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La Folie - MML Savin

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<strong>La</strong> <strong>Folie</strong><br />

Liliane était stupéfaite qu’une vipère pût aimer la France autant que<br />

l’aimait Monsieur Daladier.<br />

- Et Monsieur Lebrun ? Et le roi d’Angleterre ? Est-ce<br />

qu’ils n’aiment pas la France ?<br />

- Des vipères ! Tous, des vipères ! À la Bastille, le roi<br />

d’Angleterre !<br />

- Mais le roi d’Angleterre, c’est un roi. Je croyais qu’un<br />

roi...<br />

- Le roi d’Angleterre n’est pas un roi. C’est le fétiche de<br />

l’Angleterre. Les Anglais sont plus républicains que nos républicains.<br />

Tous les Anglais à la Bastille ! Ce sont des monstres.<br />

Vraiment, la Supérieure était coupable de ne pas instruire davantage<br />

ses pensionnaires ! Sans le Colonel, Liliane allait être la dupe de ce<br />

Monsieur Daladier, dont elle relut la noble proclamation à haute voix : «<br />

L’union doit être totale à l’intérieur et le gouvernement y veillera. Il a<br />

saisi quelques trames d’un réseau d’intrigues où apparaît la main de<br />

l’étranger. Des instructions sont ouvertes et toutes les mesures seront prises...»<br />

N’était-ce pas veiller sur la France, comme veillerait le roi de<br />

France ? Le Colonel levait les bras, pivoine jusqu’au front.<br />

- L’union ? Quelle union ? Un gouvernement d’imposteurs<br />

n’a pas le droit de parler d’union... <strong>La</strong> seule union qui vaille est autour du<br />

roi, de notre roi, le roi de France... <strong>La</strong> main de l’étranger ? Peuh !..<br />

Comme si Lebrun, Daladier et la clique n’étaient pas des étrangers, des<br />

valets anglais, des juifs, des espions de l’étranger ! Le roi de France,<br />

même en exil, n’est pas un étranger, que je sache ! Là où est le roi, là est<br />

la France!<br />

Liliane comprenait cela, même ignorant tout de la politique, par la<br />

faute de la Supérieure. Elle rejeta les feuilles mensongères. Immobile et<br />

debout :<br />

- Je crois au roi de France, dit-elle.<br />

- Tu es bien mon sang, dit Pontaincourt, Liliane, fille des<br />

lys ! Et il embrassa Liliane. Le soir de cette première leçon de politique,<br />

elle s’attarda longuement à respirer les lys.<br />

À la verrière du quatrième, il n’y avait de lumière qu’un moment,<br />

chaque soir, une ombre solitaire dans la lumière ; celle qui sortait d’une<br />

autre, un soir, qui rejoignait l’autre. Une fillette plus qu’une femme, à<br />

n’en juger que par l’ombre. Parfois, lumière éteinte, on devinait un visage

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