La Folie - MML Savin
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268 La Folie menacé ! Liliane renversée n’avait cédé qu’au bleu de France. L’odeur du travail, dont elle s’offusquait à distance, n’était que lavande au plus près ; parfum de France, lys et tilleuls, plus que lavande. Que ne s’était-il présenté d’abord : J.L., c’est-à-dire Jacques de La Châtelière ! La boîte à outils comme on porte des jumelles en bandoulière, au pesage de Longchamp, n’était qu’un boîte pour les outils, comme l’étui pour les jumelles. Et ce « Jacques Lerrand », volontairement trompeur. Lerrand de La Châtelière, ce n’était pourtant pas si long ! Méprisait-il ? Se moquait-il ? Qu’on abrège pour l’administration des postes et pour la concierge, rien de plus aristocratique ; mais entre soi, à La Folie, il y avait de la trahison à se taire. Quand on ne peut être que du bon parti, on se doit à ceux du parti, on doit au roi d’exercer l’art royal. « Les plus dangereux ne sont-ils pas les franc-tireurs, Lerrand sous La Châtelière, le monsieur commandeur sans commandement ? Ce commandeur à la Bastille ! dirait mon grand-père.» Liliane faisait de rapides progrès en politique. De quoi rendre fier le Colonel ! Mais si le Colonel avait ordonné : « Jacques, à la Bastille !», Liliane aurait supplié son grand-père d’accorder un peu de sursis. Les amours de la chambre auraient appuyé la requête. Liliane, en travers du lit, était si belle à se tendre, à se détendre, en amoureuse, qui n’était pas encore amoureuse, qui n’aimait que le souvenir d’un baiser, mais en amoureuse ! Un baiser, ce n’est pas le diable, n’en déplaise à la Supérieure. Mais c’est un baiser pour toujours. Quand on s’en repentirait à genoux devant la Vierge de L’Espérance, à qui rendre un baiser, sinon à Jacques qui l’avait donné ? Liliane s’épuisait à le rendre, ne songeait qu’à le rendre, ne songeait pas à s’en repentir. Là-haut, derrière la fenêtre du quatrième, on avait éteint la lumière. Un visage écrasait son nez aux vitres. « Tremblez, petite fille, disait Liliane, vous êtes de ceux qui tremblent et qui obéissent. Si je le veux, vous tremblerez. De par le roi, il faut que je gagne notre Jacques au bon parti...»
Le bon parti 269 *
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menacé ! Liliane renversée n’avait cédé qu’au bleu de France. L’odeur du<br />
travail, dont elle s’offusquait à distance, n’était que lavande au plus près ;<br />
parfum de France, lys et tilleuls, plus que lavande. Que ne s’était-il présenté<br />
d’abord : J.L., c’est-à-dire Jacques de <strong>La</strong> Châtelière ! <strong>La</strong> boîte à<br />
outils comme on porte des jumelles en bandoulière, au pesage de Longchamp,<br />
n’était qu’un boîte pour les outils, comme l’étui pour les jumelles.<br />
Et ce « Jacques Lerrand », volontairement trompeur. Lerrand de <strong>La</strong><br />
Châtelière, ce n’était pourtant pas si long ! Méprisait-il ? Se moquait-il ?<br />
Qu’on abrège pour l’administration des postes et pour la concierge, rien<br />
de plus aristocratique ; mais entre soi, à <strong>La</strong> <strong>Folie</strong>, il y avait de la trahison<br />
à se taire. Quand on ne peut être que du bon parti, on se doit à ceux du<br />
parti, on doit au roi d’exercer l’art royal. « Les plus dangereux ne sont-ils<br />
pas les franc-tireurs, Lerrand sous <strong>La</strong> Châtelière, le monsieur commandeur<br />
sans commandement ? Ce commandeur à la Bastille ! dirait mon<br />
grand-père.»<br />
Liliane faisait de rapides progrès en politique. De quoi rendre fier le<br />
Colonel ! Mais si le Colonel avait ordonné : « Jacques, à la Bastille !»,<br />
Liliane aurait supplié son grand-père d’accorder un peu de sursis. Les<br />
amours de la chambre auraient appuyé la requête. Liliane, en travers du<br />
lit, était si belle à se tendre, à se détendre, en amoureuse, qui n’était pas<br />
encore amoureuse, qui n’aimait que le souvenir d’un baiser, mais en<br />
amoureuse ! Un baiser, ce n’est pas le diable, n’en déplaise à la Supérieure.<br />
Mais c’est un baiser pour toujours. Quand on s’en repentirait à<br />
genoux devant la Vierge de L’Espérance, à qui rendre un baiser, sinon à<br />
Jacques qui l’avait donné ? Liliane s’épuisait à le rendre, ne songeait<br />
qu’à le rendre, ne songeait pas à s’en repentir.<br />
Là-haut, derrière la fenêtre du quatrième, on avait éteint la lumière.<br />
Un visage écrasait son nez aux vitres. « Tremblez, petite fille, disait Liliane,<br />
vous êtes de ceux qui tremblent et qui obéissent. Si je le veux, vous<br />
tremblerez. De par le roi, il faut que je gagne notre Jacques au bon parti...»