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Lire le livre - Bibliothèque

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Tobbey, demeuré en arrière, claquait la porte de l’abri et pianotait un code sur <strong>le</strong><br />

clavier du verrou é<strong>le</strong>ctronique. « Voilà ! annonçait-il d’un ton triomphant. C’est<br />

programmé pour ne se rouvrir que dans cinquante-six ans. » Je poussai alors un<br />

hur<strong>le</strong>ment de terreur… et me réveillai en sueur.<br />

Je dus bientôt m’avouer que j’avais peur de retourner au ranch. Peur d’être<br />

en<strong>le</strong>vée par ces cinglés et d’être incorporée d’office à <strong>le</strong>ur harem souterrain.<br />

Le <strong>le</strong>ndemain, Evita m’appela.<br />

J’ai l’habitude de vivre seu<strong>le</strong>. La présence des hommes m’insupporte, je ne suis<br />

bien qu’en compagnie des chats, des chiens et des enfants. Pourtant, ce soir-là,<br />

j’éprouvais <strong>le</strong> besoin physique d’une présence à mes côtés. Je découvris que j’étais<br />

heureuse de l’entendre. Nous convînmes d’un rendez-vous dans un bar de<br />

célibataires aux a<strong>le</strong>ntours de 22 heures. J’étais tout de même crispée. Les soirées<br />

entre fil<strong>le</strong>s me mettent mal à l’aise car je n’ai pas la confidence faci<strong>le</strong> et, si j’éprouve<br />

la plus grande méfiance envers <strong>le</strong>s mâ<strong>le</strong>s, je ne prends pas pour autant plaisir à<br />

disserter avec force gloussements sur <strong>le</strong>urs travers. Néanmoins, il était urgent que je<br />

me change <strong>le</strong>s idées.<br />

Evita m’attendait devant une tequila. El<strong>le</strong> était habillée en Armani noir, et<br />

maquillée comme pour un défilé de mode. Un réticu<strong>le</strong> D & G gisait sur <strong>le</strong> bar. J’ai eu<br />

peine à la reconnaître. El<strong>le</strong> buvait sec en dévisageant <strong>le</strong>s mecs par-dessous. J’ai<br />

estimé qu’el<strong>le</strong> portait une petite fortune en tissu sur <strong>le</strong> dos.<br />

- Je sais ce que tu vas me dire, a-t-el<strong>le</strong> soupiré. Tu as la trouil<strong>le</strong> d’y retourner. Tu<br />

te demandes si tu ne ferais pas mieux de t’évaporer dans la nature.<br />

- Un peu, oui…, ai-je concédé. Tobbey et Jenny sont barges. Tu as pensé à ce<br />

qui arrivera s’ils décident tout à coup d’anticiper <strong>le</strong>ur « départ », et courent<br />

s’enfermer dans <strong>le</strong> bunker… en nous obligeant à <strong>le</strong>s suivre ?<br />

El<strong>le</strong> a haussé <strong>le</strong>s épau<strong>le</strong>s.<br />

- Ils ne peuvent pas. Pas encore, a-t-el<strong>le</strong> marmonné. L’abri n’est pas prêt à <strong>le</strong>s<br />

accueillir. Mais j’admets qu’il faudra faire attention quand approchera la fin des<br />

travaux. Une fois bouclés là-dedans, personne ne pourra <strong>le</strong>s forcer à en sortir, pas<br />

même l’armée. Ce truc a été conçu pour résister à une frappe nucléaire rapprochée.<br />

S’ils nous enlèvent, on sera bonnes pour faire <strong>le</strong>s putes jusqu’à un âge avancé.<br />

- Et ça ne t’effraye pas ?<br />

- Il y a du fric à prendre, beaucoup de fric… et j’ai de gros besoins. Quant à toi,<br />

tu sais bien que tu n’as pas <strong>le</strong> choix. J’ai décidé d’assurer <strong>le</strong> coaching astral de<br />

Tobbey jusqu’à la dernière minute. Il m’a demandé de prévoir <strong>le</strong>s moments décisifs<br />

du monde futur. De jouer <strong>le</strong>s Nostradamus, si tu préfères… Mais, à un moment<br />

donné, il faudra sauter du train en marche, c’est sûr. Quand <strong>le</strong>s choses<br />

commenceront à se gâter, je te ferai signe.<br />

El<strong>le</strong> semblait confiante ; un peu ivre aussi. El<strong>le</strong> allumait carrément <strong>le</strong>s mecs. Au<br />

bout de vingt minutes, un type genre trader survolté s’est approché pour lui<br />

murmurer quelque chose à l’oreil<strong>le</strong>. El<strong>le</strong> a ri, puis s’est <strong>le</strong>vée pour <strong>le</strong> suivre en<br />

m’adressant un petit geste d’adieu. Je me suis retrouvée seu<strong>le</strong> et conne devant mon<br />

verre. La soirée était fichue, je n’aurais jamais dû venir. Je m’étais trompée, de toute<br />

évidence Evita n’en avait rien à foutre de moi. Je m’en suis voulu de cette réaction<br />

ado<strong>le</strong>scente. Depuis quand avais-je besoin d’une « meil<strong>le</strong>ure copine » ? Alors j’ai<br />

continué à boire. Pendant mes années de disette, j’avais perdu l’habitude d’ava<strong>le</strong>r<br />

autre chose que de la mauvaise bière ; je n’avais plus l’endurance de jadis, l’alcool<br />

m’a cueillie en traître et je suis partie en vril<strong>le</strong> sans trop avoir conscience de ce qui<br />

m’arrivait. J’ai émergé du brouillard au lit, chez moi, couchée sous un type qui me

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