est diminuée après exposition aux<br />

AA (voir Annexe 2, page 164) [Lebeau C. et al., 2003]. Par contre, les AA ne<br />

semblent pas modifier l’expression <strong>de</strong> la H + -ATPase vacuolaire [Lebeau C. et al.,<br />

2002].<br />

Adduits d’ADN spécifiques aux aci<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>aristolochiques</strong><br />

Les 3 spots caractéristiques <strong><strong>de</strong>s</strong> adduits d’ADN spécifiques aux AA sont<br />

observés dans les cellules OK exposées aux AA (Fig. 1.16), mais pas dans les<br />

cellules contrôles, ni celles exposées au CdCl2. Le taux d’adduits d’ADN spécifiques<br />

aux AA augmente avec la concentration d’AA, reste stable 24 h après le retrait <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

AA et est toujours élevé après la pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> 6 jours <strong>de</strong> récupération (Tableau 1.3).<br />

Ces observations sont en accord avec la persistance <strong><strong>de</strong>s</strong> adduits d’ADN spécifiques<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> AA dans différents organes <strong>de</strong> rats exposés aux AA [Bieler C.A. et al., 1997] et<br />

dans les tissus <strong>de</strong> patientes atteintes <strong>de</strong> CHN terminale [Nortier J.L. et al., 2000].<br />

L’inhibition <strong>de</strong> la réabsorption <strong>de</strong> protéines par les monocouches <strong>de</strong> cellules<br />

OK nécessite une incubation prolongée en présence <strong><strong>de</strong>s</strong> AA pendant au moins 14 h ;<br />

les adduits d’ADN spécifiques aux AA sont déjà détectés à ce temps. De plus, ces<br />

<strong>de</strong>ux altérations sont dose-dépendantes <strong>de</strong> manière similaire et persistent pendant la<br />

pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> récupération en absence <strong><strong>de</strong>s</strong> AA. Pour cette raison, il est tentant <strong>de</strong><br />

suggérer l’existence d’une relation causale entre l’exposition aux AA, les dommages<br />

spécifiques <strong>de</strong> l’ADN, et les altérations cellulaires spécifiques au taux <strong>de</strong><br />

transcription, particulièrement au niveau <strong>de</strong> la diminution <strong>de</strong> la synthèse <strong>de</strong> la<br />

mégaline.<br />

Le métabolisme <strong><strong>de</strong>s</strong> AA est différent selon les espèces comme décrit pour les<br />

mammifères [Krumbiegel G. et al., 1987]. Chez l’homme, les métabolites urinaires<br />

sont l’aristolactame I et II, correspondant respectivement à l’AAI et AAII, provenant<br />

<strong>de</strong> la formation d’un cycle monoami<strong>de</strong> (lactame). Notons que les adduits d’ADN<br />

spécifiques aux AA, dérivés <strong><strong>de</strong>s</strong> aristolactames I et II, sont semblables chez l’homme<br />

et les cellules OK, suggérant un métabolisme comparable dans les cellules<br />

tubulaires proximales et OK.<br />

145


Conclusion<br />

Une exposition transitoire <strong><strong>de</strong>s</strong> cellules OK, utilisées en tant que modèle <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

cellules épithéliales tubulaires proximales, aux AA ou au CdCl2 inhibe le mécanisme<br />

d’endocytose <strong>de</strong> réabsorption <strong><strong>de</strong>s</strong> protéines. Cependant, alors que l’exposition au<br />

CdCl2 mène à un effet transitoire, l’exposition aux AA aboutit à une altération<br />

permanente <strong>de</strong> l’endocytose d’albumine sans signe <strong>de</strong> récupération même après six<br />

jours <strong>de</strong> retrait. Les AA induisent également dans les cellules OK la formation<br />

d’adduits d’ADN spécifiques aux AA ainsi qu’une diminution significative <strong>de</strong><br />

l’expression <strong>de</strong> la mégaline, un récepteur impliqué dans l’endocytose d’albumine.<br />

Cependant, le lien entre ces <strong>de</strong>ux phénomènes n’est pas établi.<br />

En conclusion, ces résultats suggèrent que la diminution <strong>de</strong> l’expression <strong>de</strong> la<br />

mégaline explique, du moins en partie, l’inhibition <strong>de</strong> la réabsorption <strong><strong>de</strong>s</strong> protéines à<br />

la bordure en brosse <strong><strong>de</strong>s</strong> cellules tubulaires proximales.<br />

146


2. Discussion et conclusion <strong>de</strong> l’approche in vivo<br />

Modèles expérimentaux animaux <strong>de</strong> la néphropathie aux aci<strong><strong>de</strong>s</strong><br />

<strong>aristolochiques</strong><br />

L’établissement d’un modèle expérimental <strong>de</strong> néphropathie aux AA<br />

reproduisant la CHN chez l’animal ne fut pas évi<strong>de</strong>nt. Précé<strong>de</strong>mment, la<br />

néphrotoxicité aiguë aux AA a été induite expérimentalement par voie orale ou<br />

intraveineuse. Après l’administration d’une seule dose d’AA (oral : 120-300 mg/kg et<br />

intraveineux : 38-110 mg/kg) à <strong><strong>de</strong>s</strong> rats, une nécrose tubulaire sévère a été observée<br />

en quelques jours [Mengs U., 1987]. Des rats traités par les AA (oral : 10-100 mg/kg)<br />

présentent endéans les 3 jours une augmentation du taux <strong>de</strong> créatinine plasmatique,<br />

<strong>de</strong> protéines urinaires et <strong>de</strong> l’enzymurie NAG [Mengs U. et al., 1993]. L’insuffisance<br />

rénale chronique et la fibrose interstitielle en association à l’altération <strong>de</strong> l’épithélium<br />

tubulaire proximal ont été induites pour la première fois chez <strong><strong>de</strong>s</strong> lapins blancs New<br />

Zealand par l’injection intra-péritonéale d’AA (0,1 mg/kg, 5 jours/semaines, pendant<br />

17-21 mois) [Cosyns J.P. et al., 2001]. Dans le modèle <strong>de</strong> rat utilisé dans ce travail,<br />

les lésions caractéristiques <strong>de</strong> la CHN, à savoir l’insuffisance rénale, l’atrophie<br />

tubulaire et la fibrose interstitielle, ont été reproduites par l'injection sous-cutanée<br />

d’AA (10 mg/kg/jour) pendant 35 jours à <strong><strong>de</strong>s</strong> rats Wistar mâles [Debelle F.D. et al.,<br />

2002]. Etant donné les altérations tubulaires proximales précoces dans les modèles<br />

expérimentaux, les auteurs suggèrent la possibilité que la fibrose interstitielle rénale<br />

soit précédée d’un dysfonctionnement tubulaire aigu [Cosyns J.P. et al., 2001;<br />

Debelle F.D. et al., 2002].<br />

Modèle <strong>de</strong> rat <strong>de</strong> la néphropathie aux aci<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>aristolochiques</strong> : dose et étu<strong><strong>de</strong>s</strong><br />

préliminaires<br />

La pertinence du modèle ainsi que la dose d’AA utilisée sont déjà explicitées<br />

dans l’étu<strong>de</strong> expérimentale initiale [Debelle F.D. et al., 2002]. Le choix <strong>de</strong> la dose<br />

d’AA est basé sur l’observation clinique <strong><strong>de</strong>s</strong> patientes atteintes <strong>de</strong> la CHN [Nortier<br />

J.L. et al., 2000; Vanhaelen M. et al., 1994; Vanherweghem J.L. et al., 1993]. La<br />

quantité totale d’AA ingérée par certaines patientes était <strong>de</strong> 10 mg/kg <strong>de</strong> poids<br />

corporel, représentant une dose journalière <strong>de</strong> 0,29 mg d’AA/kg <strong>de</strong> poids corporel<br />

pendant 35 jours. La dose d’AA choisie dans le modèle expérimental est dès lors 30<br />

147


fois supérieure à celle <strong><strong>de</strong>s</strong> patientes atteintes <strong>de</strong> la CHN. La dose utilisée semble<br />

cruciale au développement <strong>de</strong> la néphrotoxicité. En effet, l’injection aux rats <strong>de</strong> 1<br />

mg/kg d’AA à la place <strong>de</strong> 10 mg/kg n’induit pas le développement <strong>de</strong> l’insuffisance<br />

rénale et <strong>de</strong> la fibrose interstitielle [Debelle F.D. et al., 2002].<br />

