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320 – La Tres Sainte Eucharistie - Knights of Columbus, Supreme ...

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VVERITAS<br />

<strong>La</strong> Très <strong>Sainte</strong> <strong>Eucharistie</strong><br />

Le Père Bernard Mulcahy, O.P.


<strong>La</strong> série Veritas est dédiée à l’abbé McGivney<br />

(1852-1890), prêtre de Jésus Christ et fondateur<br />

des Chevaliers de Colomb.


Les Chevaliers de Colomb présentent<br />

<strong>La</strong> Série Veritas<br />

« Proclamer la foi au cours du troisième millénaire »<br />

<strong>La</strong> Très <strong>Sainte</strong> <strong>Eucharistie</strong><br />

PAR<br />

LE PÈRE BERNARD MULCAHY,O.P.<br />

Collection dirigée par<br />

le père Juan-Diego Brunetta, O.P.<br />

Directeur du Service d’Information Catholique<br />

Conseil Suprême des Chevaliers de Colomb


Nihil obstat<br />

Censor Deputatus<br />

Mgr <strong>La</strong>urence R. Bronkiewicz, S.T.D.<br />

Imprimatur<br />

Mgr William E. Lori, S.T.D.<br />

Évêque de Bridgeport, Connecticut<br />

7 juin 2006<br />

Le Nihil Obstat et l’Imprimatur sont des déclarations <strong>of</strong>ficielles qu’un livre ou un dépliant est libre<br />

d’erreurs doctrinales ou morales. Ces déclarations ne sous-entendent pas que les personnes qui ont<br />

accordé le Nihil Obstat et l’Imprimatur sont en accord avec le contenu, les opinions ou les<br />

déclarations exprimés.<br />

Copyright © 2008 par le Conseil Suprême des Chevaliers de Colomb. Tous droits réservés.<br />

Couverture : Fra Angelico (ca.1387-1455), <strong>La</strong> Dernière Scène. Museo di San Marco, Florence, Italie.<br />

© Erich Lessing/Art Resource, New York.<br />

Toute représentation, transmission ou reproduction intégrale ou partielle de ce livre, sous quelque<br />

forme ou par quelque moyen que ce soit, électronique, mécanique, photographique, magnétique,<br />

numérique ou tout autre, sans l’autorisation écrite de l’éditeur, est strictement interdite.<br />

Communiquer par écrit avec :<br />

<strong>Knights</strong> <strong>of</strong> <strong>Columbus</strong> <strong>Supreme</strong> Council<br />

Catholic Information Service<br />

PO Box 1971<br />

New Haven, CT 06521-1971 USA<br />

www.k<strong>of</strong>c.org/informationcatholique<br />

cis@k<strong>of</strong>c.org<br />

Téléphone : 203-752-4267<br />

Télécopieur : 203-752-4018<br />

Imprimé aux États-Unis d’Amérique


TABLE GÉNÉRALE<br />

Terminologie et point de vue . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5<br />

Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6<br />

Première partie : Le Banquet Eucharistique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12<br />

Deuxième partie : L’<strong>Eucharistie</strong>, Le Véritable Sacrifice du Christ. . . . . 19<br />

Le Sacrifice Suprême. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22<br />

Troisième partie : <strong>La</strong> Réception de L’<strong>Eucharistie</strong> . . . . . . . . . . . . . . . . . 27<br />

Bibliographie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34<br />

Lectures conseillées . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35<br />

Au sujet de l’auteur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 36


TERMINOLOGIE ET POINT DE VUE<br />

L’Église catholique, dite une, sainte, catholique et apostolique, est<br />

constituée d’une communion de croyants issus de 21 Églises caractérisées<br />

par leur adhésion à une forme particulière d’élaboration théologique, de<br />

pratique liturgique, de vie spirituelle et de droit canonique. Chacune des<br />

21 Églises reste attachée à la discipline de la foi et fidèle à la vérité révélée.<br />

Bien que le plus grand nombre de catholiques appartienne à l’Église<br />

latine, plusieurs Églises orientales, moins nombreuses, sont également<br />

catholiques et font donc partie de l’Église universelle : parmi celles-ci, il<br />

y a l’Église maronite (Libanais catholiques), l’Église byzantine composée<br />

des Églises ruthénienne, ukrainienne, melkite et autres, l’Église<br />

arménienne, l’Église syrienne et l’Église copte (Égyptiens catholiques).<br />

Chacune de ces différentes Églises est en pleine communion avec l’évêque<br />

de Rome, le pape, et les catholiques de rite latin peuvent célébrer<br />

validement leurs sacrements. Sauf pour les maronites, les Églises orientales<br />

ont une église orthodoxe s?ur. Pour des motifs relevant de la simplicité, la<br />

présente brochure a recours à la terminologie commune aux catholiques de<br />

rite latin. Par exemple, nous parlerons de la « messe » pour signifier la<br />

liturgie eucharistique, bien que la plupart des catholiques de rite oriental<br />

disent plutôt la « divine liturgie ». Dans l’Église latine, le terme de<br />

« sacrement » est utilisé tandis que les catholiques de rite oriental diront<br />

« mystère ». De même, la plupart des descriptions propres au rituel se<br />

rapporteront aux pratiques du rite latin, celui-ci étant le plus en usage aux<br />

États-Unis et au Canada.<br />

Dans cette série de livrets, le numéro 342, intitulé The Eastern<br />

Churches (Les Églises orientales), donne un aperçu de l’histoire et du<br />

patrimoine féconds des Églises catholiques orientales.<br />

- 5-


INTRODUCTION<br />

À un moment précis de la messe catholique, le prêtre invite<br />

l’assemblée en disant : « Élevons notre cœur », en latin Sursum Corda. Et<br />

les fidèles répondent : « Nous le tournons vers le Seigneur ».<br />

Quand il s’agit de Dieu et des choses de Dieu, même les croyants<br />

doivent se faire rappeler : « Élevons notre cœur ». En effet, tant nos cœurs<br />

que nos esprits, c’est triste à avouer, sont enclins de se laisser aller pour<br />

s’accommoder non pas à Dieu, mais plutôt aux champs d’intérêt et aux<br />

exigences de la chair et de la vie terrestre. En réfléchissant sur la sainte<br />

<strong>Eucharistie</strong>, surtout durant la messe et lorsque nous communions, nous<br />

devons faire tout notre possible, moyennant le secours de Dieu, pour<br />

tourner les tendances de nos cœurs vers le sommet de l’action du Dieu.<br />

Avant de tourner notre attention vers les gestes de Dieu, nous nous<br />

devons de nous arrêter sur le Très-Haut lui-même. Dieu se suffit à luimême.<br />

Il n’a besoin de rien et aucune créature ne peut menacer ou lui<br />

enlever le bonheur du Créateur. Toujours et pour l’éternité, Dieu est Père<br />

de son divin Fils éternel et, avec son Fils, la source de l’Esprit Saint. De<br />

concert l’un avec l’autre, le Père et le Fils et l’Esprit Saint vivent en<br />

perfection sans fin de beauté, amour, sainteté, unité et vérité.<br />

Puisque Dieu n’avait aucun besoin de créer, il s’ensuit qu’il a fait<br />

l’univers grâce à sa bonté, sa liberté et sa générosité. De plus, il ne s’est<br />

pas restreint à créer les étoiles, les planètes et les animaux, mais il a choisi<br />

aussi de créer des personnes pour partager sa propre vie divine et son<br />

bonheur infini. Il créa ces personnes en deux espèces, les anges et les êtres<br />

humains. Dieu fit en sorte que les anges et nous-mêmes puissions recevoir<br />

de lui le don (ou la grâce) de le connaître et de le servir, d’habiter avec lui<br />

et de participer à sa propre vie et joie divines.<br />

Toutefois, la création pure et simple des anges et des êtres humains<br />

n’a pas le même effet que de les amener à l’infinité et la perfection de la<br />

vie divine. De fait, nous savons que, une fois créés, l’être humain<br />

(représenté par nos premiers parents, que l’Écriture sainte nomme Adam<br />

et Ève) et quelques anges également, sont « tombés » à cause de leur<br />

péché. Pour ce qui est de l’être humain, il en résulta qu’il se trouva éloigné<br />

- 6-


de Dieu, plongé dans une importante perturbation du bon ordre dans<br />

lequel nos corps et nos âmes avaient été créés. Depuis lors, nous vivons des<br />

conséquences de cette chute — péché, vice, passions déréglées, oubli de<br />

Dieu, souffrance, maladie et mort.<br />

Puisque Dieu connaît tout, notre chute ne le prit certainement pas<br />

par surprise. Nous pourrions même être tentés de nous demander :<br />

« Pourquoi ne nous a-t-il pas arrêtés? » Certes, nous serions laissés à<br />

réfléchir à toutes ces choses, si Dieu n’avait pas, dans la plénitude des<br />

temps, commencé à se révéler de nouveau et à procéder non seulement à<br />

une restauration de l’être humain déchu, mais encore à une nouvelle<br />

exaltation de l’être humain non encore imaginée. Peu importe le bonheur<br />

qu’eurent connu Adam et Ève avant leur péché et ses affreuses<br />

conséquences, leur bonheur ne se compare en rien aux bénédictions, à la<br />

joie et à la gloire dont Dieu lui-même a décidé de nous combler en Jésus<br />

Christ. À vrai dire, Dieu lui-même ne pouvait arriver à nous <strong>of</strong>frir un don<br />

plus grand ou nous mener à une vie plus élevée, que ce qui nous est<br />

accordé dans le Christ : étant unis au Seigneur Jésus, non seulement nos<br />

péchés sont-ils pardonnés et nous en sommes purifiés. Il y a plus encore.<br />

Nous sommes rendus dignes de partager réellement la vie divine même de<br />

Dieu. Dieu le Père nous invite à entrer dans la <strong>Sainte</strong> Trinité par son Fils<br />

éternel qui « s’est fait humain pour que les êtres humains puissent devenir<br />

Dieu », comme le déclare saint Augustin. Dieu nous <strong>of</strong>fre de devenir<br />

membre de son Fils éternel et, ce faisant, il s’<strong>of</strong>fre Lui-même à nous, rien<br />

de moins.<br />

Tout comme il n’était pas possible d’imaginer totalement d’avance<br />

la grandeur de la générosité divine, aussi était-il impossible d’anticiper les<br />

merveilleuses façons dont il s’est pris pour en arriver à réaliser son projet.<br />

