La Folie - MML Savin

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La Folie
à telle allure. De l’emphase subitement, on ne savait pourquoi, une sorte
de gaieté ou d’ironie à débiter la basoche, et s’arrêtant au milieu d’une
phrase pour essayer ses lunettes, une gravité d’émotion quand il était
question du Vicomte de La Châtelière (qui devait être Jacques ...) et les
sourires les plus aimables aux huit soeurs quand il n’était, en apparence,
question de rien.
La lecture du grimoire, malgré la rapidité du débit, dura plus de
vingt minutes. Une des soeurs, après lecture :
- En somme, si je comprends bien, notre présence était tout
à fait inutile...
- Comment ? s’écria le notaire. Votre présence était absolument
nécessaire, et notre premier devoir est de vous remercier de votre
présence et de votre attention.
Le notaire n’aurait pas eu plus de courtoisie, ni plus
d’empressement, si la soeur qui comprenait si bien avait été l’unique héritière.
- Au demeurant, je suis à la disposition de vous tous pour
de plus amples explications, mais il me semble que ce document est d’une
limpidité parfaite...
Il tendit un porte-plume, invitant aux signatures.
- Une signature ? Si je signe, je m’engage à quoi ?
- Ce n’est qu’une signature au procès-verbal ... fit le notaire.
Signer un procès-verbal n’a jamais engagé personne.
Monsieur Lerrand se réveilla à cette question d’une de ses filles et
haussa les épaules. Madame Lerrand signait, toutes signèrent. Au sortir
de l’étude, Jacques embrassa son père, salua de la main la gerbe, fit monter
sa mère dans la vedette amirale. Toutes les soeurs au père :
- Puisque tu as signé, tu as compris.
- Qu’est-ce que j’ai compris ?
- Qui est le Vicomte de La Châtelière ?
- C’est l’oncle Jacques.
- Mais il est mort !
- Vous avez raison. Nous avons eu la douleur de le perdre.
- Et l’héritier ? Qui est l’héritier ?
Monsieur Lerrand se contenta de hausser les épaules. Elles parlaient
toutes ensemble et tournaient, comme des corneilles.
- Est-ce que c’est moi qui ai rédigé le testament ? Vous
avez écouté ... Alors ? C’est à vous de me dire à qui votre oncle a laissé
sa fortune. Nul ne rédige aussi bien que Me Mossant.