Au moment d’établir le modèle <strong>de</strong> rat <strong>de</strong> la néphropathie aux AA, <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

expériences préliminaires montraient déjà une augmentation progressive <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

paramètres urinaires et <strong>de</strong> la créatinine plasmatique dans les rats contrôles [Debelle<br />

F.D. et al., 2002]. Ces observations peuvent être mises en relation avec la<br />

croissance <strong><strong>de</strong>s</strong> animaux plutôt qu’à une toxicité éventuelle <strong>de</strong> la solution utilisée pour<br />

dissoudre les AA. En effet, les rats qui ont reçu <strong><strong>de</strong>s</strong> injections d’eau ou <strong>de</strong> la solution<br />

<strong>de</strong> PEG ne présentent pas d’altération <strong><strong>de</strong>s</strong> paramètres biochimiques et les<br />

échantillons <strong>de</strong> tissus rénaux sont normaux du point <strong>de</strong> vue histologique.<br />

Rats traités aux aci<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>aristolochiques</strong> pendant 35 jours<br />

L’étu<strong>de</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> atteintes tubulaires proximales dans le modèle expérimental <strong>de</strong><br />

rat <strong>de</strong> la néphropathie aux AA montre que les AA induisent une augmentation <strong>de</strong> la<br />

créatinine plasmatique au jour 35 (Tableau 2.1), suggérant le développement d’une<br />

insuffisance rénale comme décrit précé<strong>de</strong>mment [Debelle F.D. et al., 2002].<br />

Dès le jour 3, l’enzymurie NAG est augmentée et <strong>de</strong>vient significative au jour<br />

10, reflétant une perte <strong>de</strong> l’intégrité <strong><strong>de</strong>s</strong> cellules rénales (Tableau 2.1). De même, à<br />

partir du jour 7, les rats <strong>de</strong>viennent polyuriques (Tableau 2.1) ; parallèlement, une<br />

protéinurie <strong>de</strong> type tubulaire est observée, reflétant une altération <strong>de</strong> la réabsorption<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> protéines (Figure 2.2). L’analyse <strong><strong>de</strong>s</strong> protéines urinaires indique que l’albumine<br />

ainsi que <strong><strong>de</strong>s</strong> protéines <strong>de</strong> haut poids moléculaire sont excrétées durant les premiers<br />

jours, suivies <strong>de</strong> la libération <strong>de</strong> protéines <strong>de</strong> faible poids moléculaire à partir du jour<br />

10, suggérant l’altération <strong>de</strong> la fonction <strong><strong>de</strong>s</strong> cellules tubulaires proximales (Tableau<br />

2.2 et Figure 2.3).<br />

Dans <strong><strong>de</strong>s</strong> conditions physiologiques normales, la filtration et la réabsorption<br />

d’albumine sont en équi<strong>libre</strong> et moins <strong>de</strong> 1% <strong>de</strong> l’albumine filtrée se retrouve dans<br />

l’urine définitive. Les états pathologiques caractérisés par une augmentation <strong>de</strong><br />

l’excrétion d’albumine peuvent provenir <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux dysfonctionnements distincts (mise<br />

à part une surproduction pathologique <strong>de</strong> protéines) : soit une augmentation <strong>de</strong> la<br />

quantité filtrée par hyperperméabilité glomérulaire avec capacité <strong>de</strong> liaison à la<br />

membrane <strong>de</strong> la bordure en brosse dépassée (albuminurie d’origine glomérulaire),<br />

148


soit une capacité <strong>de</strong> réabsorption réduite sans changement <strong>de</strong> la quantité d’albumine<br />

filtrée (albumiurie d’origine tubulaire).<br />

Des corrélations sont établies entre un paramètre structurel, l’enzymurie NAG,<br />

et <strong><strong>de</strong>s</strong> données fonctionnelles, comme la protéinurie, l’albuminurie et la créatinine<br />

plasmatique (Fig. 2.4). Cette relation structure-fonction est confirmée par les<br />

corrélations existantes entre les scores histologiques <strong>de</strong> l’atteinte tubulo-interstitielle<br />

et les paramètres biochimiques fonctionnels comme la protéinurie (r = 0,77 ; n = 36 ;<br />

P < 0,0001), la créatinine plasmatique (r = 0,68 ; n = 36 ; P < 0,0001) et structurels<br />

comme l’enzymurie NAG (r = 0,66 ; n = 36 ; P < 0,0001). Les scores d’atrophie<br />

tubulaire sont aussi en étroite corrélation avec la protéinurie (r = 0,76 ; n = 36 ; P <<br />

0,0001), la créatinine plasmatique (r = 0,69 ; n = 36 ; P < 0,0001) et l’enzymurie NAG<br />

(r = 0,52 ; n = 36 ; P = 0,0002). Ces observations suggèrent que la perte d’intégrité<br />

cellulaire reflète l’atrophie progressive <strong>de</strong> l’épithélium tubulaire et que les atteintes<br />

structurelles <strong><strong>de</strong>s</strong> cellules tubulaires entraînent <strong><strong>de</strong>s</strong> altérations fonctionnelles.<br />

Les observations histologiques (PAS, Fig. 2.7 et immunomarquage NEP, Fig.<br />

2.8) montrent une perte <strong>de</strong> la bordure en brosse <strong>de</strong> l’épithélium tubulaire proximal du<br />

jour 7 au jour 35. Ces résultats suggèrent que les altérations tubulaires proximales<br />

sont donc liées à la disparition <strong>de</strong> la bordure en brosse. Les lésions morphologiques<br />

commencent par une phase <strong>de</strong> nécrose, suivie par l’apparition progressive d’une<br />

atrophie tubulaire accompagnée par une fibrose interstitielle (Fig. 2.9).<br />

L’ensemble <strong><strong>de</strong>s</strong> résultats histologiques et biochimiques indiquent que<br />

l’administration <strong><strong>de</strong>s</strong> AA induit une altération précoce <strong>de</strong> l’épithélium tubulaire<br />

proximal.<br />

L’analyse plus détaillée <strong><strong>de</strong>s</strong> paramètres urinaires suivis pendant 35 jours<br />

montre que la protéinurie totale ainsi que les enzymuries NAG, α-GST, LAP et NEP<br />

augmentent déjà durant les 3 premiers jours <strong>de</strong> l’intoxication aux AA, retournent à<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> taux <strong>de</strong> base, et finalement s’élèvent à nouveau (Fig. 2.13-2.15). Ces résultats<br />

suggèrent que les atteintes tubulaires fonctionnelles et structurelles se déroulent en<br />

<strong>de</strong>ux phases : une phase aiguë précoce et une phase d’installation <strong><strong>de</strong>s</strong> lésions<br />

chroniques.<br />

149


Les différences dans la conception <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong>ux protocoles longs (rats traités<br />

pendant 35 jours) doivent être prises en considération pour expliquer l’absence<br />

d’évolution biphasique dans le premier protocole long. Dans une première série<br />

d’expériences, les échantillons d’urines sont récoltés à <strong><strong>de</strong>s</strong> temps fixes avant le<br />

sacrifice <strong>de</strong> l’animal (jours : 3, 5, 7, 10, 14, 18 et 35 ; Fig. 2.1). Par contre, dans une<br />

<strong>de</strong>uxième série d’expériences, les récoltes d’urines individuelles sont analysées plus<br />

régulièrement tout au long du protocole (jours : 0, 3, 5, 7, 10, 13, 15, 18, 22, 24, 27,<br />

31 et 35 ; Fig. 2.11). En plus <strong>de</strong> l’hétérogénéité entre les échantillons provenant<br />

d’animaux différents d’un temps à l’autre, la probabilité <strong>de</strong> manquer <strong><strong>de</strong>s</strong> pics<br />

d’enzymurie et microprotéinurie est beaucoup plus gran<strong>de</strong> aux temps déterminés du<br />

protocole long que lors du suivi <strong>de</strong> l’évolution individuelle au cours du temps.<br />

Rats traités aux aci<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>aristolochiques</strong> pendant 5 jours<br />

Le dysfonctionnement précoce <strong>de</strong> l’épithélium tubulaire proximal est reflété<br />

par la mise en évi<strong>de</strong>nce d’une protéinurie tubulaire (Fig. 2.20A) et d’une albuminurie<br />

