Revue Jura l'original - République et Canton du Jura
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Nature<br />
Source vauclusienne de la Grande Doux<br />
Un nom étrange <strong>et</strong> plaisant<br />
Pourquoi m<strong>et</strong>tre en évidence ce dernier cours d’eau dont il<br />
est rarement fait mention ? Notre raison tient à un nom<br />
plaisant qui sent la langue étrangère <strong>et</strong> se rapporte pourtant<br />
à un ruisseau bien de chez nous: le Folpotat. C’est lui qui<br />
traverse le village de Soulce avant de changer de nom pour<br />
les cartographes… Mais d’où vient-il ? Du village, on peut<br />
suivre les rives <strong>du</strong> Folpotat, d’abord canalisé dans un dispositif<br />
d’une grande beauté, un canal en dalles calcaires<br />
qui était destiné à faire passer l’eau dans une installation<br />
hydraulique à l’intérieur <strong>du</strong> moulin au centre <strong>du</strong> village. En<br />
remontant la rivière, on parcourt des endroits superbes<br />
<strong>et</strong> sauvages, toujours plus forestiers <strong>et</strong> aux rives de plus en<br />
plus abruptes. Une gorge encombrée de troncs bloque<br />
le passage... Il faudra donc passer ailleurs pour arriver à la<br />
source ! Aussitôt dit, aussitôt fait ou presque. De Roches, il<br />
faut monter par Hautes Roches <strong>et</strong> La Combe sur la Montagne<br />
de Moutier. Bientôt, à 1043 mètres d’altitude, nous sommes<br />
sur l’ensellement qui sépare Roches de Moutier. Légère<br />
descente <strong>et</strong> nous passons entre les deux dernières maisons<br />
<strong>du</strong> secteur. En prenant la pente la plus forte, nous arrivons<br />
dans un lieu marécageux, à proximité d’un talweg sec car<br />
la neige a fon<strong>du</strong> <strong>et</strong> la pluie manque. Un peu plus loin, l’eau<br />
sourd calmement… c’est le tout début <strong>du</strong> Folpotat !<br />
Un creux des sorcières qui n’en est pas un…<br />
Cela peut faire rêver, bien sûr, mais les sorcières ne se réunissaient<br />
pas entre Chevenez <strong>et</strong> Courtedoux, pour la simple<br />
raison que le Creugenat, comme en témoignent plusieurs<br />
orthographes anciennes, est plutôt un Creuzenat, une<br />
creuse noire. C’est ainsi que le peintre Bandinelli (1750-1815)<br />
intitule une aquarelle quasiment inconnue datant de la fin<br />
<strong>du</strong> XVIIIe siècle. Tenace, la légende s’est maintenue dans<br />
l’esprit des gens, peut-être aussi <strong>du</strong> fait que lors de la montée<br />
des eaux dans le gouffre, un sinistre mugissement se fait<br />
entendre, qui peut en avoir effrayé plus d’un.<br />
36 37<br />
Doux. Con<strong>du</strong>ite forcée <strong>et</strong> maisonn<strong>et</strong>te<br />
de l’usine<br />
Profond de 15 m, exutoire de l’Ajoulote, rivière souterraine<br />
qui donne naissance notamment à la bruntrutaine Beuchire,<br />
c<strong>et</strong> entonnoir n’est pas à vrai dire une source, mais plutôt<br />
le lieu d’une résurgence occasionnelle. Depuis les travaux<br />
de Joseph Fourn<strong>et</strong> (1858), cités par Elisée Reclus, on nomme<br />
<strong>du</strong> mot languedocien «estavelle», un creux qui peut servir<br />
alternativement de perte pour des eaux superficielles ou<br />
d’exutoire pour des eaux souterraines. Lorsque le réseau<br />
souterrain est suffisamment en charge, le Creugenat sort de<br />
son trou <strong>et</strong> occupe <strong>du</strong>rant quelques jours le déversoir<br />
occasionnel qui le mène en pleine ville de Porrentruy, où il<br />
se j<strong>et</strong>te dans l’Allaine. Le phénomène se pro<strong>du</strong>it de quatre<br />
à dix fois par an, mais l’année 2011 a été marquée par une<br />
absence totale d’émission !<br />
Il y a belle lur<strong>et</strong>te que ce fameux Trou <strong>du</strong> Creugenat <strong>et</strong><br />
le phénomène qui lui est lié occupent les «savants», les<br />
scientifiques <strong>et</strong> les curieux. En 1778 déjà, une thèse à son<br />
suj<strong>et</strong> était soutenue au Collège de Porrentruy. Il y a près<br />
de 80 ans, les noms de Lucien Lièvre, professeur à l’Ecole<br />
cantonale, Porrentruy, <strong>et</strong> de son ingénieux compère le<br />
Dr Albert Perronne se sont attachés aux premières explorations<br />
en scaphandre, ce qui leur a permis de découvrir<br />
environ 80 m de galerie. Récemment, les spéléologues de<br />
la région ont mené plusieurs expéditions; parmi les<br />
derniers, Emilien Boisson <strong>et</strong> Christophe Meyer, équipés de<br />
scaphandres autonomes, ont pu passer deux siphons le<br />
30 mai 2011… Il ne reste plus qu’à patienter pour trouver le<br />
descriptif écrit de c<strong>et</strong>te exploration qui a fait l’obj<strong>et</strong> d’un<br />
reportage remarquable.<br />
Doux. Microcentrale <strong>du</strong> torrent<br />
La Sorne à sa naissance<br />
Folpotat. Dans le village de Soulce<br />
A la source <strong>du</strong> Folpotat: un modeste suintement<br />
Creugenat. A Porrentruy,<br />
fin de parcours<br />
Sorne. L’Etang de la Noz<br />
Sous le via<strong>du</strong>c en construction,<br />
le Creugenat coule…<br />
Sorne. Un cours d’eau<br />
discr<strong>et</strong> dans un superbe<br />
paysage<br />
Nature