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La Folie - MML Savin

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Chapitre XXVII<br />

Le grand amour<br />

À peine Mademoiselle Rubis rentrait-elle d’Auteuil, vers huit heures,<br />

ayant escaladé les sept étages à la file sans s’arrêter, à cause de ce pas<br />

d’homme derrière elle, comme d’un homme qui aurait juré de la rejoindre<br />

avant le septième ; le pas entre cinquième et sixième, elle au septième, et<br />

barricadée ! Quelque forcené, qui devait la suivre depuis le métro Plaisance<br />

!<br />

Bon an mal an, elle pouvait compter sur deux ou trois forcenés de<br />

ce genre par an. Si elle atteignait le septième avant que le forcené fût au<br />

cinquième, il hésitait entre sixième et septième ; il frappait au septième,<br />

redescendait, frappait au hasard à l’une des trois portes du sixième, remontait,<br />

frappait, redescendait, attendait au cinquième, au troisième, et,<br />

d’étage en étage, descendait tous les étages. S’il avait dépassé le cinquième<br />

à l’instant où elle ouvrait sa porte, elle avait un planton à sa porte,<br />

comme un planton est de garde à la porte d’un Colonel. C’était un planton<br />

de plus ou moins d’endurance. Il y en avait de naïfs et de timides, qui ne<br />

frappaient qu’une fois, de façon discrète. D’autres frappaient à la volée,<br />

en télégraphistes. Le plus habile avait attendu plus d’une heure sur le palier,<br />

puis il avait crié d’une voix neutre, comme on crie dans un escalier :<br />

« Personne au septième ?» Le plus timide était resté une nuit contre la<br />

porte et n’avait pas osé frapper. Elle l’entendait respirer derrière la porte.

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