Crise financière, scandale de la Société Générale… - Le Travailleur ...
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• TC 3251 30/01/08 23:03 Page 10<br />
10 social<br />
N°3251 - Semaine du 1er au 7 février 2008<br />
Criminalisation <strong>de</strong> l’action syndicale<br />
Un soutien important et déterminé<br />
aux 5 militants* <strong>de</strong> <strong>la</strong> CGT<br />
Un millier <strong>de</strong> manifestants<br />
a accompagné, au<br />
tribunal <strong>de</strong> Narbonne, les<br />
5 syndicalistes accusés<br />
dans le cadre <strong>de</strong> l’affaire<br />
<strong>de</strong>s ASF<br />
<strong>Le</strong>s faits<br />
L’affaire remonte au printemps 2003 : une<br />
manifestation unitaire, CGT/FO/FSU/UNSA<br />
le 22 mai, contre le projet Fillon sur les<br />
retraites, au péage autoroutier <strong>de</strong><br />
Perpignan Nord, se sol<strong>de</strong> par <strong>la</strong> menace<br />
<strong>de</strong> sanctions <strong>de</strong> 4 responsables CGT <strong>de</strong>s<br />
ASF par leur direction. <strong>Le</strong> 3 juin une tentative<br />
<strong>de</strong> négociation infructueuse, <strong>de</strong>s<br />
manifestants ( un nouveau rassemblement<br />
contre le projet Fillon est prévu ce jour au<br />
péage autoroutier <strong>de</strong> Narbonne) qui envahissent<br />
les locaux <strong>de</strong>s ASF <strong>de</strong> Narbonne<br />
pour exiger <strong>la</strong> levée <strong>de</strong>s sanctions, <strong>la</strong> tension<br />
monte, débor<strong>de</strong>ment, les forces <strong>de</strong><br />
police à l’appel du Directeur régional délogent<br />
les manifestants…. Après <strong>de</strong> multiples<br />
procédures, licenciements, mutations<br />
disciplinaires, <strong>la</strong> Direction perd ses procès<br />
tant aux prud’hommes qu’au pénal. Pour<br />
autant les dirigeants <strong>de</strong>s ASF « intensifient<br />
leur acharnement contre <strong>la</strong> CGT et<br />
vont se saisir <strong>de</strong>s événements du 3 juin<br />
2003 dans leurs locaux pour déposer<br />
p<strong>la</strong>inte <strong>de</strong>vant le procureur <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
République » et l’affaire est renvoyée<br />
<strong>de</strong>vant le tribunal correctionnel <strong>de</strong><br />
Narbonne.<br />
<strong>Le</strong>s manifestants <strong>de</strong>vant le tribunal <strong>de</strong> Narbonne<br />
De g. à d.: Georges Athiel, Bérengère Gauby, Thierry Labelle, Frédéric Andreux, Philippe Ga<strong>la</strong>no et Gilles Perissinoti<br />
« Un soutien sans faille et puissant aux 5<br />
militants syndicalistes » convoqués, vendredi<br />
25 janvier au tribunal <strong>de</strong><br />
Narbonne, c’est ce qu’avaient souhaité<br />
les responsables CGT <strong>de</strong>s PO mais aussi<br />
<strong>de</strong> l’Hérault, du Gard, <strong>de</strong> l’Au<strong>de</strong> jusqu’au<br />
département <strong>de</strong>s Bouches-du-Rhône et<br />
il le fut tant par le nombre <strong>de</strong> manifestants<br />
mobilisés que par <strong>la</strong> force tranquille<br />
du rassemblement. Plusieurs centaines<br />
<strong>de</strong> personnes venues par cars, voitures,<br />
trains. Seule une soixantaine pénétrera<br />
dans <strong>la</strong> salle d’audience rapi<strong>de</strong>ment remplie,<br />
une manifestation silencieuse s’organise<br />
alors dans les rues <strong>de</strong> Narbonne,<br />
au centre commercial <strong>de</strong> Carrefour puis<br />
retour au tribunal et prises <strong>de</strong> paroles <strong>de</strong><br />
<strong>la</strong> CGT, FO, FSU.<br />
Séquestration ?<br />
La matinée est consacrée à l’écoute <strong>de</strong>s<br />
p<strong>la</strong>ignants : le directeur régional, son<br />
adjoint, le DRH et <strong>la</strong> secrétaire <strong>de</strong> direction.<br />
Ils évoquent leur « gran<strong>de</strong> peur »,<br />
«leur psychose <strong>de</strong>vant <strong>la</strong> menace <strong>de</strong><br />
mort », « leur inquiétu<strong>de</strong> <strong>de</strong> se voir passer<br />
par <strong>la</strong> fenêtre », se disent « séquestrés<br />
», mais à <strong>la</strong> question <strong>de</strong> <strong>la</strong> prési<strong>de</strong>nte<br />
Sylvie Duez « avez-vous manifesté<br />
le souhait <strong>de</strong> sortir <strong>de</strong> votre bureau ? ».<br />
La réponse « il y avait beaucoup <strong>de</strong><br />
