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Panique génitale. Fluides menstruels et psychopathologie de la ...

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L’éducation doit apporter le meilleur à chacun d’eux en ajustant ses métho<strong>de</strong>s à <strong>la</strong> périodicité<br />

pour l’un, <strong>et</strong> <strong>la</strong> persistance pour l’autre. » 20<br />

Face à c<strong>et</strong>te incapacité physiologique <strong>de</strong>s femmes à pouvoir prétendre au travail<br />

cérébral, les représentations <strong>et</strong> les perceptions <strong>de</strong> <strong>la</strong> femme érudite <strong>et</strong> créatrice ne pourront<br />

qu’être celles d’une féminité meurtrie, détraquée <strong>et</strong> pathologique, car si on se fie à l’argument<br />

du docteur Barbaud, représentatif <strong>de</strong> l’opinion générale <strong>de</strong>s mé<strong>de</strong>cins à c<strong>et</strong>te époque, « [t]out<br />

est dans <strong>la</strong> menstruation. C’est le pivot <strong>de</strong> <strong>la</strong> santé <strong>de</strong> <strong>la</strong> femme » 21 .<br />

La femme détraquée : représentations atrophiées <strong>de</strong> <strong>la</strong> créativité féminine<br />

La femme réglée qui se livre alors à une occupation intellectuelle comme l’artiste<br />

professionnelle surdéveloppe son cerveau <strong>et</strong> amoindrit par conséquent <strong>la</strong> vivacité <strong>de</strong> ses<br />

organes génitaux sur lesquels vont venir peser le soupçon <strong>de</strong> <strong>la</strong> frigidité comme celui <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

stérilité. Le mé<strong>de</strong>cin grec Hippocrate associe d’ailleurs fortement <strong>la</strong> mécanique <strong>de</strong>s flui<strong>de</strong>s<br />

<strong>menstruels</strong> à <strong>la</strong> défloration <strong>et</strong> prescrit <strong>la</strong> pratique d’une sexualité régulière, car selon lui,<br />

quand l’orifice est fermé <strong>et</strong> que le sang arrive, le sang n’ayant point <strong>de</strong> sortie, s’é<strong>la</strong>nce sur le<br />

cœur <strong>et</strong> le diaphragme <strong>et</strong> peut provoquer le délire. Il prodigue alors <strong>de</strong> se marier <strong>et</strong> d’enfanter<br />

le plus tôt possible 22 .<br />

Tandis qu’au passage du siècle, le célibat masculin est bien accepté, voire revendiqué au<br />

travers <strong>de</strong> <strong>la</strong> figure du dandy, <strong>la</strong> solitu<strong>de</strong> féminine, choisie ou subie, est toujours matière à <strong>la</strong><br />

suspicion <strong>et</strong> à <strong>la</strong> moquerie 23 . Alors que dans sa Physiologie du célibat <strong>et</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> chast<strong>et</strong>é, le<br />

20 Ibid., p. 120-121 : « Periodicity characterizes the female organization, and <strong>de</strong>velops feminine force.<br />

Persistence characterizes the male organization, and <strong>de</strong>velops masculine force. Education will draw the best out<br />

of each by adjusting its m<strong>et</strong>hods to the periodicity of one and the persistence of the other. »<br />

21 BARBAUD Charles, ROUILLARD Amédée, Troubles <strong>et</strong> acci<strong>de</strong>nts <strong>de</strong> <strong>la</strong> ménopause (âge critique <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

femme). Traitement thermal aux eaux <strong>de</strong> Luxueil, Paris, Jouv<strong>et</strong> & Cie, 1895, p. 31.<br />

22 HIPPOCRATE, « Des ma<strong>la</strong>dies <strong>de</strong>s femmes », Œuvres choisies d’Hippocrate, Paris, Labé, 1855, p. 663 :<br />

« Une suffocation qui arrive subitement <strong>et</strong> survient surtout chez les femmes qui n’ont pas <strong>de</strong> rapports avec les<br />

hommes, <strong>et</strong> chez les femmes âgées plutôt que chez les jeunes, car leur matrice est plus légère ».<br />

23 Cf. COUAILHAC L., Physiologie du célibataire <strong>et</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> vieille fille, Paris, Aubert <strong>et</strong> Cie Ŕ Lavigne, 1841, p.<br />

14 : « Lorsque dans une soirée du Marais ou du faubourg Saint-Germain, vous verrez assis dans un coin, un<br />

individu du sexe féminin qui a <strong>de</strong>s moustaches, une toil<strong>et</strong>te ridicule, un carlin sur ses genoux ; qui prend du tabac<br />

à plein nez, qui médit sans cesse, surtout <strong>de</strong>s jeunes femmes, qui a l’air <strong>de</strong> s’ennuyer <strong>et</strong> d’ennuyer les autres, qui<br />

repousse les enfants <strong>et</strong> les gron<strong>de</strong> sans cesse, qui est sec, roi<strong>de</strong>, compassé, exigu <strong>et</strong> bâti en angle <strong>de</strong> rue, vous<br />

pourrez dire à coup sûr : « Voilà une vieille fille ! » ; cf. CAUFEYNON Docteur, Physiologie du célibat <strong>et</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

chast<strong>et</strong>é. Continence, virginité, célibat religieux. La Vieille fille, le célibataire, Paris, Librairie <strong>de</strong>s publications<br />

popu<strong>la</strong>ires, [1906].<br />

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