25.06.2013 Views

La Folie - MML Savin

La Folie - MML Savin

La Folie - MML Savin

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

Le grand amour 241<br />

- <strong>La</strong> silhouette était bien jeune pour être celle d’un tuteur<br />

...<br />

- Tu as mieux fait de ne pas monter : tu aurais été jaloux de<br />

mon tuteur ... Cela ne m’explique pas pourquoi, après avoir reconnu<br />

Blanchonval, tu n’as pas voulu monter ...<br />

- Toujours ma délicatesse ! J’aurais été bien aise de te<br />

prendre en flagrant délit, mais lui, c’est mon ami. J’ai toujours la même<br />

amitié pour Blanchonval.<br />

- Tu es un imbécile, mon cher Aristide. Comment sauras-tu<br />

jamais si je recevais mon tuteur ou Blanchonval ?..<br />

- Attends la suite. Sur le trottoir d’en face, l’ai fait les cent<br />

pas toute la nuit. Je peux te dire exactement qui est entré, qui est sorti. Il<br />

n’est sorti qu’un homme de toute la nuit, un vieux monsieur, en complet<br />

gris, un peu courbé, la rosette de la Légion d’Honneur, vingt minutes<br />

avant minuit.<br />

- Mon tuteur ! Mais il n’est pas courbé.<br />

- Je l’ai bien vu ; il était sur le trottoir du clair de lune. Il<br />

marchait assez vite, un peu courbé ... Et ce n’était pas ton tuteur ! Car,<br />

après sa visite, tu aurais éteint les lumières, et elles ont brûlé jusqu’à<br />

l’aube. Et toi, Catherine, tu ne fais l’amour que toutes les lumières allumées.<br />

Avoue ! Ce sera plus simple... Blanchonval, de la terrasse, n’a pas<br />

pu me voir : je n’étais qu’une ombre dans l’ombre ; vous ne vous doutiez,<br />

ni l’un ni l’autre, que je veillais sur votre nuit d’amour. Si tu veux tout<br />

savoir, j’ai attendu jusqu’à neuf heures ! J’avais un rendez-vous à<br />

Saint-Augustin à neuf heures et quart ... Et vous ! Vous aviez besoin de<br />

dormir, après une nuit pareille...<br />

- Effectivement, c’est le grand amour ! se contenta de<br />

conclure Catherine, sans expliquer s’il s’agissait d’Aristide ou de Blanchonval<br />

; et se leva.<br />

Elle allait et venait, refusant de s’expliquer davantage. Un fauve, si<br />

l’on ne claquait pas du fouet, si on le regardait comme on regarderait un<br />

hublot ou un cordage, finirait peut-être par bailler et par s’endormir.<br />

- Et ton costume de mousse ? demanda Aristide, de moins<br />

en moins fauve.<br />

Sans réponse. L’élégante en noir répugnait sans doute au travesti.<br />

Elle se déshabilla et se rhabilla au plus élégant, toujours du noir, l’air de<br />

mépris et de hauteur croissant avec l’élégance. Le fauve aussi allait et<br />

venait, baillant ; quelques tours de cage avant de s’endormir. Tout à coup<br />

son regard se ralluma au plus fauve. À qui appartenait cette serviette, qui<br />

n’était pas la sienne, là, derrière le bar ? Ce ne pouvait être que la serviette<br />

du rival !

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!