(Fig. 2.20B) après un seul jour d’administration <strong><strong>de</strong>s</strong> AA. De même, l’altération<br />

structurelle se décèle dès le 2 ème jour <strong>de</strong> traitement aux AA par l’augmentation <strong>de</strong><br />

l’enzymurie NAG (Fig. 2.22). L’enzymurie NAG est en étroite corrélation avec la<br />

protéinurie, l’albuminurie et la créatinine plasmatique (Fig. 2.23).<br />

En accord avec les données biochimiques, les observations histologiques<br />

consistent en un gonflement <strong><strong>de</strong>s</strong> cellules après le premier jour d’injection <strong><strong>de</strong>s</strong> AA,<br />

une perte progressive <strong>de</strong> la bordure en brosse dès le 2 ème jour, suivi 3 jours plus tard<br />

d’une nécrose (Fig. 2.24). La nécrose tubulaire provoque l’obstruction transitoire <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

tubules proximaux laquelle induit probablement une rétro-filtration entraînant<br />

l’augmentation <strong>de</strong> la pression au niveau du filtre glomérulaire avec passage<br />

d’albumine en gran<strong>de</strong> quantité. Une réduction <strong>de</strong> l’immunomarquage <strong>de</strong> la NEP<br />

s’observe au niveau du segment S3 du tubule proximal (Fig. 2.25-2.26). Cet enzyme<br />

est, en effet, localisée dans la partie droite (pars recta) du tubule proximal [Ronco P.<br />

et al., 1988]. De plus, l’expression <strong>de</strong> la mégaline et <strong>de</strong> la cubiline, <strong>de</strong>ux récepteurs<br />

impliqués dans l’endocytose médiée par récepteur, sont également réduites<br />

précocement (au jour 2) au niveau <strong>de</strong> l’épithélium apical du segment S3 (Fig. 2.30).<br />

La progression du processus d’atrophie tubulaire est tellement sévère que <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

150


étu<strong><strong>de</strong>s</strong> par immunomarquage <strong>de</strong> la mégaline et <strong>de</strong> la cubiline au-<strong>de</strong>là du jour 10 ne<br />

sont pas justifiées.<br />

La présence <strong>de</strong> lésions structurelles précoces est également confirmée par<br />

l’altération <strong>de</strong> la structure cellulaire <strong><strong>de</strong>s</strong> tubules proximaux observée en microscopie<br />

électronique après 2 jours d’intoxication aux AA (Fig. 2.32).<br />

Nos observations histologiques sont en accord avec les <strong><strong>de</strong>s</strong>criptions faites<br />

dans la littérature. D’un point <strong>de</strong> vue histologique, les lésions structurelles <strong>de</strong><br />

l’épithélium tubulaire proximal associées à une insuffisance rénale aiguë sont<br />

connues pour être d’origine ischémique ou toxique. Les cellules épithéliales du<br />

tubule proximal appartenant au segment S3 présentent <strong><strong>de</strong>s</strong> changements<br />

morphologiques précoces caractéristiques incluant la formation <strong>de</strong> vésicules à la<br />

membrane apicale, avec perte <strong>de</strong> la bordure en brosse [Bonventre J.V. et al., 2003].<br />

Adduits d’ADN spécifiques aux aci<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>aristolochiques</strong><br />

Les signes précoces d’atteintes sont liés à une intoxication rapi<strong>de</strong> et intense<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> cellules. En effet, les adduits d’ADN spécifiques aux AA sont détectés dès le 1 er<br />

jour et atteignent un niveau maximum à partir du 2 ème jour (Fig. 2.27), lequel reste<br />

constant jusqu’au jour 35 (Fig. 2.10). La différence d’intensité <strong><strong>de</strong>s</strong> spots d’adduits<br />

d’ADN (spot 1 : dA-AAI et spot 3 : dA-AAII) observés sur le profil chromatographique<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> rats (Fig. 2.10) et <strong><strong>de</strong>s</strong> cellules OK (Fig. 1.16) s’explique par le métabolisme<br />

propre à chaque espèce mais également par les proportions différentes d’aci<strong><strong>de</strong>s</strong><br />

<strong>aristolochiques</strong> I et II contenus dans la préparation d’aci<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>aristolochiques</strong> utilisée<br />

pour l’étu<strong>de</strong> in vivo (AAI 40 % et AAII 60 %) et l’étu<strong>de</strong> in vitro (AAI 69 % et AAII 19<br />

%).<br />

Au cours <strong><strong>de</strong>s</strong> premiers jours d’intoxication, une augmentation significative <strong>de</strong> la<br />

créatinine plasmatique est observée, suggérant un dysfonctionnement rénal précoce<br />

(Fig. 2.18). De même, le taux d’adduits d’ADN spécifiques aux AA est corrélé avec<br />

l’enzymurie NAG, la protéinurie, l’albuminurie et la créatinine plasmatique (Fig. 2.28).<br />

Ces adduits d’ADN attestent <strong>de</strong> l’intoxication aux AA, et sont à mettre en parallèle<br />

avec la sévérité <strong><strong>de</strong>s</strong> atteintes fonctionnelles et structurelles <strong><strong>de</strong>s</strong> cellules tubulaires<br />

proximales.<br />

151


Progression <strong>de</strong> l’atteinte rénale dans la néphropathie aux aci<strong><strong>de</strong>s</strong><br />

<strong>aristolochiques</strong><br />

Une étu<strong>de</strong> récente réalisée chez les rats montre qu’une insuffisance rénale<br />

aiguë est présente après 5 jours <strong>de</strong> traitement par voie orale aux AA (4 mg/jour).<br />

Cependant, une récupération <strong>de</strong> la fonction rénale s’observe après le retrait <strong><strong>de</strong>s</strong> AA<br />

pendant 14 jours [Liu M.C. et al., 2003]. Des signes <strong>de</strong> régénération tubulaire sont<br />

présents mais les dilatations tubulaires restent sévères. Dans une autre étu<strong>de</strong><br />

utilisant <strong><strong>de</strong>s</strong> souris FVB, les injections intra-péritonéales quotidiennes d’AA (5 mg/kg<br />

<strong>de</strong> poids corporel) pendant 2 semaines induisent une dégénérescence tubulaire et<br />

une insuffisance rénale. La régénération <strong>de</strong> l’épithélium tubulaire accompagnée<br />

d’une fibrose péri-tubulaire modérée s’observe 4 semaines après l’arrêt du traitement<br />

aux AA [Okada H. et al., 2003].<br />

Dans le modèle d’intoxication aux AA présenté dans ce travail, la progression vers<br />

une insuffisance rénale chronique et la fibrose interstitielle observée après une<br />

phase aiguë précoce est probablement liée à la poursuite <strong><strong>de</strong>s</strong> injections souscutanées<br />

d’AA aux rats pendant 35 jours.<br />

De manière intéressante, <strong><strong>de</strong>s</strong> observations similaires <strong>de</strong> nécrose tubulaire aiguë et<br />

d’une insuffisance rénale aiguë ont été décrites récemment chez un patient après<br />

l’ingestion d’AA pendant 10 jours [Lo S.H. et al., 2004].<br />

L’évolution biphasique <strong><strong>de</strong>s</strong> altérations structurelles et fonctionnelles induites<br />

par l’intoxication aux AA est en accord avec la capacité intrinsèque <strong><strong>de</strong>s</strong> cellules<br />

épithéliales tubulaires survivantes à s’adapter à la perte <strong>de</strong> cellules adjacentes par<br />

dédifférenciation et prolifération [Bonventre J.V., 2003]. En effet, contrairement à<br />

d’autres organes comme le cœur ou le cerveau, le rein peut récupérer complètement<br />

d’une atteinte aiguë d’origine ischémique ou toxique susceptible <strong>de</strong> conduire à la<br />

défaillance totale et définitive <strong>de</strong> l’organe entier. Après une altération sévère, les<br />

cellules viables et non viables sont <strong><strong>de</strong>s</strong>quamées, laissant la membrane basale<br />

comme seule barrière entre l’ultrafiltrat et l’interstitium péritubulaire. Les débris<br />

cellulaires s’accumulant dans la lumière tubulaire, induisent une obstruction<br />

intratubulaire responsable <strong>de</strong> l’augmentation <strong>de</strong> la pression intratubulaire, processus<br />

à l’origine <strong>de</strong> la rétro-filtration glomérulaire.<br />

152


Conclusion<br />

L’intoxication aux AA induit dans le modèle <strong>de</strong> rat <strong>de</strong> la néphropathie aux AA<br />

une évolution biphasique <strong><strong>de</strong>s</strong> atteintes morphologiques et fonctionnelles au niveau<br />