mon<strong>de</strong> ! » <strong>la</strong>isse perplexe. L’huissier sollicité<br />
par <strong>la</strong> Direction est lui aussi<br />
entendu, il se souvient « avoir monté les<br />
marches et <strong>de</strong>vant lui, une foule <strong>de</strong>nse,<br />
Philippe Ga<strong>la</strong>no en tête », il dit connaître<br />
celui-ci, et pour autant, il ne le reconnaît<br />
pas parmi les prévenus ! Puis c’est au<br />
tour <strong>de</strong>s syndicalistes d’être interrogés.<br />
Pour eux « en aucun moment les p<strong>la</strong>ignants<br />
ont manifesté le désir <strong>de</strong> sortir ».<br />
Et toute <strong>la</strong> question est là !<br />
«Nous ne sommes pas<br />
<strong>de</strong>s voyous », « je ne suis<br />
pas un chef <strong>de</strong> ban<strong>de</strong> »<br />
A <strong>la</strong> barre, les prévenus expliquent dans<br />
quel contexte politique ces événements<br />
ont eu lieu : le climat social tendu et<br />
dégradé, le rôle <strong>de</strong> <strong>la</strong> CGT dans cette<br />
entreprise privatisée, « on ne parle pas<br />
du conflit permanent <strong>de</strong>s ASF avec <strong>la</strong><br />
CGT » souligne Philippe Ga<strong>la</strong>no. « Je ne<br />
suis pas un chef <strong>de</strong> ban<strong>de</strong> » s’insurge<br />
Thierry Labelle, « nous ne sommes pas<br />
<strong>de</strong>s voyous ». « On était là pour <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r<br />
<strong>la</strong> levée <strong>de</strong>s sanctions, humainement<br />
ça peut se comprendre » précise<br />
Georges Athiel, « <strong>la</strong> CGT a condamné les<br />
dégradations faites ». Philippe Ga<strong>la</strong>no<br />
parle <strong>de</strong> « pourrissement <strong>de</strong> <strong>la</strong> situation<br />
par <strong>la</strong> Direction <strong>de</strong>s ASF ». <strong>Le</strong> témoignage<br />
du major <strong>de</strong> gendarmerie, appelé<br />
en renfort est tout autre, « rien n’a été<br />
maîtrisé », P. Ga<strong>la</strong>no est montré du<br />
doigt. Sa déposition tranche avec celle<br />
du policier <strong>de</strong>s Renseignements généraux<br />
qui posément explique le rôle <strong>de</strong> P.<br />
Ga<strong>la</strong>no, « il était mon interlocuteur réfé-<br />
rent dans le conflit <strong>de</strong>s ASF, il a été un<br />
modérateur, et j’ai pu, avec lui, organiser<br />
une sortie <strong>de</strong> crise, une délégation <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
CGT a pu rencontré le préfet ».<br />
<strong>Le</strong>s p<strong>la</strong>idoiries<br />
Si pour les avocats <strong>de</strong>s ASF, <strong>la</strong> séquestration<br />
est un fait établi, ils mettent l’accent<br />
sur <strong>la</strong> souffrance <strong>de</strong>s p<strong>la</strong>ignants. Quant à<br />
l’avocat <strong>de</strong> <strong>la</strong> défense, Maître Tuffet, il<br />
<strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>la</strong> re<strong>la</strong>xe <strong>de</strong>s 5 prévenus. Sa<br />
p<strong>la</strong>idoirie porte sur l’acharnement du<br />
directeur régional <strong>de</strong>s ASF vis-à-vis <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
CGT, n’est-il pas écrit dans le document<br />
découvert dans le bureau du directeur,<br />
qu’ « il est important <strong>de</strong> favoriser <strong>la</strong> non<br />
élection <strong>de</strong>s représentants CGT aux futures<br />
élections professionnelles » ! <strong>Le</strong> procureur<br />
<strong>de</strong> <strong>la</strong> République requiert 3 mois<br />
avec sursis pour P. Ga<strong>la</strong>no, 2 mois pour<br />
B. Gauby, 1500 euros d’amen<strong>de</strong> pour G.<br />
Athiel et F Andreux et <strong>la</strong> re<strong>la</strong>xe pour T.<br />
Labelle. Délibéré le 15 février<br />
Michèle Devaux<br />
*<strong>Le</strong>s poursuites : séquestration (Frédéric<br />
Andreux cheminot <strong>de</strong> Narbonne) à<br />
<strong>la</strong>quelle s’ajoutent enlèvement (Thierry<br />
Labelle SG <strong>de</strong> l’UD), recel <strong>de</strong> documents<br />
(Georges Athiel ancien SG <strong>de</strong> l’UD), vol,<br />
recel <strong>de</strong> documents confi<strong>de</strong>ntiels,<br />
menaces <strong>de</strong> violence (Philippe Ga<strong>la</strong>no<br />
ancien délégué syndical central <strong>de</strong>s<br />
ASF), menace <strong>de</strong> mort (Bérengère<br />
Gauby fille <strong>de</strong> Gérard Gauby).