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La Folie - MML Savin

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L’Apocalypse 333<br />

ou de l’Hermon où les lions ont leur tanière, de là-haut nous pourrons<br />

regarder sans craindre !<br />

Blanchonval douta de ses oreilles. Quoi ! Le célèbre amateur de<br />

peinture était aussi un amateur de poèmes ? Et quelle grâce, quelle tendresse<br />

dans la façon de dire ! Sans compter que le poème (quel poème ?)<br />

avait tout l’air d’être un poème d’amour. Il était peut-être indiscret<br />

d’entendre, malgré toute l’amitié que Marka disait qu’il avait pour Blanchonval.<br />

Mais Catherine sans se soucier de Blanchonval :<br />

- Des nuits et des nuits j’ai cherché. Je ne t’ai pas trouvé.<br />

Les gardes non plus ; ils n’avaient rien vu. Et tout à coup je t’ai trouvé.<br />

Et je t’ai saisi. Et je ne te lâcherai jamais plus.<br />

Elle aussi, quel talent de tragédienne ! Blanchonval béat, sur un<br />

pied, le pyjama-smoking tressaillant et miroitant : « Bravo ! Félicitations<br />

! » on peut toujours féliciter, sans savoir exactement de quoi, du serment<br />

d’amour qui n’était peut-être que le poème, ou le talent à dire le poème.<br />

- Alors, ce Blanchonval, rugit Marka, sensible à la poésie<br />

planétaire ce garçon là ? Et pourquoi pas ? ce n’est pas à nous seulement,<br />

Catherinette, ce que nous chantons là. C’est à tout le monde. Domaine<br />

publique, sans droit d’auteur ; traduction libre en tout pays, Russie aussi<br />

et Allemagne...<br />

Marka répéta : « l’Allemagne » un peu solennel, songeur comme<br />

Blanchonval ne l’avait jamais vu. Puis l’index au cou de Blanchonval :<br />

- Tordrais-tu le coup d’une colombe parce qu’elle roucoule<br />

? Il n’y a rien de plus horripilant qu’une colombe, une tourterelle,<br />

un pigeon, si tu préfères. C’est aussi bête que l’amour quand il roucoule<br />

Blanchonval !<br />

Blanchonval ne sentait aucun désir de meurtre envers le peuple des<br />

colombes. Il attendait une explication. Mais Marka plus obscure qu’un<br />

poète se contenta de dire :<br />

- À Iéna ou à Fribourg, si Herman ou si Blanchonval dit à<br />

Dorothée ma colombe ou même mon pigeon nous avons gagné, Catherinette<br />

! donc nous gagnerons ! J’allais dire : l’éternel gagnera ! Mais Blanchonval<br />

me prendrait pour un curé. Curés et pasteurs nous ont tout pris,<br />

même l’Éternel !<br />

Blanchonval plissa son front. S’il avait su qu’il s’engageait jusqu’à<br />

l’Éternel, en félicitant, il n’aurait pas félicité. L’Éternel c’est de la politique<br />

et Blanchonval pour toute politique se méfiait de la politique.<br />

- Si je comprends bien, dit-il, ce poète si touchant, si frais,<br />

que vous récitiez à deux, c’est de la poésie... folklorique...<br />

- Voyez-vous çà s’écria Marka. Blanchonval le méconnu !<br />

Et moi, je lui disais qu’il n’inventait pas ! Mille pardons ! Folklorique est<br />

une invention admirable ! Quel diplomate ferait ce Blanchonval !

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