<strong>de</strong> l’épithélium tubulaire proximal. Les défauts <strong>de</strong> réabsorption par endocytose<br />

médiée par récepteur et les anomalies structurelles du segment S3 du tubule<br />

proximal sont précoces (dès les 3 premiers jours d’exposition aux AA), reflétant une<br />

phase aiguë d’atteinte tubulaire proximale.<br />

Ces observations pourraient expliquer le syndrome <strong>de</strong> Fanconi décrit dans certaines<br />

formes d’intoxication aux AA chez l’homme [Krumme B. et al., 2001].<br />

153


3. Conclusion générale et perspectives<br />

Les <strong>de</strong>ux approches, in vivo et in vitro, sont complémentaires mais comportent<br />

chacune <strong><strong>de</strong>s</strong> limitations. Les cellules OK possè<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> nombreuses propriétés<br />

communes avec le transport tubulaire ; cependant, elles présentent une très faible<br />

quantité <strong>de</strong> microvillosités et n’expriment pas ou peu d’enzymes <strong>de</strong> la bordure en<br />

brosse. Le modèle <strong>de</strong> rat <strong>de</strong> la néphropathie aux AA ne reste qu’un modèle animal,<br />

et ne permet pas d’établir une correspondance stricte avec le tableau clinique<br />

complexe présenté par les patientes atteintes <strong>de</strong> la CHN. Pour se rapprocher un peu<br />

plus <strong>de</strong> l’homme, il serait intéressant <strong>de</strong> passer <strong>de</strong> la lignée <strong>de</strong> rein d’opossum à une<br />

lignée tubulaire proximale humaine. Toutefois, il faudrait s’assurer que les cellules<br />

humaines en culture possè<strong>de</strong>nt les caractéristiques <strong><strong>de</strong>s</strong> cellules tubulaires<br />

proximales, à savoir les différents systèmes <strong>de</strong> transport et la réponse aux<br />

hormones, ainsi que le mécanisme d’endocytose médiée par récepteur impliquant la<br />

mégaline et la cubiline.<br />

Le seul mécanisme capable <strong>de</strong> médier la réabsorption <strong>de</strong> l’albumine est<br />

l’endocytose. Dans le tubule proximal, l’albumine est réabsorbée <strong>de</strong> manière quasi<br />

équivalente par le tubule proximal contourné et le tubule proximal droit ; la<br />

réabsorption d’albumine s’effectue par endocytose médiée par les puits recouverts<br />

d’un manteau <strong>de</strong> clathrine et non par d’autres voies comme l’endocytose médiée par<br />

les cavéoles ou l’endocytose indépendante <strong>de</strong> la clathrine et <strong><strong>de</strong>s</strong> cavéoles<br />

[Christensen E.I. et al., 1998].<br />

L’altération <strong>de</strong> l’acidification <strong><strong>de</strong>s</strong> endosomes peut avoir <strong><strong>de</strong>s</strong> conséquences sur<br />

la réabsorption d’albumine par endocytose. En effet, dans la maladie <strong>de</strong> Dent’s, une<br />

déficience <strong>de</strong> la conductance du contre-ion vésiculaire ClC-5 conduit à une<br />

protéinurie [Piwon N. et al., 2000; Wang S.S. et al., 2000]. Ce mécanisme semble<br />

responsable <strong>de</strong> la protéinurie induite par le cadmium ou le cisplatine [Choi J.S. et al.,<br />

1999; Herak-Kramberger C.M. et al., 1998; Takano M. et al., 2002]. Des changement<br />

<strong>de</strong> la cinétique tubulaire peuvent également survenir dans la maladie rénale<br />

polykystique autosomale dominante (ADPKD) où une perte <strong>de</strong> la machinerie<br />

d’endocytose est observée [Obermuller N. et al., 2001]. En cas <strong>de</strong> contamination<br />

alimentaire par l’ochratoxine A, une réduction du nombre <strong>de</strong> sites <strong>de</strong> liaison <strong>de</strong><br />

154


l’albumine à la membrane apicale ainsi qu’une augmentation <strong>de</strong> l’exocytose ont été<br />

rapportées [Gekle M. et al., 1994]. Sur base d’étu<strong><strong>de</strong>s</strong> animales, le TGF-β1<br />

(transforming growth factor β1) contribuerait à la protéinurie dans l’hypertension ou le<br />

diabète, probablement en altérant l’activité lysosomale [Russo L.M. et al., 2002]. Sur<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> cultures cellulaires, le TGF-β1 inhibe l’endocytose d’albumine en réduisant<br />

l’expression <strong>de</strong> la mégaline et <strong>de</strong> la cubiline, ainsi qu’en diminuant l’internalisation et<br />

la dégradation [Gekle M. et al., 2003].<br />

Tout comme dans les cellules OK où l’expression <strong>de</strong> la mégaline est réduite<br />

après exposition aux AA, l’administration <strong><strong>de</strong>s</strong> AA aux rats induit une diminution <strong>de</strong><br />

l’expression <strong>de</strong> la mégaline et <strong>de</strong> la cubiline. L’implication <strong>de</strong> la mégaline et <strong>de</strong> la<br />

cubiline dans le processus d’endocytose concor<strong>de</strong> avec les étu<strong><strong>de</strong>s</strong> effectuées sur<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> souris dont le gène pour la mégaline a été invalidé et sur <strong><strong>de</strong>s</strong> chiens déficients<br />

en cubiline. Ces animaux présentent une réduction importante <strong>de</strong> la réabsorption<br />

rénale <strong><strong>de</strong>s</strong> protéines [Birn H. et al., 2000a; Christensen E.I. et al., 2002].<br />

L’ultrastructure <strong><strong>de</strong>s</strong> cellules tubulaires proximales <strong><strong>de</strong>s</strong> souris déficientes en mégaline<br />

est caractérisée par une réduction significative du nombre <strong>de</strong> compartiments<br />

cellulaires constituant l’appareillage d’endocytose au niveau apical (puits recouverts<br />

d’un manteau <strong>de</strong> clathrine, vésicules d’endocytose et lysosomes), suggérant que la<br />

mégaline est essentielle au maintien <strong>de</strong> l’activité normale d’endocytose tubulaire<br />

proximale [Leheste J.R. et al., 1999]. Par contre, les chiens déficients en cubiline<br />

semblent possé<strong>de</strong>r <strong><strong>de</strong>s</strong> tubules proximaux normaux d’un point <strong>de</strong> vue <strong>de</strong><br />

l’ultrastructure incluant l’appareillage d’endocytose. Chez ces animaux, seule<br />

l’albuminurie semblerait se développer [Abbate M. et al., 2001].<br />

Les altérations du processus d’endocytose médiée par récepteur et donc les<br />

atteintes fonctionnelles précoces induites par les AA pourraient s’expliquer par la<br />

perte du phénotype différencié <strong><strong>de</strong>s</strong> cellules épithéliales du segment S3 du tubule<br />

proximal. Cette perte du phénotype différencié se caractérise par la perturbation <strong>de</strong><br />

la bordure en brosse, le gonflement <strong>de</strong> la membrane apicale, la fragmentation et<br />

l’internalisation, ainsi qu’un changement rapi<strong>de</strong> <strong>de</strong> la polarité cellulaire [Molitoris B.A.<br />

et al., 1988]. Des anomalies sont présentes dans le cytosquelette apical cortical :<br />

délocalisation <strong>de</strong> l’actine <strong>de</strong> la membrane cellulaire apicale à la membrane latérale<br />

155


[Brown D. et al., 1997; Molitoris B.A. et al., 1992]. La réduction <strong>de</strong> l’ATP cellulaire<br />

lors d’atteintes tubulaires conduit à une augmentation <strong>de</strong> la concentration <strong>de</strong> calcium<br />

cytosolique dans la cellule. En plus <strong>de</strong> son effet vasoconstricteur, le calcium peut<br />

contribuer à la toxicité épithélium-cellule en induisant l’activation <strong><strong>de</strong>s</strong> protéases et<br />

phospholipases, la rupture du cytosquelette et la perturbation du métabolisme <strong>de</strong><br />

l’énergie mitochondriale [Bonventre J.V., 1993]. La réduction d’ATP du segment S3<br />

du tubule proximal conduit également à la perturbation <strong><strong>de</strong>s</strong> complexes <strong>de</strong> jonction<br />

cellule-cellule [Abbate M. et al., 1994; Brown D. et al., 1997]. L’interruption <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

jonctions serrées altère la perméabilité paracellulaire ainsi que la polarité cellulaire.<br />

