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Crise financière, scandale de la Société Générale… - Le Travailleur ...

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• TC 3251 30/01/08 21:26 Page 3<br />

N°3251 - Semaine du 1er au 7 février 2008<br />

l’actu <strong>de</strong> <strong>la</strong> semaine<br />

La crise <strong>de</strong> l’argent facile<br />

<strong>Crise</strong> <strong>de</strong>s « subprimes », crise <strong>financière</strong>, « krach « boursier… Tout le mon<strong>de</strong><br />

en parle, mais sans permettre à tous <strong>de</strong> comprendre les enjeux et les<br />

implications <strong>de</strong> ce jeu financier p<strong>la</strong>nétaire.<br />

1. Tout est parti <strong>de</strong> là…<br />

Après les crises dues à l’éc<strong>la</strong>tement <strong>de</strong> <strong>la</strong> « bulle Internet » et<br />

aux attentats du 11 septembre 2001, le seul moyen que les<br />

banques centrales aient trouvé pour re<strong>la</strong>ncer l’économie a été<br />

<strong>de</strong> baisser leurs taux d’intérêt. Ces masses nouvelles d’argent<br />

en circu<strong>la</strong>tion, ce crédit plus facile d’accès et <strong>la</strong> volonté <strong>de</strong><br />

Georges W. Bush <strong>de</strong> construire « une société <strong>de</strong> propriétaires»<br />

ont posé les bases <strong>de</strong> <strong>la</strong> crise <strong>de</strong>s « subprimes».<br />

2. <strong>Le</strong> double piège <strong>de</strong>s « Subprimes »<br />

En français, on <strong>de</strong>vrait plutôt parler <strong>de</strong> crédits hypothécaires à<br />

risque. Ce sont <strong>de</strong>s crédits à taux très bas, proposés aux ménages<br />

américains mo<strong>de</strong>stes afin <strong>de</strong> financer l’achat d’un logement<br />

qu’autrement ils n’auraient jamais eu les moyens <strong>de</strong><br />

s’offrir. Mais c’est un double piège. Premièrement parce que si<br />

les taux sont bas au départ , ils sont progressifs. Et <strong>de</strong>uxièmement,<br />

parce qu’en cas <strong>de</strong> défaut <strong>de</strong> paiement pour les familles,<br />

c’est l’expulsion. Quand les mensualités ont commencé à<br />

grimper, comme en 2006 – parfois très fortement – le piège<br />

s’est refermé sur <strong>de</strong> nombreuses familles contraintes <strong>de</strong> revendre<br />

leur maison faute <strong>de</strong> pouvoir honorer les traites. Mais cet<br />

afflux <strong>de</strong> biens sur le marché immobilier a très vite provoqué<br />

<strong>la</strong> chute <strong>de</strong> celui-ci. Non seulement <strong>de</strong>s centaines <strong>de</strong> milliers<br />

d’Etats-Uniens se sont retrouvés sans toit mais les banques<br />

américaines se sont trouvées dans l’impossibilité <strong>de</strong> se rembourser.<br />

3. La réaction en chaîne<br />

Aux Etats-Unis, tout le mon<strong>de</strong> vit à crédit. Non seulement les<br />

ménages, dont le taux moyen d’en<strong>de</strong>ttement est sans commune<br />

mesure avec celui <strong>de</strong>s Français, mais aussi les entreprises,<br />

l’Etat… et les institutions <strong>financière</strong>s elles-mêmes. Ainsi,<br />

<strong>la</strong> plupart <strong>de</strong>s organismes qui proposaient <strong>de</strong>s crédits subprimes<br />

ne le faisaient pas sur leurs fonds propres mais en<br />

empruntant eux-mêmes sur le marché financier. Or, le capital<br />

aime d’autant plus prendre <strong>de</strong>s risques qu’il ne les assume pas<br />

seul : ces créances ont généralement été « titrisées », c’està-dire<br />

transformées en titre financiers, vendables et échangeables.<br />

Et ces titres furent d’autant plus facilement vendus que<br />

les taux pratiqués à l’époque, conjugués à <strong>la</strong> croissance <strong>de</strong><br />

l’immobilier, semb<strong>la</strong>ient promettre <strong>de</strong> toute façon <strong>de</strong> confortables<br />

bénéfices…<br />

4. Où sont les titres ?<br />

Ces titres ont été si bien vendus que quand le marché s’est<br />

effondré, quand les premiers organismes <strong>de</strong> prêt se sont à leur<br />

