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début, il s’agissait d’une simple arnaque destinée à tirer un maximum de fric à
Tobbey. On devait faire croire à l’enlèvement de Sarah Jane en exploitant la rivalité
de Vaughan et de Burton. La gosse se cacherait dans le garage des robots en
attendant le versement de la rançon, ensuite, sitôt le partage effectué, Willa et sa
sœur prendraient le large pour mener la grande vie loin de leur famille de cinglés.
- Pourquoi Willa avait-elle besoin de toi ?
- Il lui fallait un agent de liaison avec l’extérieur. Il lui était difficile de sortir du
domaine sans se faire aussitôt repérer, surtout avec sa tête. Moi, au contraire, j’étais
libre d’aller à ma guise. Willa n’avait pas conduit une voiture depuis des années et
s’imaginait mal se frayant un chemin dans la circulation de L.A. dont, par ailleurs, elle
ignorait la topographie. Mon rôle consistait surtout à récupérer la rançon. Elle disait
que son père payerait sans rechigner, que la somme n’était guère plus qu’une
aumône pour lui, et qu’il ne préviendrait jamais la police. Bien sûr, c’était du pipeau,
mais je n’en savais rien. Elle m’a demandé de transporter le coyote auquel elle avait
greffé la balise de Sarah Jane jusqu’au pied des California Mountains. C’est ce que
j’ai fait, la nuit où tu t’es saoulée, à L.A. Rappelle-toi, j’ai quitté la boîte la première,
t’abandonnant au bar. Sitôt dehors, je me suis rapidement débarrassée du mec et j’ai
pris la route du désert. J’avais mis du GHB dans ton verre. Je ne voulais pas courir le
risque de t’avoir sur le dos. Tu semblais tellement accro à ton boulot que je
t’imaginais très bien en train de retourner au ranch pour vérifier je ne sais quel détail
d’architecture. Je devais me débrouiller pour te tenir à l’écart. C’est pour cette raison
que je tenais tant à ce qu’on aille boire un verre ensemble, je devais te neutraliser
pour que tu ne sois pas dans nos pattes ce soir-là. Si tu nous avais surprises en train
de transporter le coyote dans ma bagnole, tout tombait à l’eau. J’ai fait l’aller-retour
dans la nuit. J’ai relâché la bestiole là où Willa me l’avait conseillé, au pied d’une
colline boisée truffée de galeries de mine. Le coyote jouerait le rôle de leurre et
accréditerait l’idée que Vaughan était en fuite. Je te le jure… c’est ainsi que ça devait
se passer, selon Willa. Le lendemain, on découvrirait une demande de rançon dans
la chambre de Sarah Jane et le tour serait joué… C’est en rentrant avec toi à
l’hacienda que j’ai compris qu’elle m’avait baisée. Elle n’avait jamais eu l’intention de
réclamer de l’argent à Tobbey. Depuis le début, elle n’avait qu’une idée en tête, se
débarrasser de sa famille et rafler l’héritage. J’avais beau savoir la vérité, je ne
pouvais rien contre elle… Les choses étaient allées trop loin, j’étais complice du
meurtre. J’étais forcée de me taire… mais je me sentais mal, tu peux en être sûre.
Je me suis levée pour éteindre la télé.
- Et Sarah Jane, ai-je lancé, comment Willa comptait-elle gérer la chose ?
- De toute évidence, son intention secrète était de la supprimer et de cacher le
corps dans le garage des robots auquel, grâce à Burton, elle savait comment
accéder. Mais la gosse s’est échappée. Willa lui a tiré dessus sans parvenir à
l’arrêter.
- Comment le sais-tu ?
- Willa est passée me voir à sa sortie de clinique. Elle tenait à s’assurer de mon
silence. Elle m’a promis de s’occuper de moi. Elle a parlé d’une rente, d’un salaire
fictif. Mais je n’ai plus confiance en elle. Elle m’a roulée une fois dans la farine, ça
suffit. C’est pour cette raison que je suis venue te voir.
- D’accord, mais parle-moi de Sarah Jane.
- Le lendemain du meurtre, Willa a fouillé les abords de la colline, dans l’espoir
de retrouver le cadavre de sa sœur. Il était hors de question que la police mette la
main dessus, ça aurait réduit à néant l’hypothèse Vaughan. Sarah Jane demeurant