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Revue Jura l'original - République et Canton du Jura

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Gastronomie<br />

Mi-novembre. L’Ajoie sourit: ses fils s’activent dans leurs<br />

cuisines encombrées à maintenir avec obstination l’ancestrale<br />

tradition de la Saint-Martin. La main à la pâte, pour<br />

leurs enfants <strong>et</strong> leurs amis, ils déclinent jusqu’à l’aube un<br />

long menu en manière d’éloge au cochon, ce soir-là, le plus<br />

discr<strong>et</strong> <strong>et</strong> le plus authentique des hôtes de la maison.<br />

Mais, si d’aventure, un soir de Saint-Martin, jovialement<br />

infidèles à l’Ajoie, ils s’invitent à la table de Georges <strong>et</strong> Andrea<br />

Wenger au Noirmont, ils diront avec le poète: «Celui qui<br />

veille au somm<strong>et</strong> <strong>du</strong> plaisir est l’égal <strong>du</strong> soleil comme de la<br />

nuit.» Par reconnaissance, ils couvriront de louanges le<br />

maître qui porte si haut la tradition, hisse sur le pavois de la<br />

gastronomie la cuisine de nos mères <strong>et</strong> de nos grands-mères,<br />

rend hommage à une cuisine née dans nos fermes, affinée<br />

au cours <strong>du</strong> temps, autour <strong>du</strong> porc qu’on laissait divaguer<br />

dans la prairie, au temps où les OGM ne s’amoncelaient<br />

pas dans les mangeoires.<br />

Tous réunis autour de longues tables d’hôtes<br />

La salle à manger <strong>du</strong> Relais <strong>et</strong> Châteaux <strong>du</strong> Noirmont,<br />

transformée pour la circonstance en élégante brasserie,<br />

accueille, autour de longues tables mises sans ostentation,<br />

des convives librement réunis que, d’entrée, détendent<br />

un Pinot blanc, nerveux <strong>et</strong> frais, élevé à Sierre dans les caves<br />

de Denis Mercier <strong>et</strong> un inatten<strong>du</strong> amuse-bouche – une fine<br />

tranche de toétché surmontée de deux rouelles de radis,<br />

un inoubliable gâteau de pommes de terre au foie <strong>et</strong> quelques<br />

tranches de saucisse sèche d’Ajoie: le «la» est donné.<br />

Le bruissement des conversations s’élève, quelques<br />

cravates disparaissent. On fait connaissances avec ses voisins<br />

de table. On commente les accompagnements maison:<br />

42<br />

L’heureuse alliance<br />

de la gastronomie<br />

<strong>et</strong> <strong>du</strong> terroir<br />

Par Bernard Bédat<br />

Sur le thème <strong>du</strong> traditionnel repas de Saint-<br />

Martin, Georges <strong>et</strong> Andrea Wenger<br />

proposent d’éblouissantes variations aux<br />

harmoniques raffinées.<br />

le vinaigre, la moutarde, le pain, le saindoux au cerfeuil servi<br />

dans un os à moelle, on découvre que le porc, issu d’un<br />

élevage bio, est transformé chaque jour dans les cuisines<br />

de Georges Wenger, vraiment chaque jour car ici rien ne<br />

saurait attendre, surtout pas la gelée de ménage qu’ombre<br />

un léger fil<strong>et</strong> de madère. Elle est sans pareil. Limpide <strong>et</strong><br />

souple, elle concentre les saveurs de la langue, des pieds, des<br />

jarr<strong>et</strong>s <strong>et</strong> de la queue <strong>du</strong> porc, <strong>du</strong> nou<strong>et</strong> d’épices <strong>et</strong> de<br />

légumes. Le vin blanc <strong>et</strong> le citron ajoutent de la fraîcheur au<br />

bouillon <strong>et</strong> de la légèr<strong>et</strong>é aux viandes pressées <strong>et</strong> découpées<br />

en tranches. Une rondelle d’œuf, une tendre lamelle de<br />

langue, une rouelle de carotte, quelques feuilles de persil,<br />

un tronçon de poireau <strong>et</strong> une fine tranche de rognon marient<br />

successivement leurs saveurs à la gelée tout en faisant<br />

office de décor coloré.<br />

Divin boudin !<br />

Une coupe de bouillon <strong>et</strong> une entame de pain au lait grillé<br />

prolongent, dans des tons plus soutenus, la merveille<br />

précédente. Ils ouvrent la voie au Côte des Caves de l’Orbe,<br />

vin rouge à la fois tannique <strong>et</strong> fruité, bon compagnon pour<br />

accompagner le prince <strong>du</strong> repas, l’alpha <strong>et</strong> l’oméga de la<br />

Saint-Martin, le mythique boudin noir que rien ne saurait<br />

égaler. Celui de Georges Wenger est parfaitement inclassable.<br />

Parfumé de légumes (taillés si finement qu’ils fondent),<br />

d’herbes inatten<strong>du</strong>es (marjolaine <strong>et</strong> persil), d’une touche de<br />

muscade, une autre de cayenne <strong>et</strong> d’un trait de kirsch, le<br />

boudin de Georges Wenger a une incomparable onctuosité<br />

que lui apportent la crème <strong>et</strong> sans doute le pied de porc,<br />

la cervelle <strong>et</strong> les œufs débattus. La chair fine <strong>et</strong> colorée de<br />

la b<strong>et</strong>terave rouge, la purée de pomme, le jus de porc <strong>et</strong><br />

Gastronomie

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