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La Folie - MML Savin

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Avant que le coq ait chanté trois fois 435<br />

quoi toutes les assiettes ? Les Treize des Treize auraient eu plus<br />

d’éloquence. Et sur la table, toutes les treize, comme si Messieurs les Protecteurs<br />

étaient servis ! <strong>La</strong> mise en scène était digne de Shakespeare.<br />

J’aime la mise en scène, moi, la grande, la biblique, qui vise aux symboles.<br />

Où diable sont les assiettes ? Ce mur vide n’a pas de sens. » Quand il<br />

aperçut l’assiette en morceaux : « Brisée ! Ce n’était pas dans le projet de<br />

la mise en scène ! C’est du vandalisme ! Si les coqs ne sont plus que débris<br />

de coqs, c’est du joli ! Et la Catherine en débris ! »<br />

Le fauve, aussi navré que peut avoir l’air un fauve, flaira, fureta, un<br />

oeil terrible et l’autre drôle. Nulle trace de la collection révolutionnaire<br />

que ces morceaux qui étaient une lumière pour la France, même en morceaux.<br />

Avant de refermer le portail : « Le mal n’est pas irréparable.<br />

D’abord Catherine a plus de solidité qu’une assiette et puis je connais une<br />

collection toute pareille à celle-là. » Portail refermé, un regard à ce jardin<br />

dont Jumièges était le jardinier : « Haute sagesse ! dit le fauve. Avoir des<br />

rosiers, c’est les tailler soi-même. Domaine fourrure, est-ce que je me fie<br />

aux intermédiaires ? Toute fourrure, comme si elle était ma fourrure à<br />

moi. En politique aussi (si politique il y a !) il faudrait donc se défier des<br />

intermédiaires. Agir seul ! Me voici presque aussi sot qu’un général en<br />

chef, qui pense la victoire sous son képi et, s’il pouvait combattre seul,<br />

peut-être ferait-il cette victoire qu’il pense, mais il se fie à tous ces képis<br />

qui sont dix et cent mille, et qui ne sont que des képis. »<br />

Qui a porté le képi ne peut avoir d’autre ambition que de le porter<br />

toujours. Ce n’est pas une coiffure comme une autre. Les autres sont pour<br />

se garder, pluie soleil ou bise, accessoirement pour signifier que l’on rend<br />

honneur, encore est-il que l’on enlève le chapeau pour saluer, ou pour<br />

saluer qui salue, ce qui humilie le chapeau et montre bien qu’il n’a que de<br />

l’utilité sans honneur ; et qu’est-ce que l’utilité au prix de l’honneur ?<br />

Comme un arrosoir qui est fort utile quand on est au mois de juillet, et<br />

presque en août, comme on était. Mais si Monsieur le Préfet vous interroge,<br />

vous posez arrosoir et vous retirez le chapeau. Monsieur le Préfet<br />

garde son képi de Préfet sur la tête ; ou s’il l’enlève en approchant une<br />

dame, c’est comme s’il renvoyait le Préfet un petit instant, pour ne pas<br />

effaroucher les dames. Mais il faut être un troupier qui n’a pas une semaine<br />

de caserne pour enlever son képi parce qu’on s’adresse à<br />

l’adjudant-chef ! Képi ou calot, toute coiffure militaire est une coiffure<br />

d’honneur : elle honore celui qu’elle coiffe comme la mitre ou la tiare, et<br />

déjà la tonsure, qui fait de simples cheveux humains une coiffure ecclésiastique.<br />

Il était sans doute nécessaire de rappeler ces principes (car ce sont<br />

des principes), afin de mieux entrer dans les raisons et les explosions du

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