Comme nous le savons, après des siècles de préparation à se doter d’une<br />

nation choisie, le peuple juif, Dieu a envoyé son Fils unique dans le<br />

monde. Comme nous l’affirmons dans le Symbole des apôtres, le Fils<br />

éternel « a été conçu du Saint-Esprit, est né de la Vierge Marie, a souffert<br />

sous Ponce Pilate, a été crucifié, est mort et a été enseveli, est descendu<br />

aux enfers, le troisième jour est ressuscité des morts, est monté aux cieux,<br />

est assis à droite de Dieu le Père tout-puissant, d’où il viendra juger les<br />

vivants et les morts ».<br />

- 7


Jusqu’ici, nous avons examiné deux réalités. D’abord, Dieu s’est<br />

donné un plan pour mener les créatures (que nous sommes) dans une<br />

étonnante intimité avec lui. Ensuite, ce plan se réalise grâce à la vie, la<br />

mort et la résurrection de Jésus Christ, lui, l’éternel Fils de Dieu venu<br />

parmi nous comme homme parfait. Maintenant, nous nous tournons vers<br />

les sacrements pour comprendre précisément comment l’action salvatrice<br />

de Jésus Christ se fait présente, concrètement, à nous en notre temps et en<br />

nos lieux.<br />

Avant sa mort, Jésus Christ s’est associé des disciples, parmi lesquels<br />

surtout, les Douze Apôtres. À ces hommes choisis, le Christ a confié la<br />

mission de prêcher l’Évangile et de gouverner ses disciples (c’est-à-dire,<br />

son Église). Toutefois, et qui relève davantage du mystère, il leur a confié<br />

son œuvre de sanctification, soit de répandre les grâces de la vie divine sur<br />

les croyants. Pour ne citer qu’un exemple, nous pouvons constater cette<br />

mission confiée aux Apôtres à la fin de l’Évangile de saint Matthieu, où<br />

nous trouvons :<br />

Jésus s’approcha d’eux et leur adressa ces paroles : « Tout pouvoir<br />

m’a été donné au ciel et sur la terre. Allez donc! De toutes les nations<br />

faites des disciples, baptisez-les au nom du Père, et du Fils, et du<br />

Saint-Esprit; et apprenez-leur à garder tous les commandements que<br />

je vous ai donnés. Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la<br />

fin du monde. » (Matthieu 28, 18-20)<br />

Il est remarquable que le Seigneur n’ait pas envoyé ses Apôtres<br />

seulement pour prêcher au monde entier et, sous son autorité divine,<br />

instruire les gens. Il les a envoyés également, munis de nouveaux moyens<br />

de prière, de bénédiction et de consécration — le Baptême, comme on<br />

peut le constater dans le passage ci-dessus, et aussi les autres sacrements<br />

que le Christ a confiés à ses disciples.<br />

En tout, Jésus Christ a légué sept sacrements à son Église. Grâce aux<br />

sacrements, l’Esprit Saint rend présente et agissante en nous l’action<br />

salvatrice de Jésus Christ. Voici la liste des sept sacrements et quelques<br />

textes bibliques qui les corroborent :<br />

- 8-


Le Baptême (Matthieu 28, 19)<br />

<strong>La</strong> Confirmation (Apôtres 8,17; 19, 6)<br />

L’<strong>Eucharistie</strong> (Luc 22, 19)<br />

Le Pardon (Jean 20, 23)<br />

Le Mariage (Éphésiens 5, 25; Matthieu 19, 3-9)<br />

L’Onction des malades (Jacques 5, 14ss)<br />

L’Ordre (2 Timothée 1,6; 2,2)<br />

Le Seigneur Jésus a légué ces sacrements à l’Église comme moyens<br />

privilégiés par lesquels il agirait lui-même dans le monde entre le moment<br />

de son ascension dans le ciel et son retour dans la gloire à la fin du monde.<br />

Dans chacun des sacrements, c’est le Christ qui agit par l’entremise<br />

naturelle et visible de ses ministres. Les sacrements ne dépendent pas de<br />

la sainteté du ministre terrestre pour agir, bien que quiconque les reçoit<br />

sans le respect qui leur est dû en diminue les fruits.<br />

Parmi les sacrements, six confèrent des dons spirituels particuliers :<br />

la renaissance spirituelle (le Baptême), l’effusion particulière de l’Esprit<br />

Saint (la Confirmation), le pardon des péchés commis après le Baptême (la<br />

Pénitence, appelée aussi Confession ou Réconciliation), l’union d’un<br />

homme et d’une femme pour la vie (le Mariage), l’augmentation des forces<br />

spirituelles des personnes en danger de mort pour cause de maladie et<br />

d’âge avancé (l’Onction de malades), et la consécration à l’autorité sacrée<br />

d’enseigner, de gouverner et de bénir dans l’Église (l’Ordre).<br />

L’<strong>Eucharistie</strong>, le septième sacrement, diffère des six autres en ce qu’il<br />

n’est pas seulement un moyen par lequel le Christ agit pour produire un<br />

effet. L’<strong>Eucharistie</strong> contient et nous livre plutôt Jésus Christ lui-même,<br />

dans sa réalité totale de Dieu et d’homme. Dans l’<strong>Eucharistie</strong>, le Christ est<br />

présent en substance, c’est-à-dire dans l’être plénier et vrai de sa divinité<br />

et de son humanité — sa chair et son sang corporels, son âme humaine.<br />

L’<strong>Eucharistie</strong> ne fait pas que symboliser le Christ, nous rappeler le Christ<br />

ou encore représenter le Christ : l’<strong>Eucharistie</strong>, c’est le Christ, dans la<br />

perfection de sa présence corporelle.<br />

Comment pouvons-nous affirmer que l’<strong>Eucharistie</strong>, c’est Jésus<br />

Christ? Qu’est-ce que cela signifie et comment pouvons-nous de découvrir<br />

- 9-


dans l’Écriture? Comme guide dans notre recherche sur cette question,<br />

nous aurons recours au saint qui, peut-être, est le plus grand théologien de<br />

l’<strong>Eucharistie</strong> : saint Thomas d’Aquin (1225 <strong>–</strong> 1274), membre de l’ordre<br />

des prêcheurs (les Dominicains), homme de grande sainteté et l’un des<br />

penseurs les plus brillants qu’ait connu l’Église.<br />

Thomas d’Aquin n’a pas qu’écrit des livres de théologie, il composa<br />

également des hymnes. De fait, au début des années 1260, le pape Urbain IV<br />

demanda à saint Thomas de composer un ensemble de prières pour la fête<br />

du Saint-Sacrement du Corps et du Sang du Christ (la Fête-Dieu), le jour où<br />

l’Église célèbre la présence réelle de Jésus Christ dans l’<strong>Eucharistie</strong>. Il en<br />

résulta une collection d’hymnes qui, en plus d’être très belles, est riche en<br />

vraie foi et doctrine. Les hymnes sont si exceptionnels que l’Église les<br />

conserve précieusement depuis lors, et dans chacun d’eux se trouve un<br />

admirable résumé de ce que les catholiques croient sur la <strong>Sainte</strong> <strong>Eucharistie</strong>.<br />

Ce petit livret est aussi publié dans le but de résumer les croyances<br />

de l’Église en ce qui concerne l’<strong>Eucharistie</strong>. En suivant les traces de saint<br />

Thomas d’Aquin, notre explication récapitulera l’hymne qu’il a écrit pour<br />

le chant de la première heure de la Fête du Saint-Sacrement. Cet hymne a<br />

comme titre les deux premiers mots de sa version latine originelle, Sacris<br />

sollemnis. 1 En voici une version française.<br />

Qu’à ces saintes solennités répondent les transports de joie,<br />

Et que du fond des cœurs résonne la louange :<br />

Loin de nous le vieil homme et que tout soit nouveau :<br />

Les cœurs, les voix, les œuvres.<br />

Le mystère de cette fête, c’est le banquet suprême de la nuit<br />

Où le Christ, comme nous le croyons,<br />

Commença par servir à ses frères l’agneau et les azymes,<br />

Pour accomplir la loi jadis octroyée à leurs pères.<br />

1 Saint Thomas d’Aquin, Sacris Sollemnis, Hymne du matin de la fête du Christ-Roi.<br />

Traduction française, Paroissien romain contenant la messe et les vêpres des dimanches et<br />

principales fêtes avec traduction de textes, Société de saint Jean l’Évangéliste, Desclée & Cie,<br />

Paris, Tournai, Rome, 1952.<br />

- 10 -


Puis, après la figure, à la fin du repas,<br />

Son propre corps qu’il donna de ses mains,<br />

Ainsi que nous le confessons, lui, le Seigneur, à ses disciples,<br />

Tout entier à tous, tout entier à chacun.<br />

À leur faiblesse, il donna son corps en nourriture;<br />

À leur tristesse, il donna son sang comme breuvage, disant :<br />

Prenez la coupe que voici, et puis, buvez-en tous.<br />

Ainsi fut institué par lui ce sacrifice,<br />

Dont il lui plut de ne confier la charge<br />

Qu’à ses seuls prêtres, auxquels il appartient<br />

De prendre et de donner aux autres.<br />

Ainsi, le pain des anges devient le pain des hommes;<br />

Ainsi, le pain de ciel accomplit les figures;<br />

Ainsi, l’homme, ô merveille, dans sa pauvreté<br />

Sa sujétion, sa bassesse, se nourrit du Seigneur.<br />

Ô Dieu de l’unité, Dieu de la Trinité, venez à nous par votre grâce,<br />

Ô vous l’objet de notre culte; conduisez-nous, par vos sentiers<br />

Au terme où nous tendons à la lumière, votre lieu de séjour.<br />

Amen.<br />

Pour nous guider à travers les trois notions vitales de la foi<br />

eucharistique de l’Église, nous réunirons chacun de ces sept couplets en<br />

groupe de trois. D’abord, nous nous arrêterons sur les deux premiers et<br />

nous examinerons l’<strong>Eucharistie</strong> en tant que festin, comme Pâque nouvelle<br />

et authentique. Ensuite, nous développerons les trois couplets suivants<br />

pour constater que l’<strong>Eucharistie</strong> constitue le Corps et le Sang de Jésus<br />

Christ — réellement, et non seulement comme symbole ou comme figure.<br />

En même temps, nous verrons pourquoi l’Église dit de l’<strong>Eucharistie</strong><br />

qu’elle est sacrifice. Enfin, nous prendrons les couplets six et sept de notre<br />

hymne pour réfléchir sur les motifs qui nous amènent à partager<br />

l’<strong>Eucharistie</strong>. Ces derniers couplets sont certes les mieux connus de cet<br />

hymne, puisqu’ils forment les paroles du Panis Angelicus, prière qui, au<br />

cours des siècles, a été mise en musique par des douzaines de<br />

compositeurs.<br />

- 11 -


Première partie<br />

LE BANDQUET EUCHARISTIQUE<br />

Qu’à ces saintes solennités répondent les transports de joie,<br />

Et que du fond des cœurs résonne la louange :<br />

Loin de nous le vieil homme et que tout soit nouveau :<br />

Les cœurs, les voix, les œuvres.<br />

Le mystère de cette fête, c’est le banquet suprême de la nuit<br />

Où le Christ, comme nous le croyons,<br />

Commença par servir à ses frères l’agneau et les azymes,<br />

Pour accomplir la loi jadis octroyée à leurs pères.<br />

L’<strong>Eucharistie</strong> est célébrée en tant que festin, comme un repas rituel,<br />

solennel. C’est un aspect qui est clair, même pour le non-croyant qui se<br />

rend à l’église simplement pour observer. Évidemment, il y a le prêtre : un<br />

homme portant des vêtements étranges qui semble présider toute<br />

l’activité; après quelques lectures et peut-être une homélie, celui-ci se rend<br />