tour retrouvés en défaut <strong>de</strong> paiement, personne ne savait – ou<br />

ne vou<strong>la</strong>it dire – qui détenait ces créances <strong>de</strong>venues douteu-<br />

ses, et donc qui al<strong>la</strong>it perdre le plus gros. Il faudra d’ailleurs<br />

attendre que tous aient publié leurs comptes annuels, d’ici le<br />

printemps, pour en avoir le coeur net. En attendant, plus il<br />

<strong>de</strong>venait patent que <strong>de</strong> très grosses banques et d’importants<br />

fonds <strong>de</strong> p<strong>la</strong>cement avaient acheté <strong>de</strong> tels titres en quantité,<br />

puis l’inquiétu<strong>de</strong> <strong>de</strong>venait panique. <strong>Le</strong> risque d’effondrement<br />

<strong>de</strong> premières grosses institutions <strong>financière</strong>s a conduit les<br />

banques centrales états-uniennes (<strong>la</strong> Fed) et européenne (<strong>la</strong><br />

BCE) à soutenir leurs cours en injectant <strong>de</strong>s milliards <strong>de</strong> dol<strong>la</strong>rs<br />

et d’euros sur le marché.<br />

5. Craquements<br />

Ce<strong>la</strong> n’a pas suffi à empêcher les craquements sinistres qui, <strong>de</strong><br />

New York à Tokyo en passant par Paris ou Shanghai, ont fait<br />

trembler les bourses mondiales <strong>la</strong> semaine <strong>de</strong>rnière. A titre<br />

d’exemple, plus <strong>de</strong> 430 milliards d’euros – l’équivalent du<br />

budget <strong>de</strong> <strong>la</strong> France – se sont vo<strong>la</strong>tilisés sur les différentes p<strong>la</strong>ces<br />

boursières européennes au cours <strong>de</strong> <strong>la</strong> seule journée du 21<br />

janvier. L’importante baisse <strong>de</strong>s taux concédée par <strong>la</strong> Fed <strong>de</strong><br />

4,5% à 3,25% en quelques mois) a notamment permis aux<br />

marchés financiers <strong>de</strong> reprendre leur souffle. Mais jusqu'à<br />

quand ?<br />

Extraits du journal “La Terre”<br />

La <strong>Société</strong> Générale, une crise dans <strong>la</strong> crise<br />

Que s’est il passé à <strong>la</strong> <strong>Société</strong><br />

Générale? <strong>Le</strong>s chiffres donnent le tournis<br />

: <strong>la</strong> banque aurait perdu 7 milliards<br />

d’euros en quelques jours, un peu plus<br />

que le PNB du Sénégal ! Et ce<strong>la</strong>, du<br />

seul fait, d’un <strong>de</strong> ses employés, un petit<br />

« tra<strong>de</strong>r », Jérôme Kerviel. A 31 ans, le<br />

jeune homme – dont l’anecdote retiendra<br />

qu’il figurait sur <strong>la</strong> liste UMP aux<br />

municipales, dans sa ville <strong>de</strong> Pontl’Abbé<br />

(Finistère) – se serait livré pendant<br />

un an, sans que personne ne s’en<br />

aperçoive, à <strong>de</strong>s opérations <strong>financière</strong>s<br />

hasar<strong>de</strong>uses atteignant un montant <strong>de</strong><br />

50 milliards d’euros. Il a été mis en<br />

examen lundi pour faux et escroquerie<br />

après avoir reconnu, selon certaines<br />

sources, avoir dissimulé <strong>de</strong>s opérations<br />

à risque <strong>de</strong>puis 2005. Ces opérations<br />

auraient coûté 4,9 milliards d’euros à<br />

<strong>la</strong> banque qui s’est livrée à un amalgame<br />

curieux en annonçant au même<br />

moment avoir perdu 2 milliards dans <strong>la</strong><br />

crise <strong>de</strong>s « subprimes ». Outre les doutes<br />

quant à <strong>la</strong> possibilité même pour un<br />

simple opérateur d’engager <strong>de</strong>s som-<br />

mes aussi énormes sans complicités<br />

et/ou autorisation, <strong>la</strong> coïnci<strong>de</strong>nce soulève<br />