Le changement <strong>de</strong> polarité cellulaire a <strong>de</strong> multiples effets induisant un adressage<br />

incorrect <strong><strong>de</strong>s</strong> protéines membranaires (Na + /K + -ATPase, intégrines).<br />

La récupération rénale se déroule en étapes successives incluant la<br />

prolifération <strong><strong>de</strong>s</strong> cellules épithéliales, dites pluripotentes, susceptibles <strong>de</strong> recouvrir<br />

les zones dénudées <strong>de</strong> la membrane basale. La dédifférenciation et la prolifération<br />

cellulaires permettent <strong>de</strong> rétablir le nombre <strong>de</strong> cellules. Ensuite, la différenciation<br />

conduit au rétablissement <strong>de</strong> l’intégrité fonctionnelle du néphron [Thadhani R. et al.,<br />

1996]. Lors <strong>de</strong> la dédifférenciation, la cellule épithéliale tubulaire proximale passe<br />

d’un phénotype différencié à un phénotype moins différencié. Cette étape est très<br />

importante pour la reconstruction <strong>de</strong> l’architecture tubulaire proximale. Cette phase<br />

<strong>de</strong> récupération reprend beaucoup d’aspects du développement rénal : un grand<br />

nombre <strong>de</strong> protéines fortement exprimées lors du développement du mésenchyme<br />

métanéphrique (transition mésenchymale-épithéliale) sont exprimées en gran<strong>de</strong><br />

quantité au cours <strong>de</strong> la phase <strong>de</strong> récupération rénale [Witzgall R. et al., 1994].<br />

D’autres acteurs peuvent jouer un rôle important lors <strong>de</strong> la progression <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

atteintes tubulaires proximales. Vingt-quatre heures après la phase <strong>de</strong> nécrose<br />

tubulaire aiguë et jusqu’au jour 35 du protocole d’administration <strong><strong>de</strong>s</strong> AA, l’interstitium<br />

rénal est infiltré par <strong><strong>de</strong>s</strong> monocytes/macrophages ED1 positifs [Debelle F.D. et al.,<br />

2004]. Les macrophages activés stimulent la réponse immune adaptative<br />

(lymphocytes T CD4+ et CD8+ objectivés par immunomarquage). L’atrophie<br />

tubulaire est intense dans les zones préalablement riches en macrophages activés et<br />

lymphocytes CD8+ potentiellement toxiques envers les cellules tubulaires. Le<br />

développement et la caractérisation <strong>de</strong> l’infiltrat inflammatoire (macrophages et<br />

156


lymphocytes) font l’objet d’une étu<strong>de</strong> en cours <strong>de</strong> réalisation par le Dr. Agnieszka<br />

Pozdzik et ne sont pas abordés dans ce travail. De façon intéressante, le modèle <strong>de</strong><br />

néphropathie toxique étudié illustre en 35 jours le concept physiopathologique<br />

suivant : nécrose tubulaire précoce, afflux interstitiel <strong>de</strong> cellules immunocompétentes<br />

contribuant au développement <strong>de</strong> la fibrose interstitielle via le TGF-β actif d’origine<br />

tubulaire et interstitielle [Pozdzik A. et al., 2005] [Nortier J. et al., 2005]. Dans cette<br />

optique, l’implication du processus <strong>de</strong> différenciation épithélio-mésenchymateuse au<br />

niveau <strong><strong>de</strong>s</strong> cellules tubulaires proximales reste à investiguer.<br />

Les <strong>de</strong>ux approches expérimentales, in vitro et in vivo <strong>de</strong> ce travail montrent<br />

que l’épithélium tubulaire proximal est la cible principale <strong>de</strong> l’intoxication aux AA. Ces<br />

<strong>de</strong>ux approches constituent <strong>de</strong> bons modèles pour explorer plus en détails : le<br />

mécanisme d’endocytose médiée par récepteur intervenant dans la réabsorption <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

protéines ; le processus <strong>de</strong> régénération et/ou différenciation <strong>de</strong> la cellule tubulaire<br />

proximale à l’origine <strong>de</strong> signaux profibrosants pour le secteur interstitiel ainsi que la<br />

ou les voie(s) d’entrée <strong><strong>de</strong>s</strong> AA dans la cellule tubulaire proximale. De plus, l’atteinte<br />

tubulaire proximale très précoce dans le modèle animal représente un avantage<br />

majeur pour explorer les mécanismes conduisant à la nécrose tubulaire aiguë,<br />

souvent présente dans les atteintes d’origine toxique ou ischémique, ainsi que ceux<br />

favorisant la réparation <strong>de</strong> l’épithélium.<br />

Il est primordial <strong>de</strong> rappeler que le pronostic fonctionnel <strong><strong>de</strong>s</strong> maladies rénales<br />

est déterminé histologiquement par la sévérité <strong><strong>de</strong>s</strong> lésions du compartiment tubulointerstitiel<br />

(intensité <strong>de</strong> l’infiltrat inflammatoire, <strong>de</strong> l’atrophie tubulaire et <strong>de</strong> la fibrose<br />

interstitielle) [Bohle A. et al., 1977]. En conséquence, l’étu<strong>de</strong> approfondie <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

mécanismes physiopathologiques <strong>de</strong> l’atteinte tubulaire proximale et <strong>de</strong> la<br />

progression <strong>de</strong> cette atteinte conduisant au développement <strong>de</strong> la fibrose interstitielle<br />

est une voie <strong>de</strong> recherche prometteuse car elle fournirait <strong><strong>de</strong>s</strong> informations utiles pour<br />

le développement ultérieur <strong>de</strong> stratégies préventives <strong>de</strong> progression <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

néphropathies aiguës et/ou chroniques.<br />

157


ANNEXE 1 : Sécrétion et réabsorption tubulaires <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

drogues et xénobiotiques<br />

Les transports tubulaires sont classés en fonction <strong>de</strong> la spécificité du substrat<br />

anionique ou cationique et <strong>de</strong> la localisation apicale ou basolatérale au niveau <strong>de</strong><br />

l’épithélium tubulaire rénal. L’efficacité et la toxicité <strong>de</strong> nombreux médicaments ou<br />

toxiques environnementaux sont ainsi déterminées par leurs interactions avec les<br />

systèmes <strong>de</strong> transport organique anionique et cationique rénaux [Pritchard J.B. et al.,<br />

1993; Ullrich K.J., 1994].<br />

A.1. Transporteurs tubulaires anioniques (OAT)<br />

De nombreux transporteurs tubulaires anioniques ont été décrits et <strong>de</strong>ux<br />

systèmes indépendants individualisés : les transporteurs du para-aminohippurate<br />

(PAH) liés au sodium et un système indépendant du sodium. Deux transports<br />

couplés en série sont impliqués dans tous les cas : passage <strong><strong>de</strong>s</strong> composés véhiculés<br />

par le sang dans la cellule tubulaire au travers <strong>de</strong> la membrane basolatérale puis <strong>de</strong><br />

la cellule tubulaire à la lumière tubulaire à travers la membrane apicale (Fig. 15,<br />

Tableau annexe 1.1).<br />

Transport basolatéral<br />

La famille OAT : OAT1 ou l’échangeur PAH/dicarboxylate<br />

L’entrée basolatérale <strong><strong>de</strong>s</strong> anions se fait contre un gradient électrochimique<br />

puisque le milieu intracellulaire <strong>de</strong> la cellule est chargé négativement. En effet, la<br />

Na + /K + -ATPase en maintenant un gradient sodium, favorise le co-transport entrant<br />

<strong>de</strong> sodium/dicarboxylate dans la cellule et permet ainsi la réabsorption <strong><strong>de</strong>s</strong> anions en<br />

échange d’un ion α-cétoglutarate sortant [Martinez F. et al., 1990; Pritchard J.B.,<br />

1995; Shimada H. et al., 1987]. L’ α-cétoglutarate, principalement généré par le<br />

métabolisme mitochondrial, est le contre-ion <strong>de</strong> l’ion dicarboxylate dans la cellule<br />

tubulaire rénale.<br />

158


Tableau annexe 1.1. Transporteurs associés à la sécrétion d’anions organiques par les cellules tubulaires proximales rénales<br />