à l’autel (qui ressemble plus ou moins à une table) et après avoir récité<br />

diverses prières et fait quelques gestes, il distribue aux gens ce qui<br />

ressemble simplement à du pain et du vin. Cela est suivi d’autres prières<br />

et tout le monde retourne à la maison. N’importe qui peut deviner que<br />

c’est cette nourriture que les gens étaient venus chercher.<br />

Bien que superficiel, le point de vue de ce non-initié sur<br />

l’<strong>Eucharistie</strong> n’est pas tout à fait inexact. En effet, l’<strong>Eucharistie</strong> est bel et<br />

bien un banquet au cours duquel se consomment du pain et du vin.<br />

Pourtant, la réalité de ce qui se passe dépasse largement toute apparence<br />

visible à l’œil nue.<br />

L’hymne que nous examinons nous donne un indice nous<br />

permettant de découvrir comment l’<strong>Eucharistie</strong> délaisse « la loi jadis<br />

octroyée à leurs pères » pour « servir à ses frères l’agneau et les azymes ».<br />

Il suffit de connaître un peu la religion juive pour reconnaître cette<br />

allusion à la plus grande fête de l’Ancien Testament : la Pâque, au cours<br />

de laquelle Dieu libéra les enfants d’Israël de l’esclavage d’Égypte.<br />

Nombreux sont les liens entre l’<strong>Eucharistie</strong> et les alliances et les<br />

sacrifices de l’Ancien Testament. Commençons par la mention de l’agneau<br />

- 12 -


sacrificiel. En scrutant l’Écriture, nous découvrons que l’agneau est<br />

l’animal de prédilection pour le sacrifice <strong>of</strong>fert à Dieu. En Genèse 4, 2,<br />

nous voyons que Abel (le deuxième fils d’Adam et Ève) plut à Dieu en lui<br />

<strong>of</strong>frant en sacrifice le premier-né des moutons. Plus tard au cours de<br />

l’Ancien Testament, quand Abraham fait preuve de vouloir obéir à Dieu<br />

en <strong>of</strong>frant en sacrifice son fils unique, Isaac, il prophétisa en disant : « Dieu<br />

saura bien trouver l’agneau pour l’holocauste » (Genèse 22, 8). Et au cours<br />

des siècles, le peuple juif a suivi les ordres de Dieu en sacrifiant à Dieu des<br />

agneaux — parmi d’autres animaux. 2<br />

Toutefois, la mention la plus importante aux agneaux dans l’Ancien<br />

Testament se trouve dans le récit de la Pâque. C’est aussi le passage où le<br />

sacrifice d’un agneau inclut également les « pains sans levain » ou pains<br />

azymes, c’est-à-dire, dont la pâte ne lève pas. <strong>La</strong> Pâque eut lieu en cette<br />

nuit où Dieu libéra les Israélites en les faisant sortir de la terre d’Égypte.<br />

Cette nuit-là, Dieu envoya son ange pour tuer les premiers-nés des<br />

Égyptiens. Par l’intermédiaire de Moïse, cependant, Dieu ordonna aux<br />

Israélites de partager un repas de sacrifice qui assurerait la survie de leurs<br />

fils premiers-nés et renforcerait le peuple dans leur fuite empressée<br />

d’Égypte. Voici le commandement que Dieu leur donna tel que raconté<br />

dans le livre de l’Exode :<br />

[Le Seigneur dit à Moïse :] « Parlez ainsi à toute la communauté<br />

d’Israël : le dix de ce mois, que l’on prenne un agneau par famille,<br />

un agneau par maison. Si la maisonnée est trop peu nombreuse pour<br />

un agneau, elle le prendra avec son voisin le plus proche, selon le<br />

nombre des personnes. Vous choisirez l’agneau d’après ce que<br />

chacun peut manger. Ce sera un agneau sans défaut, un mâle, âgé<br />

d’un an. Vous prendrez un agneau ou un chevreau. Vous le garderez<br />

jusqu’au quatorzième jour du mois. Dans toute l’assemblée de la<br />

communauté d’Israël, on l’immolera au coucher du soleil. On<br />

prendra du sang, que l’on mettra sur les deux montants et sur le<br />

linteau des maisons où on le mangera. On mangera sa chair cette<br />

2 Voir, par exemple : Lévitique 3, 7; 5, 6; 14, 10-25; 23, 12-19; Nombres 6, 12-14; 7,<br />

15-81; 15, 5; 28, 7-29, 15; 1 Chroniques 29, 21; 2Ch 29, 21-32; Esdras 6, 9; Isaïe 1,<br />

11, 34, 6; Ézéchiel 46, 4-15; Daniel 3, 40.<br />

- 13 -


nuit-là, on la mangera rôtie au feu, avec des pains sans levain et des<br />

herbes amères. Vous n’en mangerez aucun morceau qui soit à moitié<br />

cuit ou qui soit bouilli; tout sera rôti au feu, y compris la tête, les<br />

jarrets et les entrailles. Vous n’en garderez rien pour le lendemain;<br />

ce qui resterait pour le lendemain, vous le détruirez en le brûlant.<br />

Vous mangerez ainsi : la ceinture aux reins, les sandales aux pieds,<br />

le bâton à la main. Vous mangerez en toute hâte : c’est la Pâque du<br />

Seigneur…<br />

…Cette nuit-là, je traverserai le pays d’Égypte, je frapperai tout<br />

premier-né au pays d’Égypte, depuis les hommes jusqu’au bétail.<br />

Contre tous les dieux de l’Égypte, j’exercerai mes jugements : je suis<br />

le Seigneur. Le sang sera pour vous un signe, sur les maisons où vous<br />

serez. Je verrai le sang, et je passerai : vous ne serez pas atteints par<br />

le fléau dont je frapperai le pays d’Égypte (L’Exode 12, 3-13).<br />

<strong>La</strong> Pâque n’a pas été célébrée qu’une seule fois. Le Seigneur<br />

commanda plutôt aux Israélites d’être fidèles à la fête de la Pâque chaque<br />

année comme mémorial de l’événement originel. « Ce jour-là sera pour<br />

vous un mémorial. Vous en ferez pour le Seigneur une fête de pèlerinage.<br />

C’est une loi perpétuelle : d’âge en âge vous la fêterez » (L’Exode 12, 14).<br />

Et comme ont été frappés par le passage du Seigneur tous ceux qui n’ont<br />

pas observé la Pâque, ainsi le Seigneur dit à son peuple que lorsqu’il<br />

observerait la fête à travers les âges, quiconque n’en ferait pas l’observance<br />

« cette personne-là sera retranchée de la communauté d’Israël » (L’Exode<br />

12, 19).<br />

<strong>La</strong> raison pour laquelle il était vital que soit observée la Pâque, même<br />

après que l’événement lui-même fut passé, c’est que le « mémorial »<br />

n’était pas chose du passé dont on devait tout simplement se remémorer<br />

dans le sens ordinaire du terme. C’était plutôt que la fête commémorative<br />

de la Pâque implique que Le Seigneur se souvient de son peuple — non pas<br />

« qu’il s’en souvienne », comme s’il l’avait oublié, mais « qu’il s’en<br />

souvient » dans le sens qu’il lui est « attentif » à tout moment, qu’il pense<br />

à lui, et que, en fidélité à ses promesses d’autrefois, il agit favorablement<br />

à son égard, maintenant.<br />

- 14 -


<strong>La</strong> Pâque était un mémorial à caractère unique, puisqu’il actualisait<br />

dans le moment présent un événement passé et concrétisait un événement<br />

passé dans le présent, le rendant réel, continu et vivant à une date<br />

ultérieure. C’est pourquoi, le Seigneur a prévenu les Israélites que même<br />

après avoir quitté l’Égypte, ils devaient, d’âge en âge, expliquer le sens de<br />

la Pâque à leurs enfants, non en tant que simple symbole ou rappel de ce<br />

que le Seigneur avait fait, mais bien comme le même sacrifice, la même<br />

Pâque, la même observance, auxquels le Seigneur avait encore recours pour<br />

démarquer son peuple parmi ses voisins païens. <strong>La</strong> Pâque continuerait<br />

d’être de qu’elle avait été, et a effectué ce qu’elle avait effectué, la première<br />

fois que le peuple en avait fait l’observance. Ainsi dit le Seigneur :<br />

« Quand vous serez entrés dans le pays que le Seigneur vous donnera<br />

selon sa promesse, vous conserverez ce rite. Et quand vos fils vous<br />

demanderont : “Que signifie pour vous ce rite?” vous répondrez :<br />

“C’est le sacrifice de la Pâque en l’honneur du Seigneur” » (L’Exode<br />

12, 25-27).<br />

En tenant compte de toutes ces choses, nous pouvons nous tourner<br />

vers la Dernière Cène. Ce fut le dernier repas que le Seigneur Jésus Christ<br />

a pris avec les douze, et le dernier également avant sa mort sur la croix. Il<br />

a eu lieu dans la soirée du jeudi et il ne s’agissait pas d’un repas ordinaire<br />

puisque c’était la fête de la Pâque annuelle. Et beaucoup plus encore.<br />

Parfois, le Christ parlait d’accomplir un « exode » à Jérusalem<br />

(cf. Luc 9, 31), ce qui, à l’époque, avait peu de signification pour les<br />

disciples. En effet, on n’en doutait pas, il n’y avait eu qu’un seul exode,<br />

celui, il y a longtemps, où Moïse avait libéré Israël d’Égypte. Dans un<br />

discours plus clair, le Seigneur se mit à établir une relation entre la fête de<br />

la Pâque et sa propre mort lorsqu’il dit : « Vous savez que la Pâque arrive<br />

dans deux jours et que le Fils de l’homme va être livré pour être crucifié »<br />

(Matthieu 26, 2). Puis, lorsque le jour arriva, « les disciples vinrent dire à<br />

Jésus : “Où veux-tu que nous fassions les préparatifs de ton repas pascal?” »<br />

(Matthieu 26, 17). « Quand l’heure fut venue, Jésus se mit à table et les<br />

Apôtres avec lui. Il leur dit : “J’ai ardemment désiré manger cette Pâque<br />

avec vous avant de souffrir!” » (Luc 22, 14-15).<br />

- 15 -


Les Apôtres apprendraient bien assez tôt pourquoi Jésus avait<br />

tellement hâte de manger cette Pâque avec eux et ce qu’il signifiait quand<br />

il parlait d’un nouvel exode. En effet, à cette Pâque, la Dernière Cène, le<br />

