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Lire le livre - Bibliothèque

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paquetage. À ce qu’on racontait, ils changeaient constamment de bivouac. Par souci<br />

de sécurité. Jamais ils ne passaient deux nuits au même endroit. On m’a dit que,<br />

parfois, ils se suspendaient dans un arbre avec des lanières, pour dormir.<br />

- Avez-vous noté la présence d’un bébé, d’un enfant en bas âge ?<br />

- Non, madame. La femme que j’ai vue était sa<strong>le</strong> et fatiguée. El<strong>le</strong> m’a fait penser<br />

à une paysanne mexicaine. Enveloppée dans un poncho déchiré. Je ne l’ai pas<br />

détaillée ; Burton était aux aguets. Très nerveux, écorché vif. Un couguar qui<br />

tressail<strong>le</strong> au moindre craquement de brindil<strong>le</strong>. Il m’a foutu la trouil<strong>le</strong>, je l’avoue. Il m’a<br />

fait l’effet d’être à moitié barjot.<br />

- Étiez-vous au courant du différend qui l’opposait à Vince Vaughan ?<br />

- Bien sûr, tout <strong>le</strong> monde connaissait l’histoire. La rumeur disait que Vaughan<br />

n’avait jamais rendu <strong>le</strong>s armes et s’obstinait à <strong>le</strong> pister, pour lui reprendre la fil<strong>le</strong>. Et<br />

que c’était pour cette raison que Burt était aussi agité. Une espèce de duel à mort<br />

s’était engagé entre eux. Depuis deux ans, ils s’affrontaient en secret, en se tendant<br />

des pièges, des embuscades. C’est du moins ce qui se racontait autour des feux de<br />

camp, <strong>le</strong> soir. Mais je n’ai jamais pu déterminer si c’était vrai. Les gars aiment bien<br />

fabriquer des légendes, ça trompe l’ennui.<br />

- Vous n’avez donc aucune idée de l’endroit où pourrait se trouver Willa à l’heure<br />

qu’il est ?<br />

- Non. Les éclaireurs sont très doués dès qu’il s’agit de se camouf<strong>le</strong>r. Une<br />

cabane de feuillage dans un arbre, une crevasse dans <strong>le</strong> sol qu’on habite comme un<br />

animal… Ils sont capab<strong>le</strong>s de se glisser n’importe où, et sans faire un bruit. On <strong>le</strong>ur<br />

apprend à devenir des fantômes. C’est un don, tous ne l’ont pas, mais Burton<br />

MacGraw l’avait, sûr. Je n’aimerais pas <strong>le</strong> savoir sur mes talons.<br />

J’ai dissimulé ma déception. Il s’est remis à manger son sandwich avec <strong>le</strong>nteur,<br />

en appréciant chaque bouchée.<br />

Au bout d’un moment, j’ai demandé :<br />

- Ce Burton, qu’est-ce qu’il attendait ?<br />

- De descendre dans <strong>le</strong> bunker, madame, a rétorqué mon interlocuteur. Il faisait<br />

partie des élus. Il savait sa place réservée, Tobbey <strong>le</strong> voulait près de lui. C’était son<br />

chouchou. Il comptait sur Burt pour assurer la sécurité de l’abri. Nous espérions tous<br />

figurer parmi <strong>le</strong>s élus, c’est pour cette raison que nous nous défoncions tel<strong>le</strong>ment<br />

pendant l’entraînement. Maintenant, c’est foutu. Tobbey est mort. Notre dernier<br />

espoir de survie s’est envolé.<br />

- Qui l’a tué selon vous ?<br />

- Tous ceux qui veu<strong>le</strong>nt instal<strong>le</strong>r <strong>le</strong> chaos en Amérique, madame. Leurs agents<br />

sont partout, y compris au gouvernement. Tobbey l’avait bien compris. C’est pour ça<br />

qu’on l’a éliminé.<br />

- Pensez-vous que Burton quittera la propriété, comme vous êtes en train de <strong>le</strong><br />

faire, vous et vos copains ?<br />

- Certainement pas, madame. S’il n’en reste qu’un, ce sera lui. Je crois qu’il va<br />

rester là, caché dans la forêt, comme il l’a fait jusqu’à présent. Et qu’il tuera tous<br />

ceux qui tenteront de l’approcher.<br />

Je l’ai remercié et me suis éloignée, Stan<strong>le</strong>y-Mitchell accroché à mes basques.<br />

Ce qu’il venait d’entendre ne l’avait pas rassuré.<br />

- Bon sang ! a-t-il crié. Si je comprends bien, Willa Zufrau-Clarkson est<br />

prisonnière d’un tueur psychopathe qui se prend pour Rambo ?<br />

- Tout à fait, ai-je soupiré. L’approcher ne sera pas faci<strong>le</strong>. Quant à l’arracher aux<br />

mains de cet homme, ce sera une autre histoire. Je doute qu’il accepte de nous la<br />

restituer avec <strong>le</strong> sourire. Et puis, il bénéficie d’une parfaite connaissance du terrain.

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