La Folie - MML Savin

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25.06.2013 Views

92 La Folie Les yeux fixes, au vert de vert, tout le printemps des pousses nouvelles, elle regardait éperdument. - Redis-moi que tu m’as choisie, parmi toutes tu m’as choisie. - J’ai dit que je t’avais choisie. - Même si je ne suis pas la plus belle ... - Ilsou, tu es ma plus belle. - Je ne suis pas la plus belle. Et ... même si je suis idiote, car c’est vrai que je suis idiote. - Mon Ilsou à moi, il ne faut pas trop me croire quand je dis... Elle baisait le poignet, paume vers elle, à cet endroit où cette soie mal défendue, où trois fleuves bleus sous la soie blanche, comme on baise une image sainte, de tout le coeur d’une sainte. Il entendit qu’elle disait : « Jacques je t’adore.» Il allait dire que c’était trop, que ce n’était que Dieu que ... Mais il cria, d’un cri qui était un cri, non pas un cri de jeu dans un jeu, un cri de souffrance. Elle avait mordu la soie, la peau de soie blanche, les fleuves bleus. Mordu ! Comme on mord dans une pomme, l’Ève mignonne. Mordu. Le poignet du coeur ruisselait de sang. Elle avait mordu. La douleur brûlait la soie blanche. Ève, l’inséparable, baisait encore, baisait, buvait le sang, comme Thérèse la sainte aurait bu le sang de son Dieu. Riait et buvait. Elle dit : « C’était le gage. Tu m’as choisie. » Le sang roulait les larmes de sang. Jacques simplement : « C’est vrai que les garçons sont bêtes. » Ils n’avaient plus rien à dire, tout était dit. Elle déchira des linges, fit un pansement. Elle allait, venait, s’affairait, évitant la fenêtre de la verrière, car elle était nue.

Pouce ! 93 *

Pouce ! 93<br />

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