[Wright S.H. et al., 2004].<br />

Transporteurs Localisation Description Références<br />

Na + /K + -ATPase basolatérale<br />

NaDC-3 basolatérale<br />

OAT1, OAT3 basolatérale<br />

Maintien du gradient K + associé au potentiel <strong>de</strong> membrane<br />

ainsi que le gradient Na + . Ces <strong>de</strong>ux gradients représentent<br />

la force motrice associée à la captation active <strong><strong>de</strong>s</strong> anions<br />

organiques (OA) à la membrane basale<br />

Co-transporteur sodium-dicarboxylate qui génère un<br />

gradient α-cétoglutarate (α-KG)<br />

Responsable du transport secondaire actif <strong><strong>de</strong>s</strong> anions<br />

organiques <strong>de</strong> type I par l’intermédiaire d’un transporteur<br />

échangeant l’α-cétoglutarate intracellulaire contre un anion<br />

organique extracellulaire<br />

[Wang H. et al., 2000]<br />

[Burckhardt G. et al., 2000; Inui K.I. et al.,<br />

2000; Sekine T. et al., 2000]<br />

OAT2 ? Pas <strong>de</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong>cription précise [Burckhardt G. et al., 2000]<br />

MRP2 apicale<br />

Sortie active dépendante <strong>de</strong> l’ATP <strong><strong>de</strong>s</strong> anions organiques [Borst P. et al., 2000; Klein I. et al., 1999]<br />

<strong>de</strong> type II<br />

URAT1 apicale<br />

Réabsorption d’urate en échange d’un anion organique<br />

intracellulaire <strong>de</strong> type I<br />

OAT4 apicale Flux sortant sélectif d’anions organiques <strong>de</strong> type I<br />

Oatp1, OAT-K1/K2 apicale Flux entrant d’anions organiques <strong>de</strong> type I et II<br />

[Lu R. et al., 1996; Masuda S. et al.,<br />

1999b; Masuda S. et al., 1999a]<br />

OATV1, NPT1 apicale Flux sortant sélectif d’anions organiques <strong>de</strong> type I [Busch A.E. et al., 1996]<br />

Echangeur OA/OA apicale Echangeur physiologique<br />

Les anions organiques <strong>de</strong> type I ont en général un poids moléculaire inférieur à 400 et sont <strong><strong>de</strong>s</strong> composés typiquement monovalents comme le PAH, le<br />

probénéci<strong>de</strong> et la fluorescéine.<br />

Les anions organiques <strong>de</strong> type II ont un poids moléculaire supérieur à 500 et sont souvent polyvalents comme, par exemple : la calcéine et l’estradiol-17β-Dglucoroni<strong>de</strong>.<br />

159


L’OAT3 est peut-être l’autre système <strong>de</strong> transport basolatéral indépendant du<br />

sodium.<br />

Transport apical<br />

La sortie <strong><strong>de</strong>s</strong> anions organiques au travers <strong>de</strong> la membrane apicale est sous<br />

la dépendance d’un échange anionique <strong>de</strong> faible affinité ou par diffusion facilitée, et<br />

d’un transport indépendant du transport <strong>de</strong> sodium mais nécessitant <strong>de</strong> l’ATP. Les<br />

transporteurs récemment clonés comme OAT-K1/K2, OAT4 et NPT1 pourraient être<br />

responsables <strong>de</strong> ces mouvements.<br />

Le co-transporteur Na + -phosphate, NaPi-1 ou NPT1 est responsable du transport<br />

électrogénique <strong><strong>de</strong>s</strong> anions organiques [Busch A.E. et al., 1996; Uchino H. et al.,<br />

2000], un homologue <strong>de</strong> NPT1, OATV1, a été récemment cloné [Jutabha P. et al.,<br />

2003].<br />

Oatp ou la famille <strong><strong>de</strong>s</strong> transporteurs d’anions organiques polypeptidiques<br />

Ces transporteurs <strong>de</strong> sodium sont indépendants <strong>de</strong> la sulfobrophtaléine, <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

aci<strong><strong>de</strong>s</strong> biliaires conjugués et non conjugués. Dans le tubule proximal, oatp1 sert <strong>de</strong><br />

voie <strong>de</strong> sortie physiologique apicale préférentielle pour les stéroï<strong><strong>de</strong>s</strong>, en particulier le<br />

17-β-D-glucuroni<strong>de</strong> [Kanai N. et al., 1996] ainsi que les oestrogènes [Lu R. et al.,<br />

1996]. Oatp3 est également exprimé dans le rein et transporte le taurocholate ainsi<br />

que <strong><strong>de</strong>s</strong> hormones thyroïdiennes [Abe T. et al., 1998]. Oatp2 est un transporteur<br />

spécifique du foie et n’est pas exprimé dans le rein [Abe T. et al., 1998].<br />

OAT-K1 et OAT-K2, <strong>de</strong>ux transporteurs homologues d’anions organiques, sont<br />

spécifiques du rein [Masuda S. et al., 1999b; Masuda S. et al., 1999a]. OAT-K1<br />

semble être le site d’interaction entre les anti-inflammatoires non stéroïdiens<br />

(indométhacine, képrofène, ibuprofène, flufenamate, phénylbutazone) et le<br />

méthotrexate [Masuda S. et al., 1997].<br />

MRP membre <strong>de</strong> la famille <strong><strong>de</strong>s</strong> protéines associées à la résistance aux<br />

médicaments<br />

Ces transporteurs, appartenant à la super famille <strong><strong>de</strong>s</strong> ABC transporteurs, sont<br />

impliqués dans le transport d’une large variété <strong>de</strong> substrats protéiques, peptidiques,<br />

<strong>de</strong> sucres ou d’ions inorganiques ainsi que <strong>de</strong> médicaments comme les<br />

antibiotiques. Les membres les plus importants <strong>de</strong> cette famille sont la P-<br />

160


glycoprotéine (P-gp) et la protéine associée à la résistance aux médicaments (MRP).<br />

Elles sont impliquées dans la sortie <strong><strong>de</strong>s</strong> médicaments anticancéreux <strong>de</strong> la cellule<br />

tumorale, et le régulateur transmembranaire <strong>de</strong> la conductance <strong>de</strong> la fibrose kystique<br />

(CFTR). MRP est un transporteur anionique tandis que la P-gp est un transporteur<br />

cationique.<br />

Dans le rein, MRP2, une isoforme <strong>de</strong> la protéine associée à la résistance aux<br />

médicaments, est localisée à la membrane apicale du tubule proximal chez l’homme<br />

et le rat [Schaub T.P. et al., 1999]. Les substrats sont <strong><strong>de</strong>s</strong> conjugués anioniques du<br />

glutathion (leukotriène C4) ou du glucuroni<strong>de</strong> (estradiol-17-β-D-glucuroni<strong>de</strong>) ainsi<br />

que <strong><strong>de</strong>s</strong> substrats non-conjugués comme le probénéci<strong>de</strong>, le sulfinpyrazone,<br />

l’indométhacine, le furosémi<strong>de</strong> et la pénicilline [Bakos E. et al., 2000]. La MRP1, une<br />

autre protéine associée à la résistance aux médicaments dans les cellules<br />

cancéreuses, est exprimée dans très peu <strong>de</strong> segments tubulaires rénaux et pas dans<br />

le tubule proximal [Peng K.C. et al., 1999].<br />

A.2. Transporteurs tubulaires cationiques (OCT)<br />

Dans le rein, les transporteurs <strong><strong>de</strong>s</strong> cations organiques interviennent dans les<br />

phénomènes physiologiques et pharmacologiques <strong>de</strong> réabsorption et d’excrétion <strong>de</strong><br />

cations organiques endogènes (guanine, choline, les monoamines bioactives comme<br />

la dopamine, l’épinéphrine et l’histamine), <strong><strong>de</strong>s</strong> médicaments cationiques (cimétidine,<br />

procaïnami<strong>de</strong> et quinine) et <strong><strong>de</strong>s</strong> toxines cationiques. Ces transporteurs sont localisés<br />

dans les segments proximaux et distaux du tubule rénal ainsi que dans les canaux<br />

collecteurs. Un transport facilité par la différence <strong>de</strong> potentiel à la membrane<br />

basolatérale est combiné à un transport induit par le gradient en ion H + transmembranaire<br />

dans la bordure en brosse tubulaire, lequel est entretenu par l’activité<br />

<strong>de</strong> l’échangeur sodium/proton et/ou <strong>de</strong> la pompe à proton vacuolaire (Fig. 16,<br />

