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La Folie - MML Savin

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<strong>La</strong> <strong>Folie</strong><br />

L’orchestre revient à son Mozart qui dit exactement cela même car<br />

Mozart brésilien serait encore Mozart.<br />

- Si vous hésitez, dit la Princesse, choisissez l’amour.<br />

J’aime que l’on m’aime. Et le mousse tout bas :<br />

- Je ne veux que vous aimer.<br />

Au bout d’un autre tango, encore plus bas :<br />

- J’ai mes raisons de vous aimer.<br />

Pour réveiller les assoupis ou pour se réveiller lui-même l’orchestre<br />

laissa son Mozart-tango pour un tango-tango brésilien du Brésil qui avait<br />

du rythme à son oeil noir, du désespoir sans désespoir, un nostalgique à<br />

fendre l’âme.<br />

- Si l’on dansait ? proposa la cape noire. Mais la princesse<br />

debout, et le mousse :<br />

- Je fais un bien pitre cavalier, dit le mousse, et toutes deux<br />

l’une à l’autre de se rire.<br />

- Cavalière ou cavalier ! dit la Princesse.<br />

- Je serai donc votre cavalière, dit le mousse.<br />

Deux ou trois tangos de ce tango-tango, pour ne rien dire ou pour<br />

beaucoup se dire, quoi de plus favorable qu’un tango qui n’a rien à dire<br />

de son oeil noir et noirci plus que noir ? Se délassant de quelques tangos,<br />

le même à la suite du même, elles avaient sans doute beaucoup dit. Ce<br />

que disait la Princesse, elle le disait moins au mousse qu’à elle-même.<br />

- Une auréole ? disait-elle, des cheveux rebelles ? Ce sont<br />

mes cheveux en auréole. Et cette façon de regarder qui ne regarde personne<br />

? Ma façon à moi. Ce doit être elle puisque c’est moi. Ma fille,<br />

après tout, ne peut être que ma fille. Belle puisqu’il paraît que je suis<br />

belle, que j’ai des jambes qui sont des jambes. Ils le disent ! Marka dit<br />

que je suis un dos. C’est une idée de Marka, comme il en a. Je le connais<br />

assez mal mon dos.<br />

L’orchestre de nouveau jouait son travesti de Mozart, tristesse et<br />

sourire.<br />

- Je ne connais pas non plus ma fille. Est-ce que je tiens à<br />

la connaître ? Ma fille ?... Au parloir de L’Espérance ce n’était que cette<br />

sotte de pensionnaire qui n’osait embrasser que ma voilette !<br />

Un instant, elle regarda et sourit, cavalier devant sa cavalière ; puis<br />

changeant de ton très vite :<br />

- Je vous remercie, dit-elle. Retenez, à tout hasard : Jasmin<br />

43 45.<br />

Un vol de cape et déjà le japonais de l’ascenseur saluait la cape et<br />

les jambes. Le mousse, assis sur le pouf, aussi rêveur qu’un vrai mousse<br />

qui rêve de sa Bretagne à l’autre bout du monde.

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