<strong>de</strong>s questions quant à l’exactitu<strong>de</strong><br />

<strong>de</strong>s sommes annoncées et leur répartition.<br />

Reste à espérer que l’enquête permette<br />

d’y voir plus c<strong>la</strong>ir et surtout, que<br />

les clients et employés <strong>de</strong> <strong>la</strong> banque<br />

n’aient pas à subir les conséquences <strong>de</strong><br />

ces pertes record – sans compter les<br />

risques d’OPA, <strong>la</strong> <strong>Société</strong> Générale<br />

ayant perdu <strong>la</strong> moitié <strong>de</strong> sa valeur<br />

boursière.<br />

l’édito<br />

<strong>de</strong> Jean-Jacques Cadéac<br />

En bout <strong>de</strong> chaîne,<br />

les gens…<br />

3<br />

La Bourse, les marchés financiers, les banques…tout<br />

ce<strong>la</strong> peut sembler loin. Mais ce qui<br />

vient <strong>de</strong> se passer – et ce qui va encore se passer<br />

– dans <strong>la</strong> finance aura <strong>de</strong>s répercussions sur <strong>la</strong><br />

vie <strong>de</strong> chacun. <strong>Le</strong>s banques sont au coeur du système<br />

économique. Ce sont elles qui financent les<br />

entreprises, qui accor<strong>de</strong>nt <strong>de</strong>s emprunts aux particuliers…<br />

Confrontées à <strong>de</strong> lour<strong>de</strong>s pertes, elles<br />

accor<strong>de</strong>ront plus difficilement <strong>de</strong>s crédits – en<br />

tout état <strong>de</strong> cause, elles feront payer l’argent plus<br />

cher. D’autant plus si <strong>la</strong> BCE, à <strong>la</strong> différence <strong>de</strong><br />

son homologue états-unien, s’obstine à maintenir<br />

ses propres taux à un niveau élevé en prétextant<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> lutte contre l’inf<strong>la</strong>tion, c’est-à-dire <strong>de</strong> <strong>la</strong> lutte<br />

pour préserver <strong>la</strong> valeur <strong>de</strong> <strong>la</strong> rente.<br />

De ce fait, les risques <strong>de</strong> ralentissement <strong>de</strong> l’économie<br />

sont bien réels. D’ailleurs, partout, les prévisions<br />

<strong>de</strong> croissance ont été révisées à <strong>la</strong> baisse<br />

– y compris par l’inénarrable ministre française<br />

<strong>de</strong> l’Économie, Christine Lagar<strong>de</strong>, ramenant ses<br />

espoirs pour 2008 <strong>de</strong> 2,5% à 2%, mais sans<br />

remettre pour autant en cause le choix <strong>de</strong> l’austérité<br />

budgétaire. C’est pourtant le seul levier<br />

encore à disposition <strong>de</strong>s pouvoirs politiques pour<br />

lutter contre les menaces <strong>de</strong> récession.<br />

En effet si <strong>la</strong> consommation se trouve freinée<br />

parce que les ménages éprouvent <strong>de</strong>s difficultés<br />

à accé<strong>de</strong>r au crédit – et c’est déjà le cas, semblet-il,<br />

aux Etats-Unis, en dépit du p<strong>la</strong>n <strong>de</strong> re<strong>la</strong>nce <strong>de</strong><br />

150 milliards <strong>de</strong> dol<strong>la</strong>rs annoncé par George W.<br />

Bush – l’ensemble <strong>de</strong> l’économie sera entraîné<br />

vers le bas. A l’autre bout <strong>de</strong> <strong>la</strong> chaîne, les entreprises<br />

– petites entreprises et PME en premier<br />

auront plus <strong>de</strong> mal à investir, à se développer et à<br />

créer <strong>de</strong>s emplois…<br />

C’est bel et bien le risque d’une récession, avec<br />

son cortège <strong>de</strong> chômage et <strong>de</strong> difficultés qu’il<br />

faudrait alors affronter ; Seule une re<strong>la</strong>nce vigoureuse<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> consommation par <strong>la</strong> hausse du pouvoir<br />

d’achat, assortie d’une politique industrielle<br />

privilégiant l’emploi contre <strong>la</strong> finance, permettrait<br />

<strong>de</strong> l’éviter ou, au moins, d’en limiter les conséquences.<br />

Ce n’est pas le chemin que prend le<br />

gouvernement – et ce sera, à n’en pas douter, l’un<br />

<strong>de</strong>s principaux enjeux <strong>de</strong>s prochaines élections.

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