Tableau annexe 1.2).<br />

161


Tableau annexe 1.2. Transporteurs associés à la sécrétion <strong>de</strong> cations organiques par les cellules tubulaires proximales rénales [Wright S.H. et<br />

al., 2004].<br />

Transporteurs Localisation Description Références<br />

Na + /K + -ATPase basolatérale<br />

OCT1, OCT2,<br />

OCT3<br />

basolatérale<br />

MDR1 apicale<br />

Maintien du gradient K + associé au potentiel <strong>de</strong> membrane<br />

(négatif à l’intérieur) ainsi que le gradient Na + . Ces <strong>de</strong>ux<br />

gradients représentent la force motrice associée à la<br />

sécrétion active <strong><strong>de</strong>s</strong> cations organiques (OC) à la<br />

membrane basale<br />

Diffusion facilitée électrogénique associée à la captation<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> cations organiques <strong>de</strong> type I.<br />

Semblent également assurer l’échange électroneutre<br />

OC/OC<br />

Sortie active dépendante <strong>de</strong> l’ATP <strong><strong>de</strong>s</strong> cations organiques<br />

<strong>de</strong> type II<br />

[Karbach U. et al., 2000; Koepsell H. et al.,<br />

1999; Okuda M. et al., 1999; Sugawara-<br />

Yokoo M. et al., 2000; Wu X. et al., 2000]<br />

[<strong>de</strong> Lannoy I.A. et al., 1994; Ford J.M. et<br />

al., 1990; Horio M. et al., 1990; Koren G.,<br />

1987; Schramm U. et al., 1995; Speeg<br />

K.V. et al., 1992]<br />

NHE3 apicale<br />

Echangeur Na + /H + qui maintient le gradient électrochimique<br />

<strong>de</strong> l’hydrogène nécessaire à l’activité <strong>de</strong> l’échangeur OC/H +<br />

et OCTN1<br />

Echangeur OC/H + apicale Echangeur physiologique OC <strong>de</strong> type I/H +<br />

OCTN1 apicale Echange électroneutre OC/H + . [Yabuuchi H. et al., 1999]<br />

OCTN2 apicale<br />

Assure le co-transporteur Na + Voie électrogénique<br />

-carnitine ainsi que la [Wu X. et al., 1999]<br />

captation électrogénique <strong>de</strong> TEA et certains substrats <strong>de</strong><br />

type I<br />

<strong>de</strong> réabsorption <strong>de</strong><br />

la choline<br />

apicale Voie physiologique<br />

Les cations organiques <strong>de</strong> type I ont en général un poids moléculaire inférieur à 400 et sont <strong><strong>de</strong>s</strong> composés monovalents comme le tétraéthylammonium<br />

(TEA), le tributylméthylammonium (TBuMA) et la procainami<strong>de</strong> éthobromi<strong>de</strong>.<br />

Les anions organiques <strong>de</strong> type II ont un poids moléculaire généralement supérieur à 500 et sont souvent polyvalents comme, par exemple : la d-tubocurarine,<br />

le vercuronium et l’hexafluorenium.<br />

162


Transport basolatéral<br />

La famille <strong><strong>de</strong>s</strong> transporteurs organiques cationiques : OCT<br />

Le premier transporteur <strong>de</strong> cations organiques OCT1 a été cloné chez le rat<br />

[Grun<strong>de</strong>mann D. et al., 1994]; <strong>de</strong>puis, plusieurs transporteurs <strong>de</strong> cations homologues<br />

ont été i<strong>de</strong>ntifiés [Koepsell H. et al., 1999].<br />

Les isoformes OCT1 et OCT2 possè<strong>de</strong>nt <strong><strong>de</strong>s</strong> affinités pour un grand nombre<br />

<strong>de</strong> substrats et sont <strong><strong>de</strong>s</strong> transports voltage dépendant. Chez le rat, OCT1 et OCT2<br />

sont principalement exprimés dans le rein, localisés à la membrane basolatérale du<br />

tubule proximal [Karbach U. et al., 2000; Sugawara-Yokoo M. et al., 2000]. Ils jouent<br />

probablement un rôle dans la sécrétion <strong><strong>de</strong>s</strong> cations organiques [Okuda M. et al.,<br />

1999]. Le taux d’expression du mRNA et <strong>de</strong> la protéine OCT2 <strong>de</strong> rat chez les mâles<br />

est beaucoup plus élevé que chez les femelles ; cette observation est en corrélation<br />

avec le transport <strong>de</strong> tétraéthylammonium plus important chez les mâles dans <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

vésicules <strong>de</strong> la membrane basolatérale et sur les coupes <strong>de</strong> cortex [Urakami Y. et<br />

al., 1999]. Comme aucune différence <strong>de</strong> sexe n’est observée pour l’expression<br />

rénale <strong>de</strong> OCT1 <strong>de</strong> rat, l’OCT2 <strong>de</strong> rat et non l’OCT1 peut constituer le principal<br />

transporteur rénal <strong>de</strong> cations organiques chez le rat.<br />

Une autre isoforme, OCT3 <strong>de</strong> rat qui transporte le tétraéthylammonium et la<br />

guanidine est exprimée dans plusieurs organes dont le rein [Wu X. et al., 2000].<br />

Transport apical<br />

Transporteur multi-médicament/P-glycoprotéine (MDR ou P-gp)<br />

La MDR/P-glycoprotéine (« transporteur multi-médicament ») est une protéine<br />

transmembranaire qui agit comme une pompe énergie dépendante responsable <strong>de</strong><br />

l’efflux d’une gran<strong>de</strong> variété <strong>de</strong> médicaments au travers <strong>de</strong> la membrane plasmique<br />

<strong>de</strong> différents types <strong>de</strong> cellules [Ford J.M. et al., 1990]. La MDR/P-gp est exprimée<br />

dans les tissus sains et plus particulièrement dans les organes intervenant dans le<br />

<strong>de</strong>venir cinétique <strong><strong>de</strong>s</strong> médicaments. La membrane apicale <strong><strong>de</strong>s</strong> tubules proximaux est<br />

particulièrement riche en MDR/P-gp. La MDR/P-gp peut expulser un grand nombre<br />

<strong>de</strong> composés organiques comme la vinblastine, la vincristine, la colchicine, les<br />

analogues <strong>de</strong> la cyclosporine hors <strong>de</strong> la cellule proximale rénale [<strong>de</strong> Lannoy I.A. et<br />

al., 1994; Schramm U. et al., 1995; Speeg K.V. et al., 1992]. Certaines substances<br />

sont transportées aussi bien par la MDR/P-gp que par le transport organique <strong>de</strong><br />

cations incluant la daunomycine, la colchicine, le verapamil, la quinidine et la<br />

163


vinblastine [Horio M. et al., 1990]; cependant la digoxine, qui n’est pas un cation<br />

organique, se limite uniquement à la P-gp [Koren G., 1987].<br />

Transporteurs <strong>de</strong> cations organiques apicaux<br />

Les <strong>de</strong>ux transporteurs <strong>de</strong> cations organiques OCTN1 et OCTN2 sont<br />

i<strong>de</strong>ntifiés dans le rein et d’autres organes chez le rat, la souris, le lapin et l’humain<br />

[Wu X. et al., 1999; Yabuuchi H. et al., 1999].<br />

L’OCTN1 est un transporteur <strong>de</strong> cations organiques multi-spécifique,<br />

bidirectionnel et dépendant du pH et probablement stimulé par un mécanisme<br />

antiport <strong>de</strong> protons. L’OCTN1 semble être impliqué dans la sécrétion <strong><strong>de</strong>s</strong> cations<br />

organiques à la membrane apicale.<br />

Dans le rein, l’OCTN2 est principalement exprimé dans les cellules <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

tubules proximaux et distaux ainsi que dans les glomérules. L’OCTN2 possè<strong>de</strong> les<br />

mêmes caractéristiques fonctionnelles que OCTN1 mais les affinités pour les<br />

substrats sont différentes pour les <strong>de</strong>ux transporteurs [Wu X. et al., 1999]. L’OCTN2<br />

semble jouer un rôle dans la sécrétion <strong><strong>de</strong>s</strong> cations organiques et dans la<br />

réabsorption <strong>de</strong> la carnitine par un co-transport sodium carnitine.<br />

164


ANNEXE 2 : Effets <strong><strong>de</strong>s</strong> aci<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>aristolochiques</strong> sur<br />

l’expression <strong>de</strong> protéines impliquées dans l’endocytose<br />

médiée par récepteur<br />

Dans <strong>de</strong>ux expériences préliminaires indépendantes, les cellules OK sont<br />

exposées aux AA 20 µmol/l pendant 24 h suivi ou non d’une récupération en milieu<br />

<strong>de</strong> culture pendant 2 ou 6 jours. Les lysats cellulaires sont séparés par<br />