Christ introduirait un élément nouveau et miraculeux, un élément que les<br />

anciens rites de la Pâque n’avaient que préfiguré : l’Alliance nouvelle et<br />

éternelle, la nouvelle Pâque de son sacrifice parfait. 3<br />

À la Dernière Cène, le Christ s’est révélé l’agneau du sacrifice,<br />

l’Agneau de la Pâque, de la Nouvelle Alliance. Réalités qu’avaient prédites<br />

les prophètes tout au long de l’Ancien Testament et révélées au début de la<br />

vie publique du Christ dans les paroles de saint Jean Baptiste. L’un des<br />

événements les plus mystérieux du Nouveau Testament s’est produit<br />

lorsque Jésus Christ se rend au Jourdain pour être baptisé par Jean. On y<br />

découvre le passage où Jean « voyait Jésus venir vers lui, il dit :<br />

“Voici l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde.” » (Jean 1, 29).<br />

Ce titre d’Agneau de Dieu a dû laisser perplexes ceux qui l’entendirent.<br />

Pourquoi Jean a-t-il appelé Jésus l’Agneau de Dieu? Et quel rapport ce<br />

titre avait-il avec “le péché du monde?” Le mystère n’y sera élucidé qu’à la<br />

Dernière Cène.<br />

Comme nous le révèle l’Écriture, le Christ a institué l’<strong>Eucharistie</strong><br />

après avoir mangé le repas de la Pâque avec ses douze Apôtres. C’est par la<br />

Dernière Cène, par sa passion, sa mort, sa résurrection et son Ascension<br />

dans le ciel que le Christ a fait en sorte que s’accomplissent les alliances et<br />

les promesses de l’Ancien Testament. C’est pourquoi il parle de « la<br />

nouvelle alliance en mon sang » (Luc 22, 20) et qu’il dit que son sang<br />

« sera répandu pour la multitude » (Marc 14, 24).<br />

Nous ne pouvons qu’imaginer ce que les Apôtres ont pensé de ce<br />

don reçu à la Dernière Cène puisqu’il n’est pas clair à quel point ils ont<br />

compris ce qui se passait. Il est vrai qu’ils n’auraient pas à y penser trop<br />

longtemps puisque, le soir même, Jésus serait trahi par Judas, arrêté par<br />

les autorités juives et finalement remis aux Romains. À l’aube, il a<br />

3 Le Nouveau Testament donne le récit de l’institution de l’<strong>Eucharistie</strong> en termes<br />

semblables, mais un peu différemment. Voir Matthieu 26, 26-28, Marc 14, 22-24, Luc<br />

22, 19-20 et 1 Corinthiens 11, 23-26.<br />

- 16 -


comparu devant Ponce Pilate, a été flagellé, condamné et conduit à sa<br />

crucifixion.<br />

C’est seulement le troisième jour après sa mort — le matin de<br />

Pâques — que les Apôtres commenceraient à comprendre ce que Jésus<br />

avait l’intention d’accomplir à la Dernière Cène. D’abord, ils ont dû être<br />

en même temps stupéfaits, débordants de joie et remplis de crainte.<br />

Cependant, Jésus leur apparaîtrait maintes et maintes fois au cours des<br />

quarante jours qui suivirent, les instruisant et leur faisant comprendre la<br />

vérité sur sa résurrection des morts comme un fait réel, matériel et<br />

corporel.<br />

« …Jésus lui-même était là au milieu d’eux et il leur dit : “<strong>La</strong> paix<br />

soit avec vous !” Frappés de stupeur et de crainte, ils croyaient voir<br />

un esprit. Jésus leur dit : “Pourquoi êtes-vous bouleversés ? Et<br />

pourquoi ces pensées surgissent-elles en vous ? Voyez mes mains et<br />

mes pieds : c’est bien moi ! Touchez-moi, regardez : un esprit n’a pas<br />

de chair ni d’os, et vous constatez que j’en ai.” » (Luc 24, 36-49)<br />

De l’Évangile de Jean, nous apprenons que l’Apôtre Thomas (que<br />

parfois on appelle « l’incrédule ») était absent quand le Seigneur est<br />

apparu à ses Apôtres.<br />

« Or, l’un des Douze, Thomas…n’était pas avec eux quand Jésus<br />

était venu. Les autres disciples lui disaient : “Nous avons vu le Seigneur !”<br />

Mais il leur déclara : “Si je ne vois pas dans ses mains la marque des clous,<br />

si je ne mets pas mon doigt à l’endroit des clous, si je ne mets pas la main<br />

dans son côté, non, je ne croirai pas !”<br />

Huit jours plus tard, les disciples se trouvaient de nouveau dans la<br />

maison, et Thomas était avec eux. Jésus vient, alors que les portes étaient<br />

verrouillées, et il était là au milieu d’eux. Il dit : “<strong>La</strong> paix soit avec vous !”<br />

Puis il dit à Thomas : “Avance ton doigt ici, et vois mes mains; avance ta<br />

main, et mets-la dans mon côté : cesse d’être incrédule, sois croyant.”<br />

Thomas lui dit alors : “Mon Seigneur et mon Dieu ! ” Jésus lui dit : “Parce<br />

que tu m’as vu, tu crois. Heureux ceux qui croient sans avoir vu » (Jean<br />

20, 24-29)<br />

- 17 -


Il est certain que, jusqu’au jour de la Pentecôte, les Apôtres<br />

n’avaient pas compris au juste ce qu’ils devaient faire lorsqu’ils furent<br />

« revêtus d’une force venue d’en haut » (Luc 24,49) et que l’Esprit Saint<br />

leur enseigna à comprendre l’enseignement et les instructions du Christ<br />

(cf. : Jean 16, 13). Cependant, les Apôtres ont passé la période entre<br />

Pâques et l’Ascension à découvrir la vérité sur la résurrection corporelle du<br />

Christ. Car Jésus Christ est ressuscité des morts avec son corps humain, la<br />

chair même de laquelle il était né de la Vierge Marie. Son corps n’est pas<br />

demeuré dans le tombeau et son âme humaine n’est pas entrée au ciel<br />

d’elle-même : la vérité, c’est plutôt qu’il est ressuscité, en chair et en os,<br />

dans la plénitude et la perfection de son humanité sacrée. Il ne fait aucun<br />

doute que le corps ressuscité de Jésus a été transformé (cf. 1 Corinthiens<br />

15, 42-53), de telle sorte qu’il est devenu impérissable et plus que<br />

simplement physique, tout en restant un corps véritable, mais libéré des<br />

limites de sa nature originelle.<br />

C’est seulement sous l’inspiration de l’Esprit Saint que les Apôtres<br />

ont pu rappeler et donner sens de tout ce que Jésus leur avait dit. C’est<br />

alors aussi, qu’ils ont compris ce que le Seigneur avait accompli sur la<br />

croix, et ce qu’était et ce qu’est l’<strong>Eucharistie</strong>. Comme l’explique la lettre<br />

aux Hébreux, les disciples du Christ ont compris que, dans le Christ, Dieu<br />

a rempli sa promesse d’établir « avec la maison d’Israël. Ce ne sera pas<br />

comme l’Alliance que j’ai faite avec leurs pères, le jour où je les ai pris par<br />

la main pour les faire sortir d’Égypte » (Hébreux 8, 8-9), mais plutôt une<br />

Alliance qui accomplira une libération plus grande encore et qui vous<br />

conduira dans une intimité plus grande et plus durable avec Dieu, que<br />

tout ce que put s’accomplir au cours de l’Ancien Testament. 4<br />

Le Seigneur Jésus Christ ne nous a pas délivrés de la mort éternelle<br />

et du péché n’ayant recours qu’à une action spirituelle ou simplement à<br />

une prière mentale ou à un commandement. Au contraire, il nous a sauvés<br />

en répandant son propre sang et en <strong>of</strong>frant son propre corps. Ainsi, son<br />

sacrifice fut total et global. Le Christ s’est soumis et s’est livré au Père et,<br />

en tant que prêtre, s’est <strong>of</strong>fert en sacrifice infiniment plus précieux que<br />

4 Cf. Hébreux 9, 11-26<br />

- 18 -


tout autre sacrifice : car le Christ s’est <strong>of</strong>fert lui-même. Et cette <strong>of</strong>frande<br />

de lui-même fut non seulement un acte d’obéissance, mais une <strong>of</strong>frande de<br />

sa volonté tout entière, de sa vie entière, de tout son corps et de tout son<br />

sang. Rien n’a été épargné, rien n’a été retenu dans l’<strong>of</strong>frande de ce sacrifice<br />

parfait. Et, grâce à cette démarche, dans laquelle l’<strong>of</strong>frande entière fut<br />

pénétrée de l’Esprit de Dieu, le Christ tout entier — sa divinité, son âme<br />

humaine, son corps et son sang humains — est devenu pour nous le salut<br />

et la vie. Le Christ a inauguré ce que l’Écriture nomme « la voie nouvelle<br />

et vivante en pénétrant au-delà du rideau du Sanctuaire, c’est-à-dire de sa<br />

condition humaine » (Hébreux 10, 20). Ainsi donc, pour entrer au ciel,<br />

nous ne passons pas simplement par une voie mentale ou spirituelle, mais<br />

encore par la chair réelle de Jésus Christ <strong>of</strong>ferte en sacrifice.<br />

Comment cela se réalise-t-il ? Jamais nous ne pourrions deviner si<br />

Jésus Christ lui-même ne nous l’avait pas dit. Notre voie, c’est la voie qui<br />

passe par son corps, qui passe par une union avec le Seigneur qui n’est pas<br />

simplement spirituelle, mais physique, et qui nous unit à lui dans une<br />

intimité qui ne pourrait pas être plus pr<strong>of</strong>onde et plus entière.<br />

Deuxième partie<br />

L’EUCHARISTE, LE VÉRITABLE SACRIFICE DU CHRIST<br />

Puis, après la figure, à la fin du repas,<br />

Son propre corps qu’il donna de ses mains,<br />

Ainsi que nous le confessons, lui, le Seigneur, à ses disciples,<br />

Tout entier à tous, tout entier à chacun.<br />

À leur faiblesse, il donna son corps en nourriture;<br />

À leur tristesse, il donna son sang comme breuvage, disant :<br />

Prenez la coupe que voici, et puis, buvez-en tous.<br />

Ainsi fut institué par lui ce sacrifice,<br />

Dont il lui plut de ne confier la charge<br />

Qu’à ses seuls prêtres, auxquels il appartient<br />

De prendre et de donner aux autres.<br />

- 19 -


Dans l’Évangile de Jean, nous découvrons que le Christ Seigneur a<br />

suggéré à ses disciples qu’il leur donnerait sa chair à manger, soit dans<br />

l’<strong>Eucharistie</strong>, bien avant la Dernière Cène. De fait, ce qu’il avait à leur<br />

révéler est la cause de l’abandon de plusieurs de ses disciples puisqu’ils<br />

refusaient de croire ce qu’il avait à leur dire. Qu’avait à dire Jésus de si<br />

bouleversant ?<br />

« [Jésus dit] “Moi, je suis le pain vivant, qui est descendu du ciel :<br />

si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement. Le pain que je<br />

donnerai, c’est ma chair, donnée pour que le monde ait la vie.” Les Juifs<br />

discutaient entre eux : “Comment cet homme-là peut-il nous donner sa<br />

chair à manger ?” Jésus leur dit alors : “Amen, amen, je vous le dis : si vous<br />

ne mangez pas la chair du Fils de l’homme, et si vous ne buvez pas son<br />

sang, vous n’aurez pas la vie en vous. Celui qui mange ma chair et boit<br />

mon sang a la vie éternelle; et moi, je le ressusciterai au dernier jour. En<br />

effet, ma chair est la vraie nourriture, et mon sang est la vraie boisson.<br />

Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi, et moi je<br />

demeure en lui.” … À partir de ce moment, beaucoup de ses disciples s’en<br />

allèrent et cessèrent de marcher avec lui » (Jean 6, 51-56, 66).<br />

Que Jésus eut insisté qu’il donnerait vraiment son corps et son sang<br />

inquiétait les disciples infidèles et ils trouvaient encore plus affreux que<br />

nous aurions à manger son corps et à boire son sang. Pourquoi de tels gestes<br />

seraient-ils nécessaires ou même convenables ? Comment seraient-ils<br />

même possibles ?<br />

Le pain de l’<strong>Eucharistie</strong> n’a ni l’apparence ni ne goûte la chair ou le<br />

sang humains. Au contraire! Le pain et le vin qui sert à la messe ont<br />

l’apparence du pain et du vin. Et si nous devions en faire l’analyse<br />

chimique, nous découvririons que, au cours de la liturgie, il ne se produit<br />

aucun changement, ni physique, ni empirique. Il est raisonnable de se<br />

demander comment il peut se produire un changement réel quand nos<br />

sens nous indiquent que tout demeure inchangé.<br />

D’abord, toute explication doit être fondée sur le fait que le<br />

sacrement de l’<strong>Eucharistie</strong> provient d’une action accomplie par Dieu.<br />

