25.06.2013 Views

La Folie - MML Savin

La Folie - MML Savin

La Folie - MML Savin

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

Chapitre XXII<br />

Un voleur d’enfant<br />

Jacques, qui avait lu, froissait le télégramme dans sa poche, le tirait<br />

de sa poche ; il avait beau le relire, cela ne changeait rien au texte du télégramme<br />

: Sillé-le-Guillaume, 14 heures 30. Oncle Poliche rappelé à<br />

Dieu. Prions pour lui. Maman.<br />

Jacques ne priait pas, mais il était gonflé d’un gros chagrin<br />

d’enfant, ce qui aurait touché l’oncle beaucoup plus qu’une prière, s’il<br />

avait pu voir. Des prières ? L’oncle devait en avoir autour de lui ! Des<br />

religieuses de plusieurs ordres, la mère, les soeurs et demi-soeurs de Jacques,<br />

l’avoué-capitaine qui avait de la religion comme un zouave, quand<br />

un zouave se met a en avoir. Et Jacques était sûr qu’ils avaient de la<br />

peine,<br />

Tout en priant, les uns plus, les autres moins, mais, à eux tous, ils<br />

ne pouvaient pas avoir autant de peine que Jacques. Ils le savaient. Le<br />

télégramme le disait à sa manière malgré le langage dévot à l’ancienne<br />

mode. Jacques était le seul à nommer son oncle <strong>La</strong> Châtelière, qui était le<br />

frère aîné de son père, Oncle Poliche. C’était un droit qu’il avait gardé.<br />

Les autres disaient l’oncle Jacques. L’adresse du télégramme parlait aussi.<br />

L’oncle répétait toujours : « Parrain, je t’ai donné mon prénom. Je te<br />

donnerai mon nom, qui est le tien. Jacques Lerrand, tant que je vivrai, si<br />

tu veux. Quand je partirai, tu seras Jacques de <strong>La</strong> Châtelière. Je te demande<br />

de porter mon nom en mémoire de moi.»

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!