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La Folie - MML Savin

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Chapitre V<br />

<strong>La</strong> liaison<br />

À 18 h. 27, on écrasait de tout, gare du Maine, à l’arrivée des grandes<br />

lignes : de la fille et de la femme, jeunette ou vieillarde, du scout, du<br />

marin à col, du tout venant qui s’en venait. Le tout de cette belle humeur<br />

d’être arrivé, les uns timides et solennels, à leur premier Paris, empesés<br />

de province, les autres frétillants, frémissants de leur cher Paris retrouvé.<br />

Nestor, depuis le début de l’après-midi, était en tenue de campagne,<br />

chaussures de marche à semelles souples, veste et pantalons de toile légère<br />

d’une coupe entre sportive et militaire, la manche au-dessus du<br />

coude comme aux chemisettes d’été, les pantalons, très hauts, fendus jusqu’à<br />

la boule du mollet pour faciliter la marche ; le col dégagé, la cravate<br />

d’un vert prairie nouée en sautoir, le bronze indigène et le brun-vert de<br />

l’étoffe ton sur ton : il avait fière allure. Un lys n’aurait pas été plus fier.<br />

Au demeurant fort empêché. S’il fallait partir en campagne sur des<br />

ordres aussi vagues que ceux présentement du Colonel, on s’irait perdre<br />

dans les sables, et sans espoir. Nestor attendait du détail. Faudrait-il agiter<br />

un mouchoir, et de quelle main ? Ou se faire un bandeau de la France<br />

Militaire ? Ou même porter un écriteau, ou une bannière ? On ne saurait<br />

trop prévoir, ni rien de trop original. Le monsieur qui brandit son chapeau<br />

au bout de sa canne, il se croyait très fort. Dix chapeaux au bout de dix<br />

cannes. Allez vous y reconnaître !

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