L’<strong>Eucharistie</strong> n’est pas un phénomène naturel produit par des causes<br />

physiques naturelles, mais bien une action qui se produit par<br />

- 20 -


l’intervention directe de l’Esprit Saint. C’est seulement par la puissance de<br />

Dieu, lui qui fit l’univers, que l’<strong>Eucharistie</strong> devient possible.<br />

Ensuite, nous devrions reconnaître que notre connaissance des objets<br />

matériels passe par nos cinq sens, à savoir, l’ouïe, le goût, le toucher,<br />

l’odorat et la vue. Nous arrivons à connaître les objets et à les reconnaître<br />

selon leur aspect extérieur, les sons et les sensations tactiles qu’ils<br />

produisent, etc. Nous observons des signes distinctifs semblables chez<br />

certaines créatures (par exemple, leur taille, leur couleur, l’aspect de leur<br />

peau, le fait que ce soient des animaux qui sautent, vivent dans l’eau et<br />

qu’ils coassent). C’est ainsi que nous les percevons comme des êtres<br />

particuliers d’une espèce commune que nous appelons la « grenouille ».<br />

Évidemment, il arrive parfois que nous portions un jugement erroné<br />

à la suite de ce que nous rapportent nos sens. Par exemple, nous pouvons<br />

voir un objet qui a l’air d’une prune. Cet objet peut en avoir la bonne<br />

taille, la bonne couleur, le bon poids et y avoir la bonne texture extérieure.<br />

Toutefois, il peut s’agir simplement d’une pièce de cire habilement<br />

tournée. Dans ce cas-ci, nos yeux n’ont pas été trompés, mais peut-être<br />

nous sommes-nous trompés nous-mêmes en accordant simplement trop<br />

d’importance à l’aspect visuel. En ayant recours à un autre sens, le goût par<br />

exemple, nous pourrons facilement (bien que malheureusement pour<br />

nous) découvrir la vérité sur cet objet que nous avions pris pour une prune.<br />

Contrairement à la prune de cire qui a vraiment l’aspect d’une vraie<br />

prune, l’<strong>Eucharistie</strong> prend l’aspect d’un objet qu’elle n’est pas (c’est-à-dire,<br />

le pain et le vin), mais elle goûte, produit une odeur, a la sensation et, sous<br />

tous ses aspects, a l’air de ce qu’elle n’est pas. Dans le cas de l’<strong>Eucharistie</strong>,<br />

chaque apparence sensible est trompeuse lorsque s’y porte notre jugement<br />

naturel et quotidien. Notre connaissance de ce qui est la réalité même de<br />

l’<strong>Eucharistie</strong> ne nous vient pas de ce que nos sens nous livrent sur le<br />

sacrement, mais de ce que Dieu nous en dit — c’est-à-dire, par la foi en<br />

ce que Jésus en dit : « Ceci est mon corps. Ceci est mon sang ».<br />

Lorsque nous demandons comment l’<strong>Eucharistie</strong> peut être un objet<br />

donné, tout en prenant l’aspect d’un autre objet, nous nous mesurons à la<br />

faiblesse de nos propres moyens de connaître. En dépit de la capacité de<br />

nos sens humains, de la capacité de notre pensée abstraite et de notre<br />

- 21 -


jugement humain, la vérité demeure que notre connaissance des objets<br />

provient de l’observation que nous en faisons « de l’extérieur », pour ainsi<br />

dire. Nous connaissons les objets de manière très imparfaite et non pas<br />

comme Dieu les connaît (ni non plus comme les anges d’ailleurs). Car<br />

Dieu ne déduit pas l’identité des objets en les observant et en rassemblant<br />

les perceptions sensibles. Il arrive plutôt que Dieu connaisse les objets<br />

« de l’intérieur » à partir de la pr<strong>of</strong>ondeur de leur être. Cet être en soi d’un<br />

objet s’appelle son essence. Et lorsque nous montrons du doigt un objet en<br />

particulier et que nous disons « cela », nous ne nous référons pas<br />

simplement à son apparence sensible, ni de quelle espèce il se trouve<br />

(essence), mais plutôt à une substance, à l’objet en soi.<br />

Dans le cas de la présente discussion, il suffit de dire que, dans<br />

l’<strong>Eucharistie</strong>, il se produit un changement unique et miraculeux. Par la<br />

puissance de Dieu, ce qui, à l’origine, n’est que pain et vin, subit une<br />

merveilleuse transformation et devient Jésus Christ lui-même, en son<br />

corps, son sang, son âme et sa divinité. Toutefois, la présence corporelle du<br />

Seigneur diffère de son corps naturel et même de son corps ressuscité. En<br />

effet, dans l’<strong>Eucharistie</strong> chaque parcelle de l’hostie et chaque goutte de la<br />

coupe constituent le Christ tout entier. Il n’est pas divisé lorsque le pain<br />

eucharistique est rompu et il n’est pas détruit lorsque celui-ci est<br />

consommé. Il faut donc conclure que l’<strong>Eucharistie</strong> contient le Christ tout<br />

entier et non seulement une « partie » de lui. En même temps, il importe<br />

de noter que l’<strong>Eucharistie</strong> n’épuise pas, ni n’emprisonne le corps du<br />

Christ, puisqu’il est toujours entier, même dans son corps, dans le Ciel.<br />

Pour progresser dans cette connaissance du fait de la mystérieuse présence<br />

du Seigneur — afin que sa réalité et sa signification nous soient révélées<br />

— il nous faut considérer pourquoi le Seigneur est présent corporellement<br />

dans l’<strong>Eucharistie</strong>. Et pour arriver à cette considération, il nous faut<br />

reconnaître l’<strong>Eucharistie</strong> comme sacrifice.<br />

LE SACRIFICE SUPRÊME<br />

Avec un peu d’imagination, nous pourrions inventer une diversité<br />

de manières selon lesquelles Dieu aurait pu nous sauver. Il aurait pu faire<br />

en sorte que le Seigneur Jésus naisse, souffre et meure dans un autre lieu<br />

- 22 -


et à une autre époque qu’en Palestine, au premier siècle. Ou peut-être que<br />

Dieu aurait pu simplement vouloir notre salut et que celui-ci se serait<br />

accompli par un changement soudain invisible. Ou Jésus Christ, le Fils de<br />

Dieu fait homme, aurait pu subir une petite souffrance quelconque pour<br />

nous sauver. Après tout, en tant que vrai Dieu et vrai homme, tout<br />

sacrifice qu’il a accompli pour nous aurait été suprêmement valable.<br />

Toutefois, comme le signale saint Thomas d’Aquin, puisque Dieu a choisi<br />

d’accomplir l’œuvre de notre salut par la mort du Christ, il convient donc<br />

que nous nous penchions sur les motifs qui ont amené la sagesse et l’amour<br />

divin à procéder comme il l’a fait. S’il avait existé une autre façon de sauver<br />

l’humanité, pourquoi Dieu aurait-il choisi la voie du sacrifice, le chemin<br />

de la Croix ?<br />

Bien qu’il soit possible de songer à plusieurs motifs pour lesquels la<br />

mort — et une mort douloureuse et humiliante par surcroît — s’est avérée<br />

le moyen le plus approprié et le plus fructueux choisi par le Christ pour<br />

nous obtenir le salut, trois d’entre eux sont prépondérants. 5<br />

D’abord, par ses souffrances et sa mort, le Christ a manifesté la<br />

pr<strong>of</strong>ondeur de son amour pour nous et ainsi, nos cœurs sont-ils portés à<br />

l’aimer en retour. Après tout, le fait de mourir démontre que le Christ ne<br />

mit aucune restriction à manifester jusqu’où il irait pour nous, même alors<br />

que nous étions ses ennemis. Il n’a pas attendu que nous ayons gagné sa<br />

faveur, au contraire, il a fait tout en son pouvoir pour se sacrifier tout<br />

entier. Comme l’explique saint Paul dans sa lettre aux Romains,<br />

Frères, alors que nous n’étions encore capables de rien, le Christ, au<br />

temps fixé par Dieu, est mort pour les coupables que nous étions.<br />

Accepter de mourir pour un homme juste, c’est déjà difficile; peutêtre<br />

donnerait-on sa vie pour un homme de bien. Or, la preuve que<br />

Dieu nous aime, c’est que le Christ est mort pour nous alors que<br />

nous étions encore pécheurs (Romains 5, 6-8).<br />

Offert en toute générosité et en toute liberté, un amour tel est le<br />

type même de l’amour qui évoque en nos cœurs une réponse équivalente,<br />

5 Saint Thomas d’Aquin, Summa Theologiae III, 46,3.<br />

- 23 -


puisqu’il donne un certain aperçu à quel point Dieu nous aime et combien<br />

il désire être aimé de nous. Et puisque, somme toute, l’union à Dieu dans<br />

l’amour constitue le but de notre salut, la mort du Christ peut être perçue<br />

comme le but ultime le plus sagement approprié de notre rédemption.<br />

Ensuite, la mort salutaire du Christ s’affirme en exemple sans<br />

précédent des vertus de justice, de fidélité, d’humilité, d’obéissance, de<br />

sacrifice de soi et que d’autres encore. Jamais il n’a donné un enseignement<br />

