La Folie - MML Savin

Chapitre XXXV
L’Apocalypse
- Et, tu sais, disait Marka, si les jambes te plaisent, n’hésite
pas. Ce n’est pas parce que j’ai plus ou moins mêlé les miennes à ces
jambes-là ... Entre amis ! Notre amitié n’en serait que plus solide. Je ne
suis pas jaloux, moi ! La jalousie n’est pas un sentiment planétaire. Un
jaloux n’est qu’une brute, un fauve, l’ancêtre mal rasé de l’homme
d’après-demain, qui sera l’homme. Nous ne sommes pas encore tout à fait
des hommes, Blanchonval ! Je me rase trois fois par jour. Eh bien ! Ce
sont mes préjugés que je rase, en me rasant. Dis, Blanchonval, as-tu surpris
le moindre mouvement de jalousie en moi, après votre nuit ? Pas un
frisson de jalousie. Pas un tremblement de brosse ni de moustache. J’étais
moi ! Et pourtant, j’espère bien qu’elle a été une nuit dont on se souvient,
votre nuit ! Sinon, tout serait à recommencer ! J’appelle cela des exercices
d’émanci-pation pour le progrès de l’espèce humaine. Je suis un idéaliste
et je n’en rougis pas.
Ils étaient seuls encore, tous les deux, dans l’aquarium. Blanchonval
ne répondait pas ; Marka ne laissait jamais un instant pour répondre.
- Très bien, ton pyjama, continuait Marka. Quand je dis :
tenue de soirée, le pyjama ... il faut comprendre ! Je veux dire : variations
sur le pyjama. Ce n’est que pour l’unité des costumes. L’unité, voilà une
idée qui est planétaire !... Comme on fixerait un thème, Colorado ou Polynésie.
Il y a des imbéciles qui arriveront en pyjamas. Je déteste les imbéciles
!
Le pyjama de Blanchonval était un smoking très protocolaire que la
soie légère faisait pyjama.