La Folie - MML Savin

Chapitre XLIV
Avant que le coq ait chanté trois fois
C’était encore le petit matin, le silence et le désert autour du jardin
des roses, quand un fauve baillant en fauve secoua la grille, le rosier
blanc contre la grille, enfonça le portail plus qu’il ne l’ouvrit ; c’était sa
façon d’ouvrir ; mais les rosiers connaissaient bien ce fauve là, un peu
rude mais amical. Il ne sonnait jamais pour avertir. Il n’avait point
d’heures. Du dédale des rues on le voyait surgir, à l’aube parfois, et Jumièges
descendait de son échelle, la joie au visage ; ou la nuit, quand la
lampe d’étude éclairait comme un fanal.
« Je ne m’assieds pas, disait le fauve » . Il finissait par s’asseoir. Le
fauve avait des idées de fauve, qui bousculaient un peu les idées de Monsieur
Jumièges, mais ce n’était que manière de dire ; l’accord au fond et
profond. La SPEH n’était pas une société comme sont les autres. Elle se
nourrissait et vivait de ses rapports intimes, tout d’amitié, Jumièges au
centre de ces amitiés. De par les droits de l’amitié, on souriait ou l’on ne
souriait pas, mais on entrait. Minette ne se trompait jamais à ses visiteurs,
étendait une patte et se rendormait.
Deux bonds de fauve, Jumièges nulle part : « Tiens ! dit le fauve.
Le panier de Minette est vide. Cela sent le complot. » On enquête. Devant
le mur aussi vide que le panier, le fauve se grattant la tête : « Pour-