qu’il aurait refusé de manifester et d’accomplir dans sa vie même. En<br />

mourant pour nous, il a rendu claire la voie que nous devons suivre. Nous<br />

pouvons donc saisir que la passion et la mort du Seigneur, sa générosité<br />

parfaite et sa volonté d’accepter toutes choses ordonnées à son égard dans<br />

le plan de Dieu, deviennent pour nous un modèle et le chemin menant à<br />

la vie et la sainteté. C’est ainsi que la voie choisie pour nous sauver non<br />

seulement devient notre délivrance, mais elle nous enseigne à nous<br />

configurer à la vie nouvelle conquise pour nous par le Christ.<br />

Enfin, la passion et la mort du Seigneur manifestent le prix à payer<br />

du salut de l’être humain, et ainsi font allusion à sa valeur. Lorsque nous<br />

nous rendons compte de ce qu’il en coûte de nous libérer du péché, nous<br />

pouvons en déduire quelque peu l’enjeu qui s’en répercute dans notre vie<br />

quotidienne. Saint Paul se prononce sur la sainteté et le prix qu’en a payé<br />

le Christ, lorsqu’il écrit aux Corinthiens:<br />

Ne savez-vous pas que ceux qui commettent l’injustice ne recevront<br />

pas le royaume de Dieu en héritage? Ne vous y trompez pas : les<br />

débauchés, les idolâtres, les adultères, les dépravés et les pédérastes,<br />

les voleurs et les pr<strong>of</strong>iteurs, les ivrognes, les diffamateurs et les<br />

escrocs, ne recevront pas le royaume de Dieu en héritage. Voilà ce<br />

qu’étaient certains d’entre vous. Mais au nom du Seigneur Jésus<br />

Christ et par l’Esprit de notre Dieu, vous avez été lavés, vous avez<br />

été sanctifiés, vous êtes devenus des justes... Fuyez la débauche…<br />

Vous ne vous appartenez plus à vous-mêmes car le Seigneur a payé<br />

le prix de votre rachat (1 Corinthiens 6, 9-11, 18-20).<br />

Nous trouvons le même enseignement dans la première de Pierre.<br />

- 24 -


Préparez donc votre esprit pour l’action, restez sobres, mettez toute<br />

votre espérance dans la grâce que vous devez recevoir lorsque Jésus<br />

Christ se révélera. Soyez comme des enfants obéissants, cessez de<br />

modeler vos désirs sur ceux que vous aviez autrefois, quand vous<br />

étiez dans l’ignorance. Mais, à l’image du Dieu saint qui vous a<br />

appelés, soyez saints, vous aussi, dans toute votre conduite, puisque<br />

l’Écriture dit : Soyez saints, car moi, je suis saint (Lévitique 11, 44-<br />

45). Vous invoquez comme votre Père celui qui ne fait pas de<br />

différence entre les hommes, mais qui les juge chacun d’après ses<br />

actes; vivez donc, pendant votre séjour sur terre, dans la crainte de<br />

Dieu. Vous le savez : ce qui vous a libérés de la vie sans but que vous<br />

meniez à la suite de vos pères, ce n’est pas l’or et l’argent, car ils<br />

seront détruits; c’est le sang précieux du Christ, l’Agneau sans<br />

défaut et sans tache (1 Pierre 1, 13-19).<br />

Tirant pr<strong>of</strong>it de toutes ces données, nous pouvons nous former une<br />

bonne idée des raisons qui ont motivé que le Christ a dû, pour notre<br />

compte, se manifester en sacrifice sur la croix. Ce qui, de soi, devrait nous<br />

inspirer respect et gratitude ineffables et jamais nous ne devrions en finir<br />

d’en méditer la richesse.<br />

Toutefois, dans l’<strong>Eucharistie</strong>, nous nous rendons compte que le<br />

Seigneur n’a pas voulu que son <strong>of</strong>frande en notre nom soit le geste d’un<br />

seul moment pour être relégué au passé. Au contraire, nous nous rendons<br />

compte également, que le Seigneur se présente comme notre prêtre pour<br />

toujours et qu’il se tient constamment devant Dieu le Père, intercédant<br />

pour nous dans l’humanité blessée, immolée et ressuscitée dont il<br />

s’incarna. Grâce à la révélation divine, nous avons appris que le Seigneur<br />

n’a pas cessé d’être notre sacrifice et notre Prêtre lorsqu’il est ressuscité des<br />

morts. Au contraire, en montant au ciel, le Christ a parfait son sacrifice,<br />

puisque, avec son corps humain, il est devenu notre médiateur, notre<br />

prêtre, intercédant sans cesse et montrant sans cesse ses blessures au Père<br />

en témoignage de sa passion, de son sacrifice total sur la croix.<br />

<strong>La</strong> célébration de l’<strong>Eucharistie</strong> — soit disant la messe ou la divine<br />

liturgie — n’est pas tout simplement la commémoration d’un événement<br />

survenu dans le passé. Au contraire, c’est repris dans le présent pour nous<br />

- 25 -


sur la terre, de ce que le Christ réalise sans cesse au ciel. Le Christ est<br />

vainqueur de la mort et ne souffre plus, mais même dans la victoire, il est<br />

« un Agneau; il se tenait debout, et il était comme immolé »<br />

(L’Apocalypse 5,6). Citant le concile de Trente (1545-1563), le Catéchisme<br />

de l’Église Catholique nous apprend que la messe est appelée sacrifice pour<br />

trois raisons.<br />

L’<strong>Eucharistie</strong> est donc un sacrifice parce qu’elle représente (rend<br />

présent) le sacrifice de la croix, parce qu’elle en est le mémorial et<br />

parce qu’elle en applique le fruit :<br />

[Le Christ] notre Dieu et Seigneur, s’<strong>of</strong>frit lui-même à Dieu le Père<br />

une fois pour toutes, mourant en intercesseur sur l’autel de la Croix,<br />

afin de réaliser pour eux (les hommes) une rédemption éternelle.<br />

Cependant, comme sa mort ne devait pas mettre fin à son sacerdoce,<br />

à la dernière Cène, « la nuit où il fut livré », il voulait laisser à<br />

l’Église, son épouse bien-aimée, un sacrifice visible (comme le<br />

réclame la nature humaine), où serait représenté le sacrifice sanglant<br />

qui allait s’accomplir une unique fois sur la croix, dont la mémoire<br />

se perpétuerait jusqu’à la fin des siècles et dont la vertu salutaire<br />

s’appliquerait à la rédemption des péchés que nous commettons<br />

chaque jour (Catéchisme de l’Église Catholique § 1366).<br />

Il vaut la peine d’insister pour dire que la remarque du Concile de<br />

Trente selon laquelle le sacrifice eucharistique visible est « comme le<br />

réclame la nature humaine ». Comme le précise saint Thomas dans son<br />

hymne, nous sommes toujours, comme les Apôtres, des êtres « de faiblesse »<br />

et souvent « de tristesse ». C’est pourquoi, non seulement le Christ s’<strong>of</strong>fret-il<br />

sans cesse au Père dans le ciel, mais il s’<strong>of</strong>fre encore à nous. Il rend<br />

présent pour nous son propre sacrifice — le même sacrifice — en le laissant<br />

<strong>of</strong>frir au Père à la messe, par le geste de prêtres humains et visibles. Et, qui<br />

plus est, le Christ nous invite à nous unir au sacrifice comme à la Pâque, à<br />

un banquet au cours duquel nous nous nourrissons de l’Agneau de Dieu et,<br />

grâce à cette intimité corporelle pr<strong>of</strong>onde, nous entrons dans la vie céleste.<br />

Tout comme Dieu est la vie et la nourriture des anges, ainsi, dans<br />

l’<strong>Eucharistie</strong>, il devient notre nourriture, nourriture de l’âme qui, sans<br />

- 26 -


ignorer la chair, nous vient dans une forme égale à la nôtre, nous les êtres à<br />

la fois corporels et spirituels.<br />

Troisième partie<br />

LA RÉCEPTION DE L’EUCHARISTIE<br />

Ainsi, le pain des anges devient le pain des hommes;<br />

Ainsi, le pain de ciel accomplit les figures;<br />

Ainsi, l’homme, ô merveille, dans sa pauvreté<br />

Sa sujétion, sa bassesse, se nourrit du Seigneur.<br />

Ô Dieu de l’unité, Dieu de la Trinité, venez à nous par votre grâce,<br />

Ô vous l’objet de notre culte; conduisez-nous, par vos sentiers<br />

Au terme où nous tendons à la lumière, votre lieu de séjour.<br />

Ces deux dernières strophes de l’hymne Sacris Sollemnis ont maintes<br />

fois été mises en musique en tiré à part et connues sous le titre Panis<br />

Angelicus — Le Pain d’anges — c’est-à-dire les premières paroles de la<br />

sixième strophe. L’expression « pain d’anges » est tirée des Psaume 78, 25<br />

(Il leur envoya des vivres tant qu’ils en voulurent; les hommes purent<br />

manger le pain des anges) et repris dans le livre de la Sagesse (Sagesse de<br />

Salomon 16, 20) : « au contraire, c’est une nourriture d’anges que tu as<br />

donnée à ton peuple, et c’est un pain tout préparé que, du ciel, tu leur as<br />

fourni sans qu’ils se fatiguent ».<br />

En parlant du « pain d’anges », l’Écriture ne fait pas allusion à une<br />

boulangerie céleste, les anges étant de purs esprits, ne mangent vraiment<br />

pas de pain. <strong>La</strong> figure de style « pain d’anges » se réfère à l’éternel Fils de<br />

Dieu comme nourriture et joie des saints anges qui, d’ailleurs ne le<br />

reçoivent pas en le mangeant mais seulement en le contemplant : en<br />

regardant son visage, en l’adorant lui qui est « l’image du Dieu invisible »<br />

