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Lire le livre - Bibliothèque

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- Vous vou<strong>le</strong>z dire la doublure de Willa ? ai-je bredouillé.<br />

- Non, non. La vraie, ça m’a été confirmé par un contact que j’ai dans la police.<br />

La limo a été projetée à dix mètres du sol. Les corps ont été déchiquetés mais <strong>le</strong>s<br />

têtes sont demeurées intactes, on a pu faci<strong>le</strong>ment <strong>le</strong>s faire identifier par <strong>le</strong>s membres<br />

du cabinet juridique. Sans doute un coup de la Mafia. Stan<strong>le</strong>y-Mitchell a dû tenter de<br />

rou<strong>le</strong>r un parrain… mal lui en a pris.<br />

Pour me donner une contenance, j’ai examiné la première page du quotidien.<br />

Une grande photo montrait <strong>le</strong>s débris d’une carcasse métallique tordue et carbonisée<br />

autour de laquel<strong>le</strong> s’agglutinaient des badauds. Enveloppés de fumée, ils avaient l’air<br />

d’ombres menaçantes montant une garde funèbre. Un seul d’entre eux était<br />

identifiab<strong>le</strong>. Les cheveux blancs, <strong>le</strong>s traits durs. Il regardait vers l’objectif en souriant<br />

de manière ironique.<br />

Mes mains se sont mises à tremb<strong>le</strong>r.<br />

C’était mon père.<br />

J’ai dû m’asseoir.<br />

- Hé ! a lancé Devereaux. Je ne vous savais pas si attachée à Willa Zufrau-<br />

Clarkson. Toutes mes condoléances.<br />

Je suis rentrée chez moi, <strong>le</strong> journal serré contre ma poitrine. Je n’ai pu me<br />

résoudre à contemp<strong>le</strong>r la photographie qu’une fois seu<strong>le</strong>. Bien des choses<br />

s’éclairaient. Je comprenais à présent pourquoi j’avais toujours eu l’impression d’être<br />

observée, suivie. Je comprenais éga<strong>le</strong>ment que mon père avait assassiné ma<br />

mère… et Madame Lucil<strong>le</strong>. Il se tenait là, derrière moi, en permanence, tel un ange<br />

gardien, prêt à punir tous ceux qui me voulaient du mal. C’était tout à la fois<br />

réconfortant et… terrifiant.<br />

Je savais maintenant pourquoi, si souvent dans <strong>le</strong> passé, j’avais cru détecter<br />

une présence étrangère dans mon appartement. Des objets déplacés, une odeur de<br />

cuir, de sueur masculine. La certitude que quelqu’un s’était assis dans mon fauteuil.<br />

Je m’étais crue paranoïaque, ou victime de persécutions policières. Maintenant, je<br />

savais qu’il s’agissait de mon père. Il avait toujours été là, à rôder, à vérifier… Il avait<br />

dû poser des micros, des mini-caméras ou je ne sais quoi ! Il savait probab<strong>le</strong>ment<br />

tout de ma vie intime, il m’avait vue au lit avec des partenaires d’une nuit. C’était<br />

affreusement gênant, toutefois il avait fait cela dans l’unique but de me protéger.<br />

Je me suis approchée de la fenêtre pour regarder dans la rue. Dans un film, il<br />

aurait été planté sur <strong>le</strong> trottoir d’en face, <strong>le</strong>s yeux <strong>le</strong>vés dans ma direction, et il aurait<br />

souri avant de disparaître dans la fou<strong>le</strong>. Mais il n’y avait personne. Ou bien, s’il était<br />

là, je n’étais pas capab<strong>le</strong> de <strong>le</strong> voir. C’était toute la différence entre lui et moi.<br />

Fin

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