La Folie - MML Savin

Chapitre XXXIV
Le troisième mari de mistress Smith
« Le quinze menace d’être plus insipide que le quatorze, se disait
Jacques. Il l’est. Hier, une revue de 30.000 hommes (le journaliste les a
comptés ...) ; Madame Arthur qui dégringole d’apoplexie patriotique :
cela marque une journée ! L’après-midi, je pouvais dormir. Je le devais.
À La Châtelière, c’était le seul jour de l’année où Poliche tombait de
sommeil et proposait une sieste générale. Même le poulain dormait.
Même les abeilles...»
Il avait dormi. Il s’était lassé de dormir sur son lit. Il s’était traîné
jusqu’au cinéma. Au « Miramar» , on donnait : Le troisième mari de Mrs
Smith. Jacques, en sortant : « Je ne serai pas le quatrième. J’ai fait ce que
j’ai pu pour en voir le moins possible. Même si peu, je n’ai rien vu de
plus stupide !» Et, comme il passait, baillant cela, devant le « Splendid-Gaîté»
, rue de la Gaîté, il entra, s’endormit, se réveilla. Coups de
pistolet, poursuites, enlèvement, châtiment ; les brigands tués, la jolie
fille délivrée (il était temps !), les justes avec leurs gros sourcils de justiciers,
leur conscience et leur nez d’ivrogne Un vieux film, qui avait du
tremblement, de l’évanouissement. On secondait comme on pouvait. À
peine si l’on cherchait. Jacques trépignait, encourageait la chevauchée
punitive. Un cinéma, celui-là, où l’on ne se gênait pas ! On criait, les uns
pour, les autres contre. La plupart pour les justiciers, contre les brigands.