(Colossiens 1, 15).<br />

Afin de nous amener dans la joie et la vie connue des saints anges,<br />

le Fils éternel s’est fait homme et a revêtu l’humanité dans sa plénitude y<br />

compris un corps. Tant au ciel que sur la terre, il est notre vie dans son<br />

humanité, en son corps glorieux, comme Dieu et comme homme. Ici-bas sur<br />

- 27 -


la terre, si nous jouissons, grâce à la foi, de le contempler obscurément,<br />

pourtant, nous retrouvons notre plus grande intimité avec le Seigneur<br />

dans la communion eucharistique, car sous cette forme, il nous touche et<br />

nourrit nos âmes de sa vie même. Au ciel, par ailleurs, tout sera changé.<br />

En effet, là nous le verrons face à face, comme les voient les anges, et là,<br />

nous ne nous nourrirons plus de lui par le truchement du Sacrement, mais<br />

nous le verrons face à face de nos propres yeux, et nous pourrons le toucher<br />

des mains mêmes de nos corps. Grâce à l’<strong>Eucharistie</strong>, donc, nous pouvons<br />

concevoir que le Seigneur nous donne un avant-goût du ciel, soit une<br />

promesse, un premier aperçu, pour ainsi dire, de l’intimité parfaite dont<br />

jouissent déjà les saints dans son Royaume.<br />

Et voilà enfin que, après nous être penchés sur l’<strong>Eucharistie</strong> en tant<br />

que le nouveau festin de la Pâque et après voir considéré la réalité de la<br />

présence corporelle du Seigneur dans le Sacrement, nous pouvons deviner<br />

quelque peu les bienfaits et les fruits de l’<strong>Eucharistie</strong>. D’abord, la<br />

communion eucharistique constitue une union intime avec le Christ et<br />

devient nourriture spirituelle de nos âmes, nous enrichissant de la présence<br />

vivante de Jésus Christ. Deuxièmement, la communion eucharistique<br />

nous éloigne du péché, essuyant les péchés mineurs de la vie et nous<br />

préservant et nous renforçant contre la tentation future. Troisièmement,<br />

l’<strong>Eucharistie</strong> consolide l’union au sein de l’Église et nous transforme dans<br />

le corps mystique du Christ. Enfin, l’<strong>Eucharistie</strong> nous fait prendre<br />

conscience de l’unité de l’Église et de la solidarité que nous devons avoir<br />

avec les pauvres et les malades. Bref, recevoir l’<strong>Eucharistie</strong> entraîne que<br />

nous recevons le don de tout ce que le Seigneur désire que nous soyons,<br />

puisque ce don nous fait un avec lui, un entre nous et qu’il est la guérison<br />

de nos blessures et nos divisions intestines.<br />

<strong>La</strong> réalité de la présence de Jésus Christ dans l’<strong>Eucharistie</strong> dépend de<br />

la puissance du Père. Elle ne dépend en rien de la dignité du prêtre qui la<br />

préside ou du mérite de l’assemblée qui y participe. Toutefois, les<br />

avantages que nous recueillons de la messe et de la Communion<br />

dépendent de nous en grande partie. Malheureusement pour nous, nous ne<br />

pouvons que trop amoindrir les dons de Dieu et rejeter sans en pr<strong>of</strong>iter les<br />

bienfaits qu’il nous accorde.<br />

- 28 -


L’<strong>Eucharistie</strong> ne pr<strong>of</strong>ite qu’à ceux qui la reçoivent dignement —<br />

c’est-à-dire ceux qui la reçoivent au moins un peu avec la foi et l’amour<br />

que le Christ souhaite que nous ayons. Il s’agit d’une condition sérieuse et<br />

même imposante. En effet, comme le remarque saint Paul, quiconque<br />

reçoit la Communion « indignement aura à répondre du corps et du sang<br />

du Seigneur » (1 Corinthiens 11, 27).<br />

Comment donc recevoir la communion eucharistique dignement ?<br />

D’abord, on doit être baptisé et en état de grâce. Bien qu’il existe deux<br />

exceptions importantes, on communie au Sacrement comme il se doit<br />

seulement si on est catholique. 6 Normalement, tout catholique qui a<br />

commis une faute grave doit d’abord s’approcher du sacrement de la<br />

réconciliation (la confession) et recevoir l’absolution, avant de recevoir la<br />

communion eucharistique. Grâce au repentir et à une vie réformée, nous<br />

sommes rendus conformes au Seigneur que nous recevons. <strong>La</strong> réception de<br />

la communion eucharistique sans repentir et sans réconciliation serait<br />

sacrilège et constituerait un manque de respect terrible envers le corps et<br />

le sang du Seigneur.<br />

En rapport avec le sacrement de la réconciliation, il est bon de se<br />

souvenir que, malgré l’obligation qu’ont les catholiques de participer à la<br />

messe le dimanche et aux fêtes prescrites, ils sont tenus à partager la<br />

communion eucharistique une fois l’an seulement. Évidemment, il vaut<br />

mieux s’approcher du sacrement de réconciliation et de celui de la<br />

communion eucharistique beaucoup plus souvent! Les fidèles peuvent<br />

s’approcher de la communion eucharistique jusqu’à deux fois par jour et<br />

devraient célébrer le sacrement de réconciliation souvent également<br />

(chaque semaine ou une fois par mois, par exemple) et aussi souvent qu’ils<br />

commettent une faute grave. Si nous nous occupons de Dieu au strict<br />

6 Voir le Catéchisme de l'Église Catholique, aux §§ 1399-1401. Il y a deux exceptions qui<br />

touchent les fidèles des Églises orientales qui ne sont pas en pleine communion avec<br />

Rome et — dans des cas extrêmes — certains protestants qui manifestent une foi<br />

entière au Sacrement. Naturellement, les Orthodoxes reçoivent régulièrement la<br />

communion eucharistique dans leurs églises. Voir le principe énoncé par le Conseil<br />

pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens dans le Directoire pour l’application<br />

des principes et des normes sur l’œcuménisme (1993), §§ 129-131.<br />

- 29 -


minimum en nous approchant du sacrement de réconciliation ou de la<br />

communion eucharistique une fois par année seulement, alors comment<br />

pouvons-nous estimer que nous répondons à l’amour du Seigneur d’un<br />

cœur aussi généreux qu’il le mérite ?<br />

Pour se préparer à la communion eucharistique, les catholiques font<br />

abstinence au moins une heure avant de communier. (L’eau et les<br />

médicaments ne rompent pas le jeûne; les personnes âgées et ceux qui en<br />

ont soin peuvent communier même s’ils n’ont pas observé le jeûne<br />

eucharistique.) Plus important que le jeûne eucharistique, toutefois, il y a<br />

la prière.<br />

Évidemment, il faut prier au moment de communier. C’est-à-dire<br />

qu’il faut être attentif la liturgie et rester conscients que nous nous<br />

présentons à Dieu et que nous nous unissons avec l’<strong>of</strong>frande du prêtre. Il<br />

faut aussi reconnaître qui nous allons accueillir dans la communion<br />

eucharistique. Nous pouvons alors prier spontanément dans nos cœurs ou,<br />

le cas échéant, avoir recours à des paroles que nous suggèrent l’Écriture et<br />

la tradition comme préparation à la communion. Voici quelques-unes de<br />

ces prières :<br />

Seigneur, je ne suis pas digne de te recevoir, mais dis seulement une<br />

parole et je serai guéri. (Missel romain)<br />

Ô Fils de Dieu, accueille-moi maintenant, comme convive de ton<br />

banquet mystique; car je ne te donnerai pas un baiser comme celui<br />

de Judas, ni ne révélerai tes mystères à tes ennemis, mais comme le<br />

bon larron, je te confesserai en disant : « Seigneur, souviens-toi de<br />

moi dans ton Royaume! » (Divine liturgie de saint Jean Chrysostôme)<br />

Mon Seigneur et mon Dieu ! (Jean 20, 28)<br />

Seigneur Jésus Christ, Fils du Dieu vivant, selon la volonté du Père<br />

et avec la puissance du Saint-Esprit, tu as donné, par ta mort, la vie<br />

au monde; que ton corps et ton sang me délivrent de mes péchés et<br />

de tout mal; fais que je demeure fidèle à tes commandements et que<br />

jamais je ne sois séparé de toi. (Missel romain)<br />

- 30 -


Seigneur Jésus Christ, que cette communion à ton corps et à ton<br />

sang n’entraîne pour moi ni jugement ni condamnation; mais<br />

qu’elle soutienne mon esprit et mon corps et me donne la guérison.<br />

(Missel romain)<br />

Certes, ce ne sont pas les seules prières que nous pouvons utiliser<br />

pour nous préparer à la communion eucharistique. En pratique, il nous<br />

faudra probablement varier nos prières de temps à autre, suivant nos<br />

besoins et les temps dont nous disposons. Idéalement, on devrait prendre<br />

le temps de lire des passages de l’Écriture, méditer sur le mystère de la<br />

Passion, demander l’intercession des saints et saintes et passer quelque<br />

temps à adorer le Seigneur dans le Saint Sacrement avant la messe.<br />

Toutefois, si toutes ces démarches ne sont pas toujours possibles, il nous<br />

faut pourtant nous préparer au moins un peu à recevoir le Seigneur<br />

dignement. C’est pourquoi nous devons être fidèles à nos prières<br />

quotidiennes. Si nous avons l’habitude de penser au Christ, de lui parler<br />

et de l’écouter nous parler dans l’Écriture, alors nous serons bien disposés<br />

à le recevoir dans l’intimité du sacrement de l’<strong>Eucharistie</strong>.<br />

Ainsi, tout comme nous prions avant la communion eucharistique,<br />

nous devons également prier dès que nous avons communié. Cela pourrait<br />

se présenter sous forme d’un hymne ou d’une prière en silence, mais de<br />

toute façon, chacune et chacune d’entre nous doit s’arrêter dans un<br />

moment d’action de grâce au Seigneur pour le don de l’<strong>Eucharistie</strong>. Il<br />

s’agit vraiment d’un geste d’hospitalité à l’égard du Christ et Seigneur en<br />

le recevant en notre corps; l’ignorer une fois que nous l’avons reçu serait<br />

plutôt manquer de respect envers cet invité divin.<br />

Notre accueil du Seigneur en son précieux corps et son précieux sang<br />

est limité par la conservation du sacrement. En effet, la présence corporelle<br />

du Christ dans l’<strong>Eucharistie</strong> dure aussi longtemps que se maintiennent les<br />

accidents (ou les apparences) du sacrement, c’est-à-dire jusqu’à ce que<br />

l’hostie soit digérée, détruite ou que, par un processus naturel, elle se<br />

décompose. L’Église ne distribue pas toutes les hosties pour la<br />

consommation des fidèles à la messe, elle en garde plutôt quelques-unes<br />

en réserve afin de pouvoir porter la communion aux malades et aux<br />

- 31 -


mourants et pour l’adoration de la présence réelle de Jésus Christ dans nos<br />

