La Folie - MML Savin

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La Folie
liane que la panne n’était pas un semblant de panne ? Elle ignorait tout de
la mécanique.
- Vous ne descendez pas ? Vous ne venez pas chercher la
jerrican ? Un étage, rien qu’un étage. Poliche avait le coeur fragile, mais
vous qui escaladez les cathédrales....
Jacques abaissait le siège, ouvrait la porte toute grande, tendait une
main :
- Poliche était un homme de goût. On visite. On redescend
la jerrican. Le jeu continue.
Il était difficile de refuser la visite. Elle caressait son sac à côté
d’elle, comme si elle hésitait à laisser son sac, puis le laissant, elle prit la
main de Jacques.
- Bravo ! Vous qui aimez les jolies choses ! Poliche avait
tant de goût. Et de sourire. Quel sourire ! Liliane sourit elle aussi. Il était
difficile de ne pas sourire au sourire de Jacques. Comme il fermait la voiture
:
- Et mon sac ! J’oublie mon sac ... La distraction se communique.
Elle prit son sac ; à Jacques qui voulait le lui prendre :
- Merci, c’est mon jouet à moi. Porter soi-même son jouet,
cela fait partie du jeu.
- Je passe devant dit Jacques.
Lestement jusqu’au premier étage ; d’une clef de son trousseau il
ouvrit, et, tout en s’efforçant pour faire les honneurs, s’interrogeait :
« Que peut donc contenir ce sac, machine infernale ou documents secrets
? Liliane n’a pas de jouets. Liliane ne sait pas jouer. Je vois cela dans la
courbure.»
Jacques n’était pas mécontent de faire les honneurs. Liliane de son
regard qui se posait sur rien mais qui enregistrait tout, avait lu sur une
plaque très discrète : Jacques de La Châtelière. Il était donc certain que
Jacques était chez lui. Au vrai, c’était un tout nouveau chez soi pour Jacques.
Il avait ajouté la clef à son trousseau, quand le notaire la lui avait
donné avant de partir de La Châtelière.
Il se doutait bien que son oncle avait un pied à terre à Paris. Mais
Poliche lui parlait peu de ses voyages, ne fut-ce que pour éviter de dire
qu’il avait des plantations, des domaines de toutes sorte, tous biens qu’il
léguerait à son neveu. Il disait souvent qu’il léguerait, il aimait le dire.
Jacques croyait qu’il ne s’agissait que de La Châtelière, quelques chasses
ou quelques étangs autour. Poliche pensait qu’il n’était pas bon qu’un
enfant su à l’avance qu’il aurait de la richesse. Jacques y aurait perdu de
sa simplicité, de sa timidité, en un mot : de son enfance. Et Poliche ne
voulait rien perdre de cette enfance. Même la timidité, que l’on reprochait