La Folie - MML Savin

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La Folie
mais j’ai soumis le cas à Monseigneur qui affirme que je le dois. Ne seriez-vous
pas instruite un jour ou l’autre ? Malheur à qui scandalise les
enfants ! dit le Seigneur. Il n’était pas en notre pouvoir d’éviter le scandale
; mais nous pouvons le détourner de notre coeur.
Liliane regardait fixement la Vierge, sans pleurer, sans sourire, un
regard entre les cils à faire trembler la Vierge et la Supérieure. Après un
soupir qu’elle se tira de tous les replis de son étoffe, la Supérieure :
- Si comme le dit Saint Ignace, être mère c’est être digne
de l’être, mon enfant, vous n’avez plus d’autre mère que Marie, qui est
notre mère à tous, ou votre Supérieure par délégation de Marie. Oh ! que
j’éprou-ve de tourments, que je sens les pointes et les épines du monde à
seulement vous murmurer à l’oreille que votre mère ne l’est plus, n’étant
plus digne ! que jamais plus vous ne recevrez lettre ni message, jamais de
parloir, comme elle venait au parloir, votre mère. Si belle ! Trop belle...
Aussi belle que la Reine de Sabbat ! Je prierai, nous prierons pour elle.
Sans l’avertissement de Saint Ignace, nous-mêmes nous aurions été séduites.
Prenez garde, ma fille. Elle a tout pour vous séduire encore. Elle
n’est pas morte. Elle a des philtres ! (Des philtres ... ce sont les propres
paroles de Monseigneur.)
Tout cela tournait dans la tête de Liliane, à n’y rien comprendre,
mais elle comprenait, qu’elle ne recevrait plus l’oiseau de soie au parloir
ni ces lettres sur papier mauve, d’une écriture un peu folle, où il n’y avait
rien que la signature. La Supérieure (elle avait hâte de conclure) :
- L’en-tête de votre lettre hebdomadaire, Liliane, (retenez
ceci) : « Mon cher Grand-Père ..» Le reste comme auparavant.
Ce fut donc le cher grand-père qui reçut : J’ai fait le meilleur dessin.
C’était un buste de Néron enfant. Notre professeur était content. Il
paraît que dans mon dessin, on voyait bien que c’était Néron, pas assez
peut-être que ce Néron était encore enfant. Ce sera pour la semaine prochaine
!
À la prochaine : On a refait Néron . Le professeur était content. On
voyait bien dans mon dessin que ce n’était encore qu’un enfant Néron.
Mais le professeur a dit que ce Néron, qui était enfant, n’était pas assez
Néron.
Comme elle l’aurait écrit à sa mère, elle l’écrivait au Colonel son
grand-père, puisqu’il fallait écrire au Colonel. Le Colonel était son parrain,
grand-père avec, mais elle ne l’avait pas revu depuis le jour de son
baptême. C’était trop loin ! Un titre de parrain, l’autre de Colonel ; des
perspectives de tendresses au premier ; le second tout de gloire, dont elle