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La Folie - MML Savin

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Police 283<br />

Mais on ne pouvait se méprendre à cette unique porte, élégante, et<br />

si lourde malgré l’élégance qu’on se sentait à l’abri de tout en la fermant ;<br />

et l’on s’enfonçait dans l’épaisseur du caoutchouc mousse des sièges, à se<br />

croire quelque banquier au large de son fauteuil-club, le tout recouvert<br />

d’un drap beige dont Ilse aurait approuvé la finesse et la solidité. Les glaces,<br />

les cendriers, les malles, le tableau de bord, Jacques aurait tout présenté,<br />

tout décrié, il aurait demandé sérieusement à Ilse si elle ne pensait<br />

pas qu’il fallait bazarder cette guimbarde de l’oncle, et de conclure qu’on<br />

la garderait en attendant.<br />

Après la guimbarde, c’eût été le tour de la chevalière. « Une bague,<br />

que l’ai trouvée dans un tiroir, à <strong>La</strong> Châtelière ... Elle allait à mon doigt<br />

... Je l’ai prise ...» Un peu d’émotion à cette bague, qui était la chevalière<br />

de Poliche. <strong>La</strong> mère de Jacques l’avait laissée au doigt de son beau-frère,<br />

afin que Jacques la retirât lui-même. Ilse aurait demandé à qui appartenaient<br />

les armes gravées sur la chevalières « Au petit lord !» aurait dit<br />

Jacques. Et du petit lord, qui était un personnage dans un livre, et qui<br />

était aussi le filleul de son parrain, et du parrain au château, qui était un<br />

vrai château, à la terre que le parrain avait donnée, au château qu’il avait<br />

donné, à la fortune du parrain qui était une immense fortune, Ilse aurait<br />

tout appris, et que le petit lord n’était autre que Jacques, qui était le filleul<br />

de son parrain. Jacques, quelquefois, parlait en plaisantant de cette chevalière<br />

que Poliche voulait lui faire porter. Il n’avait jamais dit que c’était<br />

sa chevalière. Ilse, là-dessus, en savait moins que la <strong>La</strong>ngouste, car elle,<br />

avait lu le télégramme ouvert et l’avait rendu à Jacques sans lire<br />

l’adresse. Et quant à la fortune, Jacques ignorait qu’elle fût immense.<br />

Depuis des années, Poliche avait instruit la mère de Jacques du détail<br />

de ses biens et de ses intentions. Elle obéit scrupuleusement aux ordres<br />

de son beau-frère. Un enterrement tout simple au village le plus proche<br />

de <strong>La</strong> Châtelière, Jacques à part conduisant le deuil. Jacques avait<br />

imaginé une veillée funèbre de toute la famille, les huit soeurs, celle qui<br />

était religieuse présidant aux prières. Poliche avait spécifié qu’il ne voulait<br />

à cette veillée que les gardes-chasse, les jardiniers, Jacques et sa<br />

mère. Le soir de l’enterrement, Madame Lerrand entraîna son fils sous les<br />

tilleuls. Poliche avait prié sa belle-soeur d’avertir Jacques avant<br />

l’ouverture du testament, qui devait avoir lieu à Sillé, quelques jours plus<br />

tard.<br />

Ce testament était le chef-d’oeuvre de Me Mossant, à qui l’oncle<br />

avait confié ses craintes, car il redoutait des complications. Jacques savait

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