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Lire le livre - Bibliothèque

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Comme cela arrive souvent dans ce genre de situation, j’étais anesthésiée.<br />

J’avais <strong>le</strong> plus grand mal à me persuader de la réalité de ce qui venait d’arriver. De<br />

temps à autre, <strong>le</strong>s images de la sal<strong>le</strong> à manger me traversaient l’esprit de manière<br />

fugitive mais, au fil des heures, el<strong>le</strong>s devenaient floues. Au point que j’en arrivais à<br />

douter d’avoir assisté à cette scène.<br />

Je pensais à Sarah Jane, la seu<strong>le</strong> des quatre sœurs avec laquel<strong>le</strong> j’avais noué<br />

de brefs contacts. Il me semblait impossib<strong>le</strong> qu’el<strong>le</strong> soit morte à cette heure… Enfin,<br />

la question que j’aurais dû me poser depuis <strong>le</strong> début fit surface : Qui <strong>le</strong>s avait tués ?<br />

Il ne pouvait s’agir du colonel, bien sûr, alors qui ?<br />

Ce type d’exécution familia<strong>le</strong> faisait penser au mode opératoire de certains<br />

cartels de la drogue. Tobbey devait avoir beaucoup d’ennemis. On ne parvient pas à<br />

une tel<strong>le</strong> position sans piétiner une armée de concurrents.<br />

Tout à coup, l’atmosphère du bureau a changé. Deux hommes en costume clair<br />

venaient de faire irruption, un badge de la police coincé dans la pochette. Les types<br />

de la criminel<strong>le</strong>, à n’en pas douter. Le shérif s’est <strong>le</strong>vé pour <strong>le</strong>s accueillir. La tension<br />

est devenue palpab<strong>le</strong>. J’ai soupiré, <strong>le</strong> cirque allait recommencer. D’ici quinze<br />

minutes, ayant à peine jeté un coup d’œil aux dépositions enregistrées par l’adjoint<br />

de Benwright, ils reprendraient tout de zéro. Evita a craché un juron en espagnol.<br />

- On n’est pas dans la merde…, a-t-el<strong>le</strong> maugréé. Et qui va me payer mes<br />

honoraires maintenant ? Bon sang ! Quand je pense à tout ce temps perdu !<br />

Bien évidemment, ce que je redoutais s’est produit. On m’a rappelée dans la<br />

sal<strong>le</strong> des interrogatoires, mais cette fois, mon interlocuteur était un inspecteur de L.A.<br />

Quarante ans, chauve, une gueu<strong>le</strong> de boxeur, des mains énormes aux ong<strong>le</strong>s jaunis.<br />

Il s’est présenté : détective Lomax, Homicide Squad.<br />

- Eh bien, Miss Katz, a-t-il ricané, on a un drô<strong>le</strong> de pedigree, ce me semb<strong>le</strong>…<br />

Il parcourait mon dossier, l’œil allumé, comme s’il était en train de lorgner la<br />

doub<strong>le</strong> page centra<strong>le</strong> de Playboy.<br />

Le petit jeu du chat et de la souris a duré une trentaine de minutes. Il cherchait à<br />

me mettre mal à l’aise. J’ai demandé si j’étais accusée du massacre et si je devais<br />

d’ores et déjà exiger la présence d’un avocat.<br />

- Pour <strong>le</strong> moment, vous n’êtes pas sous <strong>le</strong> coup d’une inculpation, a-t-il<br />

grommelé. D’après <strong>le</strong>s premières constatations, Tobbey et sa famil<strong>le</strong> ont été abattus<br />

hier soir, aux a<strong>le</strong>ntours de 23 heures. Vous affirmez avoir rejoint votre copine dans<br />

un bar à 22 heures et être restée en sa compagnie jusqu’à minuit, environ. À ce<br />

moment-là, vous en êtes repartie ivre morte avec un homme dont vous ignorez<br />

l’identité, et que vous avez néanmoins ramené à votre domici<strong>le</strong>. Jolie mentalité ! On<br />

vérifiera. Le barman aura peut-être meil<strong>le</strong>ure mémoire que vous. Apparemment,<br />

vous avez un alibi. Je dis bien apparemment. Ce serait tout de même mieux qu’on<br />

retrouve <strong>le</strong> type qui vous a sautée, et qu’il déclare sous serment avoir passé la nuit<br />

entre vos cuisses. Maintenant, vous al<strong>le</strong>z me dire ce que vous fricotiez avec Tobbey.<br />

Il vous aurait engagée pour décorer un bunker… Vous déconnez, là ?<br />

Ça a duré comme ça une heure et demie. Il mettait systématiquement en doute<br />

chacune de mes réponses. Il éclatait de rire à la façon des mauvais acteurs des<br />

sixties. Ses dents étaient trop blanches et trop parfaites. Une prothèse sans doute.<br />

On aurait dit qu’il tenait à <strong>le</strong>s exhiber. Il multipliait <strong>le</strong>s grossièretés pour me<br />

déstabiliser. Il s’adressait à moi comme à une criminel<strong>le</strong> récidiviste. J’ai tenu bon.<br />

Mon père m’avait préparée à ça dès l’âge de dix ans. Je connaissais tous <strong>le</strong>s trucs.<br />

Le mépris, la vio<strong>le</strong>nce, <strong>le</strong>s insultes, <strong>le</strong>s câlineries… On y avait joué avec Daddy. Il

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