églises.<br />

Dans le tabernacle où l’<strong>Eucharistie</strong> est conservée, le Christ, en son<br />

corps, demeure vivant et présent parmi nous. C’est ainsi que nous pouvons<br />

nous rapprocher de Jésus Christ, en son corps, en conversant avec lui dans<br />

la prière de dévotion, de la même manière dont nous nous rapprocherions<br />

d’un ami, d’une amie ou d’un frère ou d’une sœur. Bien que le Seigneur<br />

soit présent partout, il est matériellement et substantiellement présent<br />

dans l’<strong>Eucharistie</strong>, c’est-à-dire dans le Saint Sacrement, réserve qui se<br />

retrouve dans les églises catholiques du monde entier.<br />

Depuis le Moyen-Âge, l’Église occidentale a adopté la pratique<br />

solennelle de l’exposition et de l’adoration du Saint Sacrement, ainsi que<br />

le rite du Salut au Saint Sacrement. Selon ses rites, une hostie de la réserve<br />

est exposée dans un vase ad hoc appelé ostensoir. Celui-ci permet aux<br />

fidèles de contempler l’hostie et fournit un moyen d’appr<strong>of</strong>ondir la<br />

dévotion au Seigneur présent en son corps. Selon les circonstances, l’hostie<br />

est portée en procession (dans l’ostensoir) et il est normal de conclure des<br />

moments d’exposition en bénissant les participants avec l’hostie dans<br />

l’ostensoir.<br />

Partout dans le monde, il y a des monastères qui pratiquent<br />

« l’adoration perpétuelle », c’est-à-dire l’adoration 24 heures sur 24 du<br />

Saint Sacrement exposé : certains membres de la communauté sont<br />

toujours en prière devant le Seigneur. Dans d’autres endroits, il y a des<br />

périodes d’exposition et d’adoration prévues au courant de la journée, de<br />

la semaine, du mois et de l’année. De nos jours, la pratique de l’exposition<br />

et de l’adoration du Saint Sacrement devient de plus en plus populaire<br />

dans les paroisses ordinaires, de plus en plus de gens ayant découvert les<br />

grâces rattachées au temps passé en présence du Seigneur en son corps.<br />

Certes, devenir familier du Christ par ce recours généreux constitue l’un<br />

des meilleurs moyens de se préparer à recevoir dignement et validement<br />

l’<strong>Eucharistie</strong>.<br />

- 32 -


* * *<br />

« Personne ne mange la Chair à moins de l’avoir d’abord adorée…<br />

et nous péchons en n’adorant pas, » 7 écrivait saint Augustin au début du<br />

cinquième siècle. Il ne suffit pas de consommer l’<strong>Eucharistie</strong> ni non plus<br />

de participer à l’<strong>Eucharistie</strong>. Car toutes les personnes valides d’esprit et de<br />

cœur se doivent d’adorer et d’accueillir ensemble le Roi de tous, celui qui<br />

vient à nous comme notre Seigneur et notre frère dans la même chair qu’il<br />

prit de la Vierge Marie. Un tel accueil, dans l’attention, l’adoration et<br />

l’amour, nous lie au Christ et nous prépare à affronter le combat de la vie.<br />

De plus, selon saint Jean Chrysostôme, nous en sommes conduits au ciel<br />

en triomphe :<br />

Ce que le Christ a réalisé nous mène à un lien d’amitié encore plus<br />

intime et manifeste son amour à notre égard, se donnant à ceux qui<br />

le désirent, non seulement pour le contempler, mais également pour<br />

le toucher, le manger et l’embrasser dans la plénitude de leur cœur.<br />

C’est pourquoi, nous nous levons de cette Table comme des lions au<br />

souffle de feu, devenus des objets de terreur pour le démon. 8<br />

7 Saint Augustin, Ennaration on Psalm 98, 9, notre traduction à partir du texte anglais<br />

tiré d’une citation de J.T. O’Connor dans The Hidden Manna, p. 59.<br />

8 Traduction de la version anglaise de St. John Chrysostom, Homilies on St. John, 46. Citée<br />

dans J. Chapin, The Book <strong>of</strong> Catholic Quotations (New York: Farrar, Strauss and Cudahy,<br />

1956), s.v. “Blessed Sacrament <strong>of</strong> the Altar”.<br />

- 33 -


BIBLIOGRAPHIE 9<br />

Auer, Johann and Joseph Ratzinger. Dogmatic Theology 6: A General<br />

Doctrine <strong>of</strong> the Sacraments and The Mystery <strong>of</strong> the Eucharist.<br />

Translated by E. Leiva-Merikakis. Washington, DC: The Catholic<br />

University <strong>of</strong> America Press, 1995.<br />

Britt, Matthew. The Hymns <strong>of</strong> the Breviary and Missal. New York:<br />

Benziger, 1924.<br />

Clark, Stephen B. Catholics and the Eucharist: A Scriptural Introduction.<br />

Ann Arbor: Charis, 2000.<br />

Donin, Hayim Halevy. To Be a Jew: A Guide to Jewish Observance in<br />

Contemporary Life. New York: Basic Books, 1991.<br />

Irwin, Kevin W. Models <strong>of</strong> the Eucharist. New York: Paulist Press, 2005.<br />

O’Connor, James T. The Hidden Manna: A Theology <strong>of</strong> the Eucharist. San<br />

Francisco: Ignatius, 1988.<br />

United States Conference <strong>of</strong> Catholic Bishops. “The Real Presence <strong>of</strong> Jesus<br />

Christ in the Sacrament <strong>of</strong> the Eucharist: Basic Questions and<br />

Answers.” Origins 31:7 (June 28, 2001) 121-8.<br />

9 Les ouvrages ci-dessous, en anglais seulement, sont mentionnés dans la version<br />

française de cette brochure parce qu’ils ont servi dans la rédaction de la version<br />

originale. Certains de nos lecteurs pourraient souhaiter les consulter.<br />

- 34 -


LECTURES CONSEILLÉES<br />

Cette liste a été puisée sous la rubrique Recueil de documents parue dans<br />

le site Internet du 49e Congrès eucharistique international de Québec, 15-<br />

22 juin 2008. Pour en apprendre davantage sur la préparation au Congrès<br />

et la documentation, prière de visiter le site www.cei2008.ca.<br />

Les congrès eucharistiques, Cardinal Marc Ouellet , Novalis<br />

L’<strong>Eucharistie</strong> don de Dieu, Célébrations en présence du Saint Sacrement, Jean-Yves<br />

Garneau, Médiaspaul<br />

Venez, adorons-le! Prières devant l’<strong>Eucharistie</strong> avec Jean-Paul II, Jean-Yves<br />

Garneau Médiaspaul<br />

Rites et paroles de la messe, Jean-Yves Garneau, Médiaspaul<br />

L’<strong>Eucharistie</strong>, Source intarissable de pardon, Roger Poudrier, Médiaspaul<br />

Quand Dieu partage son pain, L’<strong>Eucharistie</strong> mystère de miséricorde, Yvon<br />

Daigneault, Médiaspaul<br />

L’<strong>Eucharistie</strong>, Nourrir le Corps du Christ que nous formons, Rita Gagné,<br />

Médiaspaul<br />

Admirable lumière, Itinéraire de contemplation, Yvon Daigneault, Médiaspaul,<br />

Rassasié de ta présence, Invitation à rencontrer le Christ par l’<strong>Eucharistie</strong>, Yvon<br />

Daigneault, Médiaspaul<br />

Notre Père Notre Pain, Yvon Daigneault, Médiaspaul<br />

L’<strong>Eucharistie</strong> Amour infini, Alfred Ducharme, Médiaspaul<br />

Une mémoire sans pareille, L’<strong>Eucharistie</strong>, Marie-Thérèse Nadeau, Médiaspaul<br />

Prières devant le Saint Sacrement, Chante ce Corps de gloire, Saint Thomas<br />

d’Aquin, L’Emmanuel<br />

L’<strong>Eucharistie</strong>: transformation et communion, Anselm Grün, Médiaspaul<br />

L’<strong>Eucharistie</strong>: chair de l’Amour, Daniel-Ange, Béatitudes<br />

Le Festin de l’Agneau, Scott Hahn, Béatitudes<br />

<strong>Eucharistie</strong> soleil de vie, Jean Rémy, Médiaspaul<br />

<strong>Eucharistie</strong> soleil de Dieu, Mgr Maurice Gaidon, L’Emmanuel<br />

Le Corps du Christ, Histoire des miracles eucharistiques, Renzo Allegri,<br />

Médiaspaul,<br />

Initiation à la prière et à l’adoration, Anne-Françoise Vater, L’Emmanuel<br />

- 35 -


AU SUJET DE L’AUTEUR<br />

Le père Bernard Mulcahy est un prêtre de l’Ordre des frères prêcheurs<br />

(Dominicains). Né à Staten Island, dans l’État de New York, il a enseigné<br />

la théologie au collège bénédictin d’Atchison, au Kansas, et au Providence<br />

College, à Providence, dans le Rhode Island. Le père Mulcahy est un<br />

Chevalier de Colomb, comme l’ont été son père et son grand-père.<br />

- 36 -


« <strong>La</strong> foi est la réponse de l’homme à Dieu qui se révèle et se donne<br />

à lui, en apportant en même temps une lumière surabondante à<br />

l’homme en quête du sens ultime de sa vie. »<br />

(Catéchisme de l’Église Catholique, 26)<br />

À propos du Service d’information catholique<br />

Depuis sa fondation, l’Ordre des Chevaliers de Colomb travaille à<br />

l’évangélisation. En 1948, les Chevaliers ont créé le Service<br />

d’information catholique (SIC) afin de fournir des publications<br />

catholiques à bas prix pour la population en général aussi bien que<br />

pour les paroisses, les écoles, les maisons de retraite, les installations<br />

militaires, les établissements pénitentiaires, les corps législatifs, la<br />

communauté médicale et les personnes qui les demandent. Depuis<br />

lors, nous avons imprimé des millions de brochures et des milliers de<br />

personnes ont suivi nos cours de catéchèse.<br />

Le SIC <strong>of</strong>fre les services suivants pour vous aider à mieux connaître<br />

Dieu. Tous ces services sont gratuits.<br />

Brochures individuelles<br />

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celles qui vous intéressent. Les brochures sont gratuites mais nous<br />

acceptons vos contributions pour nous aider à payer les frais.<br />

Plan de lecture<br />

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systématique et pour adultes ? Demandez alors un abonnement<br />

gratuit à notre plan de lecture.et nous vous enverrons deux<br />

brochures à la fois. Quand vous serez prêt, envoyez la carte postale et<br />

nous vous enverrons les deux brochures suivantes. Nous vous<br />

conseillons de lire une brochure par mois, mais vous pouvez aller à<br />

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catholique.<br />

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De vraies informations catholiques et non seulement de simples opinions.<br />

« [L]e laïc apprendra à accomplir la mission du Christ et de l'Église en<br />

vivant par la foi le mystère divin de la création et de la rédemption sous<br />

la motion de l'Esprit-Saint qui anime le peuple de Dieu et qui sollicite<br />

tous les hommes à aimer Dieu comme un Père et à aimer en Lui le<br />

monde et les hommes. [...] Outre la formation spirituelle, une solide<br />

connaissance doctrinale est requise en matière théologique, morale et<br />

philosophique; cette connaissance devra être adaptée à l'âge, aux<br />

conditions de vie ainsi qu'aux aptitudes de chacun. »<br />

-Concile Vatican II (AA 29)<br />

À propos des Chevaliers de Colomb<br />

Les Chevaliers de Colomb, une société de secours mutuel fondée en<br />

1882 à New Haven au Connecticut par le vénérable serviteur de<br />

Dieu, l’abbé Michael J. McGivney, est la plus grande organisation<br />

catholique laïque au monde avec plus de 1,7 millions de membres<br />

en Amérique, en Europe et en Asie. Les Chevaliers s’entraident<br />

mutuellement et aident leur communauté en faisant des millions<br />

d’heures de bénévolat chaque année pour des œuvres de<br />

bienfaisance. Les Chevaliers furent les premiers à aider<br />

financièrement les familles des policiers et pompiers tués lors de<br />

l’attaque terroriste du 11 septembre 2001 et à collaborer étroitement<br />

avec les évêques catholiques pour protéger les vies humaines<br />

innocentes et le mariage traditionnel. Pour en savoir plus sur les<br />

Chevaliers de Colomb, visitez notre site Web au www.k<strong>of</strong>c.org.<br />

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