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La Folie - MML Savin

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<strong>La</strong> <strong>Folie</strong><br />

ment que les respectueuses ; elle respectait <strong>La</strong> Châtelière. Elle en tremblait<br />

:<br />

- Je ne peux tout de même pas marcher à côté de vous !<br />

- Avez-vous mal aux pieds ? dit Jacques. (Il aperçut les talons<br />

et les pieds mignons). Vous avez pourtant de bien jolis pieds, Madame<br />

Arthur.<br />

Quand Jacques l’appelait Madame Arthur, elle en pensait défaillir<br />

de joie. Quelle délicatesse ! Même Nestor, Ilse ou le Colonel ne disaient<br />

que Madame. Madame Arthur ! Arthur n’était pas pour grand chose dans<br />

la délicatesse. Lui ou un autre ! Mais cela légitimait <strong>La</strong>ngouste, sinon<br />

Arthur.<br />

- Je marche. Je marche, dit-elle. Mes talons ne sont pas<br />

trop hauts. Mais marcher à côté de vous !.. Un Vicomte !<br />

- C’est le quatorze juillet, Madame Arthur. Il n’y a pas de<br />

Vicomte aujourd’hui. Ou bien, je vous nomme Archiduchesse, comme<br />

Mademoiselle de Pontaincourt.<br />

- Mademoiselle Liliane serait Archiduchesse ! Et dire que<br />

le Commissaire veut démolir le 9 rue du Château ! <strong>La</strong> police, quelle engeance<br />

! Liliane avait son nom désormais. Le nom manquait. Elle n’était<br />

que Mademoiselle <strong>Folie</strong>, ou Soie-Blanche, ou l’Archiduchesse.<br />

- Je ne sais pas, dit Jacques, si elle est Archiduchesse. Je ne<br />

savais même pas qu’elle s’appelait Liliane. Mais, en tous cas, votre ami<br />

le garçon boucher sait fort exactement les choses, s’il ne garde pas ce<br />

qu’il sait.<br />

<strong>La</strong>ngouste, au plus haut de ses talons de la Gaité, sentait du vertige,<br />

à s’en passer une patte parmi les bouclettes. « Excusez-moi, M’<br />

sieur Jacques. J’ai le vertige.» Alors, ô merveille! Jacques prit le bras de<br />

la <strong>La</strong>ngouste sous son bras, comme aurait fait Poliche le grand seigneur.<br />

« Quelle importance ? disait-il. On est Vicomte comme on est brun ou<br />

blond. Je ne suis que M’sieur Jacques. On s’en va à la Revue, vous et<br />

moi, Madame Arthur. Ne vous tordez pas les pieds. Je vous admire de<br />

pouvoir marcher sur ces talons. Ils sont plus dangereux que des échasses.<br />

Quand j’étais gosse, au collège, les échasses, c’était le grand jeu. Vous<br />

auriez eu le premier prix d’échasses. »<br />

De fait, elle s’accommodait passablement de ses fantastiques talons.<br />

Un homme à visage gris les suivait depuis un moment, les dépassant<br />

parfois, leur souriant, un sirop de sourire sur les lèvres grises.<br />

- On nous piste, dit la <strong>La</strong>ngouste, à l’étouffée. C’est la police<br />

! Encore un poulet ou Commissaire. On ne sera donc jamais tranquille<br />

!

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