La Folie - MML Savin

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La Folie
une vache et des chèvres. Il aurait fumé, mangé, dormi deux jours et deux
nuits dans le salon avec le Colonel et d’autres Colonels. Madame Arthur
aurait dansé à user ses talons. Serge, Arthur, Monsieur Mozer, tout le
monde aurait dansé. Et quand le dernier danseur, au milieu de la cour,
serait tombé, à peu près mort d’avoir tant dansé, le Colonel m’aurait dit :
Nestor ! et j’aurais compris. J’aurais parfumé Monsieur Jacques, frotté,
huilé, de la tête au pied, comme une serrure, j’aurais passé un boubou
plus fin que l’air et je l’aurais conduit jusqu’à la chambre, comme s’il ne
connaissait ni l’escalier ni la porte. C’était si simple ! Mais non... les voilà
mariés sans l’être, ce qui n’est pas commode. Et l’autre, à la redingote,
allonge ses jambes en buvant son café, comme s’il avait apporté chèvres
et vaches ! Et le Colonel qui se promène sans rien voir, plus sombre et
plus soucieux que s’il n’avait pas retrouvé la chose ! Nestor n’est rien du
tout. Si les larmes coulaient sur le portrait, que pourrait Nestor ? »
Il peut veiller, comme il veille, il peut se parler ou garder son beau
silence. Il peut vérifier de haut en bas. Bien longtemps avant tous les autres
il peut se dire sans frapper encore à la porte du Colonel : « Voici
l’orage. »
*