La Folie - MML Savin

Chapitre XLIX
Sous la peau du lion
Cette 402, qui était encore à la porte... à qui la 402 ? Marka à son
volant l’esprit hérissé d’interrogations, s’interroge sans profit, au volant
d’une voiture : à deux cent pas, Marka descend de la sienne et déambule :
sur le terre plein devant la gare du Maine, des voitures dorment sagement.
Tout dort. Un clochard a fait son lit de vieux papiers contre le portillon,
bouteille à portée de main. « Il n’a même pas bu tout son litre. Encore un
sage !» Marka, qui n’est pas un sage, se donne le plaisir d’observer un
moment l’avenue presque déserte : il est vrai qu’on lit à livre ouvert, on
voit qui, ce qu’il cherche, s’il cherche ; manie ou vice, mêmes les opinions,
chacun tient son litre en évidence. Mais il suffit d’une poignée de
fous... À hauteur de la rue Vandamme, il hésite ; puis tout à coup traverse
l’avenue et redescend jusqu’à la petite rue du Maine, qui n’est que
de l’ombre, jusqu’au square triangulaire. Un peu avant d’arriver au
square, Marka sourit à l’Armée du Salut qui tient boutique entre boulangerie
et salaison de Bretagne. « D’autres fous, mais qui sont bien sages.
Ils annoncent l’arrivée du Christ... Qui changerait quoi ? Serait-il le général
en chef de leur armée ? XXX coffrerait bientôt ce gaillard là. Atteinte
à la sûreté de l’État... Je conseille la liberté provisoire : fidélité conjugale,
obéissance aux parents, aux percepteurs, aux Commissaires, ces vertus
que l’on dit chrétiennes font le ciment de l’État et la force des armées. Ils
ont droit au port de l’uniforme ! Naïfs, crédules, vaguement sorciers.
Somme toute, citoyens d’élite. Je garantie qu’ils n’ont pas de tête. »
Depuis longtemps, l’adjudant Humblet, escorté sans doute de
Chaize et de Mustapha, a cadenassé les trois portes, mais le square soli-