électrophorèse et transférés sur membrane <strong>de</strong> nitrocellulose. La membrane est<br />

incubée successivement avec l’anticorps <strong>de</strong> mouton anti-mégaline, l’anticorps<br />

humain anti-cubiline, l’anticorps humain anti-ClC-5 et l’anticorps monoclonal β-actine.<br />

Les <strong>de</strong>nsités optiques relatives sont obtenues en double et normalisées par rapport à<br />

la β-actine.<br />

L’analyse semiquantitative, normalisée par rapport à la β-actine, montre que<br />

l’expression endogène <strong>de</strong> la mégaline dans les cellules OK est diminuée <strong>de</strong> 33 %<br />

après 24 h d’exposition aux AA, <strong>de</strong> 45 % et 91 % respectivement après 2 et 6 jours<br />

<strong>de</strong> récupération. Parallèlement, l’expression endogène du ClC-5 est également<br />

réduite <strong>de</strong> 19 %, 72 % et 85 %, respectivement après 0, 2 et 6 jours <strong>de</strong> récupération.<br />

Par contre, l’expression endogène <strong>de</strong> la cubiline est légèrement augmentée <strong>de</strong> 14 %<br />

après 24 h d’exposition aux AA et ensuite diminuée <strong>de</strong> 43 % et 72 % respectivement<br />

après 2 et 6 jours <strong>de</strong> récupération (Fig. annexe 2) [Lebeau C. et al., 2002; Lebeau C.<br />

et al., 2003].<br />

L’exposition aux AA induit une inhibition progressive et permanente <strong>de</strong><br />

l’expression <strong>de</strong> ces trois protéines impliquées dans le processus d’endocytose<br />

médiée par récepteur.<br />

Densité optique relative (% du contrôle)<br />

120<br />

100<br />

80<br />

60<br />

40<br />

20<br />

0<br />

AA (20 µmol/l)<br />

AA + 2 jours <strong>de</strong> récupération<br />

AA + 6 jours <strong>de</strong> récupération<br />

Mégaline Cubiline ClC-5<br />

Figure annexe 2 : Effet <strong><strong>de</strong>s</strong> AA sur l’expression endogène <strong>de</strong> la mégaline, <strong>de</strong> la cubiline et<br />

du ClC-5 dans les cellules OK : analyse <strong>de</strong>nsitométrique.<br />

165


ARTICLES PUBLIES<br />

Aristolochic acid impe<strong><strong>de</strong>s</strong> endocytosis and induces<br />

DNA adducts in proximal tubule cells<br />

Lebeau C, Arlt VM, Schmeiser HH, Boom A, Verroust PJ,<br />

Devuyst O, Beauwens R<br />

Kidney International 60: 1332-1342, 2001<br />

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Early proximal tubule injury in experimental<br />

aristolochic acid nephropathy : functional and<br />

histological studies<br />

Lebeau C, Debelle FD, Arlt VM, Pozdzik A, De Prez EG,<br />

Phillips DH, Deschodt-Lanckman MM, Vanherweghem J-L,<br />

Nortier JL<br />

Nephrol Dial Transplant 20: 2321-2332, 2005<br />

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213


THESE ANNEXE<br />

Les ochratoxines (A, B, C) sont <strong><strong>de</strong>s</strong> mycotoxines structurellement proches<br />

impliquées dans la contamination <strong>de</strong> divers aliments <strong><strong>de</strong>s</strong>tinés à l’homme ou aux<br />

animaux d’élevage. L’ochratoxine A, la plus étudiée et toxique <strong><strong>de</strong>s</strong> trois, est<br />

cancérigène et impliquée dans le développement <strong>de</strong> néphropathies chroniques. Une<br />

étu<strong>de</strong> récente montre que l’ochratoxine A induit la nécrose, l’apoptose,<br />

l’inflammation, la fibrose et la transition épithélio-mésenchymateuse dans <strong><strong>de</strong>s</strong> lignées<br />

<strong>de</strong> cellules tubulaires proximales d’origine animale. De plus, l’exposition à<br />

l’ochratoxine A conduit à l’activation <strong><strong>de</strong>s</strong> protéines kinases activées par un mitogène<br />

(MAPK) : la kinase régulée par un signal extracellulaire 1 et 2 (ERK1/2), la kinase<br />

amino-terminale c-jun (JNK) et la protéine kinase 38 à régulation extracellulaire (p38)<br />

[Sauvant C. et al., 2005b]. Cependant, l’inhibition <strong>de</strong> ERK1/2 amplifie les effets <strong>de</strong><br />

l’ochratoxine A et induit même une toxicité à <strong><strong>de</strong>s</strong> concentrations normalement nontoxiques<br />

[Sauvant C. et al., 2005a]. En général, ERK1/2 est supposée intervenir dans<br />

la mitogénèse et la différenciation cellulaire, alors que JNK et p38 agiraient en faveur<br />

<strong>de</strong> l’apoptose, l’inflammation et la fibrose [Tian W. et al., 2000].<br />

Dès lors, ce projet a pour objectif d’étudier <strong>de</strong> façon comparative l’effet <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

ochratoxines A, B et C sur la nécrose, l’apoptose, l’inflammation, la fibrose et les<br />

voies <strong>de</strong> signalisations <strong><strong>de</strong>s</strong> MAPK (ERK1/2, JNK et p38) dans les lignées <strong>de</strong> cellules<br />

tubulaires proximales humaines immortalisées (IHEK) et normales (RPTEC).<br />

Dans un premier temps, l’effet <strong><strong>de</strong>s</strong> ochratoxines A, B et C sera testé sur la<br />

nécrose par dosage <strong>de</strong> la libération <strong>de</strong> lactate déshydrogènase ainsi que l’apoptose<br />

par mesure <strong>de</strong> l’activité <strong>de</strong> la caspase-3. Différents paramètres intervenant dans le<br />

développement <strong><strong>de</strong>s</strong> néphropathies tubulo-interstitielles seront également mesurés :<br />

l’inflammation par mesure <strong>de</strong> l’activité du facteur nucléaire-kB (NF-κB); la fibrose par<br />

dosage spécifique <strong><strong>de</strong>s</strong> collagènes I, III et IV ; la transformation épithélioméssenchymateuse<br />

par mesure <strong>de</strong> l’expression <strong>de</strong> l’ARN <strong>de</strong> l’«α-smooth muscle<br />

actin». De même que l’activation <strong><strong>de</strong>s</strong> MAPK (ERK1/2, JNK et p38) est mesurée par<br />

la quantification <strong><strong>de</strong>s</strong> MAPK phosphorylées. La comparaison <strong><strong>de</strong>s</strong> effets obtenus pour<br />

l’ochratoxine A, B et C permettrait d’établir une corrélation entre la structure et la<br />

toxicité <strong><strong>de</strong>s</strong> ochratoxines.<br />

Dans un <strong>de</strong>uxième temps, l’implication plus précise <strong><strong>de</strong>s</strong> voies <strong>de</strong> signalisation<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> MAPK dans la toxicité rénale aux ochratoxines A, B et C sera explorée à l’ai<strong>de</strong><br />

d’inhibiteurs spécifiques: U0126 pour la voie ERK1/2, SP600125 pour la voie JNK et<br />

SB203580 pour la voie p38. Les paramètres décrits précé<strong>de</strong>mment seront mesurés.<br />

Les résultats obtenus <strong>de</strong>vraient fournir <strong><strong>de</strong>s</strong> informations comparatives sur le(s)<br />

mécanisme(s) <strong>de</strong> la toxicité tubulaire induite par les ochratoxines A, B, C.<br />

Ultérieurement, ces données permettraient d’élaborer une stratégie thérapeutique en<br />

vue <strong>de</strong> ralentir ou empêcher la progression <strong>de</strong> la néphropathie tubulo-interstitielle.<br />

Sauvant C., Holzinger H. and Gekle M. Proximal tubular toxicity of ochratoxin A is amplified by simultaneous<br />

inhibition of the extracellular signal-regulated kinases 1/2. J. Pharmacol. Exp. Ther. 313: 234-241,<br />

2005a.<br />

Sauvant C., Holzinger H. and Gekle M. The nephrotoxin ochratoxin A induces key parameters of chronic<br />

interstitial nephropathy in renal proximal tubular cells. Cell Physiol Biochem. 15 : 125-134, 2005b.<br />

Tian W., Zhang Z. and Cohen D.M. MAPK signaling and the kidney. Am. J. Physiol Renal Physiol 279: F593-<br />

F604, 2000.<br />

214

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